• Aucun résultat trouvé

Introduction de la première partie

Section 3 : Portraits de groupe

3.1 Portrait des syndicalistes du SSP

Au moment de l’enquête, les syndicalistes du SSP Région Bâle constituent un groupe relativement homogène. Pour commencer, les secrétaires syndicaux×ales, administratives et les militant×e×s ont généralement au moins 45 ans, à l’exception d’une secrétaire administrative qui a entre 30 et 35 ans. Ce sont des syndicalistes engagé×e×s au SSP depuis longtemps. À part la jeune secrétaire administrative, les permanent×e×s sont tou×te×s salarié×e×s depuis cinq à dix ans au SSP1. Sur six personnes, un seul homme y

travaille et parmi les femmes, une secrétaire administrative et une permanente syndicale ont déjà travaillé avant dans un des syndicats précurseurs d’Unia. Elles sont toutes deux parties et ont postulé au SSP dans les mois qui ont suivi la fusion vers Unia. Tou×te×s les secrétaires syndicaux×ales ont fait des études de niveaux ES ou universitaires. Les parents des secrétaires syndicaux×ales sont soit petits indépendants (restaurant, petit magasin d’alimentation et de vin), soit salarié×e×s de profession à revenu intermédiaire (enseignant×e×s, graphiste ou secrétaire). La plupart n’étaient pas militant×e×s syndicaux×ales.

À l’exception d’une enseignante de gymnastique rythmique, militante syndicale devenue permanente de son groupe syndical, les trois autres ont des parcours plutôt caractérisés par une grande discontinuité et une pluralité de professions exercées avant de travailler au syndicat. En revanche, tou×te×s sont engagé×e×s depuis qu’ils et elles sont jeunes adultes dans des associations et des organisations politiques de la région, dès les années 1968 et suivantes et dans la mouvance anti-nucléaire, très ancrée dans la région. Dans le cas du SSP, l’intrication entre sphère syndicale et institutions politiques n’est toutefois pas nouvelle. Organisant les employé×e×s du secteur public et parapublic, les négociations sont intrinsèquement liées à la sphère politique. Le rapport à celle-ci est donc historiquement différent de celui de syndicats négociant des conventions collectives avec les organisations patronales où l’État n’intervenait pas ou peu. Les conditions de travail au SSP sont ainsi essentiellement défendues et négociées face à des élu×e×s des sphères politiques cantonales, communales et plus récemment, inter-communales. Les liens et l’ancrage des syndicalistes dans les partis politiques sont et ont toujours été un

1 Les deux secrétaires qui ont la moins longue durée de travail au SSP étaient pour l’une permanente au

syndicat des enseignant×e×s, qui a fusionné pour entrer au SSP, et pour l’autre à Unia. Elles ont donc une longue expérience de syndicalisme « professionnel » également.

enjeu disputé dans le syndicat. Nadine Schmidt, secrétaire syndicale au SSP, qui est aussi déléguée dans les instances du PS, affirme à ce sujet :

« Dès qu'il faut modifier quelque chose, cela arrive sur la scène politique et c'est le Grand Conseil qui au final accepte ou non » (Nadine Schmidt, SSP).

Dès lors, le multi-positionnement des permanent×e×s prend les allures d’une nécessité pour certain×e×s, mais il peut au contraire poser problème pour d’autres. Les partis de gauche ayant des élu×e×s dans les exécutifs (fédéral, cantonaux et municipaux), être permanent×e syndical×e engagé×e, voire élu×e, signifie négocier et construire un rapport de force contre des membres de son propre parti. Au moment de l’enquête à Bâle, deux permanent×e×s militent en parallèle au Parti socialiste et deux autres sont à BastA!, l’organisation de la gauche radicale bâloise. Les secrétaires administratives sont également actives dans le milieu politique local. L’une au Parti socialiste et l’autre à l’Association de défense des locataires (ASLOCA). Contrairement aux secrétaires syndicaux×ales qui ont tou×te×s terminé, parfois tardivement dans leur parcours, des études universitaires, les deux secrétaires administratives ont débuté des études de droit, mais les ont interrompues précocement.

Les militant×e×s syndicaux×ales du comité régional sont plusieurs à être également militant×e×s dans un parti politique (PS, Verts ou Basta !). Professionnellement, les membres du comité viennent des différentes sections du secteur public et parapublic organisées au SSP Région Bâle. Ce sont des employé×e×s communaux, du canton, des transports publics, de l’enseignement ou de la santé. Ceux dont nous avons investigué la trajectoire représentent bien la diversité des syndiqué×e×s du SSP : l’un d’entre eux, un homme de plus de 75 ans, a été président de la région durant plus de 10 ans. Il est toujours au comité régional et désormais responsable de la section des retraité×e×s, pour qui il organise régulièrement des activités de sociabilité (excursions, fête de Noël, etc.). Détenteur d’un CFC, il a travaillé à l’État durant presque toute sa carrière en tant que mécanicien. Il n’est membre d’aucun parti même s’il indique voter plutôt à gauche. L’autre militante, une femme entre 55 et 60 ans, engagée au Parti socialiste en parallèle à son travail et à son engagement syndical, a un diplôme d’une haute école spécialisée. Elle est physiothérapeute et travaille à temps partiel dans un hôpital de la région.

Au moment de l’enquête, seule une secrétaire syndicale a trois enfants encore jeunes (moins de 15 ans). Elle est la seule à petit temps partiel au syndicat (40, puis 50%)

et indique avoir un mari très engagé dans l’éducation des enfants et toujours disponible le soir. Il est aussi membre du SSP et nous avons rencontré toute la famille lors des manifestations du 1er mai lors desquelles ses enfants vendent les traditionnels rubans du

1er mai. Deux autres permanent×e×s ont des enfants plus âgés, mais ce n’était pas le cas

lorsqu’ils ont commencé à travailler au SSP. Pour finir, une permanente et les deux secrétaires administratives n’ont pas d’enfant.