• Aucun résultat trouvé

6. Analyse

6.3. Les personnages

6.3.1. Rubeus Hagrid

Rubeus Hagrid, appelé Hagrid par l’ensemble des personnages, est un protagoniste important : d’une part il s’agit du premier ami d’Harry et, d’autre part, c’est le premier personnage issu du monde des sorciers à apparaître dans le roman (HP 1, EN : p. 55).

Hagrid est un géant un peu bourru, qui s’est fait renvoyer d’Hogwarts durant sa troisième année, mais qui a pu y rester en tant que garde-chasse. Il est passionné par toutes sortes de créatures magiques et enseigne d’ailleurs le cours de Care of Magical Creatues dès la troisième année d’Harry à Poudlard.

63 « un mundo coherente, poblado no sólo con protagonistas bien construidos, sino con multitud de personajes secundarios inolvidables ». (Aleixandre : 2000)

84

La première description qu’en fait l’auteur est très éloquente :

A giant man was standing in the doorway. His face was almost completely hidden by a long, shaggy mane of hair and a wild, tangled beard, but you could make out his eyes, glinting like black beetles under all the hair. (HP 1 EN : p. 55)

L’ensemble du chapitre sert à construire le personnage qui, malgré son apparence peu soignée, se révélera rapidement comme sympathique aux yeux d’Harry, ainsi que du lecteur. L’amitié qui le lie à Harry sera présente tout au long de la saga et tous les passages le mettant en scène confirmeront son bon cœur et sa fidélité (Lathey, 2005). La manière de s’exprimer du géant attirera forcément l’attention du lecteur anglophone, car elle est particulièrement marquée ; en effet, même s’il n’est pas possible de reconnaître un accent régional (Moore : 2000) ou un dialecte spécifique (Feral, 2006), le lecteur comprend que ce personnage n’est pas très instruit (comme il le dit à Harry dès leur première rencontre, il n’a pas terminé sa scolarité) et, surtout, qu’il appartient à une classe sociale peu élevée.

Hagrid et sa manière de s’exprimer

La manière qu’a Hagrid de s’exprimer joue un grand rôle dans l’image que les lecteurs ont de lui et l’auteur y a prêté une très grande attention, recourant à diverses stratégies pour rendre son parler unique et original. En effet, plutôt que d’attribuer un dialecte anglais bien défini à Hagrid, J.K.

Rowling a mélangé des traits issus de différentes variétés d’anglais dialectal, créant ainsi un parler de la classe ouvrière indéterminé (Lathey, 2005). Ce dialecte indéterminé, mais indiquant clairement que le locuteur issu de la working class est courant dans les œuvres de fiction britanniques au milieu du XXe siècle64.

La variation présente dans les prises de parole d’Hagrid est donc avant tout d’ordre social, ainsi que géographique65. Elle présente un certain nombre de caractéristiques phoniques (liées à l’oralité, comme les troncations ou les onomatopées, ainsi que l’eye dialect), lexicales (liées au vocabulaire et au niveau de langue des mots et expressions utilisés) et morphosytaxiques (liées à la grammaire et à la formation des phrases) qui reviennent régulièrement dans la saga lorsqu’Hagrid s’exprime.

Le passage ci-dessous illustre parfaitement les phénomènes récurrants des interventions d’Hagrid :

64« Hagrid, the faithful, soft-hearted giant whose spoken language signals an indeterminate working-class dialect often found in British children’s fiction of the mid-twentieth century » (Lathey : 2005 : p. 148)

65 Selon les propos de J.K. Rowling elle-même, qui a mentionné lors de son apparition sur le plateau de Blue Peter que l’accent d’Hagrid était un accent du West country (sud-ouest de l’Angleterre). Retranscription de l’interview disponible en ligne à l’adresse suivante : http://www.accio-quote.org/articles/2001/0301-bluepeter.htm (consulté le 10 avril 2017)

85

‘What?’ said Harry quickly. ‘Dumbledore's angry with Snape?’

‘I never said tha',’ said Hagrid, though his look of panic could not have been a bigger giveaway.

‘Look at the time, it's gettin' on fer midnight, I need ter –’

‘Hagrid, why is Dumbledore angry with Snape?’ Harry asked loudly.

‘Shhhh!’ said Hagrid, looking both nervous and angry. ‘Don' shout stuff like that, Harry, d'yeh wan' 5

me ter lose me job? Mind, I don' suppose yeh'd care, would yeh, not now yeh've given up Care of Mag –’

‘Don't try and make me feel guilty, it won't work!’ said Harry forcefully. ‘What's Snape done?’

‘I dunno, Harry, I shouldn'ta heard it at all! I – well, I was comin' outta the forest the other evenin' an' I overheard 'em talkin’ – well, arguin'. Didn't like ter draw attention to meself, so I 10

sorta skulked an' tried not ter listen, but it was a – well, a heated discussion an' it wasn' easy ter block it out.’

‘Well?’ Harry urged him, as Hagrid shuffled his enormous feet uneasily.

‘Well – I jus' heard Snape sayin' Dumbledore took too much fer granted an' maybe he – Snape – didn' wan' ter do it anymore –’

15

‘Do what?’

‘I dunno, Harry, it sounded like Snape was feelin' a bit overworked, tha's all – anyway, Dumbledore told him flat out he'd agreed ter do it an' that was all there was to it. Pretty firm with him. An' then he said summat abou' Snape makin' investigations in his House, in Slytherin. Well, there's nothin' strange abou' that!’ Hagrid added hastily, as Harry and Hermione exchanged looks 20

full of meaning. ‘All the Heads o' Houses were asked ter look inter that necklace business –’

[HP 6 EN, p. 480-481]

Nous pouvons tout d’abord remarquer qu’Hagrid utilise des formes contractées lorsqu’il s’exprime (ligne 3, « it’s » plutôt que « it is »). C’est un phénomène fréquent dans les dialogues des romans de fiction (Muller, 1996), car c’est un moyen discret et naturel de rappeler au lecteur qu’il s’agit d’un échange oral et de donner une dimension réaliste aux conversations. J.K. Rowling a d’ailleurs utilisé cette stratégie de manière systématique dans les dialogues, pour tous les personnages de la saga. Nous pouvons en voir un exemple avec les prises de parole d’Harry (ligne 1, « Dumbledore’s » et ligne 8, « don’t », « won’t », « what’s »). Puisqu’il s’agit d’une particularité que partagent tous les personnages que nous avons choisi d’étudier, nous ne reviendront pas sur ce point.

Marques d’oralités phoniques Troncations

S’agissant d’Hagrid, le phénomène phonique le plus fréquent que nous trouvons dans ses prises de parole est la troncation et, plus précisément l’apocope66. Dans de nombreux cas, il ne prononce pas les consonnes finales des mots, en particulier les lettres T, G et F. Ainsi, « and » devient « an’ », « of » devient « o’ » et les mots se terminant normalement par « -ing » (qu’il s’agisse de participes présents, comme dans la plupart des cas, ou de substantifs, par exemple à la ligne 9,

« evenin’ ») finissent par « –in' ». Nous avons parfois également affaire à des aphérèses67 mais, hormis les contractions usuelles des verbes ou auxiliaires (« didn’t », « shouldn’t », « ’s » pour « is »,

« ’d » pour « would », « ‘ll » pour « will »), c’est un phénomène beaucoup plus rare. Dans le court passage ci-dessus, nous n’en trouvons qu’une seule occurrence (« ’em » pour « them », ligne 10).

Onomatopées et éléments relevant de la langue parlée

Hagrid utilise un nombre important de marqueurs d’oralité. Nous pouvons relever dans ses interventions un certain nombre d’onomatopées (Shhhh, ligne 5) et des mots typiques du discours oral comme « well » (lignes 9, 10, 11, 12), « look » (ligne 3) ou « anyway » (ligne 16).

La syntaxe du discours indique également qu’il s’agit d’un dialogue, car le lecteur se trouve en présence de nombreuses hésitations (indiquées par des tirets en anglais), ainsi que d’une accumulation d’informations visant à préciser ou à corriger ce qui vient d’être dit. C’est notamment le cas à la ligne 13, lorsqu’Hagrid se rend compte que le pronom he est ambigu et qu’il décide d’expliquer qu’il fait référence à Snape [Rogue].

Eye dialect

66 Définition du Grand Robert : Ling. Chute d'un ou plusieurs phonèmes (ou d'un ou plusieurs graphèmes, dans l'écrit) ou d'une ou plusieurs syllabes à la fin d'un mot.

67 Définition du Grand Robert : Ling. Chute d'un phonème ou d'un groupe de phonèmes (ou des graphèmes correspondants) au début d'un mot.

87

L’eye dialect est très important dans les prises de parole d’Hagrid. Il est parfois difficile de distinguer ce phénomène des deux autres que nous avons cité précédemment, car il arrive qu’ils se recoupent. Cependant, les mots relevant de l’eye dialect, comme an’, ter ou yeh, pour ne citer que les plus féquents, ne figurent en principe pas dans les dictionnaires, contrairement à des formes plus courantes telles que « gonna » ou « outta ». Il est par ailleurs intéressant de noter que l’eye dialect n’implique pas systématiquement un niveau de langue peu élevé ; en effet, certaines marques d’oralité comme « fer » ou « ter » ne sont en réalité pas considérées comme familières, même si elles sont très souvent perçues comme telles par les lecteurs (Muller,1996).

Marques d’oralité lexicales Lexique

Au niveau lexical, nous pouvons relever un certain nombre de mots et d’expressions familiers, voire argotiques (slang), comme « stuff » (ligne 5) ou « flat out » (ligne 17). La variation de certains mots courants, comme « dunno » (lignes 9 et 16) pour « don’t know », « outta » (ligne 9) pour « out of » ou encore « kinda » (ligne 10) pour « kind of » est considérée comme principalement orale et familière, et très souvent utilisée dans les romans pour donner une dimension réaliste aux dialogues ; ces mots figurent dans le dictionnaire68 accompagnés de la note colloquial.

Nous remarquons également un nombre important de phrasal verbs69 dans les interventions du géant, qui témoignent généralement d’un niveau de langue peu élevé, voire informel70.

Marques d’oralité morphosyntaxique Omission du sujet

À certaines occasions, les phrases que formulent Hagrid ne sont pas grammaticalement correctes et ne contiennent pas de sujet, ce dernier étant sous-entendu. Il y a deux exemples dans ce court passage, aux lignes 10 (« Didn’t like ter draw atention to meself, ») et 17 (« Pretty firm with him. »). C’est un phénomène courant dans les conversations orales, car on peut bien souvent déduire ce qui est sous-entendu grâce au contexte.

Grammaire fautive

Du point de vue purement grammatical, pluieurs cas dévient de la norme. Dans certains cas, elle n’est pas réellement fautive, mais suggère une fois encore une situation orale, par exemple dans le cas d’une inversion ou d’un enchaînement de phrases principales sans point.

68 Dans notre cas, Oxford English Dictionary.

69Définition d’Oxford Dictionary of English: “a multi-word verb consisting of a verb and another element (typically an adverb or preposition) which together function as a single syntactical unit, as break down, make up, take out, see to, etc.”

70 “They tend to be informal in use.” (Butterfield, 2015 : p. 482).

88

Dans d’autres cas, cependant, Hagrid ne respecte pas les règles de grammaire et les expressions qu’il utilise ne sont donc pas correctes : « It’s them as should be sorry! I knew yeh weren’t gettin’

yer letters but I never thought yeh wouldn’t even know abou’ Hogwarts, fer cryin’ out loud! » (HP 1 EN, p. 58).

Ensuite, la conjugaison est parfois incorrecte, en particulier à la deuxième personne du singulier :

« All anyone knows is, he turned up in the village where you was all living, on Halloween ten years ago. You was just a year old » (HP 1 EN, p. 64-65).

Enfin, l’utilisation des pronoms personnels n’est pas toujours adéquate. Dans le passage suivant, par exemple, Hagrid utilise « me » et « meself » au lieu de « my » et « myself ».

‘Oh, well – I was at Hogwarts meself but I – er – got expelled, ter tell yeh the truth. In me third year.

They snapped me wand in half an' everything. But Dumbledore let me stay on as gamekeeper. Great man, Dumbledore.’ (HP 1 EN, p. 69)

Même si nous remarquons une certaine généralisation, il y a un certain équilibre dans la manière de parler du géant. Nous trouvons ainsi une certaine variation à l’intérieur même des dialogues d’Hagrid. Cela pourrait bien entendu être une erreur de la part de l’auteur, mais nous sommes d’avis que c’est un choix délibéré de sa part selon les passages.

Lorsqu’Hagrid raconte à Harry ce qui est arrivé à ses parents, par exemple, nous trouvons la phrase suivante : « Took yeh from the ruined house myself, on Dumbledore's orders. Brought yeh ter this lot

… » (HP 1 EN, p. 65). Notre hypothèse est qu’Hagrid souhaite insister sur le fait que c’est bien lui qui est allé chercher Harry à la mort de ses parents. « Myself » est donc très important dans le contexte et le fait de le prononcer de manière standard plutôt que de dire « meself », comme il en a l’habitude, met le pronom en évidence et l’accentue.

Traits régionaux

Les particularités que nous avons mentionnées jusqu’à présent sont admises dans plusieurs dialectes anglais, et il n’est donc pas possible de déterminer précisément l’endroit d’où vient Hagrid d’après sa manière de parler. Cependant, le fait de transformer les « –to » en « –ter », comme dans « ter », « inter » ou « tergether » sont des traits typiques de toute la région située à l’ouest de Londres et au sud de Birmingham, ainsi que d’une partie du Lancashire (Brett, 2009), ce qui confirme le fait qu’Hagrid est censé venir du West Country.

Hagrid à l’écrit

Il peut être intéressant de comparer l’expression orale d’Hagrid avec son expression écrite. Cela pourrait se révéler difficile dans de nombreux cas, puisque les personnages d’un roman écrivent rarement, mais c’est néanmoins possible, car le géant échange à plusieurs reprises des messages avec d’autres protagonistes (extraits 1c).

89

Nous remarquons ainsi que, malgré un style parfois télégraphique (« Dear Mr Dumbledore, Given Harry his letter. Taking him to buy his things tomorrow. Weather's horrible. Hope you're well. Hagrid » HP 1 EN, p. 61), Hagrid connaît l’orthographe et s’exprime dans un anglais correct bien que simple, hormis l’emploi dialectal d’une double négation dans une de ses lettres (« Won’t say no more here. », HP 3 EN, p. 20).

Hagrid en français

Si nous nous intéressons aux passages mettant en scène Hagrid dans la version françaie de la saga, nous pouvons remarquer que ce dernier a une manière beaucoup plus neutre de parler que dans la version originale. Nous pouvons relever quelques mots familiers, un certain nombre de marques d’oralité et une syntaxe quelque peu orale, mais il y finalement très peu de variation par rapport à la norme.

Dans le passage suivant, par exemple, le traducteur a utilisé « ça » plutôt que « cela », (qui ne s’utilise d’ailleurs pas dans la langue parlée), ainsi que l’adverbe « bien », qui s’emploie plutôt à l’oral. La grammaire de la phrase n’est par ailleurs pas tout à fait correcte ; il pourrait s’agir d’un mélange entre deux constructions, par exemple entre « J’aimerais bien qu’un Moldu dans votre genre s’avise de l’en empêcher » et « J’aimerais bien voir un Moldu dans votre genre l’en empêcher », mais ce détail passera sans doute inaperçu pour de nombreux lecteurs.

Le reste du passage, comme les autres interventions d’Hagrid en français, est non marqué.

‘Where was I?’ said Hagrid, but at that moment,

– Il n'est pas question qu'il s'en aille, dit-il.

Hagrid poussa un grognement.

– J'aimerais bien voir qu'un Moldu dans votre genre s'avise de l'en empêcher, dit-il.

– Un quoi ? demanda Harry, intéressé.

– Un Moldu, dit Hagrid, c'est comme ça que nous appelons les gens qui n'ont pas de pouvoirs magiques. Et manque de chance, tu as grandi dans la plus incroyable famille de Moldus que j'aie jamais rencontrée.

[HP 1 FR, p. 64]

Tableau 1.1.

La traduction de dialectes sociaux de ce genre est délicate, car il est nécessaire d’éviter de recourir à des éléments de la langue cible qui indiquent trop clairement la provenance du locuteur plutôt que son statut social ou son manque d’éducation (Alsina, 2012 : p. 146). Cela entraînerait un décalage problématique, puisque le contexte impliqué par un dialecte géographique serait décalé par rapport au contexte de l’histoire. C’est d’autant plus vrai en français, où les accents sont très forts et où il est donc difficile de ne pas rendre un personnage ridicule. C’est pour cette raison

90

que Jean-François Ménard a d’ailleurs indiqué qu’il avait décidé de faire parler Hagrid de manière simple (Moore, 2000).

Nous pouvons toutefois relever un certain nombre de passages où, non seulement, le niveau de langue est plus élevé que dans le texte original, mais aussi où les expressions et formulations françaises sont relativement complexes et peu usuelles.

– Bonne question, Harry. Il a tout simplement disparu. Il s'est volatilisé la nuit même où il a essayé de te tuer. Ce qui ajoute encore à ta réputation. Qu'est-il devenu, lui qui semblait au sommet de sa puissance ? Mystère. Certains disent qu'il est mort. A mon avis, ce sont des calembredaines. Je ne crois pas qu'il ait eu en lui quelque chose de suffisamment humain pour mourir. D'autres pensent qu'il est toujours quelque part à attendre son heure, mais je n'y crois pas non plus. Ceux qui s'étaient ralliés à lui sont revenus de notre côté. Certains avaient été plongés dans une sorte de transe. Je ne pense pas qu'ils auraient réussi à s'arracher à lui s'il était revenu. La plupart d'entre nous croient qu'il est toujours vivant, mais qu'il a perdu ses pouvoirs. Il est trop faible pour continuer. Il y a en toi quelque chose qui l'a détruit, Harry. Cette nuit-là, il s'est passé un phénomène auquel il ne s'attendait pas. Je ne sais pas ce que c'était, personne ne le sait, mais tu as réussi à le réduire à rien.

Dans l’exemple ci-dessus, par exemple, le traducteur a choisi d’utiliser la forme interrogative recourant à l’inversion plutôt qu’une formulation plus courante avec « est-ce que » ou une question par intonation, dans laquelle l’ordre des mots de la phrase standard n’est pas modifié.

Le terme « calembredaines » est lui plutôt rare et ne sera sans aucun doute pas connu les jeunes lecteurs. En outre, l’avant-dernière phrase aurait pu être nettement simplifiée pour éviter une relative complexe, par exemple « Cette nuit-là, il s’est passé quelque chose qu’il n’avait pas prévu ».

D’autres passages sont cependant plus familiers, notamment lorsqu’Hagrid est gêné ou mal à l’aise :

– Disons que... moi aussi, j'ai été élève à Poudlard, mais, euh... pour dire la vérité, on m'a renvoyé...

J'étais en troisième année. Ils ont cassé ma baguette magique en deux et tout ça... Mais Dumbledore m'a permis de rester comme garde-chasse. Un grand homme, Dumbledore.

– Pourquoi on vous a renvoyé ?

– Il se fait tard et on aura beaucoup de choses à faire demain, dit Hagrid d'une voix forte. Il faut qu'on aille en ville acheter tes livres et tout le reste.

Il ôta son grand manteau noir et le jeta à Harry.

– Tu n'as qu'à dormir là-dedans, dit-il. Ne t'inquiète pas s'il remue un peu. Il doit y avoir un ou deux loirs dans une des poches. (HP 1 FR, p. 72)

Nous remarquons ici un certain nombre d’expressions purement orales (« disons que », « euh »,

« tout ça »), ainsi qu’un grand nombre d’hésitations, marquées par des points de suspension en français. Hagrid utilise de plus le pronom indéfini « on » plutôt que « nous », qui est une marque très courante d’oralité (Muller : 1996). De même, lorsqu’il commet un impair l’obligeant à admettre qu’il a entendu une dispute entre Dumbledore et Snape, Hagrid recourt à l’interrogation

91

par intonation : « Ne crie pas ces choses-là, Harry, tu veux que je perde mon travail ? » (HP 6 FR, p. )

Le point qui nous a le plus interpellée est cependant la présence systématique des deux parties de la négation (« ne » et « pas ») dans les interactions d’Hagrid. Bien que grammaticalement correcte, elle donne aux dialogues un aspect plutôt écrit qu’oral qui, à notre avis, ne cadre pas très bien avec le personnage d’Hagrid dans la version originale.

Hagrid traduit : comparaison entre les différentes langues

En comparant le texte original, puis le français, avec les traductions allemande et espagnole, nous remarquons rapidement que les statégies adoptées par les traducteurs diffèrent les unes des autres.

La version anglaise du passage ci-dessous propose un éventail des phénomènes que nous avons explicités précedemment. Le français est, comme nous l’avons mentionné, beaucoup plus neutre

La version anglaise du passage ci-dessous propose un éventail des phénomènes que nous avons explicités précedemment. Le français est, comme nous l’avons mentionné, beaucoup plus neutre