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PARAÎTRE DANS LE CHHATTISGARH : LE SARI COMME MODE DE DISTINCTION

PLANCHE 3 : SARI DE LʼEPOUSE Structure et dénominations des parties

2- Les saris quotidiens et les saris de fête

Avant tout, je vais définir les concepts : le sari quotidien (roz28

ki sârî) est porté

dans les activités de tous les jours (préparation des repas, travail aux champs, etc.) et le sari de fête (pûjâ29

ki sârî) est réservé à lʼoccasionnel (mariage, hommage à une

divinité, visite hebdomadaire au temple, etc).

Sans utiliser toutefois la symbolique des motifs ou des couleurs que des nombreux ouvrages abordent (Dongerkery 1960, Dhamiya Jamin 1989, Lynton 1995), il sʼagit, ici, de donner des éléments quant aux motifs, aux formes, aux couleurs et à la structure générale du vêtement qui permettent de distinguer un sari porté au quotidien et un sari de fête.

a- Motifs, tons et couleurs

Le développement économique et industriel a entraîné une grande diversité de production, de motifs, de formes et les couleurs. Sachant que chaque sari est unique, il existe théoriquement une infinité de modèles ornementaux. Je suis tout de même parvenue à regrouper les motifs en cinq catégories:

- catégorie 1 : fleurs (feuilles y compris) et fruits (mangues)

- catégorie 2 : figures géométriques abstraites (vagues, triangles, carrés, losanges…) -catégorie 3 : animaux (éléphant, paon, perroquet…)

- catégorie 4 : objets divers (maison, conque…) et rarement symboles (svastika) -catégorie 5 : représentations humaines ou divines (scène mythologique ….).

Les deux premières catégories – fleurs, feuilles, fruits et figures géométriques – sont généralement associées aux saris du quotidien. Les trois autres catégories –

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Roz : jour

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animaux, objets/symboles et représentations humaines ou divines – sont représentées principalement sur les saris de fête.

Pour être plus précis, si les deux premières catégories sont souvent représentées sur les saris de fête, il est exceptionnel, voire impossible, de trouver les trois dernières catégories sur les saris du quotidien. Les motifs des saris du quotidien (telles que les fleurs) peuvent parfois être associés aux motifs des saris de fête.

Les différents tons constituent également des traits distinctifs. On distingue quatre catégories :

- catégorie 1 : ton sombre

- catégorie 2 : ton clair

- catégorie 4 : ton doré ou cuivré (très rare)

Il existe différentes associations de tons et couleurs, mais lʼune dʼentre elles domine toujours, soit sur le fond du sari, soit sur les motifs. Le jeu des tons repose sur le principe du contraste (clair/sombre), de lʼatténuement (un vert foncé atténue un rose ou un orange vif). Le jeu des couleurs repose sur la complémentarité, le dégradé ou le rappel.

Toutes les couleurs sont possibles, excepté le blanc et le noir en couleur unie. Cependant, le blanc (catégorie 2) et le noir (catégorie 1) peuvent apparaître en petites touches, en particulier dans les saris du quotidien de matière synthétique, mais sont généralement absents sur les saris de fête. Enfin, le rouge et le jaune sont des couleurs de mariage (cf chapitre 5). À moins quʼils ne soient rehaussés de doré, les tons sombres sont le plus souvent évités pour les saris de fête.

En 2000, la mode était au noir et en 2002, au beige clair. Les couleurs vives sont, principalement des couleurs de fête, mais elles sont aussi appréciées dans le quotidien. Le rouge et le jaune sont associés aux saris de mariage. Si lʼargenté est inédit et si le cuivré est exceptionnel, le doré est lʼexclusive des drapés de fête.

En résumé, les tons sombres (catégorie 1) et clairs (catégorie 2) sont davantage des tons du quotidien. Les tons vifs (catégorie 3) sont préférés durant les fêtes. Le doré est exclusivement associé à la fête.

b- Le matériau

Il existe trois types de matériaux: le coton, la soie et le synthétique. Les mélanges, bien que possibles, sont rares. La texture du sari procure une impression de légèreté ou de pesanteur, donnée par le tissage lâche ou serré et par lʼépaisseur du fil. Lʼétude du matériau amène à effectuer une distinction supplémentaire : le « sari de sortie », revêtu pour un pique-nique, une sortie au marche ou chez le médecin, une visite chez des amis. Ce sari tient à la fois du sari quotidien et du sari de fête.

- Le coton amidonné

Le sari en coton porté dans la vie de tous les jours est en voie de disparition. Les femmes sont censées le porter pour la préparation des repas, mais elles ne le font plus. Parmi les saris quʼemmène la jeune mariée chez sa belle-famille, seule une épousée sur dix possédait un sari en coton. Il a été remplacé par le synthétique, considéré plus esthétique, bien quʼon le dise susceptible de fondre et de brûler lors de la préparation des repas.

Si marginal soit-il, le sari de coton existe toujours. Sa texture et son épaisseur diffèrent complètement de celle du sari « chhattisgarhi » puisque le tissu est transparent. Ce nʼest ni un sari quotidien ni un sari de fête, cʼest un sari de sortie. Cʼest aussi un type de sari tissé manuellement dit le South Delhi sari à lʼornementation sobre. Il est généralement amidonné : en le faisant tremper dans de lʼeau froide, on lui rajoute de lʼeau de riz. En séchant, lʼamidon se solidifie et maintient les fibres du tissu. Sans ce procédé, le coton est mou et il doit être obligatoirement repassé pour éviter un aspect froissé. Ce type de sari correspond au drapé jaune de la planche 3 (bien que ce soit un mélange de coton et de soie) ou encore au sari kaki porté par les femmes Thakur (cf page 143).

- La soie

La soie, en tant que matériau des plus purs, nʼest portée que lors de fêtes. Sa texture, légère ou lourde, dépend du tissage qui est soit manuel soit industriel. En général, la soie donne un aspect brillant et souple au tissu, mais elle est concurrencée par le synthétique considéré plus léger.

- Le synthétique

Le synthétique remplace le coton du sari de tous les jours et la soie du sari de fête. Même un œil expert pourrait parfois confondre le synthétique et la soie. Il existe différentes textures selon la qualité. Un tissu synthétique fin, transparent et bon marché ne pourra jamais se substituer à la soie, tandis quʼun synthétique épais et plus coûteux la remplacera avantageusement.

Grâce aux techniques industrielles nouvelles, le synthétique offre une grande variété de motifs, de formes et de couleurs : cʼest là la raison principale de son succès. En outre, lʼentretien est facile, le séchage, rapide et les couleurs, permanentes. Il est enfin léger à porter et léger à laver.

c- La structure

La structure donne des indices supplémentaires sur la différence entre le sari du quotidien et le sari de fête. En principe, le sari est composé de trois parties : les bords, lʼextrémité ornée (pallâ) et la partie centrale (cf planche 3, page 110).

Pour un sari quotidien, le fait quʼil y ait ou non des bords ou une extrémité ornée est sans importance. Au contraire, le sari de fête est choisi avec soin en fonction des ornements du bord et de lʼextrémité.

Il y a eu une nouvelle mode en 2000-2002 pour des modèles industriels de soie et de synthétique. La notion de haut et de bas apparaît à partir dʼune échelle croissante des motifs.