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CHAPITRE I. La puissance: perspectives historiques et théoriques

2. Les facteurs de la puissance

4.3. Le Smart Power

Pour pouvoir comprendre l’émergence du concept de smart power, il faut prendre en considération la politique étrangère du président George W. Bush. Durant ses deux mandats (2001-2009), la politique étrangère américaine a été exprimée par l’activisme militaire et l’unilateralisme. L’administration de Bush a été convaincue que la puissance dure était suffisante pour atteindre les objectifs nationaux. En conséquence, la dépense militaire s’est élevée à 500 milliards de dollars, quand le budget total du Ministère des Affaires étrangères était 36 milliards de dollars.236

L’intervention américaine en Irak, en mars 2003, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme menée par l’administration de Bush après les attentats de 11 Septembre 2001, s'est transformée en une occupation violente, chaotique, et terriblement coûteuse pour les Etats- Unis. Outre les pertes humaines, elle a ponctionné quelques 600 milliards de dollars du Trésor américain, et les projections des économistes parlent d'une addition finale de plus de 2 000 milliards237. La guerre en Irak a également fait perdre à l'Amérique son autorité morale, notamment au Proche-Orient, où son rôle d'arbitre et protecteur, a toujours été considéré comme nécessaire au règlement des conflits et à la stabilisation de cette zone complexe.238

Cette guerre, en annulant l'autorité des Etats-Unis, a rendu la puissance douce tout aussi inopérante. L'image de cette grande démocratie a été érodée en dépit des efforts des campagnes de diplomatie publique. A la suite de la guerre d’Irak, les sondages ont montré une chute spectaculaire de la popularité des Etats-Unis, même dans des pays tels que l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie, dont les gouvernements avaient apporté leur soutien à la guerre. A part l’Europe, l’image des Etats-Unis a significativement reculé dans de nombreuses régions du monde. En 2003, au Brésil l’opinion favorable pour les Etats-Unis était 34%. En Turquie, alliée des Etats-Unis et membre de l’OTAN, seulement 9% des personnes interrogées avaient une perception favorable des Etats-Unis239. La situation était encore plus catastrophique auprès des pays musulmans dont le soutien est nécessaire pour traquer les terroristes, l'argent

      

236 Joseph S. NYE, “The US can reclaim Soft Power”, Los Angeles Times, 21 Janvier 2009

237 Jacques CHARMELOT, “Le smart power américain, une défi pour l’Europe”, Fondation Robert Schuman,

Question d’Europe, No.127, 9 Février 2009, p.2

238 Ibid.

239 “Anti-Americanism: Causes and Characteristics”, Pew Research Center, 10 Décembre 2003,

http://www.pewglobal.org/2003/12/10/anti-americanism-causes-and-characteristics/ consulté le 10 Novembre 2012 

sale et les armes dangereuses. Selon les peuples de quatre pays européens (Grèce, Espagne, Finlande et Suède), les Etats-Unis étaient la plus grande menace pour la stabilité internationale et même plus menaçante que l’Iran et la Corée du Nord240. Les résultat de l’étude Transatlantic Trends du German Marshall Fund sur l'opinion des Européens à propos des relations entre les Etats-Unis et l’UE montre l’amélioration considérable de l’image américaine aux yeux des Européens depuis 2009.241

Cette situation a incité Joseph Nye à reconsidérer l’importance de la puissance douce et de mettre en avant une politique étrangère qui se base sur le smart power. «L’antiaméricanisme a progressé au cours des deux dernières années […] et le recrutement terroriste a augmenté dans le monde islamique. Nous sommes en train de perdre notre soft power et notre capacité d’attirer les autres… Nous devons cesser de gaspiller notre soft power et apprendre à le combiner avec notre puissance hard, pour être capables de répondre aux défis.»242 dit Nye et il ajoute que “le smart power est une combinaison plus sûre, et peut être même une martingale gagnante, réunissant la force des armes et celle des principes.”243

Considéré comme l’un des plus ardents défenseurs du concept de smart power, Joseph Nye n’est cependant pas son créateur. Le concept a été introduit en 2004 dans la revue Foreign

Affairs par Suzanne Nossel, ancienne conseillère à la mission des États-Unis auprès de l’ONU

sous Bill Clinton. En analysant le contexte post-11 septembre 2001 marqué par une série de décisions unilatérales prises par l’administration Bush, Nossel met en avant une nouvelle approche du libéralisme internationaliste: “à la différence des conservateurs, qui ont recours au pouvoir militaire comme outil principal de la politique étrangère, les internationalistes libéraux considèrent le commerce, la diplomatie, l’aide au développement et la diffusion des valeurs américaines comme étant aussi importants que la puissance militaire”244. Le concept de smart power est ainsi né en réaction à la politique étrangère de Bush et se traduit, pour Nossel, par une prise de conscience “que l’engagement des États-Unis n’est pas toujours la meilleure méthode: les intérêts américains sont mieux défendus en impliquant d’autres forces

      

240 “Public Opinion in the European Union”, Eurobarometer 60, Autumn 2003, p.78,

http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb60/eb60_rapport_standard_en.pdf consulté le 10 Novembre 2012

241 Transatlantic Trends, http://trends.gmfus.org/transatlantic-trends/ consulté le 10 Novembre 2012 242 Joseph S. NYE, “Ignoring Soft Power”, Chicago Tribune, 16 Mai 2004

243 Idem, The Future of Power, op. cit., p.23

au service des objectifs des États-Unis, à travers des alliances, les institutions internationales, une diplomatie prudente, et la puissance des valeurs.”245

Toutefois, il faut souligner que le smart power n’est pas une posture complètement nouvelle dans l’histoire des États-Unis. On peut donner l’exemple de l’aide du président Harry Truman à la reconstruction de l’Europe et du Japon tout en construisant des alliances militaires (OTAN) et des organisations économiques et politiques (ASEAN) contre la menace soviétique. Durant la crise de Berlin (1961) puis celle des missiles de Cuba (1962), John F. Kennedy avait utilisé la menace militaire, l’activité diplomatique et des initiatives telles que le

Peace Corps ou l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) en

même temps246.

Le concept de smart power est cependant devenu populaire après la publication du rapport du

Center for Strategic and International Studies (CSIS) intitulé “A Smarter, More Secure America” par une commission dirigée par Joseph Nye et Richard Armitage, ancien secrétaire

d’Etat adjoint. Ce rapport préconise qu’en prenant en compte l’effet néfaste de la guerre contre le terrorisme sur l’image des Etats-Unis, il est nécessaire de suivre une stratégie « plus smart » (smarter power strategy) focalisée sur le « bien commun mondial »247 (global

good)248. Le smart power y est défini comme le moyen de développer une stratégie intégrée, une base de ressources ainsi qu’un ensemble d’instruments afin d’atteindre les objectifs de l’Amérique, en puisant à la fois dans le hard et le soft power. Cette approche met l’accent sur la nécessité d’un instrument militaire fort, mais aussi d’investissements lourds dans les alliances, partenariats et institutions, à tous les niveaux, afin d’étendre l’influence de Washington et d’établir la légitimité de l’action américaine.

      

245 Anna DIMITROVA, “Y-a-t-il une doctrine Obama en matière de politique étrangère?, L’Europe en

Formation, No.360, Février 2011, p.31

246 Benoit RICHARD, “Les Etats-Unis à l'ère du Smart Power”, Science Humaines, 15 Juin 2011,

http://www.scienceshumaines.com/les-etats-unis-a-l-ere-du-smart-power_fr_23518.html consulté le 10 Novembre 2012

247Le terme “global good” désigne des enjeux cruciaux à l’échelle de la planète pour le maintien et l’amélioration

de la vie humaine: l’environnement, l’eau, la santé, la biodiversité, la sécurité, etc. Il est l’extension de la notion de “problèmes globaux de l’humanité” affirmés par le leader soviétique Brejnev. Ces problèmes comprennaient la pollution, les maladies contagieuse et la dégradation de la biodiversité. (Voir le discours de Brejnev au cours du XXVeme Congres du Partie communiste le 24 Février 1976,

http://www.larouchepub.com/eiw/public/1976/eirv03n09-19760229/eirv03n09-19760229_025- excerpts_from_brezhnev_speech_at.pdf consulté le 10 Novembre 2012

248 Richard ARMITAGE and Joseph NYE, « CSIS Commission on Smart Power – A Smarter, More Secure

America», CSIS – Bipartisan Commission on Smart Power, 2007,

Le rapport définit cinq objectifs au sein de la nouvelle stratégie du smart power. Le premier tient à une approche multilatérale dans la gestion des crises mondiales par le renforcement des alliances et des partenariats entre les États-Unis et les autres pays dans le monde. Le deuxième objectif est focalisé sur la promotion du développement économique international, qui permettrait aux États-Unis d’aligner leurs propres intérêts sur les « aspirations des peuples dans le monde ». En troisième lieu, intervient un outil bien connu dans la pratique de la politique étrangère américaine, celui de la diplomatie publique. Les deux derniers objectifs sont la promotion de l’économie de marché, et de l’innovation technologique pour assurer la sécurité énergétique des États-Unis et leur rôle de leader dans les efforts de la communauté internationale visant à diminuer l’impact négatif du changement climatique.

Le président américain Barack Obama, succèsseur de George W. Bush, semble avoir pris en compte qu’il ne serait pas possible de faire face aux menaces internationales qui deviennent de plus en plus sophistiquée, uniquement par des moyens militaires car sa politique étrangère relève pour beaucoup, de la mise en œuvre du smart power: promotion du multilatéralisme, tentative de dialogue avec l’Iran, prise en compte des épidémies et du changement climatique, etc. Mais tout d’abord, ce sont les discours d’Obama qui montrent sa préférence de smart power en tant que stratégie de politique étrangère. Par exemple, pendant son discours au

Woodrow Wilson Center en 2007, il a affirmé la nécessité d’intégrer tous les aspects de la

puissance américaine et l’importance de la capacité civile249. Durant son célébre discours au Caire, il a dit: “Je suis venu ici au Caire en quête d'un nouveau départ pour les États-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l'intérêt mutuel et le respect mutuel, et reposant sur la proposition vraie que l'Amérique et l'islam ne s'excluent pas et qu'ils n'ont pas lieu de se faire concurrence. Bien au contraire, l'Amérique et l'islam se recoupent et se nourrissent de principes communs, à savoir la justice et le progrès, la tolérance et la dignité de chaque être humain. […] l'Amérique n'est pas - et ne sera jamais - en guerre contre l'islam.”250

Par contre, c’était sa secrétaire d’Etat, Hillary Clinton qui a premièrement utilisé le terme de smart power: “nous devons avoir recours à ce qui a été appelé ‘le smart power, l’ensemble des outils à notre disposition: diplomatiques, économiques, militaires, politiques, légaux, et culturels – il faut choisir le bon outil, ou la bonne combinaison d’outils, la mieux adaptée à

      

249 Barack OBAMA, “Speech at Woodrow Wilson Center “, Washington, 1 Août 2007, p.3,

www.cfr.org/publication/13974 consulté le 12 Novembre 2012

chaque situation”251. Pour pouvoir mettre en place la politique de smart power, Clinton a favorisé une réforme des institutions de l’État, traditionnellement dominées par le Département de la Défense, qui possédait un budget colossal, afin de renforcer le rôle des institutions dites « civiles », notamment le Département d’État et l’USAID.252 Les grandes orientations stratégiques de cette réforme ont été définies en janvier 2010 dans la première

Quadrennial Diplomacy and Development Review (QDDR) intitulée “Leading through Civilian Power”: “La QDDR n’est pas juste une revue. Elle définit comment conduire la

diplomatie et le développement de façon à ce que les deux se coordonnent, se complètent et se renforcent mutuellement […]. La gestion des enjeux globaux nécessite de plus en plus une stratégie commune basée sur une approche holistique de la puissance civile”253. D’autre part, l’administration d’Obama a presque doublé le budget de l’assistance étrangère et augmenté le budget de l’Initiative de Stabilisation Civile254. En plus de mettre en oeuvre une diplomatie publique active, les Etats-Unis ont acceleré l’utilisation de la « eDiplomacy », concept utilisé pour désigner la convergence de la technologie et de la diplomatie, comme une forme nouvelle et novatrice pour atteindre les objectifs de la politique étrangère. La eDiplomacy se traduit (réseaux sociaux, réseaux professionnels, blogs, wikis, portails interactifs, etc.) d’une part, et par la mobilisation des « personnes » derrière ces outils, d’autre part. Pour Hillary Clinton, l’utilisation de ce double potentiel « outils » et « acteur », est l’Art de Gouverner au 21e siècle, the « 21st Century Statecraft »255.

Concernant le président Obama, Joseph Nye affirme “Je le confirme: c’est un président soft power! Le premier de l’histoire des États-Unis depuis Kennedy, certainement. L’effet Obama, c’est que dès son élection, avant même d’avoir prononcé une parole, les États-Unis étaient à nouveau attrayants pour la majorité de l’humanité!”256. Cependant, l’attractivité du soft power, comme le souligne Nye, est indissociable de l’efficacité du hard power: “L’un sans l’autre ne mène pas très loin dans le monde actuel. Obama l’a bien compris, comme en

       251 Jacques CHARMELOT, op. cit., p.1 252 Anna DIMITROVA, op. cit., p.33

253Hillary CLINTON, « Leading Through Civilian Power: Redefining American Diplomacy and

Development », Foreign Affairs, Novembre/Decembre 2010

254Anna DIMITROVA, op. cit., p.33

255 Nabil El MABROUKI, “Smart power: une vision renouvelée du pouvoir”, Economia, Octobre 2012,

http://economia.ma/fr/numero-14/e-revue/smart-power-une-vision-renouvelee-du-pouvoir consulte le 12 Novembre 2012

témoigne sa doctrine de sécurité: plus qu’un président soft power, il est le président du “smart power”, de cette subtile combinaison alliant soft et hard power.”257

On peut donc dire qu’après sa prise du pouvoir, Obama a tenté de mettre en oeuvre une politique étrangère basée sur le smart power en essayant d’établir une balance entre les trois “D” –défense, diplomatie, développement- qui a été majoritairement ignorée durant le mandat de Bush. Ceci signifie aussi le remplacement de Robert Kagan par Joseph Nye comme le principal théoricien de la politique étrangère américaine.

Si on revient au concept de smart power, il faut préciser qu’à la différence de la puissance douce, le smart power est un concept évaluatif et aussi descriptif. Il est nécessaire de combiner les sources de la puissance dure et douce par des stratégies effectives. Le problème de la conversion de puissance se trouve au milieu du concept de smart power car même si un pays maintient à la fois les sources de la puissance dure et de la puissance douce, il ne peut pas nécessairement obtenir le résultat qu’il souhaite sans convertir ses sources en stratégie. Cette stratégie doit impliquer les objectifs, les sources, les tactiques pour utiliser les sources efficacement et les résultats possibles. Nye précise qu’une “stratégie smart” doit pouvoir répondre aux cinq questions suivantes258: Quels sont les objectifs ou les résultats préférés? (Puisqu’il n’est pas possible d’obtenir tout ce que l’on veut, il est important de préciser les priorités) Quelles sont les sources disponibles et dans quels contextes? (En plus d’avoir un inventaire exact et complet des sources, il est nécessaire de bien analyser leur utilité dans différentes conditions) Quelles sont les positions et les préférences des cibles de “tentatives d’influence” ? (Il faut bien connaître les perceptions, les tentatives et les points de vue des cibles pour pouvoir déterminer la stratégie à suivre) Quelles sortes de comportement sont plus susceptibles de réussir? (Il faut pouvoir choisir le meilleur comportement de puissance qui apportera le résultat souhaité) Quelle est la probabilité de succès? (Il est important de ne pas tomber dans l’excès d’optimisme car de temps en temps il n’est pas possible d’obtenir les résultats souhaités à court terme.)

En parallèle, d’après Ernest Wilson, doyen de la faculté de communication à l’Université de Southern California, le smart power doit être construit sur quatre éléments essentiels: la “cible” sur laquelle on essaye d’exercer sa puissance (connaître les attributs de la population

       257 Ibid.

ou la région ciblée), une solide “connaissance de soi” (bien comprendre ses propres objectifs et ses capacités), connaître “le contexte global et régional” dans lequel l’action sera menée et “les instruments” à déployer ou à combiner.259 De la même façon, le général chinois du VIe siècle av J-C Sun Tzu souligne, dans son ouvrage célèbre “L’Art de la guerre”, que gagner ou perdre une guerre ne se fait pas par hasard. C'est une question de méthode et de stratégie. De bons principes stratégiques conduisent à la victoire, il est donc important de les étudier.260 Il est important de bien préciser les objectifs en fonction d’une bonne connaissance de tous les paramètres pour avoir la victoire.

En d’autres termes, le smart power implique une connaissance des points forts et faibles de tous les instruments que l’acteur utilisera pour exercer la puissance: qu’est-ce qu’on peut attendre de nos forces armées ou des médias ou bien de notre programme d’échange, etc. De plus, il faut savoir quand utiliser quel type de puissance pour atteindre les objectifs nationaux. Il est aussi important de savoir comment combiner les éléments de la puissance coercitive avec ceux de la puissance douce pour obtenir les résultats désirés.

L’intervention américaine en Libye, l’opération militaire américaine au Pakistan du 1er mai 2011 conduisant à la mort d’Oussama Ben Laden, ainsi que le retrait des troupes américaines d’Afghanistan annoncé par Obama le 22 juin 2011 (dans le but de transférer progressivement le pouvoir au gouvernement local), sont autant d’exemples de cette stratégie de smart power261. Si on examine le cas de l’intervention en Libye dans le cadre de la stratégie de smart power, tout d’abord on peut dire que l’objectif des Etats-Unis était d’arrêter le massacre des rebelles opposés au régime du colonel Kadhafi par les troupes de Kadhafi et d’installer un régime pro-américain. (Même si l’initiative était franco-britannique, il faut tenir compte la stratégie du président Obama de “leading from behind”.) Deuxièmement, au lieu d’intervenir unilatéralement, les Etats-Unis ont préféré agir avec la coalition dans le cadre de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. Troisièmement, les Etats-Unis ont donné le message qu’ils sont à côté du peuple réprimé par le régime de Kadhafi dans un moment où le “Printemps arabe” était le sujet principal de l’agenda international. Quatrièmement, puisque les forces de Kadhafi ont continué les bombardements contre les opposants malgré les demandes internationales pour un cessez-le-feu, les Etats-Unis ont recouru à la force militaire

      

259 Ernest WILSON, “Hard Power, Soft Power, Smart Power”, The ANNALS, No.616, March 2008, p.115 260 Sun TZU, L’art de la guerre, Paris, Flammarion, 1999

avec les autres pays de la coalition (puissance dure). D’autre part, après l’intervention, l’Amérique a aidé le gouvernement libyen nouvellement créé pour la reconstruction et le contrôle des milices malgré la mort de son ambassadeur à Benghazi (puissance douce). Finalement, concernant le succès de l’intervention, les Etats-Unis ont obtenu le changement de régime en Libye. Pourtant le souvenir d’un George Bush déclarant sa victoire trop tôt en 2003 après la chute de Saddam Hussein incite à la prudence. D’ailleurs, les manifestations pour protester contre la diffusion de la vidéo anti-islam cause officielle de la mort de l’ambassadeur américain ont montré que la transition et la reconstruction du pays sera difficile.

Quant aux critiques adressées au smart power, puisqu’il est un concept relativement nouveau, il n’y a pas encore beaucoup de recherches sur ce concept et les critiques sont donc limitées. Selon Rubrick Biegon, chercheur à l’Université de Kent, le concept de smart power est