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accompagnements d’enfants nouvellement arrivés à l’AFEV Acteur de la lutte contre les exclusions, l’AFEV implique des étudiants dans des actions d’ac-

Dans le document Enfants et jeunes nouvellement arrivés (Page 45-47)

compagnement éducatif depuis 1992. En 2001, l’AFEV a initié, aux côtés de l’Éducation natio- nale, une action concourant spécifiquement à l’intégration des enfants primo-arrivants, dès leur arrivée sur le territoire. L’action pionnière fut celle de Toulouse menée en étroit partena- riat avec le CASNAV et le collège où avait lieu l’intervention (voir le chapitre « Mieux connaî- tre l’autre », AFEV Toulouse).

Les premiers projets menés en lien avec ce public ont forgé une forte culture du partenariat. Celui-ci a été forgé dans l’idée que pour un public spécifique, la réponse n’était pas tant dans la spécialisation des étudiants qui intervenaient (même si des expériences intéressantes ont été menées avec des étudiants en FLE), mais plutôt dans l’action avec les acteurs en dehors de l’AFEV, fortement impliqués auprès de ce public, et dans la possibilité donnée aux étudiants de se former au contact de ces personnes. Si l’accompagnement d’un enfant d’un environne- ment familial, sociologique et culturel différent, est toujours, pour l’étudiant qui s’engage, une expérience de l’altérité, il semble que cet effet soit décuplé pour un étudiant qui se retrouve face à un enfant nouvellement arrivé.

En effet, l’enfant ou le jeune suivi n’est pas en rupture avec l’institution scolaire comme c’est le plus souvent le cas avec les enfants traditionnellement ciblés par l’accompagnement. L’enfant nouvellement arrivé peut parfois être bon élève : il n’en reste pas moins éloigné de la culture scolaire et, plus globalement, des codes culturels de cette société où il arrive. L’étudiant se trouve confronté à un jeune qui porte un regard neuf sur son environnement et qui, en obligeant l’autre à se décentrer, questionne profondément ses repères.

Ces accompagnements se sont, depuis lors, multipliés sur les sites d’intervention de l’AFEV au moment même où s’opérait une refonte de la politique publique d’accueil et d’intégration des primo-arrivants (redéfinition des missions du Fonds d’action sociale et, plus tard, mise en place du contrat d’accueil et d’intégration).

Ils se sont déclinés selon les territoires sur diverses modalités d’intervention, avec à chaque fois des effets différents selon l’âge du jeune suivi, ses conditions de vie et de scolarisation, les moments et lieux d’intervention, le degré d’individualisation du suivi, les possibilités de mener à bien des sorties à deux ou des projets collectifs…

Les expériences qui sont présentées dans les pages suivantes rendent compte de la diversité des actions qui ont été menées avec malgré tout un fil conducteur, point nodal de tout accom- pagnement mené à l’AFEV quelle que soit la spécificité des publics : la création d’un lien social

inédit entre deux jeunesses et un appui offert à un jeune, quelles que soient ses difficultés, qui peut l’aider à se projeter dans un parcours éducatif, une insertion sociale et in fine concourir à la formation du citoyen qu’il va devenir.

Le projet

Aujourd’hui des actions spécifiques « enfants nouvellement arrivés » sont développées sur une vingtaine de sites (sur un total d’une trentaine d’antennes locales).

Plusieurs partenariats ont été formalisés avec les CASNAV ou des associations qui intervien- nent auprès des publics migrants. Le degré d’implication des équipes éducatives, notamment les enseignants de CLIN et de CLA, est souvent un facteur de réussite.

Au niveau national, le partenaire privilégié de l’action, outre le ministère de l’Éducation natio- nale a été le Fonds d’action et de soutien à l’intégration et la lutte contre les discriminations (FASILD) qui, à travers une convention pluriannuelle, nous a permis de nous investir de manière croissante sur ce public.

Les enfants nouvellement arrivés ou d’origine étrangère étaient déjà les publics prioritaires des premiers dispositifs d’accompagnement à la scolarité : les « AEPS », animations éduca- tives périscolaires.

Dans la dernière charte d’accompagnement à la scolarité de 2002, il est précisé qu’une « attention toute particulière sera portée aux enfants récemment arrivés en France, quelles que soient par ailleurs les modalités de leur scolarisation ». C’est dans cet esprit que l’AFEV a coordonné au niveau national les actions menées auprès des enfants nouvellement arrivés qui ont souvent pu, au niveau local, s’insérer dans des dispositifs du type contrats locaux d’accompagnement à la scolarité (CLAS). Parfois certaines actions spécifiques ont bénéficié d’un appui du FASILD.

Publics

Ce sont des enfants nouvellement arrivés en France ne maîtrisant pas ou peu la langue fran- çaise, scolarisés dans une classe d’accueil ou autre structure spécifique de l’Éducation natio- nale ou non.

Une attention particulière est portée aux modalités d’implication des parents des enfants sui- vis, souvent non francophones, qui font face, eux aussi, à des problématiques d’intégration. ■

Objectif(s)

Faciliter le processus d’intégration sociale et culturelle des enfants nouvellement arrivés – et de leurs familles – à travers un accompagnement dans leur découverte de la société d’accueil et un appui dans leur scolarisation en France.

Il s’agit, à travers cet accompagnement, de valoriser les compétences multiculturelles de ces enfants plutôt que de les envisager à travers leurs déficits.

Par un accompagnement souple et centré sur les besoins de l’enfant, les étudiants aident les enfants à développer leurs compétences langagières, à accéder à de nouveaux codes cultu- rels et à développer leur culture scolaire.

Les étudiants qui ont l’occasion de rencontrer et nouer avec ces enfants un lien social privi- légié sont amenés à envisager différemment des cultures qu’ils méconnaissaient ou pensaient connaître mais aussi, parfois, à changer de regard sur leur propre culture.

Démarche adoptée

Comme les autres actions d’accompagnement éducatif, le ciblage d’enfants qui pourraient particulièrement bénéficier d’un accompagnement est fait par les équipes enseignantes. Les accompagnements sont alors proposés si les familles donnent leur accord.

Hors temps scolaire, à raison d’une ou deux séances hebdomadaires, l’accompagnement individualisé se fait au sein de l’établissement scolaire, du domicile familial ou d’autres struc- tures d’accueil (centres d’accueil pour demandeurs d’asile [CADA], etc.)

Il se décline autour des axes suivants :

– développement des capacités communicationnelles : échange oral privilégié dans une approche non pédagogique, mais en offrant un espace au jeune pour s’exprimer sans peur du jugement ou de la sanction, ou des pressions exercées généralement au sein du groupe (que ce soit en classe ou au contact des enfants scolarisés dans les établissements en classe ordi- naire) ;

– citoyenneté, découverte de l’environnement social et culturel : sorties organisées dans la ville afin de s’approprier les lieux/équipements publics et espaces de citoyenneté et les faire découvrir à leurs familles ;

– projets spécifiques : les étudiants peuvent être amenés à mettre en place des projets col- lectifs tels que la conception et réalisation d’ouvrages, réalisation de journal, montage d’ex- position photos. Ces actions ont pour objectif de reconnecter les suivis individuels à une dynamique plus collective et de rendre acteurs et de valoriser les enfants nouvellement arri- vés (il s’agit de casser l’effet ghetto des classes d’accueil) ;

– le projet est coordonné par un salarié de l’AFEV.

Il n’est pas demandé aux étudiants qui souhaitent s’engager d’être dans une filière spécialisée type français langue étrangère ou sciences de l’éducation, même si plusieurs actions ont pu être menées avec des étudiants ayant ce profil. Au fond, l’important est de ne pas se posi- tionner comme spécialiste par rapport aux enfants, mais de les envisager de manière la moins cloisonnée possible en valorisant surtout leurs potentiels. En ce sens, la philosophie de l’action ne diffère pas de celle des accompagnements des jeunes en difficulté ou en échec scolaire.

Dans la mesure des partenariats noués, le salarié propose aux étudiants bénévoles une for- mation spécifique sur les problématiques du public des enfants nouvellement arrivés, en plus du plan de formation traditionnel de l’AFEV (« Qu’est-ce que l’accompagnement éducatif ? » « Comment cet accompagnement s’inscrit-il dans le cadre de la lutte contre les exclu- sions ? »). Cette formation est en général animée par les personnels des CASNAV ou autres intervenants spécialistes de la question interculturelle.

Implication des familles

L’AFEV entend valoriser les compétences éducatives des parents et développer une coopéra- tion entre les familles, l’école et le quartier, afin d’investir les parents dans l’accompagnement à la scolarité de leurs enfants. Cette démarche s’applique a fortiori en direction des parents primo-arrivants qui ont d’autant plus de difficultés à s’inscrire en acteurs dans la société d’ac- cueil. Il faut toutefois considérer qu’il n’est pas aisé d’impliquer des parents parfois complè- tement non francophones.

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