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Leviers et freins Quelles sont les réussites ?

Dans le document Enfants et jeunes nouvellement arrivés (Page 57-59)

L’amélioration de l’échange

Les formations et réunions mensuelles ont été particulièrement bénéfiques pour les étu- diants. Ils ont eu l’occasion de poser des questions ayant trait à l’accompagnement éducatif d’enfants nouvellement arrivés et à ses implications, d’échanger autour de leurs expériences personnelles, d’approfondir des pistes de réflexion et ainsi d’aborder positivement leur enga- gement auprès de ce public. Au cours de l’année, les réunions mensuelles ont été très utiles pour tranquilliser les étudiants sur leur travail avec les adolescents. Elles ont permis à ceux qui démarraient l’action de bénéficier des conseils d’étudiants plus expérimentés (quatre avaient déjà fait de l’accompagnement à la scolarité).

La dynamique de groupe

Les réunions ont également permis de créer un esprit de groupe très fort et une très bonne dynamique de travail entre les étudiants, malgré le caractère individualisé de l’accompagne- ment. Elles leur ont permis de faire le lien entre leurs expériences et ainsi de ne pas se sentir isolés dans leur action. Cette dynamique de groupe s’est traduite par la mise en place du pro- jet collectif.

La démarche de partenariat

Grâce à l’implication forte des partenaires, aux multiples réunions entre participants et inter- venants extérieurs, le projet a pu être conçu et mis en œuvre en commun, enrichi par les nom- breux échanges et la coopération entre acteurs. Les bilans et retours des partenaires vont ainsi permettre de revoir le projet en fonction des avis positifs, critiques et propositions d’amélioration.

Certains adolescents et leur famille ont créé des liens très étroits avec l’étudiant bénévole. Ce fut principalement le cas pour les familles dont le domicile était éloigné du collège : les béné- voles ont été amenés à passer des journées entières au sein de la famille. Il ne s’agissait alors plus du tout d’un accompagnement à la scolarité, mais du partage du quotidien et de la vie en famille. Si ces visites bimensuelles ont rendu possible un soutien aux familles dans les tâches administratives, ainsi que dans l’accès à des activités extrascolaires (centre culturel, biblio- thèque), elles ont principalement contribué à étroitement lier familles et étudiants concernés. Quels sont les facteurs de réussite ?

L’implication de l’enseignante

L’engagement de la principale de la CLA-NSA a été déterminant dans la réussite du projet. Celle-ci a eu une influence considérable sur la conception et la mise en œuvre du projet. Son implication et sa disponibilité ont représenté une grande source de motivation pour les élèves et étudiants tout au long de l’année.

L’engagement des étudiants

Dans ce contexte, les étudiants se sont montrés particulièrement engagés, tous ont poursuivi l’accompagnement à domicile jusqu’à la fin de l’année scolaire. Ils ont accepté le challenge

d’un emploi du temps contraignant : accompagnement, réunions mensuelles, travail addi- tionnel pour l’exposition de photos.

Les moyens mis en place et le soutien des partenaires

Les partenaires se sont montrés particulièrement investis dans le projet, aussi bien au niveau de la conception qu’en matière de soutien financier. Ainsi, le FASILD a accepté de financer spécifiquement le projet. Le PRE, la FNAC et la ville de Rennes ont participé au financement ; la FNAC a fait les agrandissements et les supports.

Quelles ont été les difficultés ?

L’implication des parents dans le projet

Le point négatif principal se situe dans le manque de contact, avant et au cours de l’action, avec certains parents. Dans plus de la moitié des cas (six enfants sur dix), la communication avec les parents s’est avérée assez difficile. Les raisons sont multiples. Dans un certain nombre de cas, la situation familiale n’était pas suffisamment stable pour permettre une communication suivie. Ainsi, plusieurs enfants ne vivaient pas nécessairement avec leurs parents, mais avec des proches, dans des familles recomposées, etc. Certains étudiants ont fait état de leur dif- ficulté à comprendre la situation parentale et familiale des jeunes qu’ils accompagnaient (qui étaient les membres de la famille présents en France, parents, frères, sœurs, interlocuteurs à privilégier) et la situation administrative des familles (demandeurs d’asile, réfugiés, migrants irréguliers, regroupement familial…).

Les sorties à l’extérieur ont parfois permis au jeune et à l’étudiant de s’éloigner de situations tendues.

En outre, l’accompagnement dans certaines familles a pu pâtir d’un problème de compréhen- sion des objectifs, forme et fins du projet par les parents ou la famille. La communication limi- tée avec les adultes en charge du jeune a été la source de complication, comme dans un cas où une étudiante fut renvoyée de la maison par la belle-mère de l’enfant qu’elle accompagnait, alors même que l’enfant et l’étudiant étaient tout deux satisfaits.

Les questions pédagogiques

Après les premières séances, les étudiants ont exprimé leurs inquiétudes face au retard sco- laire considérable des élèves accompagnés, qu’ils pensaient avoir pour tâche d’aider à rattra- per. La responsable AFEV et la professeure de la CLA ont veillé à expliquer dès la première réunion mensuelle qu’il n’est pas du ressort des étudiants de remettre à niveau les adoles- cents. La question des devoirs à faire à la maison a également été sujette à débats en début d’années : plusieurs étudiants étaient d’avis que les devoirs étaient d’un niveau trop élevé pour les élèves de la CLA-NSA. Ce problème fut donc soulevé et ce fut l’occasion d’un échange pédagogique entre l’enseignante et les étudiants. L’enseignante a expliqué que l’important n’était pas que l’enfant réussisse parfaitement ses devoirs, mais qu’il acquière une méthode de travail, qu’il réfléchisse, avec l’aide de l’étudiant, aux moyens de résoudre les problèmes, au raisonnement à adopter. Elle a également souligné l’importance de l’individualisation du suivi de l’enfant selon ses besoins particuliers.

L’éloignement du domicile

Une difficulté supplémentaire tient à la spécificité de la classe dont le recrutement se fait à échelle départementale. En effet, cette classe s’adresse à des jeunes non francophones et non scolarisés antérieurement ne résidant pas nécessairement à Rennes. Cet éloignement de cer- tains des élèves a des répercussions multiples. Tout d’abord, l’accompagnement de deux élè- ves résidant loin de Rennes n’a pas pu avoir lieu à domicile. Dans ces deux cas,

l’accompagnement s’est passé au collège. En outre, il a été impossible de prévoir une sortie collective en raison de la difficulté à coordonner élèves et étudiants du fait de leur lieu de rési- dence, de la diversité des jours et heures d’accompagnement, etc.

La compréhension par les adolescents des tenants et aboutissants du projet photos

Tous les élèves ont beaucoup apprécié le projet photo. Cependant, plusieurs n’ont pas com- pris l’objectif premier du parcours photographique et, surtout, n’ont pas envisagé qu’une exposition de photos naîtrait du parcours photographique. Finalement, l’exposition a été mise en place à la FNAC après la fin de l’année sans que les enfants aient pu la voir. Cependant elle sera exposée dans les collèges du dispositif AFEV, dont leur collège.

Bilan

En quoi l’action a-t-elle répondu aux objectifs ?

Il est difficile de mesurer les effets de l’accompagnement en termes de progrès de l’élève. Le lien de cause à effet n’est pas direct, même s’il est certain que des progrès ont été faits. Toutefois, il apparaît clair qu’enfants et étudiants ont lié un contact réel, une relation indivi- duelle basée sur la confiance, particulièrement importante dans le processus d’intégration. Les étudiants semblent avoir offert un soutien très bénéfique pour les enfants.

Le souhait de plus de la moitié des étudiants bénévoles de continuer à travailler avec des élè- ves nouvellement arrivés est un signe que le projet a répondu aux objectifs fixés de sensibili- sation des étudiants.

Quels effets inattendus ont éventuellement été produits ?

Les étudiants ont été particulièrement marqués par cette expérience psychologiquement et émotionnellement très forte. Tous ont été particulièrement affectés par la situation adminis- trative, sanitaire et familiale des enfants accompagnés et avaient beaucoup de mal à accep- ter que les enfants vivent dans des conditions déplorables ou risquent d’être expulsés du fait de leur statut administratif. Leur engagement auprès d’enfants nouvellement arrivés les a d’autant plus sensibilisés aux problématiques d’immigration et d’intégration. Certains des étu- diants ont ainsi décidé de parrainer des enfants risquant d’être expulsés et sont maintenant par exemple membres du Réseau éducation sans frontières.

Dans le document Enfants et jeunes nouvellement arrivés (Page 57-59)