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Fondements éthique et idéologique

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SECTION II : APPROCHES DIDACTIQUES ET CADRE D'ANALYSE

CHAPITRE 1 : LA PERSPECTIVE DE DEVELOPPEMENT DURABLE (DD)

3. Dimensions du développement durable

3.8 Fondements éthique et idéologique

L'approche épistémologique élargie comme nous l'avons vu plus haut préconise de maintenir l'être humain au centre du débat concernant les changements environnementaux contemporains. Dès lors, le développement durable ne peut pas être conçu comme un point d'équilibre entre le système économique et écologique, mais il désigne le point d'équilibre entre une satisfaction des besoins de la nature sans oublier pour autant les besoins des êtres humains (Camerini, 2003).

De surcroît, la crise écologique associée au progrès technologique, donc à une pression anthropique a eu le mérite de maintenir le volet environnemental au cœur de la problématique d'un développement écologiquement "soutenable". Mais, ce débat social sur la place de l'homme dans la nature et sa relation avec l'environnement a conduit à une mise en cause du statut "mythique" de la science et de son rôle dans la société. En effet, la biotechnologie pourrait avoir des effets défavorables et pourrait engendrer des risques "avérés" ou "non avérés" pour l'environnement bien que certains proclament que les conséquences possibles de l'introduction d'un PGM dans un agrobiosystème bien déterminé, par exemple, rendent difficile la généralisation des résultats observés.

Il convient de souligner "que la Science n'est pas la seule vision du monde, car elle participe à sa formation au même titre que la Religion, l'Art et l'Ethique." (Camerini, 2003, p. 11). Ces différentes visions du monde ouvrent la voie à un examen du développement durable, particulièrement, sous l'angle de l'éthique.

L'éthique est définie par deux traditions : la déontologie et la téléologie. La première définit la morale (déon –ontos signifie le "devoir"). L'éthique déontique est une réflexion critique qui met l'accent sur le devoir (Les morales du devoir). La deuxième se fonde sur la finalité (le

"télos" ou la fin) et le but d'une décision. L’éthique téléologique (ou conséquentialisme) considère que l’on doit faire une action parce que c'est bien et parce que les conséquences sont bonnes. Deux théories conséquentialistes existent : la théorie utilitarienne et celle fondée sur le bien-être.

Concernant les différents axes d’analyse scientifique qui fondent un développement durable, la composante écologique, selon Camerini (2003), traduit la conséquence d'une nouvelle

relation entre générations présentes et futures d'un point de vue éthique ; d'un point de vue épistémologique, elle traduit la connaissance de la biosphère et de ses mécanismes régulateurs. Quant à la composante sociale, elle constitue l'élément organisateur de la relation homme-homme, d'une part, et de la relation homme-nature, d'autre part.

Dans cette même optique, Guay (2004) considère que "le développement durable force à réfléchir, d'une manière nouvelle, ou plus intensivement, sur deux rapports particuliers : a) sur le rapport des humains entre eux, notamment dans un contexte international et mondial de rapports entre les pays riches et les pays pauvres ; et b) sur les rapports humains à la nature. On peut construire une typologie de l'éthique des changements environnementaux et au développement durable selon deux variables : a) selon la valeur que l'on accorde au temps présent et au temps futur ; et b) selon la conception que l'on se fait de la place des humains dans la nature" (p.22).

La place que l'homme se donne dans la nature suscite des questionnements d'ordre éthique : la nature est exploitée pour servir aux besoins et aux désirs des humains qui se considèrent comme des êtres au dessus de la nature ou bien l'homme n'est qu'une espèce intégrée dans l'ensemble du vivant et de la biosphère au sens large. En effet, différentes positions éthiques, particulièrement, l'éthique écocentrique et l'éthique technocentrique comme nous allons les voir dans ce qui suit, peuvent être décelé selon la conception que l'on se fait de la place de l'homme dans la nature.

Dans le contexte actuel caractérisé par des changements environnementaux assez importants, voire d'une crise écologique contemporaine, la perception de la nature, la conception de la place de l'homme dans la nature, le choix des décisions en matière d'environnement…

pourraient reposer sur différentes idéologies qui, parfois, s'opposent. Depuis les années 80, les problèmes environnementaux notamment globaux sont perçus selon de nouveaux paradigmes (Aubertin & Vivien, 1998). A partir de cette date, plusieurs problèmes environnementaux sont pointés comme la pluie acide, la diminution de la couche d'ozone… Ces problèmes se sont poursuivit avec les affaires du sang contaminé, de l’amiante, de la "vache folle" qui ont entaché la confiance du public dans les systèmes d’évaluation scientifique des risques.... En ce sens, il convient de préciser, d'après Camerini (2003, p. 8), que "si le noyau scientifique des idéologies relève du critère vrai/faux, l'éthique relève du choix bon/mauvais".

3.8.1 Des fondements idéologiques

Le terme idéologie est un terme composite de "Idea" (en latin) : Idée et "logos" (en grec) : science. Il nous semble intéressant de se poser la question de l'appréhension des différents axes scientifiques (écologique, social, économique…) qui fondent le développement durable sous l'angle de l'idéologie. Nous entendons ici, à l'instar de Clément (2004) par idéologie ou plus précisément par idéologie scientifique "l’interaction entre les systèmes de valeurs et les connaissances scientifiques qui nous intéresse" (p. 53).

L'idéologie technocentriste considère la technologie et l'expertise scientifique comme fiables, que les hommes doivent utiliser la science pour résoudre presque tous leurs problèmes, que la nature peut être manipulée et que la rationalité économique doit définir le développement. Le technocentrisme est fondé sur l'idée de croissance économique (en termes de gain financier (pour les actionnaires ou shareholders en anglais). Au sein de ce paradigme, les questions environnementales ne sont pas perçues comme de sérieux et de graves problèmes (Egels,

2004). Par conséquent, une rationalité technique (de Habermas) prédomine. Tout dérapage lié à un progrès techno-scientifique aura une solution technique.

Quant à l'idéologie écocentriste, elle est fondée sur le fait que la technologie et l’expertise scientifique ne sont pas fiables ; que le matérialisme excessif est mauvais… L'homme n'occupe pas une place ou un statut particulier dans la nature ; l'espèce humaine n'est qu'une espèce parmi les autres espèces. Le développement économique n'est pas perçu indépendamment de la réalité environnementale. Guay (2004, p. 270) considère que "l'éthique écocentrique appelle ainsi un élargissement des préoccupations environnementales, lesquelles doivent intégrer les principales dimensions du développement durable dans une perspective qui se veut résolument systémique". D'autres interprétations écocentriques sont liées à une conception qualifiée, souvent, de position radicale selon ce même auteur nommée

"l'écologie profonde" (deep ecology).

Dans leurs recherches sur la notion du développement durable, Gladwin, Kennelly & Krause (1995) catégorisent les différentes interprétations du "sustainable development" en deux principaux paradigmes : le technocentrisme et l'écocentrisme, puis ils proposent un troisième paradigme : le duracentrisme (sustaincentrism en anglais) défini "as synthesis of these two contradictory paradigms" (Egels, 2005, p. 18). Le paradigme duracentriste prend en compte la réalité (la croissance) économique (conception technocentriste) et la réalité environnementale (conception écocentriste) ; il s'agit d'une vision qui cherche à favoriser un mode de développement qui prend en compte les préoccupations et les enjeux environnementaux. En effet, le paradigme duracentriste "tries to combine the strive for economic growth and profits with the environmental reality of our planet. The paradigm places humans above the biosphere in intellectual terms, but still acknowledges that humans are a part of that biosphere. It also claims that this intellectual supremacy gives humans a moral responsibility for the welfare of human and non-human future generations." (Ibid., p.

18).

Tableau (tab 1 : résumé des conceptions technocentriste, écocentriste et duracentriste.

Conception technocentriste

Conception écocentriste Conception duracentriste = synthèse des deux paradigmes

Il y a aussi une idéologie théocentrique fondée sur la croyance que la nature a été crée par Dieu et ne doit pas être manipulée (Simonneaux, communication directe).

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