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de la classe allophone du collège du Breil

Dans le document Enfants et jeunes nouvellement arrivés (Page 87-91)

On travaillait depuis quelques années avec l’AFEV sur l’accompagnement scolaire des enfants allophones. Donc, à la présentation du projet par les étudiants et étant donné notre connaissance de l’association, ça nous a tout de suite intéressés. Nous trouvions intéressant que ce soit des étudiants de l’AFEV qui tiennent des ateliers de groupe au sein de la classe. Certains suivaient déjà les enfants à l’extérieur, cette fois-ci ils allaient participer au projet en classe, si bien que certains enfants connaissaient déjà les inter- venants quand le projet a commencé. On a énormément de sollicitations pour des stages au sein de la classe, toute l’année. Alors pourquoi ces étudiants plus que les autres ? Parce que le climat de confiance était là dès le départ de par « l’étiquette » et l’encadrement AFEV. À défaut, je n’aurais certainement pas accepté des « stagiaires » sur un projet aussi lourd. On a un lien de coopération très fort avec l’AFEV. Notre col- lège est situé en ZEP, et l’AFEV y intervient déjà depuis plusieurs années. La première année, ça a débouché sur une expo photo à la FNAC. De fil en aiguille, j’ai pris l’habi- tude d’inclure ce projet AFEV dans mon fonctionnement de classe.

J’ai accepté ce projet tout d’abord parce qu’il a débuté à un moment dans l’année où la classe était scindée en deux. Donc j’ai trouvé que c’était un bon moyen de relancer un groupe classe sur quelque chose d’un peu moins classique. Le groupe d’élèves arrivés en septembre et l’autre groupe se sont bien retrouvés autour du journal, ça leur a per- mis de faire mieux connaissance. Ça a été un bon moyen de cohésion. Dans la confi- guration où on était à l’époque, c’était complètement adapté. Ça nous a permis de mettre en œuvre des décloisonnements correspondant aux deux groupes de niveau.

Pendant que je travaillais avec l’un des groupes sur des questions scolaires, les étu- diants travaillaient avec l’autre groupe sur le journal. Et puis, cela représentait un autre mode d’encadrement. Ce projet a seulement pu être mené à bout sous cette forme parce qu’il y avait un nombre d’accompagnateurs suffisamment important. Parce que faire un journal, pour des enfants non francophones, c’est extrêmement difficile. Les enfants avaient des choses à dire, mais certains étaient là depuis un mois et n’avaient donc pas encore les moyens linguistiques de le faire. Dans le cadre du projet, nous avions pratiquement un accompagnateur pour deux enfants. Ça a permis de mettre en place un accompagnement quasi individuel au sein du projet journal, de faire des cho- ses un peu plus fines que si j’avais été tout seul, où les productions auraient été plus globales.

Ce que je trouve vraiment intéressant dans ce type de projet, c’est ce lien entre l’ac- compagnement individuel et l’intervention en classe. Je crois beaucoup en l’accompa- gnement individuel ; mais, même si on a une idée de ce qui se passe, on n’a pas un retour à 100 %. L’accompagnement individuel, c’est quelque chose de plus vaste, c’est une véritable ouverture linguistique et culturelle sur le monde par différents moyens. Avec les enfants allophones, il y a très peu de travail scolaire dans l’accompagnement individuel. Certains ont des très petits niveaux scolaires, c’est donc un peu prématuré de parler de soutien scolaire ou de quelque chose de la sorte. Il y a la conversation avec les étudiants, des jeux. C’est vraiment une socialisation et un accompagnement dans l’ouverture à la langue française. Il est possible de les emmener à la patinoire, de faire des choses que les enfants ne feraient pas eux-mêmes. Ceux-ci sont souvent confinés dans leur lieu d’habitation ou leur quartier, ils n’ont pas nécessairement cette ouver- ture-là. C’est vraiment une ouverture au sens large du terme. Alors qu’en petit groupe comme dans le cadre de notre projet, c’est déjà un peu plus scolaire, on est sur un projet commun avec des productions accompagnées d’apprentissage. C’est déjà plus classique, mais c’est complémentaire.

Je pense que c’est un petit plus que les étudiants soient spécialisés en FLE : l’approche linguistique est assez intéressante. Mais ne pas l’être n’est pas du tout éliminatoire. Dans le travail au jour le jour, ça leur a permis de cibler leur projet autour des diffi cultés de langue des enfants, tel qu’ils l’ont appris à la faculté. Ils ont pu avoir un encadre- ment théorique et pratique leur permettant de construire un projet adapté au niveau de langue des enfants. Les étudiants ne se posaient toutefois pas en enseignants. Il n’y avait pas de représentation classique de l’enseignant. C’était plus un travail de groupe accompagné, comme ça aurait pu l’être par des aides-éducateurs…

On a parlé un petit peu avec les étudiants de ce que l’Éducation nationale fait pour les enfants nouvellement arrivés en France. Les étudiants ont au départ une vision un peu angélique de la situation. C’est une question très compliquée, et il est certain que les étudiants ne se rendent pas nécessairement compte de ce qu’implique une classe allo- phone et des contraintes qui pèsent sur ce type de classe : quinze enfants, c’est quinze emplois du temps individuels. Je n’ai pas toujours ce luxe-là ! Mais je n’ai pas spécia- lement senti de critique de leur part, c’était plus une découverte de notre travail en classe allophone au jour le jour.

Cette année, on a recommencé un projet, c’est quelque chose de beaucoup plus clas- sique. Ce n’est pas aussi ambitieux que la création d’un petit journal parce que ce type de projet prend beaucoup de temps. Donc cette année (2006-2007), je norme un peu plus les interventions des étudiants en classe pour des questions de temps. Un groupe d’étudiants vient une heure par semaine. Ils font un projet autour du théâtre, suivi d’une sortie au théâtre en fin d’année. Je trouvais ça intéressant de continuer à travailler avec

l’AFEV, puisque les enfants sont suivis en individuel. Sur des petits projets comme ça, je trouve intéressant qu’à un moment donné dans la semaine, les enfants aient un autre interlocuteur que moi, parce que, dans un premier temps, je suis le seul référent au niveau de l’école. Il faut qu’ils aient affaire à quelqu’un d’autre, qu’ils aient une ouverture. Pour conclure, j’aurais trouvé intéressant de rencontrer des étudiants qui font du sou- tien individuel. Ce serait vraiment bénéfique d’institutionnaliser ce type de rencontre dans le cadre de protocoles.

Et puis il y a une chose à améliorer en urgence : nous avons de plus en plus d’enfants qui ne peuvent pas recevoir les étudiants chez eux : il y a vraiment un problème de loge- ment. Il faut, dans ces cas, creuser pour que l’échange se fasse quand même. Il fau- drait pouvoir trouver un lieu neutre : peut-être considérer la médiathèque de quartier…

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Dans le document Enfants et jeunes nouvellement arrivés (Page 87-91)