• Aucun résultat trouvé

responsable des projets pour les réfugiés à SOVA

Dans le document Enfants et jeunes nouvellement arrivés (Page 120-123)

Quand l’empathie des pairs devient un outil efficace contre l’isolement social.

Des jeunes de 14 à 18 ans qui ont eux-mêmes récemment fait l’expérience de com- mencer une nouvelle vie au pays de Galles accompagnent des jeunes mineurs isolés qui viennent d’arriver. Dans un lieu accueillant parce que informel où ils se retrouvent autour d’activités de socialisation sur des modalités très simples (échanger autour d’un café, jouer à des jeux de société…), ce qui se joue là c’est bien la prise en charge d’un groupe d’individus souvent discriminés, auquel on ne peut accéder qu’avec difficulté.

Cardiff, capitale du pays de Galles accueille un peu plus de 1 000 adultes demandeurs d’asile pour 315 000 habitants. Un rapport de Save the Children publié en 2005 estime que 70 mineurs isolés sont soutenus par les services sociaux au pays de Galles, dont la majorité sur Cardiff.

L’association SOVA (Supporting Others through Volunteer Action « Soutenir les autres par le volontariat ») existe depuis trente ans. Elle a pour but de venir en aide aux com- munautés en soutenant les personnes les plus fragiles. 44 % des activités de l’associa- tion sont consacrées à des adolescents et jeunes adultes. Ces jeunes sont envoyés à SOVA pour différentes raisons : parce qu’ils sont exclus de l’école, pour des actes de délinquance, ou parce qu’ils sont en train de quitter l’Aide sociale à l’enfance, sont réfu- giés ou demandeurs d’asile, sont sans emploi, ou simplement n’ont pas accès à des activités générales. Depuis quelques années, l’association SOVA s’est de plus en plus investie auprès de réfugiés et de jeunes demandeurs d’asile.

En 2003, les services d’aide à l’enfance de Cardiff constatent que quarante mineurs réfugiés isolés placés auprès de l’Aide sociale à l’enfance auraient besoin d’un accom- pagnement pour s’intégrer au sein de la communauté locale. Ces jeunes sont d’autant plus vulnérables qu’ils arrivent dans un pays inconnu, sans liens familiaux ou sociaux. Suite à ce constat, l’association SOVA, en partenariat avec les services sociaux de Cardiff et les Conseil pour les réfugiés gallois, crée en 2004 un centre de rencontres pour jeunes mineurs isolés, appelé YANA (You Are Not Alone « Tu n’es pas seul »). Ce projet s’adresse à des mineurs isolés soutenus financièrement par l’Aide sociale à l’en- fance de Cardiff, mais vivant de manière indépendante. Il vise à les aider à perdre leur sentiment d’isolement, à les encourager à s’intégrer et à participer à des activités au sein de la communauté avec d’autres jeunes du même âge. Quarante mineurs isolés de 14 à 18 ans sont actuellement soutenus dans le cadre de ce projet, tous ayant été adressés à SOVA par les services d’aide à l’enfance.

L’idée du projet est de créer un lieu du type café, le centre YANA, offrant un environ- nement protecteur et accueillant, où les jeunes réfugiés puissent venir sans être victi- mes de racisme et sans peur d’être ridiculisés du fait de leur maîtrise partielle de l’anglais. La spécificité de ce centre, c’est que les jeunes réfugiés y vont pour retrouver d’autres jeunes du même âge, spécialement recrutés par l’association SOVA. Ces pairs, scolarisés en classes de première et terminale, sont spécialement recrutés sur avis et recommandation des enseignants et éducateurs des établissements scolaires et tra- vailleurs sociaux intervenant auprès de minorités ethniques et de demandeurs d’asile.

La spécificité du projet est que tous les pairs recrutés ont eux-mêmes été des enfants nouvellement arrivés ayant fait l’expérience de commencer une nouvelle vie au Royaume-Uni. L’année dernière, trois pairs étaient eux-mêmes des mineurs non accompagnés arrivés quelques années auparavant sur Cardiff. Ayant tous dû pareille- ment s’adapter à la société d’accueil, ils ont beaucoup d’empathie pour les mineurs iso- lés. De plus, les pairs, du fait de leurs origines diverses, ont des connaissances linguistiques très diversifiées, ce qui aide à la communication. Chaque année, dix jeu- nes pairs sont recrutés et formés pour accompagner les mineurs isolés. Durant la for- mation, ils sont, entre autres, sensibilisés aux questions relatives aux jeunes réfugiés, au droit d’asile, etc. Ils participent ensuite aux activités de groupe au sein d’un centre de rencontre pour les jeunes, en présence d’adultes bénévoles et de travailleurs sociaux. Du fait de leur âge, les pairs interviennent plutôt en tant « qu’amis » ou « copains ». En effet, parce qu’ils ont moins de 18 ans, on ne peut pas exiger des pairs qu’ils accompagnent individuellement des mineurs isolés. Si jamais des mineurs isolés ont besoin d’un accompagnement individuel personnalisé, nous les adressons à des accompagnateurs adultes (mentors) formés à ces fins. À l’issue de leur participation, les pairs obtiennent un certificat prouvant leur engagement auprès des mineurs isolés. Les mineurs isolés et leurs pairs se rencontrent dans un centre social, situé au Conseil gallois pour les réfugiés à Cardiff. Le centre est ouvert le samedi toute la journée de 10 heures du matin à 10 heures du soir et le mercredi de 15 heures à 20 heures. Les mineurs isolés et les jeunes pairs s’y retrouvent pour discuter, faire des jeux de société, faire de la musique, faire du théâtre, aller sur Internet ou jouer à l’ordinateur. C’est grâce aux donations de nombreuses organisations que la salle a pu être équipée avec une table de billard, de nombreux ordinateurs, et qu’a pu être installée une cuisine pour qu’ils puissent préparer à manger ensemble. À chaque fois, un goûter est offert aux jeu- nes, lors duquel ils peuvent s’asseoir et discuter ensemble. Le centre a vraiment per- mis de faciliter la communication et les contacts avec les mineurs isolés, groupe souvent discriminé, auquel on ne peut accéder qu’avec difficulté. En outre, des activi- tés sont prévues à l’extérieur : visites touristiques, cinéma, activités musicales… Plus de trente jeunes participent régulièrement aux activités du centre. Les vacances sont le moment où les jeunes se sentent le plus seul. Ainsi, nous prévoyons de nombreuses activités et sorties durant ces périodes. Les activités sont régulièrement revues en fonc- tion des besoins éducatifs et des envies des jeunes exprimées par l’intermédiaire de questionnaires. Les pairs nous aident également à adapter le projet.

L’engagement des pairs et des organisations partenaires ont été d’une importance considérable dans le succès du projet. Les membres du comité de pilotage du projet et les organisations qui y ont contribué par le biais de notre réseau, telles que le Conseil gallois pour les réfugiés, EMAS, Save the Children et beaucoup d’autres, ont été très impliqués dans le projet. Les jeunes et les organisations ont largement contribué à insuffler une grande énergie et de l’enthousiasme au projet et à en assurer le succès. En outre, les jeunes réfugiés ont montré un haut niveau de motivation. Ils apprécient énormément tout ce qui est entrepris en leur faveur et ont tous répondu au projet avec enthousiasme.

Le recrutement de pairs/amis, eux-mêmes anciennement arrivés dans le pays, a été particulièrement positif. Alors qu’ils ne sont pas de même nationalité, ces autres jeunes anciennement arrivés pouvant avoir des difficultés à parler ou écrire en anglais éprou- vent de l’empathie pour les nouveaux. Ils partagent tous le même problème d’avoir dû s’intégrer dans la société d’accueil, d’être confrontés à différentes formes de racisme, aux problèmes d’accès au système d’éducation et aux formations, etc. L’intégration des mineurs isolés a été grandement facilitée par les amitiés liées aussi bien au sein du centre

qu’en dehors. Le développement personnel de ces jeunes a été tel qu’ils se sentent maintenant capables de participer à des activités en dehors du projet, d’accéder de manière autonome à des services d’éducation, de formation, de santé, à des activités au sein de centres de loisirs ou centres religieux.

Au départ, nous n’avions pas fait de demandes de financements. Ceci a été très pro- blématique et ce n’est qu’après de nombreuses demandes que nous avons pu consti- tuer un budget suffisant pour développer autant d’activités que nous le faisons actuellement.

La première chose dont les mineurs isolés ont besoin est de maîtriser la langue anglaise. À Cardiff, c’est un problème puisque la demande excède l’offre de cours de langue et que cette dernière ne dure souvent que huit heures par semaine. Nous envi- sageons donc d’offrir des cours d’anglais langue étrangère dans le cadre des activités du centre. L’accès à des logiciels d’anglais langue étrangère au centre viendrait com- pléter cette formation de langue, permettant aux jeunes de travailler de manière indé- pendante. Nous pensons qu’il serait particulièrement positif pour leur développement personnel d’avoir un ordinateur (d’occasion) personnel chez eux, aussi bien pour la maîtrise de la langue que pour leurs compétences informatiques. Nous souhaiterions également prévoir un minimum de quatre visites/voyages par an, offrir des sessions de conseil pour les jeunes (en matière d’immigration et d’asile particulièrement, dans le cas où ils essuient un refus et encourent des risques d’expulsion). Nous pensons éga- lement développer des activités de thérapie par les arts (théâtre, vidéo, nouvelles tech- nologies). Nous cherchons à mettre en place un groupe d’encadrement du projet afin que celui-ci réponde au mieux aux besoins actuels et naissants des jeunes. Enfin, nous avons prévu d’élaborer un plan individuel de progression des jeunes réfugiés, afin d’identifier les étapes de leur développement et de leurs progrès.

Deux responsables de SOVA sont employés à plein temps pour encadrer ce projet, financé par le ministère de l’Intérieur du Royaume-Uni et par le Fonds « Challenge ».

Dans le document Enfants et jeunes nouvellement arrivés (Page 120-123)