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Les représentations symboliques et légendaires des édifices volcaniques et de leur activité

2. Les représentations symboliques des volcans dans l’imaginaire collectif

1.3. Sociétés créoles et volcans

Des mythes sociétaux se construisent fréquemment autour des volcans. «Le mythe

semble traduire la manière dont les groupes se souviennent de leur propre existence ; il contient un certain degré de vérité mélangé à des légendes et des traditions conservées et superposées dans le temps, véhiculées oralement d’une génération à l’autre. Une vérité toujours plurielle et analogique, une vérité multiple» (Kalampalikisin: Jodelet & Coelho, 2010 : 64).

Aux Antilles, il n’existe pas réellement de personnages ou de mythes relatifs aux deux édifices volcaniques. Cela peut s’expliquer par le fait que la quasi-totalité des premiers habitants de ces territoires aient disparu suite à la colonisation. En faisant référence aux travaux de Guillaume Lalubie, (2011 : 13) il semble que les populations amérindiennes des Caraïbes possédaient un vocabulaire riche pour désigner et décrire leur environnement et les catastrophes naturelles inhérentes. Cependant, il n’est pas fait mention de termes relatifs aux volcans ou à leurs manifestations. Pourtant des vestiges archéologiques de ces civilisations

« Pendant huit jours et huit nuits, le fleuve feu a coulé. Plusieurs personnes l'avaient fui mais plusieurs autres étaient venues à lui. On voyait des centaines et des centaines de personnes venant du Nord et du Sud, de l'Est et de l'Ouest, de Maoré, de Ndzuani et de Mwali traversant montagnes, forêts, déserts de pierre, mers pour venir retrouver le fleuve de feu. Quelqu'un aurait répandu – certains disent que ce sont les Chinois – le bruit comme quoi les émanations d'un volcan ont une vertu curative. Elles guérissent toutes les maladies possibles et imaginables.

Ainsi Singani était devenu une immense scène de théâtre dont les acteurs étaient les syphilitiques, les épileptiques, les asthmatiques, les paralytiques, les poitrinaires, les hémorroïdaires, les goutteux, les aveugles, les sourds, les débiles, les éclopés, les lépreux, les pestiférés, les pieds-bots, les unijambistes, les culs-de jatte, les culs-terreux, les constipés, les migraineux et les hernieux.

Tout le long du fleuve de feu se trouvaient de petits groupes qui devisaient tranquillement, suant à grosses gouttes, supportant stoïquement cette chaleur de la géhénne. On aurait dit Lourdes négrifiée. Les malvoyants rapprochaient leurs orbites closes à toucher les braises incandescentes. Le seul résultat était de se brûler les cils et les paupières. Les sourds inclinaient tantôt l'oreille droite, tantôt l'oreille gauche. Les muets ouvraient tout grand la bouche comme s'ils voulaient laper le feu. Les gouteux fourraient carrément leurs orteils dans les pierres incandescentes. [...] ».

Nous pouvons dès lors supposer que les représentations à caractère spirituel des volcans aux Antilles et à la Réunion, ont été importées par les colons. Le processus de sujétion s’est appuyé sur l’évangélisation, outil de soumission et de contrôle des populations esclaves. Eve (1992) l’affirme :" […]A la peur du maître s’est ajoutée la peur du Diable et de l’Enfer, contre laquelle il [l’esclave] peut se prémunir moyennant la conversion, la soumission et la bonne conduite". Pour les peuples réduits en esclavage, l’amalgame s’opère dans les esprits. Ils considèrent dès lors les volcans comme un phénomène d’origine spirituel, punition du ciel ou manifestation de l’enfer. «Le volcan endormi15» est une expression populaire ayant traversé les âges. Elle offre une indication sur la représentation que ces populations apeurées pouvaient en avoir : une sorte de monstre vivant, imprévisible et capricieux, logeant dans les enfers, grondant et crachant le feu, Lucifer lui-même en quelque sorte. Il s’agit-là d’un point commun aux îles des Antilles et à la

Réunion. En effet, Bory de Saint-Vincent (1801in :Eve, 1992) rapporte dans ses écrits, relatant

son exploration du Piton de la Fournaise : les porteurs "noirs découragés par tout ce que les esclaves du canton leur racontaient, témoignaient la plus grande terreur [...]. L’un d’eux raconta plusieurs traditions du pays. Il avait, disait-il, appris par d’anciens habitants que le volcan était le patrimoine du Diable; que c’était la bouche de l’enfer; qu’il était d’autant plus dangereux pour nous d’y monter, que les Blancs n’en revenaient plus, les démons les réduisant en esclavage, les employant à creuser la montagne, à diriger les courants de laves, et à attiser le feu sous les ordres de commandeurs noirs." Après un tel vécu touchant les peurs archaïques, comment douter que les rapports entre hommes blancs et de couleur soient entachés de façon indélébile. C’est cette même relation, enfouie dans la mémoire des générations qui se sont succédées depuis, qui transparait toujours aujourd’hui dans le rapport avec l’autorité, surtout lorsque cet inconscient entre en action à l’occasion de situations de crises.

1.4. Des légendes issues de l’histoire et de la culture

Nous le constaterons dans l’analyse des représentations symboliques du volcan, ce sont généralement les montagnes elles-mêmes qui sont personnifiées ou leur comportement directement associées à la spiritualité. Au contraire, à la Réunion, quelques contes et légendes se transmettent de générations en générations mais le volcan est moins humanisé. Deux grandes légendes – celles de Mme Desbassyns et de Grand-Mère Kal - sont à l’origine des contes relatifs au volcan où se s’entremêlent sorcellerie, omniprésente dans les légendes créoles, et histoire mystifiée de l’esclavage. Il est d’ailleurs courant d’évoquer la mythologie comme étant la jumelle de l’histoire.

Hombeline Gonneau de Montbrun (1753-1846), veuve de Henry-Paulin Panon Desbassayns était issue d’une riche famille coloniale. A la suite de la disparition de son mari, elle devint la maîtresse de la plantation et se serait montrée, selon la légende, d’une extrême cruauté envers

les esclaves de son domaine. Selon Daniel Honoré dans ses «légendes créoles», le voleur avait la

main écrasée, le «marron16» avait le pied coupé, le rebelle était pendu la tête en bas. Les contes

rapportent qu’au moment de la mort de cette femme sans cœur, un éclair se fit et emporta son âme pour la jeter dans le fond du volcan du Piton de la Fournaise. Ainsi, comme ses anciens

15Terme employé régulièrement par les personnes enquêtées.

esclaves, elle serait désormais chargée de souffler sur les braises afin d’attiser le feu de la Terre. Il paraîtrait qu’avant chaque éruption, il est possible d’entendre le «chabouc17» claquer et

Lucifer crier «chauffe, chauffe, Mme Desbassyns !». Lorsque dans le vent ses cheveux s’envolent,

il y a des retombées decheveux de Peléeaux alentours… (Honoré, 1997).

La sorcellerie entre aussi très souvent dans les « ingrédients » fédérateurs des légendes créoles. Plusieurs versions du conte de Grand-mère Kal existent. Une esclave d’origine malgache dénommée Kalla aurait subi un grand malheur à la suite duquel elle disparut soudainement. Dotée de pouvoir de guérisseuse voire de sorcellerie, elle aurait quitté Madagascar pour venir vivre au cœur du volcan réunionnais. Les voyageurs voyaient ou entendaient parfois d’étranges ombres et rumeurs. La légende veut qu’à chaque malheur, un cri nocturne lugubre retenti, le cri de la sorcière. Gare ainsi aux randonneurs égarés et aux enfants pas sages qui serviraient de repas à Grand-mère Kal. De nos jours, les parents débordés utilisent cette histoire pour menacer leurs enfants turbulents : « Oté marmail si ou ravage, Gran Mer Kal viendra trap a ou !18»

Illustration du conte de Gran-Mér Kal

Illustration des légendes maléfiques autour de la Soufrière de Guadeloupe. Une des plus vieilles représentations iconographique de la Soufrière de Guadeloupe et de ses mythes et légendes (Labat, 1722).

esclaves, elle serait désormais chargée de souffler sur les braises afin d’attiser le feu de la Terre. Il paraîtrait qu’avant chaque éruption, il est possible d’entendre le «chabouc17» claquer et

Lucifer crier «chauffe, chauffe, Mme Desbassyns !». Lorsque dans le vent ses cheveux s’envolent,

il y a des retombées decheveux de Peléeaux alentours… (Honoré, 1997).

La sorcellerie entre aussi très souvent dans les « ingrédients » fédérateurs des légendes créoles. Plusieurs versions du conte de Grand-mère Kal existent. Une esclave d’origine malgache dénommée Kalla aurait subi un grand malheur à la suite duquel elle disparut soudainement. Dotée de pouvoir de guérisseuse voire de sorcellerie, elle aurait quitté Madagascar pour venir vivre au cœur du volcan réunionnais. Les voyageurs voyaient ou entendaient parfois d’étranges ombres et rumeurs. La légende veut qu’à chaque malheur, un cri nocturne lugubre retenti, le cri de la sorcière. Gare ainsi aux randonneurs égarés et aux enfants pas sages qui serviraient de repas à Grand-mère Kal. De nos jours, les parents débordés utilisent cette histoire pour menacer leurs enfants turbulents : « Oté marmail si ou ravage, Gran Mer Kal viendra trap a ou !18»

Illustration du conte de Gran-Mér Kal

Illustration des légendes maléfiques autour de la Soufrière de Guadeloupe. Une des plus vieilles représentations iconographique de la Soufrière de Guadeloupe et de ses mythes et légendes (Labat, 1722).

esclaves, elle serait désormais chargée de souffler sur les braises afin d’attiser le feu de la Terre. Il paraîtrait qu’avant chaque éruption, il est possible d’entendre le «chabouc17» claquer et

Lucifer crier «chauffe, chauffe, Mme Desbassyns !». Lorsque dans le vent ses cheveux s’envolent,

il y a des retombées decheveux de Peléeaux alentours… (Honoré, 1997).

La sorcellerie entre aussi très souvent dans les « ingrédients » fédérateurs des légendes créoles. Plusieurs versions du conte de Grand-mère Kal existent. Une esclave d’origine malgache dénommée Kalla aurait subi un grand malheur à la suite duquel elle disparut soudainement. Dotée de pouvoir de guérisseuse voire de sorcellerie, elle aurait quitté Madagascar pour venir vivre au cœur du volcan réunionnais. Les voyageurs voyaient ou entendaient parfois d’étranges ombres et rumeurs. La légende veut qu’à chaque malheur, un cri nocturne lugubre retenti, le cri de la sorcière. Gare ainsi aux randonneurs égarés et aux enfants pas sages qui serviraient de repas à Grand-mère Kal. De nos jours, les parents débordés utilisent cette histoire pour menacer leurs enfants turbulents : « Oté marmail si ou ravage, Gran Mer Kal viendra trap a ou !18»

Illustration du conte de Gran-Mér Kal

Illustration des légendes maléfiques autour de la Soufrière de Guadeloupe. Une des plus vieilles représentations iconographique de la Soufrière de Guadeloupe et de ses mythes et légendes (Labat, 1722).

1.5. Les croyances contemporaines : entre religion, superstition et magie

Territoires pluriculturels de par leurs histoires du peuplement, les îles étudiées se caractérisent comme des lieux de rencontres, d’échanges, de partages et de confrontations d’idées. La spiritualité en fait partie prenante. Bien que le Christianisme imposé par les pays colonisateurs soit majoritairement représenté, les influences africaines sont omniprésentes. Les sociétés antillaises et réunionnaise sont imprégnées de croyances et de superstitions. Ces dernières résultent du syncrétisme des nombreuses religions importées au cours de l’histoire et des pratiques magiques en vigueur chez les amérindiens mais également celles apportées par

chacune des cultures : colons européens, esclaves africains, malgaches ou engagés indiens. «La

puissance du substrat créole était telle que certaines structures d’assimilation culturelle, comme la religion catholique, furent récupérées et réinterprétées selon les normes créoles. Les objets du rituel catholique furent de plus en plus utilisés dans les pratiques de sorcellerie et les fêtes catholiques devinrent des lieux où s’inséraient mille manifestations de la tradition créole. Car le quotidien populaire restait dominé par l’univers du surnaturel et des forces occultes» (Fallope, 1994 : 46).

Une liaison s’opère entre les croyances ancestrales et la religion catholique. A la fin du XIXème

siècle, l’auteur Lafcadio Hearn (1887) raconte, dans son ouvrage,« Un voyage d’été aux Tropiques

»[que]la religion est omniprésente. Il écrit en effet : « Partout des croix, de petits autels, des calvaires et des statues de saints. On remarque des crucifix et des statuettes, même dans les branches ou dans les creux des arbres qui ombragent les grandes routes. Lorsque l’on gravit les chemins vers l’intérieur du pays, on rencontre à chaque km une chapelle ou une petite croix érigée sur un piédestal de maçonnerie ou dans une petite niche creusée exprès dans le mur, protégée par un grillage, derrière lequel on aperçoit l’image du christ et de la madone. Des lampes brûlent toute la nuit devant ces figurines. Le village du Morne-Rouge est célèbre pour ses sanctuaires. Sur les hauteurs avoisinantes se dressent des chapelles et de grands crucifix. Si certains le font simplement portés par leur foi, d’autres obéissent à d’autres motifs car fétichisme et animisme restent présents» (Hearn, 1887 : 71,in: Léti, 2001).

Les sociétés réunionnaises et antillaises mêlent ainsi religion et superstitions de manière intrinsèque. La pratique de la religion se montre fervente. Teintée de fatalisme, elle rythme le quotidien et le mode de pensée d’une large partie des habitants. Ils assistent nombreux aux offices religieux dominicaux. Certains foyers possèdent un petit autel familial : une étagère du buffet du salon ou une table basse matérialisent un lieu de recueillement et de prières où sont exposés divers objets pieux. Notons toutefois que ces usages diminuent chez les nouvelles générations d’antillais et réunionnais.

Les religions « classiques » côtoient les mouvements sectaires bien développés dans les îles. Mais les pratiques occultes voire irrationnelles sont présentes en filigranes. Les journaux rapportent parfois quelques faits relevant de pratiques de magie noire ou autres sorts. Ces échos d’un monde caché restent rares. On n’en parle pas en public mais ces pratiques, bien que discrètes sont courantes. A la Réunion, il est fréquent de croiser au détour d’un virage, un petit autel peint en rouge - couleur du sang, de la vie et de la mort - contenant une statuette de Saint-Expédit décapité. Saint catholique à l’origine, mais un temps contesté par l’Eglise, il reste cependant vénéré. Il est aussi reconnu par la religion tamoule mais fait surtout l’objet de pratiques rituelles magiques. Généralement sollicité et prié en cas de demande de vengeance ou

de règlements de comptes, le seul moyen de rompre le sort dont on se croit atteint est de couper la tête de la dite statue. En Martinique, lors de l’ascension de la Montagne Pelée, il est possible de découvrir, à demi caché par la végétation luxuriante, de petits creusets au fond desquels est déposée une Bible et où plusieurs bougies se sont consumées.

AUX PORTES DE L’ENFER… en Guadeloupe

« En ces lieux aux allures lunaires, semble commencer le pays du Diable…

Plusieurs noms de sites évoquent l’enfer : la montagne à diables, le pont du Diable, la Porte d’enfer, la mare aux Diables, Belzébuth… Rappelez-vous le diablotin, oiseau maintenant disparu… De mon temps, c’est par ici qu’après d’importants efforts, on parvenait au sommet de la Soufrière…

On passait alors par la Porte d’enfer où veille encore l’infatigable Belzébuth. Comme moi, il a su résister à toutes les récentes éruptions… Au fait, l’avez-vous reconnu ? »

Où se cache-t-il ? Cherchez bien…

Autels de nature magico-religieuse sur les flancs de la Montagne Pelée, en Martinique.

Autels dédiés à Saint Expédit, Sur la route du volcan à la Réunion.

Les Portes de l’Enfer au sommet de la Soufrière de Guadeloupe

de règlements de comptes, le seul moyen de rompre le sort dont on se croit atteint est de couper la tête de la dite statue. En Martinique, lors de l’ascension de la Montagne Pelée, il est possible de découvrir, à demi caché par la végétation luxuriante, de petits creusets au fond desquels est déposée une Bible et où plusieurs bougies se sont consumées.

AUX PORTES DE L’ENFER… en Guadeloupe

« En ces lieux aux allures lunaires, semble commencer le pays du Diable…

Plusieurs noms de sites évoquent l’enfer : la montagne à diables, le pont du Diable, la Porte d’enfer, la mare aux Diables, Belzébuth… Rappelez-vous le diablotin, oiseau maintenant disparu… De mon temps, c’est par ici qu’après d’importants efforts, on parvenait au sommet de la Soufrière…

On passait alors par la Porte d’enfer où veille encore l’infatigable Belzébuth. Comme moi, il a su résister à toutes les récentes éruptions… Au fait, l’avez-vous reconnu ? »

Où se cache-t-il ? Cherchez bien…

Autels de nature magico-religieuse sur les flancs de la Montagne Pelée, en Martinique.

Autels dédiés à Saint Expédit, Sur la route du volcan à la Réunion.

Les Portes de l’Enfer au sommet de la Soufrière de Guadeloupe

de règlements de comptes, le seul moyen de rompre le sort dont on se croit atteint est de couper la tête de la dite statue. En Martinique, lors de l’ascension de la Montagne Pelée, il est possible de découvrir, à demi caché par la végétation luxuriante, de petits creusets au fond desquels est déposée une Bible et où plusieurs bougies se sont consumées.

AUX PORTES DE L’ENFER… en Guadeloupe

« En ces lieux aux allures lunaires, semble commencer le pays du Diable…

Plusieurs noms de sites évoquent l’enfer : la montagne à diables, le pont du Diable, la Porte d’enfer, la mare aux Diables, Belzébuth… Rappelez-vous le diablotin, oiseau maintenant disparu… De mon temps, c’est par ici qu’après d’importants efforts, on parvenait au sommet de la Soufrière…

On passait alors par la Porte d’enfer où veille encore l’infatigable Belzébuth. Comme moi, il a su résister à toutes les récentes éruptions… Au fait, l’avez-vous reconnu ? »

Où se cache-t-il ? Cherchez bien…

Autels de nature magico-religieuse sur les flancs de la Montagne Pelée, en Martinique.

Autels dédiés à Saint Expédit, Sur la route du volcan à la Réunion.

La dimension spirituelle du volcan ne laisse aucun doute. Les éruptions du passées – que nous analyserons dans le chapitre suivant – possèdent une dimension spirituelle plus ou moins prononcée. Le 5 août 1851, le réveil de la Montagne Pelée a suscité l’afflux des populations rurales du nord de la Martinique vers les églises de la ville de Saint-Pierre. Quelques cinquante ans plus tard, alors que le volcan montre les premiers signes de réveil en 1902, une grande part des habitants se réfugient dans les prières et confient leur destin à Dieu19. En 1977, les Réunionnais ont vécu l’expérience d’une évacuation d’urgence. Après une première alerte le 8 avril, le danger apparaît le lendemain au-dessus de Piton-Ste-Rose. Une coulée de lave a surgit en dehors de l’Enclos et s’est engagée dans une ravine. L’évacuation impérative de 300 habitations et d’un peu plus de 2000 personnes est mise en œuvre. Après avoir envahi le centre de la petite ville, brûlé une vingtaine de cases, la coulée, d’une largeur de 500 m environ, se jette dans l’Océan Indien dans une explosion de vapeur. Elle épargna « miraculeusement » l’Eglise

du village rebaptisée aujourd’hui «Notre Dame des Laves» qu’elle contourna. Elle évita

également la statue de la «Vierge au parasol» qui aujourd’hui fait l’objet du culte des habitants

les plus croyants de l’île. Cela renforça la foi et les superstitions de la population réunionnaise et plus encore de la population de Ste Rose qui a vu dans cette étrange et heureuse coïncidence, la présence et la protection d’une entité supérieure. Il est néanmoins notable que l’Eglise de la ville n’a pas été la seule à avoir été épargnée puisque la Gendarmerie, toute proche, l’a été aussi,

mais cette information n’a pas autant marqué les mémoires que le « miracle » de «Notre Dame

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