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3.1 Coop´ eration entre agents ´ ego¨ıstes

3.1.2 Satisfaction individuelle

Dans ce manuscrit, nous consid´erons que les agents sont rationnels, c’est-`a-dire qu’un agent ne va accepter la solution d’un jeu que si celle-ci est satisfaisante de son point de vue, ind´ epen-damment des pr´ef´erences des autres agents. De ce fait, un agent ne va accepter de coop´erer avec d’autres agents en formant une coalition que s’il consid`ere celle-ci comme pr´ef´erable `a l’absence de coop´eration, c’est-`a-dire former la coalition singleton. Cette propri´et´e est une propri´et´e de rationalit´e individuelle (d´efinition 2.1.13). Nous consid´erons donc que le protocole de s´election doit satisfaire au minimum cette rationalit´e individuelle.

Hypoth`ese 3.1.1 - Rationalit´e individuelle minimale : Le protocole de s´election P satisfait au minimum la rationalit´e individuelle :

∀HG = hN,  ,Pi,SHG= ∅ =⇒ P(HG) = { {a1}, . . . ,{an} }

Cette hypoth`ese signifie que si le concept de solution est vide alors le protocole de s´election doit renvoyer la structure de coalitions uniquement compos´ee de coalitions singletons. Le fait de consid´erer que le protocole de s´election satisfait au minimum la rationalit´e individuelle permet de repr´esenter les profils de pr´ef´erence des agents de mani`ere plus compacte, car toutes les coalitions qu’un agent consid`ere comme moins pr´ef´er´ees `a la coalition singleton ne peuvent pas se former et n’ont donc pas d’int´erˆet `a ˆetre repr´esent´ees. C’est pourquoi, dans la suite, nous utilisons une repr´esentation IRCL4 des profils de pr´ef´erence.

Exemple 3.1.3 - Reprenons l’exemple 3.1.1. Les profils de pr´ef´erence des agents peuvent d´esormais ˆetre repr´esent´es de mani`ere plus compacte par :

a1= {a1,a2} a1 {a1,a3,a4} a1 {a1,a3} ∼a1 {a1,a2,a4} a1 {a1,a2,a3,a4} ∼a1 {a1} a2= {a1,a2} ∼a2 {a2,a3,a4} a2 {a1,a2,a3} ∼a2 {a2,a4} a2 {a1,a2,a4} a2 {a2,a3} a2 {a1,a2,a3,a4} ∼a2 {a2} a3= {a1,a3} ∼a3 {a2,a3,a4} a3 {a3,a4} a3 {a1,a2,a3} a3 {a2,a3} a3 {a1,a2,a3,a4} ∼a3 {a3} a4= {a1,a4} a4 {a2,a4} a4 {a3,a4} a4 {a4}

4. Listes de coalitions individuellement rationnelles (cf. section 2.1.1). 48

3.1. Coop´eration entre agents ´ego¨ıstes De nombreux concepts de solution, comme l’optimalit´e au sens de Pareto (d´efinition 2.1.8), satisfont l’optimalit´e de la solution d’un point de vue collectif, mais ne garantissent pas la rationalit´e individuelle de la solution. De ce fait, nous ne consid´erons dans ce manuscrit que les trois concepts de solution canoniques qui satisfont ´egalement la rationalit´e individuelle : la stabilit´e au sens de Nash (d´efinition 2.1.9), la stabilit´e individuelle (d´efinition 2.1.10) et la stabilit´e du cœur (d´efinition 2.1.12).

Ces trois concepts de solution permettent de garantir qu’´etant donn´e la solution d’un jeu, aucun agent n’aura individuellement ou collectivement int´erˆet `a changer de coalition. Cependant, ils ne garantissent pas l’optimalit´e individuelle de la solution (d´efinition 2.1.6). Afin de mesurer le degr´e de satisfaction de chaque agent, nous d´efinissons un concept d’acceptation des structures de coalitions. Intuitivement, dans une structure de coalitions Π, l’agent ai est satisfait avec un degr´e x si au plus x coalitions sont pr´ef`er´ees `a la coalition CaΠi.

D´efinition 3.1.3 - Concept d’acceptation : Soit HG = hN,  ,Pi un jeu h´edonique. Soit ai ∈ N un agent ayant pour profil de pr´ef´erence Cai,1 ai . . . ai Cai,xai . . . ai Cai,2n−1. Le concept d’acceptation APaxi(HG) de profondeur x ∈ [1,2n−1] pour l’agent ai d´esigne l’ensemble des structures de coalitions tel que :

APaxi(HG) = {Π ∈ PN|CaΠ

i ai Cai,x}

Ainsi, le concept d’acceptation de profondeur x d´esigne l’ensemble des structures de coalitions de N tel que ai est dans Cai,x ou dans une coalition pr´ef´er´ee `a Cai,x.

Exemple 3.1.4 - Soit l’agent a4 de l’exemple 3.1.1 ayant le profil de pr´ef´erence : a4= {a1,a4} a4 {a2,a4} a4 {a3,a4} a4 {a4}

Comme C4,1 = {a1,a4}, le concept d’acceptation de a4 de profondeur 1 est : APa14(HG) = {Π410}

= {{ {a1,a4},{a2},{a3} },{ {a1,a4},{a2,a3} }}

Remarquons que par d´efinition, le concept d’acceptation d’un agent ai `a une profondeur x ∈ [1,2n−1[ inclut toutes les structures de coalitions appartenant au concept d’acceptation de profondeur x + 1. De mˆeme, le concept d’acceptation d’un agent `a la profondeur 2n−1correspond `

a l’ensemble des structures de coalitions possibles, soit PN.

Propri´et´e 3.1.1 : Par d´efinition des concepts d’acceptation (d´efinition 3.1.3), pour tout jeu h´edonique HG = hN,  ,Pi et pour tout agent ai∈ N , on a :

Chapitre 3. Un mod`ele de manipulation

D´emonstration : Fixons un jeu h´edonique HG = hN,  ,Pi et un agent ai ∈ N ayant le profil de pr´ef´erence Cai,1 ai . . . ai Cai,xai . . . ai Cai,2n−1.

Montrons dans un premier temps que ∀x ∈ [1,2n−1[, APx

ai(HG) ⊆ APx+1

ai (HG). Soit une structure de coalitions Π ∈ APaxi(HG). Par d´efinition du concept d’acceptation (d´efinition 3.1.3), CaΠi ai Cai,x. Comme Cai,x ai Cai,x+1, nous avons par transitivit´e CaΠi ai Cai,x+1. Comme ∀Π ∈ APx ai(HG),CΠ ai ai Cai,x+1, nous avons Π ∈ APx+1 ai (HG). Ainsi, ∀x ∈ [1,2n−1[, APx ai(HG) ⊆ APax+1i (HG).

Montrons maintenant que APa2in−1(HG) = PN. Par d´efinition du profil de pr´ef´erence de l’agent ai, ∀C ∈ CaNi, on a C ai Cai,2n−1. Ainsi, ∀Π ∈ PN,CaΠi ai Cai,2n−1. Or, par d´ efini-tion du concept d’acceptaefini-tion, APa2in−1(HG) = {Π ∈ PN|CΠ

ai ai Cai,2n−1}. Par cons´equent, APa2in−1(HG) = PN. 

Exemple 3.1.5 - Dans l’exemple 3.1.1, les concepts d’acceptation de l’agent a4 sont :

APa14(HG) = {Π410} APa24(HG) = APa14(HG) ∪ {Π69} APa34(HG) = APa24(HG) ∪ {Π78} APa44(HG) = APa34(HG) ∪ {Π123511} APa54(HG) = APa44(HG) ∪ {Π12} APa64(HG) = APa54(HG) ∪ {Π1314} APa74(HG) = APa64(HG) ∪ {∅} APa84(HG) = APa74(HG) ∪ {Π15}

Les concepts d’acceptation d’un agent permettent de d´efinir un degr´e de satisfaction de cet agent vis-`a-vis de la solution du jeu. Intuitivement, le degr´e de satisfaction d’un agent correspond au plus petit concept d’acceptation auquel la solution du jeu appartient.

D´efinition 3.1.4 - Degr´e de satisfaction : Soit HG = hN,  ,Pi un jeu h´edonique. Soit P(HG) la solution de HG. L’agent ai ∈ N a un degr´e de satisfaction de x si :

P(HG) ∈ APaxi(HG) \ APax−1i (HG)

Notons que notre d´efinition du degr´e de satisfaction implique que plus le degr´e est petit, plus l’agent est satisfait. Ainsi, si un protocole de s´election satisfait la rationalit´e individuelle, il n’existe pas d’agent ai∈ N dont le degr´e de satisfaction est sup´erieur `a xi tel que Cai,xi = {ai}. Exemple 3.1.6 - Reprenons l’exemple 3.1.1 et consid´erons un protocole P satisfaisant la stabilit´e au sens de Nash. La solution du jeu appartient donc `a l’ensemble N SHG = {Π89}. Le tableau 3.2 montre alors le degr´e de satisfaction des agents en fonction de la solution du jeu. Le degr´e de satisfaction de a1 est de 1 si la solution du jeu est la structure de coalitions Π8 car CaΠ1 = {a1,a2} est la coalition qu’il pr´ef`ere `a toutes les autres. `A l’inverse, l’agent a4 aurait un degr´e de satisfaction de 3 puisqu’il pr´ef´ererait former les coalitions {a1,a4} et {a2,a4}.

a1 a2 a3 a4

Π8= {{a1,a2},{a3,a4}} 1 1 2 3 Π9= {{a1,a3},{a2,a4}} 3 2 1 2

Tableau 3.2 – Degr´es de satisfaction des agents en fonction de la solution du jeu HG

3.1. Coop´eration entre agents ´ego¨ıstes Notons que pour un protocole de s´election satisfaisant le concept de solution S, une structure de coalitions Π ∈ PN est `a la fois solution de HG et satisfaisante pour ai avec un degr´e x si Π ∈ SHG∩ APx

ai(HG).