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ROLE DES MEDIAS

Dans le document Droit des enfants en situation de handicap (Page 141-146)

Le contexte

La presse africaine a connu d’énormes mutations ces dernières années. Ces mutations sont à mettre en relation avec le processus démocratique en cours dans de nombreux pays sur le continent. Effectivement le déclenchement de ce processus a entraîné une modification de l’univers médiatique existant, jadis dominé par les médias publics au service des Etats. Cet univers va s’agrandir avec l’installation de plusieurs médias électroniques (radios et télévisions) et la création de plusieurs publications (journaux). La nouvelle presse africaine qui vient de naître se donne pour mission d’accompagner le processus démocratique. Elle était donc à ses débuts une presse de combat engagé pour la conquête des libertés humaines. Les sujets politiques étaient à cet effet beaucoup privilégiés au détriment des sujets relatifs aux faits sociaux et économiques.

Le Handicap dans la presse africaine

Près de dix ans après sa naissance, la nouvelle la presse africaine va chercher à se mettre au service du développement socio-économique des Etats; d’où le choix de sujets divers qui sont traités et parmi ceux-ci « le handicap ».

Dans beaucoup de pays africains la presse n’est pas subventionnée; conséquence les sujets sociaux sont souvent traités dans les journaux sous l’angle du sensationnel pour être vendu afin d’assurer une entrée de fonds et une continuité de fonctionnement des organes. Le handicap ne va pas échapper à cette règle et compte tenu de certains préjugés sur le continent il sera même un sujet porteur pour certains journaux. En Afrique, le Handicap est considéré dans certaines communautés comme une malédiction; dans celles-ci les personnes porteuses de handicap sont souvent victimes de plusieurs formes de discriminations sociales qui se résument en la violation de leurs droits.

La Presse face aux discriminations dont sont victimes les porteurs de handicap

La presse en choisissant de traiter les sujets relatifs aux personnes porteuses de handicap, ne présente pas souvent celles-ci comme des victimes mais s’aligne plutôt sur l’opinion publique en cours dans la société. Les médias présentent au public des clichés et des poncifs qui ne sont pas d’ordre à positiver et à valoriser l’image de ces personnes de manière à changer les idées reçues ou préconçues. Les termes souvent employés pour parler de ces personnes ou des situations dans lesquelles elles se retrouvent sont parfois trop crus. Au lieu de décrire des faits (le quoi dans le jargon journalistique) les journalistes se contentent de parler de la personne handicapée « Le Qui », du début jusqu’à la fin de leurs articles et finalement ne donnent aucune information ni renseignement. Les qualificatifs utilisés à ce propos indexent le plus souvent le handicap lui-même. Les journalistes ne font pas preuve de tact dans le traitement de ces sujets malgré leur spécificité et le statut des acteurs qui sont concernés; cela va beaucoup jouer en défaveur des ces porteurs de handicap surtout les enfants considérés à tort comme le fruit d’une malédiction dans certaines communautés. Résultat des courses, la presse africaine décidée à traiter toute sorte de sujet et avec pour mission : Informer, Eduquer et Divertir, ne va pas contribuer au changement des mentalités sur le handicap et à l’amélioration de la situation sociale des personnes porteuses de handicap. Cette situation a été surtout favorisée par l’absence de programme d’action précis et spécifiques mis en place par les pouvoirs publics et les organisations de la société civile travaillant sur les questions de handicap, pour résoudre leurs problèmes des porteurs de handicap en général et des enfants en particulier. Mais les choses ne vont pas en rester là. Des changements vont intervenir.

Le déclic

Il va venir des porteurs de handicap eux même. Effectivement face aux violations permanentes de leurs droits ils ne vont pas se comporter en victimes résignées mais plutôt en personnes capables de surmonter les difficultés et les

barrières liées à leur handicap. Ainsi posément ils vont mettre en place des stratégies pour faire entendre leur voix et faire connaître leurs préoccupations. Puisque les médias ne vont pas vers eux c’est plutôt eux qui vont vers les médias. L’initiative donne le déclic aux médias qui ont compris qu’ils avaient un rôle à jouer afin d’aider cette catégorie de personnes à améliorer leur situation dans une société où la vie au quotidien est un combat. Ce déclic va donner lieu à la création de quelques nouvelles émissions radio et télé et la consécration des articles de journaux aux personnes porteuses de handicap. Comme exemple l’on peur citer la présentation du journal dans la langue des signes, qui n’existait pas jadis, sur plusieurs chaînes de télévision, des reportages faisant le portrait de certains porteurs de handicap.

La nouveauté

Dans les nouvelles productions médiatiques, les personnes porteuses de handicap sont présentées dans un premier temps, au grand public, comme des personnes ordinaires et normales. Leur quotidien est montré tel quel. Dans un deuxième temps, se sont ceux qui parmi eux, ont transcendé les difficultés que leur impose leur handicap et qui ont réussi leur intégration qui sont présentés. Leurs succès et réussites sont valorisés pour montrer que le handicap ne doit plus constituer une barrière ou un frein à l’épanouissement et qu’il peut être surmonté et permettre à un individu différent des autres, d’utiliser ses potentialités autrement.

Les journalistes vont à cet effet faire preuve de beaucoup plus de tact, d’attention et de professionnalisme dans le traitement des sujets. Désormais les termes utilisés ne vont plus indexer le handicap de façon péjorative mais plutôt le généralisé ou l’amoindrir voire l’adoucir dans sa désignation. Les figures de styles seront de plus en plus employées. De nouveaux termes apparaissent. Ainsi, les aveugles sont appelés les Non voyants ou porteurs de Cannes Blanches, les sourds, les malentendants etc.

Le résultat de ces présentations : une découverte avec pour effet l’étonnement et l’admiration des personnes dites normales; ce qui va les conduire à l‘acceptation et faciliter la cohabitation avec cette catégorie de personnes. Ces nouvelles productions médiatiques ont donc pour mission de positiver l’image des porteurs de handicap et de changer l’opinion et le regard de la société sur eux. Beaucoup de personnes se décident à apprendre le langage des sourds-muets ou l’écriture braille en se disant qu’elle peut servir. Les porteurs de handicap ne sont plus seulement ceux que l’ont observe à des grands carrefours et à des feux tricolores quémandant pour obtenir leur pain quotidien mais aussi des personnes qui sont capables de se prendre en charge si on leur donne cette possibilité.

Voila présenté quelques éléments pour répondre à la question « Comment la presse africaine traitent-ils les sujets relatifs aux handicaps ?»

Nous pouvons alors affirmer sans nous tromper, que la presse dans son ensemble a un rôle à jouer dans la promotion du handicap en tant que richesse. Quel est ce rôle ? Pour le savoir nous allons aborder l’avant dernière partie de notre présentation.

Quel rôle les médias peuvent-ils jouer dans la promotion du handicap en tant que richesse ?

En Europe tout comme en Afrique les médias ont une grande influence sur l’opinion publique; précisons qu’en Afrique cette influence est surtout exercée par les médias électroniques (radios et télévision). Effectivement dans cette partie du monde une information qui est diffusée par les médias est considérée comme vérité absolue, comme une parole d’évangile même s’il est admis que les propos diffusés peuvent éventuellement contenir des erreurs. Les journalistes sont considérés comme ceux par qui l’on peut connaître la vérité et sont appelés « Les Hommes aux Grandes oreilles ».

La confiance accordée aux médias et aux journalistes constitue un premier atout dont ils disposent et qu’ils peuvent exploiter. Le 2ème atout c’est l’existence de plusieurs organisations de la société civiles et des institutions spécialisées qui s’occupent du handicap.

Les médias et les journalistes devraient s’appuyer sur ces deux atouts (la confiance de la population et l’existence des institutions spécialisées) pour contribuer à l’amélioration de la situation des porteurs de handicap. Dans cette contribution ils devraient jouer un « rôle majeur dans la promotion pour un changement radical dans les attitudes et la manière dont la société voit les porteurs de handicap », comme cela a été mentionné lors du congrès européen d’Athènes de juin 2003, congrès dont le thème était « Médias et Handicap ». Comment jouer ce rôle. Ils doivent s’inscrire dans la logique des 3C c’est-à-dire :

Communiquer pour un Changement de

Comportement

Le travail du journaliste à cet effet sera de Sensibiliser et d’Eduquer les masses par l’information; Faire de l’éducation civique par les ondes afin d’amener la société à changer son regard sur le handicap. Parce qu’ils influencent l’opinion

publique les médias devraient diffuser des informations fiables et objectives et de façon professionnelle. Dans la continuité de ce qui se fait déjà, les médias doivent : 1- Concevoir et exécuter de nouveaux programmes dont le contenu porte sur la

nécessité du respect des droits humains en général et du respect des droits des porteurs de handicap en particulier.

2- Accorder plus de place aux porteurs de handicap dans les colonnes des journaux et dans les programmes de radio et de télévision.

3- Renforcer de façon plus efficace ce qui se fait déjà par une meilleure organisation.

4- Positiver l’image des porteurs de handicap dans les programmes médiatiques et combattre les stéréotypes et les préjugés en mettant l’accent sur leurs capacités en évoquant leur quotidien (réussites, joies et peines).

5- Se spécialiser sur les questions de handicap en formant leurs journalistes.

6- Traiter avec délicatesse les sujets relatifs aux handicaps surtout s’il s’agit des enfants.

7- Impliquer les personnes porteuses de handicap et les institutions spécialisées dans la conception des programmes médias concernant le handicap.

8- Valoriser toutes les actions entreprises par des porteurs de handicap; à cet effet les journalistes ne doivent plus attendre d’être sollicités.

9- Dénoncer les abus et les violations des droits des personnes porteuses de handicap afin d’amener les pouvoirs publics à s’intéresser plus à eux.

10- Expliquer le Handicap à travers des émissions de formation civiques afin de combattre la stigmatisation dont les porteurs de handicap sont souvent victimes.

11- Faciliter l’accès des médias aux personnes porteuses de handicap

12- Développer des programmes qui puissent redonner aux porteurs de handicap confiance.

En suivant ces indications il est sûr que des résultats peuvent être obtenus. Ces résultats « dépendent, selon le ministre de la Presse et des Médias Grec Christos

Protopapas, de « l’interaction entre l’état et les différents partenaires et la

formation qui pourra changer les habitudes. »

Pour corroborer nos propos, voici ceux tenus par quelques personnalités ayant pris part au congrès Européen « Médias et handicap ».

Pour Yannis Vardakastanis, président du Forum Européen des Personnes Handicapées, Non voyant.

« Les médias ont un pouvoir énorme pour former et éduquer le public à une nouvelle image du handicap... Les médias peuvent aider à construire et à positionner les personnes handicapées en tant que citoyens, et non en tant qu'objet politique ».

Pour Peter Radtke, président Eucréa International, ABM Allemagne

« Les médias ont un rôle important à jouer dans la liaison entre les citoyens handicapés et non handicapés. Des efforts ont été fournis pour inclure des personnes handicapées dans la société, mais ceci est encore trop peu. Les médias sont le seul moyen pour que 90% des citoyens puissent apprendre, être informés et sensibilisés sur les 10% de personnes handicapées européennes...».

Il est donc clair que les médias ont un rôle à jouer pour la promotion du handicap en tant que richesse.

Dans le document Droit des enfants en situation de handicap (Page 141-146)