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délégué territorial du pôle AFEV Rhône)

Dans le document Enfants et jeunes nouvellement arrivés (Page 91-94)

Le projet « Histoires de couleurs » a commencé au début de l’année 2002. Une étudiante inter- venant à domicile auprès d’un enfant nouvellement arrivé a proposé aux responsables de l’AFEV de faire un travail collectif sur l’écriture, en coopération avec une de ses amies écrivaines. Le projet a plu aux responsables de l’AFEV, qui ont pensé qu’il serait intéressant d’aller plus loin et d’éditer un ouvrage composé d’histoires écrites par les enfants nouvellement arrivés. Pour le premier ouvrage, il fut décidé de mélanger histoires fictionnelles et expériences des enfants. En tout, quatorze enfants ont participé au premier ouvrage. Tous étaient scolarisés dans une même classe de CLIN de l’école primaire Audrey-Hepburn de Lyon et étaient accompagnés de manière individuelle à domicile par des étudiants de l’AFEV. Le fait de travailler exclusivement sur une école a eu l’avantage de faciliter les interventions de l’écrivaine sur le temps scolaire, avec l’accord et en présence de l’enseignante de la CLIN.

L’auteure pour enfants est intervenue à deux reprises auprès des enfants de la CLIN. Elle est venue une première fois pour expliquer en quoi consiste son travail d’écrivain. Cette rencontre a été une grande source de motivation pour les enfants. Ceux-ci ont alors commencé à écrire leur histoire avec leur étudiant durant les séances d’accompagnement à domicile. L’écrivaine est intervenue une seconde fois à l’école pour mener un travail plus individualisé, une fois que les enfants avaient bien avancé dans la rédaction de leurs histoires. Ce jour-là, chaque enfant a été déchargé une demi-heure pour voir l’écrivaine et retravailler son histoire en individuel

avec elle, suivi d’un temps d’échange collectif. Après cette deuxième rencontre, les séances d’accompagnement ont servi à retravailler les histoires sur la base des commentaires et conseils donnés lors des rencontres individuelles. Certains frères et sœurs étant scolarisés dans la même classe, des histoires ont également été co-écrites par des fratries.

Après l’écriture des histoires, la deuxième étape a été de prendre les enfants en photo pour l’ouvrage Histoires de couleurs. C’est un photographe professionnel, travaillant pour le jour- nal local lyonnais, qui a accepté de le faire. Après avoir été photographiés, les enfants sont venus à l’atelier du photographe pour observer son travail de développement des photos. Il était important que le projet puisse également contribuer au développement d’une culture de l’image chez les enfants.

La dernière étape a été le travail avec la graphiste, chargée d’éditer le livret. Tout un travail a été fait sur la présentation et la reliure. La graphiste a travaillé sur le livre durant les vacances scolaires. Une fois édité, en septembre 2002, un exemplaire a été offert à chacun des enfants ayant participé au projet, ainsi qu’aux écoles, collèges, médiathèques, etc., afin de présenter et valoriser le travail des enfants nouvellement arrivés. Des exemplaires ont également été envoyés aux universités pour présenter le travail effectué par les étudiants impliqués. Enfin, après la sortie du livre, un travail a été mené par les enseignantes de l’école Audrey-Hepburn avec les enfants. Alors que les enfants venaient d’arriver en classe ordinaire, les institutrices leur ont proposé de présenter leur histoire aux autres enfants de la classe par l’intermédiaire du livre, ce qui a permis d’introduire les enfants nouvellement arrivés auprès de leurs cama- rades, tout en les valorisant.

Dès la première année, il avait déjà été décidé qu’il y aurait une suite au premier Histoires de

couleurs. Pour l’année 2002-2003, l’action de l’AFEV auprès d’enfants nouvellement arrivés

s’était étoffée, impliquant plus d’établissements scolaires, écoles primaires et collèges. Pour ce second ouvrage, il a donc été décidé de travailler, non pas avec une seule école, mais avec des enfants nouvellement arrivés scolarisés en écoles et collèges, toujours accompagnés indi- viduellement à domicile. Ce sont vingt et un enfants au total qui ont participé à l’écriture du livre. Au départ, il avait été prévu d’impliquer les parents dans l’ouvrage. Il avait été demandé aux parents, par l’intermédiaire des étudiants, de faire une présentation de leur pays pour le livre. Mais ça n’a pas marché. Peut-être leur avait-on mal expliqué, peut-être n’avaient-ils pas bien compris nos objectifs et nos intentions. Quoi qu’il en soit, certains n’ont pas voulu par- ticiper, d’autres ont seulement présenté une recette, croyant que c’était ce qui leur était demandé. Suite à cette mésaventure, le projet s’est orienté vers un travail sur le « passé, pré- sent, futur ». Durant les séances d’accompagnement éducatif, les enfants ont donc travaillé avec leur étudiant sur leur passé dans leur pays d’origine, leur vie en France et comment ils voyaient leur futur. Une rencontre fut organisée entre les enfants et la graphiste, ayant déjà réalisé le premier ouvrage, à sa demande. Cela a été l’occasion pour elle d’expliquer son tra- vail sur l’image aux enfants. Le deuxième livre a, lui, été publié en mars 2004, après un gros travail fait par la graphiste. Là encore, un livre fut offert à chacun des enfants.

Le troisième ouvrage n’a pas encore vu le jour. Il devrait être publié en 2007-2008, regrou- pant textes et images préparés en 2005-2006 et 2006-2007. En 2006, un projet innovant a été lancé : il s’agissait de faire travailler en binôme « virtuel » des adultes migrants, principale- ment des mères de première et deuxième générations, et des enfants nouvellement arrivés, scolarisés en CLA, tous suivis par des étudiants de l’AFEV. Il avait tout d’abord été demandé à chacun des adultes d’écrire une histoire et de donner une photo qui était importante pour

eux. Il était prévu que chaque enfant reçoive un texte et une image préparés par la même per- sonne. La tâche des enfants était alors d’illustrer avec une image le texte qui leur avait été transmis et d’écrire un texte sur ce que leur évoquait l’image. Ensuite, il était prévu de faire une exposition de ces travaux en binôme « virtuel ». Ça aurait été l’occasion de faire se ren- contrer adultes et enfants afin qu’ils puissent échanger leurs impressions sur les images et textes réalisés.

Cependant, nous avions sous-estimé la violence de certaines histoires personnelles racon- tées par les adultes. Certains ont, certes, produit des textes simples et utilisables par les enfants, mais d’autres ont choisi de retracer leurs histoires, leur vécu, les difficultés aux- quelles ils/elles avaient été confronté(e)s durant leur vie, dans leur pays d’origine, à leur arrivée et durant leur séjour en France. Certains textes étaient tellement durs qu’ils n’ont pas été envoyés aux enfants, d’autres textes n’ont pas du tout inspiré les enfants, si bien que seuls trois « binômes » ont véritablement fonctionné.

Nous allons donc essayer de faire une compilation à partir de tous les travaux faits en 2005- 2006 et des activités de 2006-2007, comprenant des productions d’enfants et d’adultes. Les financements pour « Histoires de couleurs » ont été nombreux et diversifiés. Pour le pre- mier ouvrage, la DRAC (Direction régionale de l’action culturelle) et le FASILD ont été les prin- cipaux partenaires financiers. La Fondation Air France, le FASILD et la DRDJS (Direction régionale et départementale de la jeunesse et des sports) ont largement financé le deuxième ouvrage. Ce sont la DRDJS et la DRAC qui financent la publication du troisième ouvrage, il est possible que l’ACSE participe.

Il est important d’ajouter que toutes les séances d’accompagnement éducatif ne sont pas consacrées à l’ouvrage. Ce type de projet ne peut commencer qu’au bout de quelques mois, une fois que les enfants se sont habitués au système et maîtrisent un peu mieux la langue. Le travail auprès des parents doit être pensé et réfléchi pour assurer un soutien et une impli- cation forte de leur part. La question de la « relation avec les parents » dans l’accompagne- ment éducatif est trop souvent sous-estimée, ce qui entrave alors la réussite des projets. C’est à nous, responsables de la coordination de l’accompagnement éducatif, de faire ce travail. En effet, les parents se sentent mis en confiance si les personnes représentant les structures d’accompagnement font l’effort d’aller les voir et de leur expliquer les objectifs, la forme et le sens que l’on veut donner à nos actions d’accompagnement éducatif.

Pour des enfants et adolescents, obtenir un résultat tangible à l’issue d’une action d’accom- pagnement est vraiment très valorisant. Il est toujours impressionnant de voir la réaction des jeunes lors de la présentation du produit fini, que ce soit une exposition photo, un livre, un site Internet, un journal. Alors que beaucoup de ces jeunes ont souvent l’impression de ne pas répondre aux attentes et exigences de leurs professeurs, ce type d’activités, aboutissant sur un résultat concret, les aide beaucoup dans l’estime de soi. En outre, ces supports peuvent ensuite être réutilisés à d’autres fins. Par exemple, les livres peuvent être utilisés en classe afin que l’enfant puisse se présenter par l’intermédiaire de ce qui a été produit en accompagne- ment éducatif, incitant les autres enfants à poser des questions et à s’intéresser au parcours de l’enfant nouvellement arrivé. Tout ce qui contribue à la valorisation et la reconnaissance des jeunes nouvellement arrivés auprès de leurs camarades et enseignants est un pas de plus vers l’intégration.

Dans le document Enfants et jeunes nouvellement arrivés (Page 91-94)