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Retour sur la définition de la transgénèse

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CHAPITRE 2 : TRANSGENESE VEGETALE

3. Définition de la transgénèse

3.2 Retour sur la définition de la transgénèse

La transgénèse est une technoscience, voire une technoscience controversée (Simonneaux, 2003). Une technoscience est un néologisme forgé depuis les années soixante-dix, mais son usage ne se fait courant qu'à partir des années quatre-vingt-dix (prise de conscience des crises environnementales, de la remise en cause de l'image de la science…). Ce néologisme souligne le caractère opératoire de la science contemporaine, mais il souligne aussi une connotation sociétale et culturelle. L'une des interprétations de la notion de technoscience porte sur le caractère instrumental de la science contemporaine, mais cette conception souligne "que tout instrument est un artéfact socialement construit" (Hottois et al., 2001, p. 771)

Au fur et à mesure du progrès scientifique, la définition de la transgénèse n'a cessé d'être révisée. A la lumière des travaux de Gallais et al. (2006) qui distinguent sur le plan terminologique, voire sur le plan juridique la transgénèse interspécifique et la transgénèse intraspécifique ou congénérique, nous examinons un "retour sur la définition" selon l'expression des ces mêmes auteurs. D'après ces auteurs, "la transgénèse interspécifique ou entre espèces éloignées, voire entre règnes différentes" diffère "de la transgénèse intraspécifique ou entre espèces voisines, avec la difficulté de savoir ou mettre la barrière. En effet, la transgénèse intraspécifique ne fait qu'accélérer ce qui pourrait être fait par la voie sexuée (p. 64) si le gène provenait d'une variété améliorée ou voisine.

Dès lors, la définition proposée par Gallais et al. (2006) que nous avons présenté plus haut est explicitée de façon large dans l'intention d'éviter des problèmes d'ordre terminologique. Dans certaines définitions, les auteurs ne précisent pas s'il s'agit d'un ajout ou d'une suppression de gène comme c'est le cas dans la définition de Joly (1998, p. 17). La transgénèse consiste à

"transférer des gènes, éléments de base du patrimoine génétique contenus dans les chromosomes, vers un autre organisme, ou bien à les déplacer à l’intérieur d’un même organisme, et à les faire exprimer dans leur nouvel environnement. Les nombreuses applications potentielles de ce genre de techniques sont liées par exemple à l’introduction de caractères nouveaux dans un organisme qui n’aurait pu les acquérir autrement. C’est le cas notamment du maïs résistant à la pyrale, un insecte parasite, ou des plantes résistantes aux herbicides… la transgénèse permet de conférer un caractère nouveau à une espèce donnée".

Certains scientifiques évoquent seulement l'introduction de gènes, ils ne précisent pas que la modification génétique peut consister en une éventuelle suppression. Ces scientifiques l'interprètent, le plus souvent, comme une introduction ou "Knock in" en anglais selon l'expression de Hottois et al. (2001). Nous estimons que cette conception peut être liée aux premières plantes transgéniques fabriquées : une plante de tabac en 1983 et la production de la

première plante transgénique résistante aux insectes en 1985. Ces deux premières manipulations par adjonction consistent en une expression d'un seul gène étranger dans la plante. Nous rappelons que d'autres scientifiques appréhendent cette "biotechnie" comme une introduction possible (Knoch in) ou d'une supression possible (Knoch out) d'un ou de plusiseurs transgènes. Hottaois et al., (2001, p. 845) considèrent que la transgénèse "consiste à introduire intentionnellement des changements dans le génome par adjonction d'un ou de plusieurs gènes (Knoch in) ou leur suppression (knock out)".

Si d'autres définitions explicitent la nature du transfert de gènes (une suppression ou une introduction) et indiquent le nombre de gènes transférés (un ou plusieurs gènes), elles ne semblent pas cerner la nature du transfert génique en question : transferts intra ou interspécifiques (voire inter-règnes). Certaines définitions de la transgénèse explicitent seulement le transfert interspécifique. A titre d'illustration, Hottois et al. (2001, p 845) définissent la transgénèse animale comme une manipulation qui "consiste à modifier génétiquement et héréditairement un animal par la suppression d'un ou plusieurs gènes ou par addition d'un ou plusieurs gènes en provenance d'un organisme d'une espèce différente de celle de l'animal modifié".

Gallais et al. (2006) considèrent qu'il est regrettable de considérer comme identique la transgénèse intraspécifique et interspécifique. Dans le droit français et européen, "la définition de la transgénèse révèle de la méthode et non du gène transféré" (p. 64). D'ailleurs, les définitions d'OGM données, dans le cadre de la directive 2001/18/CE, par exemple, prolongent la définition par une liste de techniques qui distingue les techniques de modification génétique et les techniques qui ne contribuent pas à une modification génétique.

Aux fins de la définition d'organisme génétiquement modifié présente dans cette même directive (2001/18/CE), il est indiqué que :

a) la modification génétique se fait au moins par l'utilisation des techniques énumérées à l'annexe I A, première partie 20;

b) les techniques énumérées à l'annexe I A, deuxième partie21, ne sont pas considérées comme entraînant une modification génétique ;

20 L'annexe I A présente les techniques visées à l'article 2, point 2 (le point 2 consiste à définir un OGM comme nous l'avons présenté plus haut)

Première partie :

Les techniques de modification génétique visées à l'article 2, point 2, sous a), sont, entre autres :

1) les techniques de recombinaison de l'acide désoxyribonucléique impliquant la formation de nouvelles combinaisons de matériel génétique par l'insertion de molécules d'acide nucléique, produit de n'importe quelle façon hors d'un organisme, à l'intérieur de tout virus, plasmide bactérien ou autre système vecteur et leur incorporation dans un organisme hôte à l'intérieur duquel elles n'apparaissent pas de façon naturelle, mais où elles peuvent se multiplier de façon continue;

2) les techniques impliquant l'incorporation directe dans un organisme de matériel héréditaire préparé à l'extérieur de l'organisme, y compris la micro-injection, la macro-injection et la microencapsulation;

3) les techniques de fusion cellulaire (y compris la fusion de protoplastes) ou d'hybridation dans lesquelles des cellules vivantes présentant de nouvelles combinaisons de matériel génétique héréditaire sont constituées par la fusion de deux cellules ou davantage au moyen de méthodes qui ne sont pas mises en œuvre de façon naturelle.

21 Deuxième partie :

Les techniques visées à l'article 2, point 2, sous b), qui ne sont pas considérées comme entraînant une modification génétique, à condition qu'elles n'impliquent pas l'emploi de molécules d'acide nucléique recombinant ou d'OGM obtenus par des techniques/méthodes autres que celles qui sont exclues par l'annexe I B, sont :

1) la fécondation in vitro;

Dans ce qui suit, nous explorons les grandes étapes de la technique de transgénèse en nous basant sur la recherche de Gallais et al. (2006). Nous nous interrogerons plus tard si cette multiplicité d'étapes est prise en compte par les étudiants en master.

3.3 Les grandes étapes de la technique de la transgénèse (voir fig.1) 1. Repérage dans un génome donneur du gène à transférer et clonage du gène,

Généralement, on produit de l'ARNc (par la transcriptase réverse) à partir de l'ARNm, puis on l'insère dans un plasmide. A l'aide de sonde d'ADN marqué, les clones qui possèdent le gène d'intérêt sont identifiés.

2. Construction du transgène,

Un transgène est chimérique, car il renferme un promoteur (séquences régulatrices), la séquence codante du gène d'intérêt, la séquence de fin de lecture (terminateur).

3. Multiplication du transgène :

La multiplication est possible grâce à l'insertion du gène recherché dans un plasmide, doué d'une réplication autonome.

4. Transfert de transgène à partir de fragments d'organes, de cals, de protoplastes, 4.1 Transfert direct,

Il s'agit de "moyens physiques et chimiques pour forcer la pénétration d'un fragment d'ADN dans une cellule végétale" (p. 72) : l'électroporation de protoplastes, la micro-injection et la biolistique. La biolistique consiste à projeter sur des cellules (ou tissus) des microbilles de tungstène ou d'or porteuses de fragments d'ADN à transférer, à une grande vitesse,

4.2 Transfert indirect par Agrobacterium,

Il s'agit d'une bactérie qui a la propriété de transférer une partie de son ADN dite ADN-T dans le génome de la cellule végétale pour les asservir à ces besoins, d'après ces mêmes auteurs.

5. Régénération de la plante transformée,

Dans la transgénèse, souvent, deux marqueurs moléculaires sont utilisés : un marqueur pour le clonage du gène et un marqueur pour le repérage et la sélection de la plante transformée. Des systèmes appropriés sont utilisés afin d'éliminer ces marqueurs et obtenir la plante intégrant le caractère recherché. Ces différentes étapes sont prolongées par une autofécondation, puis par un rétrocroisement éventuel.

6. Autofécondation et sélection des plantes porteuses du transgène,

7. Rétrocroisement éventuel de la plante transformée avec une lignée de bonne valeur agronomique.

Fig 1 : Les grandes étapes de la transgénèse (source Gallais et al., 2006, p. 68)

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