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Résumé du film

Dans le document TTHHÈÈSSEE En vue de l'obtention du (Page 190-194)

SECTION II : APPROCHES DIDACTIQUES ET CADRE D'ANALYSE

CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE LA METHODE DE RECUEIL DE DONNEES

2.3.2 Résumé du film

2.3.1 Présentation du film

Le film s’appelle "Le blé : chronique d’une mort annoncée ?" présentée sur canal ARTE France (2005), dans le cadre de l'émission "Thema enquête : main basse sur la nature". Il a été réalisé par Marie Monique Robin83. Ce film a une durée de 51 minutes. Mais la séquence que nous avons projetée dure 45 minutes. Le film est précédé d’un débat de 12 minutes animé par Hervé Claude84. Les invités sont F.W Graefe zu Baringdorf (député européen) et Christine Noiville (chercheur en droit des sciences et techniques et membre du CNRS).

Le film retrace l'évolution de la révolution agricole du néolithique à la deuxième révolution verte. Mais nous nous intéressons en particulier à l'heure de la révolution biotechnologique (la fabrication des plantes génétiquement modifiées) et aux éventuelles répercussions sur la biodiversité (les défis et les contraintes). Nous proposons dans ce qui suit le résumé du film ainsi qu'une analyse critique en nous appuyant sur les arguments des différentes positions présentées. Nous présentons ensuite les raisons du choix de ce support vidéo.

2.3.2 Résumé du film

Le film : "Le blé : chronique d’une mort annoncée ?" présente les menaces potentielles sur la richesse biologique du blé85, du maïs, du soja… par des pressions, essentiellement, anthropiques. Le film présente l'évolution des pratiques agricoles depuis la première révolution agricole au néolithique. Trois phases différentes sont distinguées : la première, la deuxième et la troisième révolution agricole. En fait, ce que les historiens appellent la révolution agricole ou néolithique a débuté il y a 10 000 ans. Depuis la région de la croissant fertile, le blé a conquit l'Europe, l'Asie, puis l'Afrique, il y a 6 000 ans.

83 Marie-Monique Robin est journaliste d’investigation. Elle a atteint la notoriété avec la réalisation en 1995 du reportage controversé "Voleurs d’yeux" concernant des prélèvements illégaux d’organes. Depuis, elle a réalisé de nombreux autres reportages :

- Une production diffusée sur Canal+ en 2004 puis rediffusée sur ARTE en 2006 intitulé "Le sixième sens : science et paranormal"

- Le film "Le blé : chronique d’une mort annoncée ?" diffusé sur la chaîne franco-allemande ARTE France (2005), dans le cadre de l'émission "Thema enquête : main basse sur la nature".

- Le reportage "Le monde selon Monsanto" diffusé le 11 mars 2008 par la chaîne franco-allemande ARTE

Les deux derniers reportages s'intéressent aux domaines de biotechnologie et particulièrement aux organismes génétiquement modifiés et de leurs répercussions éventuelles.

84 L'animateur de l'émission "Thema enquête".

85 D'après Robin, la diversité du blé est menacée par la domestication du blé, les pratiques de l’agriculture industrielle et des pratiques génétiques ; des milliers de variétés de blé sont perdues au cours des cinquante dernières années et les champs se sont de plus en plus uniformisés.

Partout dans le monde, les épis sont différents. On parle de 200 000 variétés locales jusqu'au début du 20ème siècle. C'est alors que survient la seconde révolution agricole qui accompagne la révolution industrielle dans les pays développés. C'est l'heure de la mécanisation, des engrais et des produits phytosanitaires qui ont permis d’augmenter la productivité du blé et conduit à son uniformisation (conséquence indirecte de la première).

Quant à la troisième révolution agricole, elle est caractérisée par la révolution de la biotechnologie et des plantes OGM. Les chercheurs se sont intéressés aux gènes d'intérêts qui caractérisent les variétés locales pour les introduire dans des variétés modernes pour qu'elles soient plus adaptées à l'environnement et donc à être plus productives. Nous nous intéressons plus, dans ce cas, aux arguments sur des pratiques biotechnologiques qui caractérisent la troisième révolution agricole (la deuxième révolution verte).

Le film aborde aussi les raisons de rejet (la contamination éventuelles des variétés traditionnelles, la dépendance socio-économique…) ou d'acceptation (la résistance aux herbicides, la résistance aux verses…) des plantes transgéniques et l’organisation de protestation et de résistance à travers des témoignages des acteurs concernés.

2.3.3 Critique du film : les arguments des différentes positions présentées Le film présente une dualité entre avantages et inconvénients de l'agriculture industrielle.

Différents arguments tantôt en faveur, tantôt contre la fabrication des PGM sont présentés dans le documentaire. De nombreux points de vue sont présentés par de nombreux acteurs qui sont interviewés. Nous citons :

- chercheurs à IATP (l’institut pour la politique agricole et commerciale) de Minneapolis, chercheur à l'université de Manitoba, directeur de la recherche sur le blé de Limagrain (le premier groupe semencier européen), directeur de recherche, INRA ; - agriculteurs : acteur d'agriculture biologique, acteur de l'agriculture transgénique,

acteur convaincu de l'agriculture industrielle ; - paysans syndicalistes ;

- sélectionneurs ;

- ancien directeur de la communication du CIMMYT (the International Maize and Wheat Improvement Center (Centro Internacional de Mejoramiento de Maíz y Trigo), directeur du CIMMYT de l'Inde, le président de Limagrain ;

- membre de la commission canadienne du blé, membre de l'agence canadienne d'inspection des aliments, etc.

La réalisatrice a fait alterner des arguments des promoteurs (en faveur des PGM) et des arguments des détracteurs des PGM (qui s'opposent aux PGM). Nous présentons, préférentiellement, les arguments qui analysent l'interrelation éventuelle biodiversité-PGM.

De la technique d'hybridation à la technique de la transgénèse, l'homme a possédé les clés d'intervention, directement, sur le logiciel génétique des plantes et sur la modification de leurs qualités et de leurs caractéristiques. Les chercheurs et les sélectionneurs du blé ont accordé de l'importance non seulement à la quantité, mais aussi à la qualité. A titre d'exemple, la pâte à pain est devenue plus élastique et facilement mécanisable comme l'explique Jean François Bertelot -un agriculteur biologique Français- :" … Là c'est la présence de la pro-vitamine A (bêta carotène) qui donne cette couleur jaune, mais en contre partie, elle [possède] le gluten qui est faible. Vous voyez, elle est lâche alors que la variété moderne, elle est extensible

longtemps parce que les sélectionneurs ont travaillé pour que la farine ait ces qualités technologiques et que la pâte puisse être facilement travaillée (…) dans des diffuseurs, les façonneuses. Ça a restreint les possibilités d'utilisation des variétés, car toutes les variétés ne sont pas facilement mécanisables. Pour avoir différentes sortes de pain, il faut avoir différentes sortes de blé et l'agriculture d'aujourd'hui, en uniformisant le blé s'est privée d'une grande diversité de blés donc d'une grande diversité de pains."

Les scientifiques cherchent à améliorer la qualité, mais aussi l'adaptation aux conditions climatiques présentes et futures. Martin Van Ginkel, directeur de la banque germoplasme du CIMMYT dit : "Ce qui nous intéresse ce sont les gènes qui sont à l'intérieur des variétés locales pour les introduire dans des variétés modernes pour qu'elles soient plus adaptées à l'environnement futur. Nous avons le problème du réchauffement climatique, il fait de plus en plus chaud et sec. Il y a toutes sortes de stress ou de perturbation (…). Maintenant, nous étudions aussi la qualité de ces protéines. Quelles sont celles qui font du bon pain levé ou quels sont les caractères impliqués dans les galettes arabes ou dans le pain à la vapeur chinois. Nous travaillons beaucoup là-dessus."

Les recherches sur le blé ont conduit à la fabrication des variétés naines (plus résistantes à la verse) à haut rendement (dues à un gène du nanisme extrait d'une variété japonaise) qui ont fait le tour de la planète. De même, ils ont contribué à la fabrication du blé miraculeux résistant à la longueur du jour et de la lumière qui a fait le tour du monde : Inde, Pakistan, Turquie, etc. Ceci est explicité par l'ancien directeur de la communication du CIMMYT, Gregorio Martinez qui dit : " … tout à fait, les blés miraculeux, ce sont des matériaux qui présentent une grande capacité d'adaptation. Ils ont été sélectionnés. Ils ont un gène qui les rend sensibles à la longueur du jour ou à de la lumière. C'est pourquoi, ils peuvent être cultivés, ici, au Mexique, mais aussi dans le Panjab indien ou dans n'importe quelle partie du monde."

Cette amélioration du blé est jugée être accompagnée, d'une part, par un enrichissement des monopoles agrochimiques, et d'autre part, par un appauvrissement des paysans et de la biodiversité du blé qui au début du 20ème siècle compte 200 000 variétés locales. La création du métier de sélectionneur entraîne un choix de plus en plus limité des critères de sélection (le rendement, la résistance à la verse, la taille…). Par conséquent, les sélectionneurs tendent de plus en plus vers une logique d'uniformisation des cultures. Dans ce même contexte, Jean-Pierre Berlan, directeur de recherches, INRA dit :" Il faut bien voir que la DHS [distinction, homogénéité et stabilité] définit, très précisément, le contraire d'une variété. On est dans une logique de clonage depuis deux siècles. Le remplacement de la diversité par l'uniformité industrielle qui applique les principes de la recherche industrielle au monde vivant. La recherche de l'homogénéité, de la production stérile de la reproductibilité, de la stabilité du produit industriel. Et deuxièmement, il y a la recherche aussi de droit de propriété intellectuelle : une variété ne peut pas faire l'objet d'un droit de propriété intellectuelle parce que, justement, c'est une variété…".

Concernant la fabrication du blé tolérant à un herbicide s'ajoute le problème de la contamination de cultures traditionnelles. Phill Mc Donald (Agence canadienne d'inspection des aliments) dit :" Nous avons des préoccupations scientifiques, sur lesquelles je ne peux pas m'étendre parce que, bien sur, elles sont confidentielles. Mais d'une manière générale, je peux dire que nous avons eu des discussions avec la compagnie sur les conséquences que cela entraînerait pour les utilisateurs, ceux qui allaient cultiver ce blé, et pour les non utilisateurs qui pourraient en être affectés". Le mot "confidentielles" peut révéler ici un déficit

d'information et de communication au sujet des cultures génétiquement modifiées comme l'ont souligné Gallais et al., (2006) et comme nous l'avons explicité dans le chapitre 3 portant sur l’interrelation biodiversité-transgénèse.

Quant à René Van Acker (chercheur à l'université de Manitoba), il explicite plus clairement le problème de flux de gène en disant : "Nous étions très préoccupés par le flux du gène d'une culture de blé à l'autre. Nous savions que ça pouvait être un problème parce que nous avons déjà constaté ce problème avec le colza. Des études Australiennes ont montré que le gène peut se déplacer, dans une seule saison, sur 2 km et demi (...) Nous avons comparé tous les éléments de la modélisation un par un et nous avons conclu que la situation sera similaire pour le blé et qu'il y aurait aussi un mouvement de gène. La contamination génétique est irréversible. Nous devons être très prudents quand on met quelque chose sur le marché et nous demander : est-ce que c'est quelque chose qu'on peut accepter, dans notre environnement pour toujours ? Il n'y a pas de marche arrière possible"

Tout au long du film, les raisons de rejet ou d'acceptation des PGM sont, selon les acteurs, d'ordre économique ou liés à la perception du public sur les OGM. Ian Mc Creary, membre de la commission canadienne du blé, dit : "Pour les fermiers, la raison du rejet du blé transgénique est économique. Pour nos clients, la raison tenait plutôt au statut particulier du blé par rapport aux autres cultures. 80% de nos clients (…) ont exprimé clairement qu'ils ne voulaient pas de blé transgénique." Cette même idée rejoint ce que dit Gallais et al. (2006) sur "la peur que l'on touche au vivant et au naturel".

Une des raisons cruciales du rejet des plantes génétiquement modifiées se réfère à l'indépendance socio-économique des agriculteurs. Ils sont tenus de racheter, chaque année, les semences auprès des firmes agrochimiques, voire, payé des royalties dans certains cas. La réalisatrice déclare que : "Plusieurs fermiers (…) ont été traînés en justice parce qu'ils avaient le colza Round up Ready dans leurs champs et ils n'avaient pas payé les royalties. Pourtant, la plupart avaient été victimes d'une contamination." Cette situation a suscité l'organisation d'une grande résistance populaire. Certains témoignages expriment, à la fin du film, la protestation des paysans syndicalistes, des agriculteurs…, ce qui montre le caractère polémique du film, voire son orientation. Compte tenu de ce caractère relativement orienté, j'ai présenté oralement le film et demandé aux étudiants de suivre le film avec un œil critique comme nous le verrons mieux par la suite.

Dans cette même perspective, un paysan syndicaliste indien dit, au cours d'une réunion ayant comme programme : la campagne de résistance contre le blé RR : " avec les semences fermières, le pain avait du goût. Ils veulent que nous rachetions des semences tous les ans.

Elles ne sont pas réutilisables. Nous serons dépendants d'eux, à tous les niveaux. Dépendants de ces sociétés qui régenteront le pays. C'est ça, leur projet. On va s'opposer à eux dans toute la région. Si on trouve leurs semences dans les magasins, on y mettra le feu. On ne les laissera pas faire."

Au cours du même débat, Yudvir Singh, le porte-parole de Bhartiya Kisan Union du nord de l'Inde sensibilise les paysans syndicalistes en disant : "Monsanto, Cargill et d'autres sociétés étrangères veulent venir vendre leurs semences ici. Les paysans doivent être informés. Dans certains endroits, ils utilisent des noms indiens, comme Djeganesh ou Mahalakshmi, pour vendre leurs semences."

Un autre paysan dit :

"On va s'armer de bâtons… puisqu'ils sont tordus on va les redresser. Nous sommes le peuple de l'Inde ! "

Dans le document TTHHÈÈSSEE En vue de l'obtention du (Page 190-194)