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Etape (Ep1a) : le questionnaire

Dans le document TTHHÈÈSSEE En vue de l'obtention du (Page 181-186)

SECTION II : APPROCHES DIDACTIQUES ET CADRE D'ANALYSE

CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE LA METHODE DE RECUEIL DE DONNEES

1.1 Etape (Ep1a) : le questionnaire

Le questionnaire comprend sept questions (Cf. annexe1 (Ann1.1) qui peuvent nous permettre d'identifier :

- les connaissances initiales des étudiants en génétique,

- les connaissances sur la fabrication des PGM, sur des exemples de plantes génétiquement modifiées

- les connaissances sur l'impact de certains types de pratiques agricoles sur la biodiversité : la sélection traditionnelle et la transgénèse qui constitue une sélection dirigée.

Nous présentons un résumé des thématiques proposées dans le questionnaire :

La question 1 et la question 4 du questionnaire sont des questions pour définir des termes clés : les plantes transgéniques et le concept de la biodiversité (Q1 : Qu’est ce qu’un organisme génétiquement modifié (OGM), notamment une plante génétiquement modifiée (PGM) ?, Q4 : Que signifie le terme biodiversité ?).

La question Q2 (Comment modifie-t-on génétiquement des plantes ?) permet de déterminer la connaissance initiale des étudiants sur le protocole expérimental ("les grandes étapes" de la transgénèse) utilisé pour modifier génétiquement une plante. Quant à la question Q3 (Pourquoi modifie-t-on génétiquement des plantes ?), elle permet d'identifier ce que peut apporter et éventuellement les risques associés à l'utilisation de cette technique.

La question Q5 (Y a-t-il impact(s) éventuel(s) de la transgénèse végétale sur la biodiversité ?) et Q6 (Y a-t-il impact éventuel de la sélection traditionnelle sur la biodiversité ?) ont été inspirées de la déclaration scientifique en faveur d’un moratoire sur les OGM : Sept questions qu’il faut se poser avant de voter sur l’initiative populaire "pour des aliments produits sans manipulations génétiques", 2005. Nous nous sommes intéressées à deux questions : "Les plantes GM sont-elles dangereuses pour la biodiversité ?" et "Y a-t-il des risques de contamination des cultures traditionnelles et biologiques ?".

La question Q6 que nous venons de présenter et la question Q7 (En quoi la modification génétique d’une plante diffère-t-elle d’un croisement traditionnel ?) traitent l'effet éventuel de la pression anthropique (la sélection traditionnelle, la sélection dirigée (la transgénèse)) sur la biodiversité. Nous cherchons, dans les réponses proposées, des similitudes et des différences entre ces différents procédés d'amélioration des plantes, c'est-à-dire si les étudiants perçoivent la transgénèse comme un procédé "artificiel" qui se distingue des procédés naturels (entre autres la voie sexuée) par l'action dirigée sur le logiciel génétique de l'organisme et le franchissement des barrières spécifiques. En outre, ces dernières questions peuvent, éventuellement, dépasser le contenu biologique pour dévoiler les connotations sociétales, économiques ou éthiques.

Il convient de noter que le questionnaire (étape Ep1a) sert à identifier les connaissances initiales des étudiants, mais aussi il peut permettre de suivre l'évolution du raisonnement des étudiants, car il a été redistribué à la fin de l'expérimentation.

1.2 "L'affaire du papillon Monarque"

1.2.1 Présentation de "l'affaire du papillon Monarque"

Cette controverse - appelée aussi "l'affaire du papillon Monarque"- soulève le problème d'une éventuelle intoxication des organismes non-cibles par le pollen transgénique comme nous l'avons déjà énoncé. Nous nous intéressons en particulier à l'étude du maïs-Bt (plante transgénique déjà définie dans le chapitre 2 : la transgénèse végétale) attaqué par un insecte ravageur, la pyrale - Ostrinia nubilalis -, et l'intoxication des papillons Monarque - Danaus plexippus - qui constituent, dans ce cas, l'organisme non-cible. Les larves Monarque se nourrissent d'une plante appelée "Laiteron " - Asclepias curassavica - qui se trouve, souvent, au voisinage des champs de maïs.

Comme nous l'avons indiqué dans notre cadre théorique (Cf. chapitre Relation biodiversité-transgénèse), le principe de fabrication du maïs-Bt se base sur les potentialités d'une bactérie - Bacillus thuringiensis - vivant dans le sol et utilisée dans la lutte biologique. Cette bactérie synthétise divers types de protéines cristallines insecticides qui, lorsqu’elles sont partiellement digérées, libèrent une forme active d’endotoxine qui perfore l’appareil digestif des insectes ravageurs. L'introduction de ce gène de résistance à un insecte confère au maïs-Bt la capacité de synthétiser une forme tronquée d'endotoxines protéiques et donc de résister aux pyrales.

Cette controverse est basée sur l'éventuelle dissémination du pollen transgénique Bt (du maïs Bt) sur les plantes voisines (le Laiteron) et l'intoxication éventuelle des larves du papillon Monarque. En réalité, cette controverse a été déclenchée suite à l'apparition, en 1999, d'une note dans la revue Nature79 stipulant que le pollen du maïs Bt est dangereux pour le papillon Monarque intitulé "Transgenic pollen harms monarch larvae".

L'objectif de la recherche de Losey et al. (1999) est de tester l'effet néfaste du maïs transgénique sur les papillons Monarque. Des feuilles de Laiteron (Asclepias curassavica) humides sont saupoudrées de pollen transgénique (pollen-Bt) manuellement au moyen d'une spatule. La quantité de pollen est estimée à l'œil, de sorte qu'elle corresponde à la quantité de pollen que l'on trouve sur le Laiteron dans les champs de maïs.

Les expérimentateurs, dans trois pots différents, ont saupoudré dans le premier du pollen conventionnel, dans le second du pollen transgénique (pollen-Bt) et dans le troisième ils n’ont rien mis.

1. 5 larves âgées de 3 jours (2ème mue) issues d'une colonie de papillons Monarque capturée sont disposées sur chaque feuille de Laiteron.

2. Chaque traitement est répété 5 fois

3. Les expérimentateurs ont répertorié la quantité de feuilles mangées, le poids des larves ainsi que la survie des larves.

4. Durée du traitement : 4 jours

Les résultats de cette expérience montrent que le comportement alimentaire est modifié : les larves consomment moins de feuilles. Le taux de survie et le poids des larves ont diminué.

Ces données ont amené les expérimentateurs à conclure que l’impact des PGM résistantes aux

79 Losey, Rayor & Carter. (1999). Transgenic pollen harms monarch larvae. Nature, n° 399, p. 214.

insectes ravageurs peut dépasser les ravageurs spécifiques pour atteindre d'autres organismes

"non-cibles".

Cette affaire semble se concentrer plus sur l'aspect négatif des PGM. Dans une certaine mesure, elle peut être vue comme une situation partisane. C'est ce qui explique l'ajout d'une note explicative (au début du résumé du texte de Losey et al.) et d'un constat, à la fin du texte afin d'expliciter "l’épaisseur sociale du thème" et de "ses potentialités polémiques"

(Simonneaux, 2003, p.189). La note explicative consiste à définir le maïs-Bt, l'insecte ravageur : la pyrale et l'insecte non-cible : le papillon Monarque. La note met aussi en évidence le flux éventuel de transgène (grain de pollen) des champs de maïs génétiquement modifiés vers les plantes voisines (le Laiteron) source de nourriture des papillons Monarque.

Quant au constat proposé, il montre que la recherche pionnière réalisée par Losey et al. (1999) a déclenché d’autres recherches dont les résultats sont parfois contrastés. Certaines études illustrent la nocivité pour les larves des papillons Monarque et probablement pour d’autres espèces alors que d’autres études (dans un numéro des Proceedings of the National Academy of Science publié en 2001) affirment que le transfert de gènes n’a pas d’effets sur la faune non-cibles et sur la flore sauvage. Mais, qu'est-ce qui peut justifier ce choix ?

1.2.2 Choix de la controverse scientifique

Le choix de la situation parait orienté, mais nous estimons, en nous situant dans la perspective du durable, que les raisons suivantes justifient ce choix :

Dans un premier temps, comme dans leur formation les cours se focalisent surtout sur ce que peut apporter les procédés artificiels d'amélioration des plantes, nous nous proposons de présenter une autre facette du problème. Gallais et al. (2006) considèrent que la segmentation des problèmes en aspects scientifiques, éthiques ou politiques peut favoriser le dialogue sur un sujet qui a de nombreuses facettes. Nous estimons que le fait de présenter ce que peut apporter la transgénèse (abordée en cours) et, en même temps, présenter les risques éventuels associées (apport informationnel : le résumé du texte de Losey) peut favoriser l'argumentation et la participation à une prise de décision informée. Nous rejoignons les travaux de Simonneaux & Albe (2007) et de Simonneaux et al. (2005) sur l'analyse des textes aux points de vue divergents.

En ce titre, nous avons proposé aux étudiants un résumé de l'article de Losey et al. (1999).

Cette controverse socio-scientifique a été doublement résolue par les étudiants comme nous l'avons indiqué dans le calendrier présenté ci-dessus. Elle a été résolue individuellement par écrit et oralement en groupe restreint selon deux consignes différentes. Nous y reviendrons un peu plus loin.

Dans un deuxième temps, conformément à notre perspective de durabilité, nous estimons que la situation choisie est une situation porteuse des dimensions de durabilité :

- la dimension environnementale :

Concernant "l'affaire du papillon Monarque", l'attention est centrée sur les risques éventuels pour l'environnement des plantes transgéniques, particulièrement, les plantes résistantes aux insectes. Certains proclament que le recours à la lutte génétique est une alternative à la lutte chimique, contre les insectes ravageurs, qui est considérée comme défavorable à

l'environnement (pollution du sol, atteinte des organismes non-cibles, etc.). Mais, d'autres (chercheurs, scientifiques, etc.) considèrent que le maïs manipulé génétiquement pour lutter contre la pyrale peut avoir un effet indésirable sur d'autres organismes non-cibles. Par conséquent, ces plantes à caractère insecticide peuvent engendrer un risque éventuel pour la biodiversité comme nous l'avons vu dans la première partie de notre analyse théorique (chapitre 2 et 3).

- la dimension sociale :

Les aspects sociétaux renvoient, essentiellement, à la diversité des raisons de refus ou d'acceptations des PGM comme nous les avons indiqué au chapitre 3, à une méconnaissance de la "balance risque/bénéfique" et à la perception du risque (avéré ou non avéré) par le public. Au cours des dernières décennies, certaines manipulations génétiques (l'affaire Pusztaï, l'affaire du papillon Monarque, l'affaire du soja allergénique, l'accident du StarLink…) ont entaché la confiance du public et ont entraîné, par conséquent, le refus des PGM. Dans cette même perspective, il convient de préciser que la médiatisation constitue un des actants de la controverse PGM. En effet, "la mauvaise communication des chercheurs ou des médias sur certains faits a sans doute contribué à gérer une méfiance à l'égard des variétés transgéniques, surtout dans un contexte de crise, après les affaires du sang contaminé, l'affaire de la "vache folle"." (Gallais et al., 2006, p. 225). Pour ce qui est de la problématique de la biodiversité dans un contexte qui fait intervenir des PGM, ces "sujets liés à l’environnement sont souvent surmédiatisés" (Circulaire, 2007)80.

- la dimension économique :

Les PGM ont plusieurs applications possibles : dans le secteur pharmaceutique, agro-alimentaire, bio-industriel, en agriculture, etc. Ces pratiques ont des impacts socio-économiques pour les producteurs (les firmes, les entreprises de sélection végétale, etc.) et, entre autres, pour les pays en voie de développement, voire pour les pays développés. La question d'impact des PGM sur la biodiversité fait apparaître, particulièrement, la dimension économique dans le débat public sur les plantes transgéniques. Actuellement, non seulement les économistes parlent de l'économie de la biodiversité (Revéret & Webster, 1997) parallèlement à l'économie de l'environnement, mais les PGM font partie de la réalité économique d'après Gallais et al. (2006) comme nous l'avons déjà relevé dans les trois premiers chapitres de notre analyse théorique.

- la dimension politique :

Comme nous l'avons indiqué auparavant la question des plantes transgéniques est encadrée différemment sur le plan réglementaire. En effet, la réglementation est différente non seulement selon les pays et les continents (un cadre européen, un cadre américain) mais, elle est aussi spécifique aux variétés transgéniques. "Elle considère certes le produit qui sera commercialisé, mais elle considère aussi son procédé d'obtention." (Gallais et al. 2006).

- la dimension éthique :

En référence aux controverses liées à des questions environnementales, nous distinguons l'éthique en environnement, dans l'alimentation et dans la santé. L'éthique dans l'alimentation,

80 B.O n° 14 du 5 avril 2007.

par exemple, est liée principalement au fait de toucher à l'alimentation porteuse de symboles culturels, historiques…, à la sécurité alimentaire. Quant à l'éthique en environnement, elle est liée principalement au fait de toucher au vivant, à la nature. Comme nous l'avons indiqué dans notre analyse théorique les fondements idéologiques peuvent être liés aux conceptions de la nature, à la place que se donne l'homme dans la nature, donc à la relation homme-nature, etc.

Dans un troisième temps, pour choisir un thème de débat, il convient d'évaluer sa discutabilité. D'ailleurs, "La discutabilité du thème apparaît comme un déterminant majeur des formes argumentatives produites. On pourrait ainsi établir un modèle type de la situation la plus propice à la production d'un discours argumentatif négocié : le locuteur se sent impliqué dans le débat (il connaît ainsi les différents arguments et contre-arguments qu'on peut développer à ce sujet)…" (Golder, 1996, p. 108). Nous estimons que le contenu du cours dans la formation suivie et l'apport informationnel de la situation proposée permettent aux étudiants de développer les arguments et les contre-arguments sur la question.

En outre, d'après Dolz & Schneuwly (1998) (cité par L. Simonneaux, 2003 .p. 189) quatre dimensions sont à prendre en compte pour définir un thème du débat :

" - une dimension psychologique incluant les motivations, les affects et les intérêts des élèves ; - une dimension cognitive, qui renvoie à la complexité du thème et à l’état des connaissances des élèves ;

- une dimension sociale, qui concerne l’épaisseur sociale du thème, ses potentialités polémiques, ses enjeux, ses aspects éthiques, (…) ;

- une dimension didactique, qui demande que le thème ne soit pas trop quotidien et qu’il comporte de "l’apprenable".

La situation proposée constitue une question socio-scientifique controversée. Elle comprend une dimension psychologique favorisant l'implication et l'engagement des participants dans le débat. Elle comprend aussi une dimension cognitive et par conséquent didactique. Pour l'exemple de la biodiversité, il s'agit de concept scientifique complexe à organisation multiple : génétique, spécifique et écosystémique et différemment perçue par les biologistes et par les sciences sociales comme nous l'avons déjà dit. Quant à la transgénèse, il s'agit d'une technique complexe à étapes multiples : du repérage et clonage du gène d'intérêt à la régénération de la plante transformée. Dès lors, le choix de cette situation relativement inhabituelle81 peut favoriser la mobilisation des connaissances interdisciplinaires, l’analyse des discours divergents, l'analyse critique de savoirs non-stabilisés et controversés, la prise en compte des enjeux, etc.

1.2.3 Degré d'authenticité

Cette controverse consiste en une situation authentique porteuse de dimensions du durable : environnementale, sociale, économique, éthique, politique. Elle permet de mobiliser le cognitif et l'affectif et de faire interagir la connaissance et l’opinion.

81 Nous considérons que la situation est inhabituelle car elle :

- présente, dans un premier temps, un savoir problématisé et incite les étudiants, grâce à la consigne proposée (à développer plus loin) à construire leurs connaissances et à développer une prise de décision et, entre autres, de faire pratiquer de l'argumentation.

- Constitue, dans un deuxième temps, une situation fortement contestée (et ceci a été mentionné dans la situation proposée) et qui présente les risques potentiels, une autre facette du problème, en opposition à

Il convient de noter que dans la littérature, il y a différents degrés d'authenticité. La situation choisie constitue une situation dont la distance d'authenticité est relativement grande. Elle traduit une affaire environnementale qui a eu lieu aux Etats-Unis. Mais, nous considérons que les questions biotechnologiques et environnementales (sur la biodiversité) s'avèrent multidimensionnelles, "transnationales" voire planétaires ; ce qui légitime le choix de la situation expérimentale en question.

Nous estimons également que la répartition inégale des cultures transgéniques dans le monde peut légitimer ce choix. D'après Gallais et al. (2006), 93.3 % de cultures transgéniques sont sur le continent Américain alors qu'une faible quantité est observée en Afrique (un pourcentage de l'ordre du 0.55 % en Afrique du sud et une faible quantité en Afrique centrale). En Europe, les cultures transgéniques sont quasi-absentes en raison de l'opposition Anti-OGM. Or, récemment la question des OGM et du label biologique commence à se poser aussi en Tunisie82. Elle est même intégrée dans les curricula comme nous l'avons souligné auparavant.

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