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Introduction de la première partie

Encadré 7 Liste des congrès des femmes de l'USS

1. Congrès des femmes : 3 et 4 mars 1962, Berne : Loi sur le travail (état des délibérations parlementaires) Protection de la maternité Travail syndical des femmes en Autriche

2. Congrès des femmes : 13 octobre 1968, Berne : Révision de la Constitution fédérale. Soutien au postulat Leuenberger (président de l’USS) : création d’une commission fédérale pour déterminer quelle position la femme suisse occupe dans les domaines économique, politique, culturel et social

3.Congrès des femmes : 19 novembre 1975, Bâle : Objectif et réalité du chapitre consacré au « Travail féminin » dans le programme de travail de l’Union syndicale suisse.

4.Congrès des femmes : 13 octobre 1982, Lausanne : Famille – monde du travail

5.Congrès des femmes : 24 et 25 janvier 1986, Berne : Économie saine – mais pas aux dépens de notre santé !

6.Congrès des femmes : 9 et 10 mars 1989, Berne : Actions positives pour les femmes – une nécessité syndicale. Travail de nuit (dans le cadre de la révision de la Loi sur le travail et de la convention internationale)

7.Congrès des femmes : 19 et 20 mars 1993, Bâle : Nouveau partage de l’argent, du travail, du temps et du pouvoir

8.Congrès des femmes : 23 et 24 mai 1997, Bienne : L’économie est l’affaire des femmes

9.Congrès des femmes : 23 et 24 novembre 2001, Berne : Temps, travail, salaire – redistribuons les cartes !

10.Congrès des femmes : 4 novembre 2005, Berne : Égalité des salaires maintenant !

11.Congrès des femmes : 20/ 21 novembre 2009, Berne : Emploi et famille : un casse-tête au quotidien ! Nos revendications.

12.Congrès des femmes : 15 et 16 novembre 2013, Berne : Gute Arbeit – gutes Leben ! Pour des bonnes conditions de travail, adesso e in futuro !

En parallèle à la mise en place de ces instances non mixtes, des postes commencent à se créer dans les fédérations à partir de la fin des années 1970 pour soutenir le travail de ces commissions. Après avoir reconnu dans ses statuts les conférences

régionales et nationales et la commission permanente « femmes au travail » en 1972, la FTMH finance un poste rémunéré de secrétaire syndicale pour les questions féminines dès 1978. L’engagement de l’avocate Christiane Brunner1 à ce poste est le début de sa

carrière qui marque dans les années suivantes le paysage syndical et politique helvétique. Après les prémices des années 1950 au SSP, l’institutionnalisation du groupe femmes se concrétise dans les années 1980 dans le sillage de la deuxième conférence

fédérative des femmes de 1978. À partir de cette date, la commission femmes organise une

conférence tous les quatre ans. Une centaine de déléguées régionales y participent à laquelle s’ajoutent des invitées, politistes, sociologues, journalistes ou députées. Au SSP, les postes attribués à la cause des femmes demeurent relativement peu conséquents. Deux postes à temps partiel au secrétariat central, l’un à Lausanne et l’autre à Zurich, sont en partie consacrés à la cause des femmes.

Les structures féminines à la FTMH se transforment après la grève des femmes de 1991.

1 A la suite d’une carrière de politicienne débutée dans le canton de Genève et continuée sous la coupole

fédérale, Christiane Brunner devient la première secrétaire aux femmes en 1978 à la FTMH lors de la création du département « Femmes au travail »1. Elle préside entre 1982 et 1989, le syndicat des services

publics1. En 1992, elle devient la première femme à diriger la FTMH, l’un des plus grands syndicats suisses.

Elle fait partie d’un nouveau profil de dirigeant×e×s syndicales, plus formé×e×s, non issu×e×s de la « base syndicale », actives et élues sous la bannière du parti socialiste. Frédéric Widmer qualifie cet engagement d’ « inédit » « plaçant une femme universitaire au sommet d’une organisation essentiellement ouvrière et masculine » (Widmer 2007, 408). Après avoir co-présidé l’Union syndicale suisse, elle quitte son emploi de « syndicaliste professionnelle » et prend la présidence du Parti socialiste.

Encadré 8: "Mieux qu'un rêve une grève", la grève des femmes du 14 juin 1991

10 ans après l’inscription de l’article de l’égalité dans la constitution, l’idée d’une journée de grève des femmes est lancée par les femmes syndicalistes : « Dix ans que l’article sur l’égalité est inscrit dans la constitution, dix ans que les inégalités salariales se maintiennent ».

Helvetiaplatz, Zurich, 14 juin 1991. Photo : Keystone/Walter Bieri

L’organisation de la manifestation implique de longs mois de préparation et la création de plusieurs comités régionaux. Elle est totalement inédite par son ampleur. La manifestation, portée par de nombreuses femmes des syndicats de l’USS, est un succès qui dépasse les attentes des organisatrices. Elle mobilise plus de 500'000 personnes, dont beaucoup de femmes, travaillant de manière salariée ou non, dans toute la Suisse autour du slogan : « les femmes les bras croisés, le pays perd pied ». La couverture médiatique atteste également de ce succès, tant dans la presse généraliste que syndicale. Elle est l’une des plus importantes manifestations politiques de l’histoire suisse du 20e siècle (Boillat et al. 2006, 257). L’impact de cette première

grève des femmes a été considérable sur toute une génération de militantes et de salariées des syndicats. Michela Bovolenta, l’actuelle secrétaire centrale du SSP à Lausanne chargée notamment de l’enjeu de la cause des femmes, explique comment les militantes impliquées dans l’organisation de la grève ont été durablement marquées par cet événement.

Les femmes souhaitent renoncer à suivre la structure traditionnelle du syndicat et ouvrent les formes organisationnelles que peuvent prendre les groupes femmes. À la fin des années 1990, un poste de secrétaire syndicale à l’égalité (avec un taux d’activité d’au moins 30%) est créé dans chacune des 18 régions de la FTMH (Gül 2004, 105). Malgré cela, la responsable nationale du dossier des femmes, Kathrin Scheidegger-Ogi, constate que les thèmes des groupes femmes ne varient pas, faute d’avancées réellement effectuées. La revendication d’une assurance maternité a été formulée plus de cent ans auparavant, les inégalités salariales subsistent malgré l’article constitutionnel de 1981 et la loi sur l’égalité de 1996.

Dans le Syndicat du bâtiment et de l’industrie (SIB), né en 1992 de la fusion de la FOBB et de la FTCP, les femmes s’organisent, mais leur poids dans la FTCP a fortement diminué. Au moment de la fusion, la FOBB, syndicat des ouvriers du bois et du bâtiment, revendique un nombre de syndiqué×e×s bien supérieur – et ce sont surtout des hommes. Au départ, une femme siège au comité directeur : Susanne Leutenegger Oberholzer. Elle est « secrétaire femmes », mais aussi responsable des jeunes et d’une section. L’engagement de secrétaires chargées de la cause des femmes, dans les régions du SIB, dès 1994, vise à améliorer le recrutement de femmes syndiquées. Le but est de les remobiliser et de remettre sur pied les structures femmes de la FTCP, disparues au moment de la fusion. Un projet de recrutement vise en particulier les femmes dans la construction.

Les activités des groupes femmes vont se développer dans plusieurs régions du SIB. La construction de ces groupes permet l’engagement de femmes syndicalistes au profil particulier comme le montre le portrait de Marianne Werth, retracé dans l’encadré ci-dessous. On y constate également les difficultés rencontrées par les femmes qui occupent ces postes et par les revendications des femmes sur lesquelles nous reviendrons de manière plus approfondie dans le chapitre suivant.