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4.2 Manipulation destructive

4.2.1 Une manipulation qui r´ eduit le nombre de solutions

Un agent malhonnˆete qui effectue une manipulation constructive cherche `a augmenter sa probabilit´e de satisfaction (d´efinition 3.1.6) en rendant stables les structures de coalitions dont il est l’unique responsable de la non-stabilit´e (d´efinition 4.1.2). Nous proposons ici une seconde manipulation o`u l’agent malhonnˆete r´eduit le nombre de structures de coalitions stables au sens

Chapitre 4. Stabilit´e au sens de Nash : un concept de solution robuste

malhonnˆete r´ev`ele son v´eritable profil de pr´ef´erence et introduit un agent Sybil s d´esirant re-joindre toutes coalitions de CaNm hormis une coalition Cam,k pr´ealablement fix´ee.

D´efinition 4.2.1 - Manipulation destructive : Soit un jeu h´edonique HG = hN,  ,Pi et un agent malhonnˆete am ∈ N ayant le profil de pr´ef´erence Cam,1 am . . . am Cam,k am . . . am Cam,2n−1. La manipulation destructive mise en œuvre par am sur HG est MD = h{am,s},{MD am , MD s }, ami o`u : MD am = Cam,1MD am . . . MD am Cam,kMD am . . . MD am Cam,2n−1 MD s = Cam,1∪ {s} MD s . . . MD s Cam,k−1∪ {s} MD s Cam,k+1∪ {s} MD s . . . MD s Cam,2n−1∪ {s} MD s Cam,k∪ {s}

Dans cette manipulation, l’agent Sybil pr´etend vouloir ˆetre dans toutes les coalitions conte-nant am autre que Cam,k tandis que am refuse donc toutes les coalitions contenant s car il pr´esente son v´eritable profil de pr´ef´erence.

Exemple 4.2.1 - Reprenons l’exemple 4.1.1.

N = {a1,a2,a3,am} a1= {a1,a2} a1 {a1,a3,am} a1 {a1,a3} ∼a1 {a1,a2,am} a1 {a1,a2,a3,am} ∼a1 {a1} a2= {a1,a2} ∼a2 {a2,a3,am} a2 {a1,a2,a3} ∼a2 {a2,am} a2 {a1,a2,am} a2 {a2,a3} a2 {a1,a2,a3,am} ∼a2 {a2} a3= {a1,a3} ∼a3 {a2,a3,am} a3 {a3,am} a3 {a1,a2,a3} a3 {a2,a3} a3 {a1,a2,a3,am} ∼a3 {a3} am= {a1,am} am {a2,am} am {a3,am} am {am}

Les solutions stables du jeu sont N SHG = { { {a1,a2},{a3,am} },{ {a1,a3},{a2,am} } }. Supposons que l’agent malhonnˆete fixe Cam,k = {a2,am}, la manipulation destructive am est alors :

MD am = {a1,am} MD am {a2,am} MD am {a3,am} MD am {am} MD s = {a1,am,s} MD s {a3,am,s} MD s {s} 74

4.2. Manipulation destructive La mise en œuvre de MD sur HG donne le jeu HGMD = hNMD, MD ,Pi o`u :

NMD = {a1,a2,a3,am,s} MD 1 = {a1,a2} ∼MD a1 {a1,a2,s} MD a1 {a1,a3,am} ∼MD a1 {a1,a3,am,s} MD a1 {a1,a3} ∼MD a1 {a1,a3,s} ∼MD a1 {a1,a2,am} ∼MD a1 {a1,a2,am,s} MD a1 {a1,a2,a3,am} ∼MD a1 {a1,a2,a3,am,s} ∼MD a1 {a1} ∼MD a1 {a1,s} MD 2 = {a1,a2} ∼MD a2 {a1,a2,s} ∼MD a2 {a2,a3,am} ∼MD a2 {a2,a3,am,s} MD a2 {a1,a2,a3} ∼MD a2 {a1,a2,a3,s} ∼MD a2 {a2,am} ∼MD a2 {a2,am,s} MD a2 {a1,a2,am} ∼MD a2 {a1,a2,am,s} MD a2 {a2,a3} ∼MD a2 {a2,a3,s} MD a2 {a1,a2,a3,am} ∼MD a2 {a1,a2,a3,am,s} ∼MD a2 {a2} ∼MD a2 {a2,s} MD 3 = {a1,a3} ∼MD a3 {a1,a3,s} ∼MD a3 {a2,a3,am} ∼MD a3 {a2,a3,am,s} MD a3 {a3,am} ∼MD a3 {a3,am,s} MD a3 {a1,a2,a3} ∼MD a3 {a1,a2,a3,s} MD a3 {a2,a3} ∼MD a3 {a2,a3,s} MD a3 {a1,a2,a3,am} ∼MD a3 {a1,a2,a3,am,s} ∼MD a3 {a3} ∼MD a3 {a3,s} MD am = {a1,am} MD am {a2,am} MD am {a3,am} MD am {am} MD s = {a1,am,s} MD s {a3,am,s} MD s {s}

La figure 4.3 repr´esente l’ensemble des structures de coalitions stables pour les jeux HG et HGMD. N SH G a1, a2 a3, am a1, a3 a2, am N SH GMD a1, a2 a3, am s

Figure 4.3 – Structures de coalitions stables au sens de Nash de HG et de HGMD

Dans cet exemple, la manipulation r´eduit le nombre de structures de coalitions stables afin que seules les structures de coalitions appartenant au concept d’acceptation de profondeur k aient une probabilit´e de s´election non nulle. Cela est vrai pour tout jeu h´edonique. Pour prouver cela, ´etudions tout d’abord les conditions n´ecessaires `a la stabilit´e d’une structure de coalitions dans HGMD = hNMD, MD ,Pi.

Propri´et´e 4.2.1 : Soit HG = hN,  ,Pi un jeu h´edonique et HGMD = hNMD, MD ,Pi le jeu r´esultant de la mise en œuvre de la manipulation destructive par a ∈ N sur HG. Une

Chapitre 4. Stabilit´e au sens de Nash : un concept de solution robuste

D´emonstration : Fixons un jeu h´edonique HG = hN,  ,Pi et HGMD = hNMD, MD ,Pi le jeu r´esultant de la mise en œuvre de la manipulation destructive par am ∈ N sur HG. Supposons une structure de coalitions Π0 ∈ N SHGMD.

Supposons dans un premier temps que CaΠm0 = CsΠ0. Par d´efinition du profil de pr´ef´erence de am, nous avons {am} MD

am C ∪ {s},∀C ∈ CaNm. Par cons´equent, si CaΠm0 = CsΠ0 alors {am} MD am CaΠm0. Ceci contredit Π0 ∈ N SHGMD et donc CaΠm0 6= CΠ0

s .

Supposons maintenant que CaΠm0 6= Cam,k. Par d´efinition du profil de pr´ef´erence de s, nous avons CΠ0

am∪ {s} MD s CΠ0

s car CΠ0

am 6= CΠ0

s . Ceci contredit Π0 ∈ N SHGMD et donc CΠ0

am= Cam,k. Supposons enfin que CsΠ0 6= {s}. Par d´efinition du profil de pr´ef´erence de s, nous avons {s} MD

s

CsΠ0 car CaΠm0 6= CΠ0

s . Ceci contredit Π0∈ N SHGMD et donc CsΠ0 = {s}. 

Cette propri´et´e nous permet d’affirmer que si le jeu N SHGMD n’est pas vide, alors toute structure de coalitions stable contient n´ecessairement la coalition Cam,k et les probabilit´es de satisfaction de l’agent malhonnˆete sont caract´eris´ees par le corollaire suivant :

Corollaire 4.2.1 : Soit HG = hN,  ,Pi un jeu h´edonique et HGMD = hNMD, MD ,Pi le jeu r´esultant de la mise en œuvre de la manipulation destructive par am ∈ N sur HG. Si N SHGMD 6= ∅, nous avons alors :

1. ∀i ∈ [1,k[: P(am,i|HGMD) = 0 ; 2. ∀i ∈ [k,2n−1] : P(am,i|HGMD) = 1.

Regardons maintenant quelles sont les structures de coalitions stables apr`es mise en œuvre de la manipulation destructive. Pour cela, montrons dans un premier temps que si une structure de coalitions n’est pas stable dans HG, la structure de coalitions construite en y ajoutant un agent Sybil n’est pas stable dans HGMD = hNMD, MD ,Pi.

Propri´et´e 4.2.2 : Soit HG = hN,  ,Pi un jeu h´edonique et HGMD = hNMD, MD ,Pi le jeu r´esultant de la mise en œuvre de la manipulation destructive par am ∈ N sur HG. Soit Π 6∈ N SHG une structure de coalitions non stable dans HG. ∀C0 ∈ Π ∪ {∅}, la structure de coalitions Π0 = f (Π,s,C0) n’est pas stable.

D´emonstration : Fixons un jeu h´edonique HG = hN,  ,Pi et une structure de coalitions Π 6∈ N SHG. Par la propri´et´e 4.2.1, ∀C0 ∈ Π, nous avons Π0 = f (Π,s,C0) 6∈ N SHGMD. En effet, par construction de Π0, nous avons CsΠ0 6= {s} et donc Π0 ne peux pas ˆetre stable.

Consid´erons maintenant la structure de coalitions Π0 = f (Π,s,∅) et supposons que Π0 ∈ N SHGMD. Par d´efinition de la stabilit´e (d´efinition 2.1.9), nous avons ∀ai ∈ NMD, 6 ∃C ∈ Π0 ∪ {∅},C ∪ {ai} MD

ai CaΠi0.

Comme CsΠ0 = {s}, nous avons ∀ai ∈ N ,CΠ0

ai = CaΠi. Par d´efinition du profil de pr´ef´erence de am, si 6 ∃C ∈ Π0∪ {∅} telle que C ∪ {am} MD

am CaΠm0 alors 6 ∃C ∈ Π ∪ {∅},C ∪ {am} am CaΠm.

De mˆeme par les hypoth`eses d’ind´ependance des alternatives non-pertinentes et de b´en´efice du doute (hypoth`eses 3.2.3 et 3.2.4), si ∀ai ∈ N \ {am}, 6 ∃C ∈ Π0 ∪ {∅},C ∪ {ai} MD

ai CaΠi0 alors ∀ai ∈ N \ {am}, 6 ∃C ∈ Π ∪ {∅},C ∪ {ai} ai CaΠi. Ainsi, par d´efinition de la stabilit´e si Π0 ∈ N SHGMD alors Π ∈ N S, ce qui est en contradiction avec Π 6∈ N SHG.

Ainsi, pour toute structure de coalitions Π 6∈ N SHG, quelle que soit C0 ∈ Π ∪ {∅}, la structure de coalitions Π0 = f (Π,s,C0) n’est pas stable dans le jeu HGMD. 

´

Etudions maintenant l’effet de la manipulation destructive sur les structures de coalitions stables.

4.2. Manipulation destructive Propri´et´e 4.2.3 : Soit HG = hN,  ,Pi un jeu h´edonique et HGMD = hNMD, MD ,Pi le jeu r´esultant de la mise en œuvre de la manipulation destructive par am ∈ N sur HG. Pour toute structure de coalitions Π ∈ N SHG telle que Cam,k ∈ Π (respectivement Cam,k 6∈ Π), la structure de coalitions Π0 = f (Π,s,∅) est stable (respectivement non stable) pour le HGMD.

D´emonstration : Fixons un jeu h´edonique HG = hN,  ,Pi et une structure de coalitions Π ∈ N SHG. Soit Π0 = f (Π,s,∅) la structure de coalitions obtenue apr`es ajout de l’agent s dans sa coalition singleton.

Montrons dans un premier que si Cam,k 6∈ Π alors Π0n’est pas stable. Par construction de Π0, nous avons CaΠm0 = CaΠm. Comme Cam,k 6∈ Π, nous avons CΠ0

am 6= Cam,k. Ainsi, par la propri´et´e 4.2.1, la structure de coalitions Π0 = f (Π,s,∅) n’est pas stable.

Montrons dans un second que si Cam,k∈ Π alors Π0 est stable. Par construction de Π0, nous avons ∀ai ∈ N ,CΠ

ai = CaΠi0. Par la d´efinition 2.1.9, nous avons ∀ai∈ N, 6 ∃C ∈ Π∪{∅} : C ∪{ai} ai CaΠi. Par d´efinition des pr´ef´erences de am et de s dans la manipulation destructive (d´efinition 4.2.1), nous avons donc :

6 ∃C ∈ Π0∪ {∅} : C ∪ {am} MD am CaΠm0 C ∪ {s} MD

s CsΠ0

Par les hypoth`eses d’ind´ependance des alternatives non-pertinentes et de b´en´efice du doute (hypoth`ese 3.2.3 et 3.2.4), ∀ai∈ N \ {am}, nous avons aussi :

6 ∃C ∈ Π0∪ {∅},C ∪ {ai} MD ai CaΠi0 Ainsi, la structure de coalitions Π0 est stable pour le jeu HGMD. 

De cette propri´et´e, nous pouvons d´eduire qu’il existe des structures de coalitions stables dans HGMD sous les conditions suivantes :

Corollaire 4.2.2 : Soit HG = hN,  ,Pi un jeu h´edonique et HGMD = hNMD, MD ,Pi le jeu r´esultant de la mise en œuvre de la manipulation destructive par am∈ N sur HG. Il existe au moins une structure de coalitions stable pour le jeu HGMD si et seulement si :

∃Π ∈ N SHG telles que Cam,k ∈ Π

4.2.2 Conditions de rationalit´e

Le corollaire 4.2.1 stipule que la manipulation destructive garantit `a un agent malhonnˆete que, pour un k fix´e, toute solution du jeu stable au sens de Nash contient la coalition Cam,k. Cependant, comme nous allons le montrer dans cette section, la manipulation destructive n’est pas n´ecessairement rationnelle. ´Etudions dans un premier temps le cas o`u le jeu h´edonique HG ne poss`ede aucune structure de coalitions stable.

Chapitre 4. Stabilit´e au sens de Nash : un concept de solution robuste

D´emonstration : Fixons un jeu h´edonique HG = hN,  ,Pi avec N = {a1, . . . ,an−1,am} tel que N SHG = ∅ et que la solution soit donc l’ensemble des coalitions singletons. Par la propri´et´e 4.2.2, nous avons N SHGMD = ∅ et la solution est aussi l’ensemble des coalitions singleton. Ainsi, par l’hypoth`ese de rationalit´e individuelle minimale (hypoth`ese 3.1.1), nous avons P(HG) = { {a1}, . . . ,{an−1},{am} } et P(HGMD) = { {a1}, . . . ,{an−1},{am},{s} }. Par cons´equent, par d´efinition de la probabilit´e de satisfaction (d´efinition 3.1.6), nous avons :

∀i ∈ [1,k[,P(am,i|HG) = P(am,i|HGMD) = 0 ∀i ∈ [k,2n−1],P(am,i|HG) = P(am,i|HGMD) = 1

C’est pourquoi la manipulation destructive MD n’est pas k-rationnelle selon la d´efinition 3.2.5 car P(am,k|HG) = P(am,k|HGMD). 

´

Etudions maintenant le cas o`u le jeu h´edonique n’a qu’une unique structure de coalitions stable.

Propri´et´e 4.2.5 : Soit HG = hN,  ,Pi un jeu h´edonique et am ∈ N un agent malhonnˆete. Si |N SHG| = 1 alors la manipulation destructive MD n’est pas k-rationnelle, ∀k ∈ [1,2n−1].

D´emonstration : Fixons un jeu h´edonique HG = hN,  ,Pi avec N = {a1, . . . ,an−1,am} tel que N SHG = {Π0}. Par d´efinition du profil de pr´ef´erence de l’agent s dans la manipulation destructive (d´efinition 4.2.1) et la propri´et´e 4.2.3, nous avons N SHGMD = {Π0∪ {{s}}}. Par cons´equent, par le corollaire 4.2.1, nous avons :

∀i ∈ [1,k[,P(am,i|HG) = P(am,i|HGMD) = 0 ∀i ∈ [k,2n−1],P(am,i|HG) = P(am,i|HGMD) = 1

C’est pourquoi la manipulation destructive MD n’est pas k-rationnelle selon la d´efinition 3.2.5 car P(am,k|HG) = P(am,k|HGMD). 

Ces deux propri´et´es nous permettent de montrer que mettre en œuvre une manipulation destructive sur un jeu HG n’est pas rationnelle si |N SHG| ≤ 1. Plus pr´ecis´ement, la manipulation destructive est k-rationnelle si et seulement si les conditions suivantes sont satisfaites :

Propri´et´e 4.2.6 : Soit HG = hN,  ,Pi un jeu h´edonique et am ∈ N un agent malhonnˆete ayant le profil de pr´ef´erence Cam,1 am . . . am Cam,2n−1. La manipulation destructive MD est k-rationnelle si et seulement si :

1. ∀i ∈ [1,k[, 6 ∃Π ∈ N SHG : Cam,i∈ Π ; 2. ∃Π ∈ N SHG : Cam,k = CaΠm;

3. ∃Π ∈ N SHG : Cam,k am CaΠm.

D´emonstration : Fixons un jeu h´edonique HG = hN,  ,Pi tel que |N SHG| > 1, un k ∈ [1,2n−1] et un agent malhonnˆete am ∈ N ayant le profil de pr´ef´erence Cam,1 am . . . am

Cam,2n−1.

Montrons dans un premier temps que s’il existe un i ∈ [1,k[ tel que ∃Π ∈ N SHG : Cam,i∈ Π, la manipulation destructive n’est pas k-rationnelle. Pour cela, supposons qu’il existe un tel i. Par d´efinition de la probabilit´e de s´election, nous avons P(am,i|HG) > 1. Par le corollaire 4.2.1, 78

4.3. Robustesse de la stabilit´e au sens de Nash