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Le repérage : garantie du synchronisme entre l’écrit et le dit

Chapitre III Le sous-titrage en Chine : un choix quotidien

3.1 Qu’est-ce que le sous-titrage?

3.1.1 Le repérage : garantie du synchronisme entre l’écrit et le dit

à découper les dialogues originaux en vue de produire des sous-titres qui apparaissent de manière synchrone avec le dialogue qu’ils accompagnent.

L’opération du repérage, fixant le nombre maximum de caractères par ligne ainsi que la durée précise d’apparition de chaque sous-titre sur l’écran (time-code), impose les contraintes d’espace et de temps dont tout sous-titreur devrait tenir compte pour la rédaction des sous-titres, de manière à ce que ceux-ci, placés aux endroits adéquats sur le film, soient lisibles pour les spectateurs visés.

Cela dit, le repérage doit impérativement s’effectuer préalablement à la traduction des dialogues originaux. Pour souligner le rôle décisif du repérage, Simon Laks, un pionnier du sous-titrage, précisait dans l’un des premiers ouvrages en la matière :

Le repérage constitue la première phase du sous-titrage d’un film. La première et la plus importante, car c’est celui-ci qui servira de base au travail du littérateur chargé de l’adaptation1.

Or, il est à signaler que le découpage des dialogues originaux ne constitue la première étape du sous-titrage cinématographique qu’à la fin des années 1950. Avant, le choix des emplacements des sous-titres s’effectuait plutôt après la réalisation de la traduction des dialogues originaux, première phase de l’opération, qui suivait le visionnage du film par le sous-titreur. Cela ne signifie pas que celui-ci peut se contenter de traduire la liste des dialogues originaux sans se soucier de quoi que ce soit. En effet, le sous-titreur devait procéder par lui-même au (premier) découpage en fonction duquel les techniciens prévoyaient les futurs emplacements des sous-titres sur le film. Le (premier mais largement décisif) repérage n’était pas chose facile, à plus forte raison qu’à défaut de moyens, le sous-titreur avait droit à un nombre très limité de visionnements du film, souvent un seul :

(Il) a vu le film en projection une seule fois, rarement deux ; même s’il possède une mémoire visuelle extraordinaire, il ne peut avoir retenu tous les détails de l’action ni discerner leur incidence sur le dialogue. Or, le sous-titrage est avant tout une affaire de détails1.

Pour se souvenir avec précision de détails importants, entre autres le rythme des dialogues, les changements de plans, avaient été alors adoptées de différentes méthodes, rudimentaires, telles que l’usage des lampes de poche pour marquer les changements de plans, des symboles écrits, etc2.

De cette manière, on produisait ainsi des sous-titres dont le rythme était dans une grande mesure imposé par le sous-titreur, au lieu de considérer le rythme du film original comme le seul guide du découpage des sous-titres. Il n’était pas donc rare de lire des sous-titres qui ne respectaient pas la règle de synchronisation.

Selon J.-F. Cornu3, cette situation a commencé à s’améliorer vers 1956-1957 où

des sous-titreurs demandaient aux laboratoires de sous-titrage pour que ceux-ci déterminent l’emplacement des sous-titres avant l’étape de la traduction. D’où l’auteur qui souligne.

1Simon Laks, Le sous-titrage de films : sa technique, son esthétique, Paris, Propriété de l’auteur, 1957, p. 21. C’est

l’auteur qui souligne.

2Plus de détails, consultez Jean-François Cornu, 2008, “Pratiques du sous-titrage en France des années 1930 à nos

jours”, pp. 9-16 dans Jean-Marc Lavaur et Adriana Serban, 2008, La traduction audiovisuelle-approche interdisciplinaire du sous-titrage, Bruxelles, de Boeck, p. 11.

l’opération du repérage.

Face à des praticiens qui ignoraient ou négligeaient cette opération indispensable qui n’était pas encore complètement généralisée à l’époque, Simon Laks ne tardait pas à tirer la sonnette d’alarme :

Certains littérateurs-adaptateurs n’attachent pas assez d’importance au repérage en tant que stade préparatoire de leur propre tâche, considérant celui-ci comme une sorte de ‘préjugé’. C’est un tort, [...] une adaptation en sous-titres ne doit

jamais précéder le repérage du dialogue, mais toujours lui succéder1.

L’importance du repérage, garant du synchronisme des sous-titres et des répliques qu’ils accompagnent, n’échappe aujourd’hui à l’attention d’aucun sous-titreur. Avant de procéder à la traduction, celui-ci reçoit normalement du laboratoire s’occupant du repérage, l’ensemble des dossiers nécessaires y compris la liste imprimée des dialogues originaux et le nombre maximum de caractères par sous-titre, un fichier informatique réunissant toutes les données du repérage, dans lequel le sous-titreur peut insérer le texte de sous-titres, ainsi qu’une cassette vidéo permettant au sous-titreur de visionner autant de fois qu’il le désire le film dans son intégralité ou de réécouter un segment de dialogues plus délicat qu’un autre.

En fait, au fil du développement des logiciels de sous-titrage, de plus en plus nombreux sont des sous-titreurs qui effectuent eux-mêmes le repérage. Cela alourdit leur travail, mais contribue dans un premier temps, à la fiabilité des sous-titres vis-à-vis des dialogues initiaux.

Le repérage, dictant les contraintes d’espace et de temps que tout sous-titreur devrait respecter, contribue en premier lieu à réaliser des sous-titres qui, d’un côté, favorisent la perception et la compréhension d’un film par les spectateurs, et de l’autre, demeurent aussi discrets que possible en vue de minimiser le préjudice que leur présence porte inévitablement à l’image, chère au cinéma.

1Simon Laks, Le sous-titrage de films : sa technique, son esthétique, Paris, Propriété de l’auteur, 1957, p. 13. C’est