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Analyse comparative des représentations spatiales de la zone menacée

Représentations sociales d’une future éruption

5. Analyse comparative des représentations spatiales de la zone menacée

Mode d’expression cartographique des représentations spatiales, la carte mentale proposée en fin de nos questionnaires d’enquête présente un intérêt géographique certain. Nous proposons ici deux analyses comparées à travers une démarche temporelle, en guise de finalisation de ce second chapitre retraçant l’évolution des représentations du risque volcanique des populations dans le temps. Dans un souci d’organisation du manuscrit, la méthodologie employée est développée en détails dans le Chapitre 4, au cours duquel l’ensemble des cartes issues de notre recherche sont analysées selon une démarche comparative spatiale (à l’échelle communale pour chacune des îles et à l’échelle territoriale lors du bilan entre Guadeloupe, Martinique et Réunion).

Deux approches comparatives temporelles sont exposées dans ce paragraphe : la première pour l’espace considéré menacé en Martinique entre l’étude de D’Ercole & Rançon (1994 : 169-174) et notre propre recherche (campagne d’enquêtes 2007); la seconde entre cette dernière et les premiers résultats provenant des enquêtes réalisées dans le cadre du Projet CASAVA (Magnier, 2011), concernant le territoire considéré menacé en Guadeloupe. Les représentations spatiales proposées sont à l’échelle des groupes communaux. Un fond de carte figurant l’île et le sommet volcanique est complété par les PSE qui figurent sous la forme d’un aplat hachuré, entouré ou colorié la portion de territoire qu’elles considèrent comme menacé en cas de nouvelle éruption. A l’aide d’un traitement sous Système d’Information Géographique (SIG), (Annexe 5) les résultats recueillis sont superposés puis combinés.

5.1. Les représentations spatiales de la zone menacée en Martinique

L’étude menée par D’Ercole et Rançon45 en 1993-1994 expose des résultats proches de

ceux relevés dans notre propre étude (Cartes 2.2 et 2.3). Quelques distinctions

s’opèrent toutefois : la carte mentale des habitants du Prêcheur diffère. Le zonage du territoire considéré menacé apparaît plus restreint et particulièrement concentré sur l’espace de la commune de Saint-Pierre. Sur les trois cartes récentes, les secteurs sont moins étendus au-delà du Morne-Rouge et de Saint-Pierre.

Mais, l’ensemble des représentations spatiales rendent compte d’une superficie réellement

menacée selon les données scientifiques46établies par les experts. On retrouve ainsi l’existence

d’un gradient nord-sud prononcé sur chacune des cartes, excepté sur celle contemporaine des habitants du Prêcheur où ce phénomène est moindre. On retrouve l’opposition ouest-est représentée par les populations, quelle que soit leur commune. Les données géophysiques la justifient pour certains types d’éruptions (éruptions phréatiques, éruptions à nuées ardentes avec cratère ouvert au sud des dômes historiques) sur la base de critères morphologiques, structuraux et atmosphériques. Cependant, cette opposition distinguée par les PSE ne semble vraisemblablement pas guidée par la connaissance des éléments volcanologiques mais par le souvenir des zones détruites lors de l’éruption de 1902. La délimitation des espaces les plus menacés, représentée par plus de 90 % des PSE (quelle que soit la date à laquelle le recueil de données s’est effectué) sont très voisines des zones affectées par l’épisode paroxysmal du 8 mai 1902. Si en 1994, les populations utilisaient de même leurs souvenirs de la zone impactée par la coulée pyroclastique du 30 août de la même année, cela se retrouve plus modéré sur les cartes de 2007. Toutefois, ces modèles de référence au passé constituent la base des représentations spatiales pour la quasi-totalité des habitants soumis à la menace volcanique. Les martiniquais semblent projeter une répétition du 8 mai pour la prochaine éruption. Ces événements tragiques pourraient être « indélébiles » dans la mémoire collective de la société martiniquaise. En quatorze ans, leur représentation spatiale globale de la zone menacée n’a que peu évolué.

5.2. Les représentations spatiales de la zone menacée en Guadeloupe

Afin de ne pas doubler nos propres résultats, nous renvoyons le lecteur au Chapitre 4 au sein duquel les cartes mentales de la zone considérée menacée, résultats de cette étude doctorale, sont traitées via des approches comparatives spatiales, à l’échelle communale (Cartes 4.1 et Cartes 2.4).

En se référant à l’analyse des Cartes 4.1, nous ne pouvons qu’être frappés par les similitudes

des cartes mentales de la zone considérée comme menacée par une prochaine éruption de la Soufrière. Les cartes observées suivant le facteur communal présentent des caractéristiques extrêmement proches voire identiques pour certaines. Les PSE orientent les zones aux plus forts taux de citations vers leur propre territoire communal mais également vers leur propre côte littorale.

C’est le cas, et ce de la part des PSE interrogées dans le cadre de cette recherche doctorale comme de celles enquêtées pour le Projet CASAVA, pour les représentations des habitants de Basse-Terre, Vieux-Habitants, Trois-Rivières et dans une moindre mesure Baillif.

Des zones plus vastes sur le territoire de l’île de la Basse-Terre et également similaires se retrouvent dans les représentations des populations de Gourbeyre et Saint-Claude. Les habitants de Vieux-Fort délimitent eux aussi des zones extrêmement proches. La similitude des résultats entre les deux jeux de données va même ici jusqu’à la limite nord de la zone considérée menacée. Ce phénomène se reproduit dans les représentations de Gourbeyre et, à quelques pourcentages près, de Baillif et Saint-Claude. Notons toutefois que si les habitants de Vieux-Fort ne se considéraient pas sous la menace d’une éruption de la Soufrière lors de la première campagne d’enquête, ils englobent aujourd'hui leur commune. Mais n’est-ce pas là le fait du petit effectif de l’échantillon de ce village ? Un dernier point est à souligner : le zonage des résultats de 2011 suit particulièrement les frontières communales. Cela n’est pas le cas lorsqu’on observe les premiers résultats.

Cartes 2.2 : Cartographies mentales des représentations de la zone menacée par le risque volcanique en Martinique (D’Ercole & Rançon, 1994)

% de personnes ayant dessiné sur le fond de carte proposé, les lieux considérés comme les plus menacés

Cartes 2.3: Cartographies mentales des représentations de la zone menacée

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