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enseignante de la CLA-NSA du collège Montbarrot

Dans le document Enfants et jeunes nouvellement arrivés (Page 60-63)

Ce qui m’intéressait dans ce partenariat avec l’AFEV n’était pas tant l’accompagnement à la scolarité en tant que tel que la découverte du monde qui les entoure (les sorties éducatives), ainsi que la démarche d’implication des familles.

Le contenu n’est pas l’essentiel en termes de compétences scolaires, mais plutôt la connaissance du pays qui les accueille, de la ville, le partage culturel, le lien avec la famille en cohérence avec l’école et puis ce bain de langue française à chaque fois que l’étudiant et le jeune se rencontrent.

Il faut davantage travailler sur des habitudes à prendre dans le travail que sur le contenu en lui-même, travailler les compétences transversales comme l’autonomie, la présence à tous les cours, comprendre l’importance d’y assister.

Je trouvais également très intéressant de mettre en place un projet concernant tous les élèves de la classe, cela a permis aux élèves de voir le lien réel entre l’AFEV (et leur étu- diant) avec leur enseignante et leur famille, tous ensemble pour les aider à trouver leur place et leur donner les moyens d’y arriver.

Il était très important que le projet soit une production dont la trace soit visible et mise en valeur pour que les élèves soient fiers et conscients du chemin parcouru.

Les étudiants sont des bénévoles et sont par conséquent très impliqués…

Il n’est pas toujours facile avec la fatigue et après quelques mois de relation duelle avec un enfant de prendre du recul. Les réunions de concertation que nous avons eues étaient essentielles. Nous pouvions échanger sur l’enfant en comprenant ensemble qui il était, ce que l’étudiant pouvait apporter de ces entrevues avec la famille, de ces moments privilégiés avec l’enfant qui se confie davantage, etc., nous pouvions recou- per et comprendre son comportement en classe, au collège et inversement. Il y avait un véritable échange.

J’ai éprouvé des difficultés à un moment précis où, sans doute la fatigue aidant, j’ai mal pris certains propos d’étudiants. Il n’est pas toujours évident de représenter l’Éducation nationale (mise à mal puisque reconnue insuffisante) seule face à un groupe d’une dizaine d’étudiants, bénévoles et impliqués qui ne peuvent comprendre que la machine « collège » n’est pas aussi souple qu’on le voudrait. Il y a un moment où j’ai eu l’im- pression de rendre des comptes et j’en ai très rapidement discuté avec la responsable de l’AFEV, Claire, qui m’a complètement rassurée. Les étudiants avaient beaucoup de questions et j’y ai répondu, permettant en plus de comprendre ce que j’attendais de l’accompagnement, ce qui était possible et ce qui ne l’était pas.

Je ne fais pas ce travail par hasard et je me sens également très impliquée, ces moments de réunions étaient pour moi également du temps offert pour que ces enfants soient aidés, mais je sais aussi comment fonctionne le système, et qu’il faut faire avec ses imperfections.

Les étudiants ont eu des formations régulières et rassurantes… J’aurais bien aimé par- ticiper à certaines formations si cela avait été possible.

Je me souviens également de la déception relative des étudiants suite à l’intervention d’un professionnel en classe dont le discours n’était pas adapté pour les élèves… Je n’avais pas du tout le même regard sur cette intervention : ce professionnel n’était pas un pédagogue, il n’avait pas eu de formation pour intervenir auprès de ces élèves. En outre, si tout le monde s’adapte à la compréhension des élèves…, ils ne progresseront plus ! Ce qui fait plaisir aux jeunes est bien que ce soit un vrai professionnel qui inter- vienne, et son langage inadapté (aux élèves non francophones) est en un sens une preuve qu’il est professionnel.

Il fallait se satisfaire de cette intervention, les étudiants en attendaient plus, mais il fal- lait au final savoir à quoi elle servait, cette intervention devait motiver les élèves dans le cadre du projet, et tous étaient partants. Elle était donc adaptée, décevante, mais pour qui ?

C’est cette différence de regard qui est très riche dans l’échange.

Il est très difficile pour moi de savoir quels ont été les réels bénéfices palpables de ce suivi par l’AFEV. Comment comptabiliser ? Certes, les élèves gagnent en autonomie, etc. mais un an a passé également, et nous ne pouvons faire la comparaison avec et sans AFEV. Je crois que l’essentiel n’est pas tant dans les résultats quantitatifs visibles (les notes) mais plutôt dans le qualitatif et le non-palpable.

C’était une première et nous avons déjà tiré profit de nos erreurs.

Il faudra absolument maintenir les réunions de concertation. Et davantage présenter aux parents cet accompagnement pour permettre d’éviter les confusions (accompa- gnement = aide aux devoirs systématique).

En tout cas, les parents ne m’ont pas semblé plus impliqués, plus présents dans le col- lège, mais je sais maintenant qu’ils sont impliqués même s’ils ne sont pas plus pré- sents.

Un problème qui existait l’an passé va encore se poser cette année : la CLA-NSA est unique sur le département, et les élèves ne viennent pas forcément de Rennes ; l’ac- compagnement à domicile à 30 kilomètres de Rennes, c’est beaucoup demander de l’étudiant ! De la même façon, s’il se fait au collège, ce n’est plus tout à fait ce qui était attendu…

L’accompagnement

d’enfants et de familles

Dans le document Enfants et jeunes nouvellement arrivés (Page 60-63)