3.2 Manipulation d’un jeu h´ edonique
3.2.3 Rationalit´ e d’une manipulation
A partir de ceci, l’agent malhonnˆete peut calculer le r´esultat d’un jeu HGM et de d´ecider de mettre en œuvre M si cette derni`ere lui permet d’am´eliorer sa probabilit´e de satisfaction. Notons que ces hypoth`eses sont optimistes du point de vue de l’agent malhonnˆete. Cette approche nous permettra de montrer dans le chapitre 4 que si, dans des conditions favorables, il est difficile pour un agent malhonnˆete de manipuler le jeu alors cela est encore plus difficile dans un contexte d´efavorable.
3.2.3 Rationalit´e d’une manipulation
Pour d´efinir si un agent a un int´erˆet `a effectuer une manipulation, nous nous int´eressons `a la rationalit´e de sa mise en œuvre. Une manipulation M est dite rationnelle sur un jeu HG si elle permet `a l’agent malhonnˆete d’augmenter ces probabilit´es de satisfaction. Nous proposons de quantifier cette rationalit´e en nous fondant sur le degr´e de satisfaction des agents (d´ efini-tion 3.1.4) et de leur probabilit´e de satisfaction (d´efinition 3.1.6).
Rappelons que la satisfaction d’un agent d´epend du concept d’acceptation (d´efinition 3.1.3) auquel la solution du jeu appartient. Dans un jeu HGM, l’agent malhonnˆete am et ses agents Sybil s1, . . . sx sont en r´ealit´e le mˆeme agent. Par ailleurs, les profils de pr´ef´erence fournis par am et ses agents Sybil ne correspondent pas n´ecessairement aux v´eritables pr´ef´erences de am. Par cons´equent, nous devons red´efinir le concept d’acceptation de l’agent malhonnˆete dans le jeu qu’il manipule. Nous nommons ce nouveau concept, concept d’acceptation malhonnˆete.
D´efinition 3.2.3 - Concept d’acceptation malhonnˆete : Soit un jeu HG = hN, ,Pi et am ∈ N un agent malhonnˆete ayant le profil de pr´ef´erence Cam,1 am . . . am Cam,x am . . . am Cam,2n−1. Soit HGM = hNM, M ,Pi le jeu r´esultant de la manipulation M sur HG. Le concept d’acceptation malhonnˆete de am sur HGM `a une profondeur x ∈ [1,2n−1] (not´e APaxm(HGM)) d´esigne l’ensemble des structures de coalitions Π ∈ PNM tel qu’il existe un agent ai∈ {am,s1, . . . ,sx} dont la coalition CΠ
ai v´erifie :
( CaΠi\ {ai} ) ∪ {am} am Cam,x
3.2. Manipulation d’un jeu h´edonique Intuitivement, une partition Π ∈ PNM appartient au concept d’acceptation malhonnˆete de profondeur x si au moins l’une des deux conditions suivantes est satisfaite :
1. l’agent malhonnˆete est dans une coalition pr´ef´er´ee `a Cam,x: CaΠm am Cam,x; 2. il existe un agent si ∈ {s1, . . . ,sx} est dans une coalition pr´ef´er´ee `a Cam,x.
Comme le concept d’acceptation malhonnˆete est d´efini `a partir des v´eritables pr´ef´erences de am (am), am n’a pas d’int´erˆet `a ˆetre en coalition avec lui-mˆeme (sous la forme de l’un des agents Sybil). De ce fait, les structures de coalitions o`u l’agent malhonnˆete et au moins un de ses agents Sybils sont membres d’une mˆeme coalition n’appartiennent pas au concept d’acceptation malhonnˆete. Ces partitions sont dites non acceptables.
D´efinition 3.2.4 - Structure de coalitions non acceptable : Soit un jeu HGM = hNM, M ,Pi le jeu h´edonique r´esultant de la manipulation M mise en œuvre par un agent am. La structure de coalitions Π ∈ PNM est non acceptable si :
∀ai ∈ {am,s1, . . . ,sx},∃aj ∈ {am,s1, . . . ,sx} \ {ai} : CΠ ai = CaΠj
Exemple 3.2.3 - Soit le jeu h´edonique HG = hN, ,Pi avec N = {a1,a2,am} o`u l’agent am est un agent malhonnˆete ayant le profil de pr´ef´erence {a1,am} am {a1,a2,am} am {a2,am} am {am}. Soit HGM le jeu r´esultant de la manipulation M = h{am,s},{aMm , Ms }, ami sur HG. La figure 3.2 repr´esente les diff´erents concepts d’acceptation de amsur le jeu HGM. La figure 3.3 repr´esente, quant `a elle, les 4 structures de coalitions non acceptables pour am car il est en coalition avec s. AP1 am(HGM ) a1, s1 a2, am a1, am a2, s a1, s a2 am a1, am a2 s AP2 am(HGM ) a1, a2, s am a1, a2, am s a1 a2, am, s AP3 am(HGM ) a1 a2, s am a1 a2, am s AP4 am(HGM ) a1 a2 am s a1, a2 am s
Figure 3.2 – Concepts d’acceptation de l’agent am dans le jeu HGM
Le concept d’acceptation malhonnˆete permet de calculer la probabilit´e de satisfaction (d´ e-finition 3.1.6) de l’agent malhonnˆete. Comme son objectif est d’augmenter cette probabilit´e de
Chapitre 3. Un mod`ele de manipulation
Partitions non acceptables a1 a2 am, s
a1, a2 am, s
a1, am, s a2
a1, a2, am, s
Figure 3.3 – Partitions de HGM non acceptables pour am
D´efinition 3.2.5 - Manipulation k-rationnelle : Soit un jeu h´edonique HG = hN, ,Pi et un agent malhonnˆete am ∈ N . Soit HGM le jeu h´edonique r´esultant d’une manipulation M mise en œuvre par am sur HG. La manipulation M est k-rationnelle si :
∀i : 1 ≤ i < k,P∗(am,i|HG) = P∗(am,i|HGM) P∗(am,k|HG) < P∗(am,k|HGM)
La manipulation M est rationnelle sur HG s’il existe un k ∈ [1,2n−1] tel que M soit k-rationnelle.
Intuitivement, une manipulation est k-rationnelle si elle permet d’am´eliorer la probabilit´e de l’agent malhonnˆete (sous sa v´eritable identit´e ou celle d’un de ses Sybil) d’ˆetre dans la coalition Cam,k sans diminuer pour autant la probabilit´e d’ˆetre dans toutes les coalitions Cam,ipr´ef´er´ees `a Cam,k. Notons que, par d´efinition et par l’hypoth`ese de rationalit´e individuelle minimale (hypo-th`ese 3.1.1), si {am} am Cam,k alors la manipulation ne peut pas ˆetre k-rationelle. Dans toute la suite, nous consid´erons trivialement que Cam,k am {am} : aucun agent ne d´esire ˆetre dans une coalition qu’il ne d´esire pas.
Exemple 3.2.4 - Soit le jeu h´edonique HG = hN, ,Pi suivant : N = {a1,a2,am}
a1= {a1,a2,am} a1 {a1}
a2= {a2,am} a2 {a1,a2,am} a2 {a2} am= {a2,am} am {a1,a2,am} am {am}
Supposons que le protocole de s´election satisfait la stabilit´e individuelle. Ainsi, nous avons : P({ {a1,a2,am} }|HG) = 1/2
P({ {a1},{a2,am} }|HG) = 1/2
Par cons´equent, la probabilit´e de satisfaction de am est : P∗(am,1|HG) = 1/2 P∗(am,2|HG) = 1
3.2. Manipulation d’un jeu h´edonique Consid´erons la manipulation M1 = h{am},{M1
am}, ami o`u : M1 am= {a2,am} M1 am {am} M1 am {a1,am} M1 am {a1,a2,am}
Dans HGM1, seule la partition { {a1},{a2,am} } est individuellement stable. Comme le montre l’in´egalit´e ci-dessous, la manipulation M1 est 1-rationnelle.
P∗(am,1|HG) < P∗(am,1|HGM) = 1 Consid´erons maintenant la manipulation M2= h{am,s},{M2
am , M2 s }, ami avec : M2 am= {a2,am} M2 am {a1,a2,am} M2 am {am} M2 s = {a2,s} M2 s {a2,a3,s} M2 s {s}
Si les hypoth`eses de b´en´efice du doute et d’ind´ependance des alternatives non-pertinentes (hypo-th`eses 3.2.4 et 3.2.3) sont satisfaites, HGM2 a 4 structures de coalitions individuellement stables (figure 3.4). Les probabilit´es de s´election des solutions sont :
P({{a1},{a2,am},{s}}|HGM2) = 1/4 P({{a1,s},{a2,am}}|HGM2) = 1/4 P({{a1,a2,am},{s}}|HGM2) = 1/4 P({{a1,a2,s},{am}}|HGM2) = 1/4 a1 a2, am s a1, s a2, am a1, a2, am s a1, a2, s am
Figure 3.4 – Ensemble des structures de coalitions individuellement stables du jeu HGM2
Par cons´equent, la probabilit´e de satisfaction de am dans HGM2 est : P∗(am,1|HGM2) = 1/2
Chapitre 3. Un mod`ele de manipulation