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PARAÎTRE DANS LE CHHATTISGARH : LE SARI COMME MODE DE DISTINCTION

Chapitre 1 - Le Chhattisgarh, un Etat dans lʼInde

A) Situation géographique

1- Un Chhattisgarh : un Etat englobé mais distinct (carte 1)

Avant de devenir un Etat à part entière, le premier novembre 2000, le Chhattisgarh a fait partie dʼune région beaucoup plus vaste en superficie, tout dʼabord les Provinces Centrales, puis le Madhya Pradesh.

Le Chhattisgarh existait donc, mais il était inséré dans les « Provinces Centrales », «Central Provinces » en anglais, créées en 1861 par les Britanniques. Puis, juste après lʼIndépendance, à la suite dʼun redécoupage administratif, en 1956, le Chhattisgarh est intégré au Madhya Pradesh. Dʼune superficie de 443 446 km2, dʼune population de 73 millions et dʼune densité de 165 km2 (Census of India 1981), cʼétait lʼEtat le plus vaste de lʼInde. En étant rattaché ainsi aux Provinces Centrales puis au Madhya Pradesh, le Chhattisgarh, dʼun côté, a su profiter de lʼurbanisation et de la politique de développement. De lʼautre côté, comme il est resté entier, un sentiment de distinction du reste de la région a germé, ainsi que la volonté dʼaffirmer une identité régionale particulière. Actuellement, le Chhattisgarh, dʼune superficie de 135 133 kilomètres carrés – classé dixième – comprend 20 millions 833 mille habitants (Census of India 2001).

La situation géographique du Chhattisgarh dans lʼInde – bordé au nord-ouest par le Madhya Pradesh, à lʼouest par le Maharashtra, au sud par lʼAndhra Pradesh, à lʼest par lʼOrissa et au nord-est par le Jharkhand – en fait une région aux frontières et aux influences diverses, néanmoins bien délimitée par le relief composé de montagnes infranchissables. En effet, les montagnes Maikal, la chaîne Sihawa et la forêt Sonakan entourent lʼEtat et ont contribué à lʼisolement politique et social du Chhattisgarh.

2- Le Chhattisgarh : un Etat contrasté et pauvre (cartes 2, 3, 4)

Le Chhattisgarh est composé de seize districts, mais la répartition de la population est plutôt inégale. La population est concentrée dans les districts de Raipur et Durg principalement (au centre), puis de Bilaspur et ensuite de Surguja (au nord). Le total de ces quatre districts abrite presque la moitié de la population. 70% des « tribus répertoriées » est concentré dans le district de Bastar, situé au sud de lʼEtat. Raipur est le chef-lieu de ce district ainsi que la capitale de lʼEtat. Quant aux « castes répertoriées », elles sont principalement recensées dans les districts de Bilaspur et Surguja.

Le Chhattisgarh – qui a produit, quand il faisait partie du Madhya Pradesh 70% de la production du riz de cet Etat – est encore appelé « bol de riz », « dhan ka

katora ». En fait, cʼest surtout de la plaine, alimentée par des rivières comme le

Mahanadi et ses affluents, que provient une grande partie de la production agricole. En contrepartie, les collines, montagnes et forêts offrent peu de ressources économiques qui attirent les habitants.

Cʼest donc un Etat à fort contraste, divisé en une partie relativement riche et une autre pauvre. La première est la plaine irriguée et cultivée. La seconde est composée de collines forestières isolées, peu irriguées, cultivées difficilement, qui forment pourtant 44% de la superficie. Malgré quelques ressources qui sont issues de la forêt comme le teck servant à lʼameublement, celles provenant de lʼagriculture et des industries (minérales – fer, bauxite, ciment à Bilaspur, charbon à Korba – ou autres – soie à Bilaspur) proviennent de la plaine.

Les revenus de la population dépendent de ce contraste géographique et économique. La population qui réside dans la plaine, dans un milieu agricole ou semi-urbain (comme à Ratanpur) vit assez aisément. Des villes comme Bilaspur voient dʼun côté lʼémergence dʼune classe moyenne urbaine qui vit confortablement, mais de lʼautre côté une classe ouvrière pauvre qui vit plus difficilement de petits travaux. Enfin, une population pauvre réside dans les forêts dʼoù elle doit tirer ses moyens de subsistance. La répartition de la population reste alors contrastée : les

habitants des plaines proviennent du système de castes (et des « castes répertoriées »), ceux des forêts sont essentiellement des « tribus répertoriées ».

Il existe bien des âdivâsî, comme les Oraon, qui vivent dans les forêts. Cependant, dans la plaine du Chhattisgarh, beaucoup dʼautres se sont hindouisés, ont acquis des attributs de caste et ont été intégrés dans la hiérarchie de la caste locale (Burchalker 1996). Dans la commune de Ratanpur, les Gond résident encore dans lʼex-royaume, dans la plaine, au pied des collines et de la forêt (à six kilomètres du centre), mais dʼautres se sont disséminés dans les villes. A lʼinverse, il existe quelques hautes castes, vivant dans les villages pour des raisons essentiellement professionnelles. La scolarité étant devenue obligatoire dans les villages, des personnes de hautes castes sʼinstallent en tant quʼinstituteurs.

Sʼil est certain que les « tribus répertoriées » résident, en majorité, dans ou aux confins des forêts, les castes, quant à elles, résident, en majorité également, dans les plaines et près des villes. Lʼévolution sociale et professionnelle provoque cependant des mélanges et des décloisonnements. Parallèlement, lʼurbanisation et lʼessor des réseaux routiers et ferroviaires contribuent au développement de la circulation des biens et des personnes.

Au niveau linguistique, bien quʼil subisse des influences au contact des langues de lʼUttar Pradesh, de lʼOrissa ou du Maharashtra, bien que la langue officielle soit le hindi, comme dans le reste de lʼInde, le chhattisgarhi reste communément parlé. On trouve cependant, dans la communauté marathe (restée après lʼinvasion des Marathes) le marathe (dû aux séjours des Marathes) et les langues dʼorigine dravidienne comme le Gond ou lʼOraon.

Quant au taux dʼalphabétisation, il nʼatteint même pas la moitié de la population totale. Il est seulement de 42,9% – contre 44,7 % au Madhya Pradesh – , montrant une inégalité entre les hommes et les femmes (58,1 % chez les premiers et 27,5 % chez les secondes) et il nʼest classé que 23è sur 35 Etats (Census of India 1991). Le taux dʼalphabétisation est lié au phénomène dʼurbanisation assez bas et au taux élevé du travail des femmes (les femmes âdivâsî sont une main-dʼœuvre agricole importante). Quant aux femmes du système de castes, vivant selon le système du pardâ (traduit selon les sources comme « réclusion » de la femme

indienne, « séparation » ou « ségrégation »17), elles sont scolarisées certes, mais sur une courte période (jusquʼà la fin du collège).

Malgré le développement du réseau routier et ferroviaire, en dépit dʼun développement urbain certain (taux dʼurbanisation de 17,4 % contre 25,3% au Madhya Pradesh), le Chhattisgarh reste un Etat agricole, dont les ressources sont importantes certes, mais concentrées dans une plaine, au réseau dʼirrigation encore insuffisant et peuplé essentiellement de villages. Le contraste géographique, la répartition conséquente de la population, les ressources essentiellement agricoles font du Chhattisgarh un Etat qui est considéré encore comme pauvre.