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La rencontre ou la retraite d’initiation

CHAPITRE I : Les stratégies d’adaptation et d’intégration aux origines et la consolidation

3. Processus d’initiation et de conversion

3.2 La rencontre ou la retraite d’initiation

Le vendredi soir la retraite commence dans l’ÉCNP par des chansons de louanges. Une leader fait une prière et elle demande d’éteindre les cellulaires et que personne ne prenne de photos. Tout de suite, on projette des témoins qui affirment avoir eu une rencontre avec Dieu, pendant laquelle il les a aidés à pardonner, à guérir des blessures et à remplir leurs vides. Ultérieurement, on enseigne l’importance de faire confiance à Jésus et d’agir par la foi pour s’approcher de lui en manifestant une attitude positive. Après une prière finale, les participantes peuvent retourner chez elles.

Le samedi matin les femmes sont placées selon la distribution de l’espace par équipe. La pasteure Évelyne les accueillies et quelques femmes africaines ont dirigé la louange. Elles ont chanté en français, espagnol et anglais des chants comme : « Louangeons le seigneur!, il est vivant et il est ici ». Par la suite, il a été donné les enseignements suivants accompagnés de versets bibliques, conseils, prières spéciales et exercices pratiques :

1) Jésus veut guérir les personnes mais d’abord il les confronte au péché. Elles doivent confesser leurs péchés et comprendre leurs conséquences : le péché ouvre les portes aux malédictions et nuit aux sentiments, aux émotions, à l’âme, au domaine spirituel, à la santé, aux finances et aux familles. On distribue une feuille sur laquelle les participantes doivent entourer des chiffres qui correspondent à leurs péchés, sentiments et attitudes qu’elles souhaitent que Dieu enlève de leur vie. Dans la feuille on trouve la même liste de péchés que celle qui a été distribuée pendant la pré- rencontre, mais on y a ajouté d’autres péchés, leurs symptômes et leurs effets, comme la dépression et les ressentiments. Dans la liste, il ressort la masturbation, l’homosexualité, le tabagisme, l’ivrognerie, la toxicomanie, la gloutonnerie, la pratique de la numérologie, du spiritisme, du voyage astral, la religiosité, le légalisme, l’usage d’amulettes, le fétichisme, les vœux à Marie, l’idolâtrie et les pratiques africaines, comme consulter Gbah.

2) Les participantes reçoivent la « révélation de la Croix » et les bénédictions que cela entraîne pour les personnes qui croient aux implications du sacrifice de Christ. La leader reprend les

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enseignements de Castellanos (2003b : 17-20) à ce sujet : la couronne d’épines sur les tempes de Jésus signifie que les croyants reçoivent la libération de la malédiction économique. Jésus a reçu 39 coups de fouet et les scientifiques ont découvert 39 sources de maladies, de sorte que, par les blessures de Christ, les croyants reçoivent la guérison physique. Le clou d’une des mains de Jésus signifie que le croyant est libre de culpabilité. Avec le clou de l’autre main, les arguments que Satan avait contre les chrétiens ont été annulés et le clou des pieds représente la victoire sur l’oppression. Lorsque les soldats ont transpercé le côté de Jésus, de l’eau mêlée de sang est sortie de son corps, car le cœur de Jésus a éclaté pour que le cœur des croyants soit guéri.

3) Pour recevoir ces « bénéfices de la Croix » il faut d’abord confesser les péchés dans une profonde repentance pour que le sang de Jésus efface les péchés. Ensuite, on projette des séquences frappantes du film la passion du Christ, tandis que la pasteure dit :

« Par ces coups de fouet aucune maladie ne pourra s’imposer sur les croyants… Il a beaucoup souffert pour que tu puisses guérir… Regarde tout ce que Jésus a fait pour payer pour nos péchés… Ne dis pas à Jésus, à cause de ton attitude, qu’il a fait tout cela pour rien ».

De nombreuses femmes pleurent pendant la projection du film et les prières qui suivent. Elles doivent se mettre à genoux, tandis que la pasteure guide la prière du pardon par une méditation, pour réfléchir à la liste de péchés qui a été distribuée, afin de demander pardon et délivrance à Dieu pour chacun des péchés. J’écoutais la méditation jusqu’au moment où ma leader m’a dit : « Répète la prière! ». Quelques femmes prient « en langues » (glossolalie). Ensuite, la pasteure déclare que, par le pouvoir du sang de Jésus, les participantes ont été délivrées et guéries. Elle dirige la prière de la foi par laquelle les femmes acceptent Jésus et les bénéfices de son sacrifice. La pasteure leur demande de prendre la feuille de péchés et de déclarer les paroles suivantes :

« Ces péchés n’ont pas plus de puissance sur moi, parce que le sang de Jésus est venu effacer les effets que ces péchés avaient sur ma vie et personne ne va pas pouvoir m’accuser pour mes péchés, parce que Jésus les a effacés de son sang ».

Chaque participante passe en avant, face à l’autel, pour mettre sa feuille dans une déchiqueteuse. Ensuite, les femmes africaines commencent à diriger la louange et tous les participantes entonnent des chansons joyeuses comme: « Il m’a libérée » et « Jésus m’aime ». La pasteure Évelyne les encourage à élever des « cris de victoire », à chanter avec joie et à danser. Elles s’amusent et quelques-unes dansent, d’autres sautent, rient, applaudissent et s’embrassent. Après le repas de midi et les chansons de louange, on annonce qu’environ 300 femmes et 200 hommes participent

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aux rencontres. Ensuite, les leaders 12 reprennent les enseignements suivants:

1) Les expériences du passé ont été comme des épines qui laissent des blessures dans l’âme et le Saint-Esprit fait rappeler ces expériences, car Dieu veut enlever les épines pour guérir.

2) L’être humain a besoin d’amour, de pardon et d’éloges pour développer l’estime de soi et la confiance en soi. Ces besoins n’ont pas toujours été satisfaits car beaucoup de personnes ont souffert de rejet, d’abus verbaux et physiques. Il faut pardonner aux autres en s’aidant d’une prière guidée par la pasteure, afin de recevoir la guérison. Tandis que les participantes sont à genoux, Évelyne invoque le Saint-Esprit, en précisant que c’est lui qui connaît la vie de chaque personne et qui peut faire un rappel de ces expériences qui ont marqué leur vie. La pasteure a recours à des techniques psychologiques de régression et elle joue le rôle d’une mère qui demande pardon à sa fille, car elle a manqué à ses devoirs. Le rejet dans le ventre de la mère, les problèmes survenus pendant l’enfance et l’âge adulte, le manque d’amour ou de compréhension, sont évoqués lors d’une méditation accompagnée de musique instrumentale. Les participantes doivent pardonner toutes les erreurs de leurs mères. Évelyne assume aussi le rôle de père, de prêtre et d’autres personnes d’autorité qui demandent pardon aux participants pour les blessures que ces personnes ont causées. Les femmes doivent pardonner et prier pour leurs offenseurs. La pasteure encourage également les participantes à pardonner à elles-mêmes à cause de leurs complexes de culpabilité. Ensuite, les leaders 12 et les femmes guides ou leaders de cellules interviennent dans un jeu de rôles. Quelques femmes leaders 12 représentent une figure masculine quelconque et les guides jouent le rôle d’une mère ou de n’importe quelle femme avec laquelle les participantes ont besoin de parler, lors des processus de pardon et de réconciliation. Si une femme veut parler à son père, même s’il est mort, elle peut s’adresser à sa leader 12. Chaque femme doit faire cet exercice soit avec une leader 12 soit avec une guide, dépendamment du genre de la personne à qui la participante souhaite pardonner. Par exemple, une guide demande à la participante : « Quelle personne suis-je? » La femme lui répond : ma mère. La guide commence donc à jouer le rôle d’une mère qui demande pardon à sa fille et elle doit dire : « Je te pardonne pour telle et telle erreur ». De nombreuses femmes s’effondrent en pleurs et les leaders les embrassent, en exprimant des paroles de consolation. Après avoir écouté des balades d’adoration, comme « J’ai besoin de toi », la pasteure continue à prier en voix haute et parfois en langues. Elle encourage les personnes à vaincre le sentiment de dépression et la crainte d’être jugé par les autres.

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Antique où l’on donne les enseignements suivants : 1) Il faut briser des malédictions qui viennent de génération en génération, pour recevoir la délivrance de l’esclavage du péché et des attaches des esprits démoniaques. 2) Les causes des malédictions sont : les péchés des autres, l’idolâtrie, le manque de respect, l’adultère, la fornication, l’autosuffisance (dans le sens de ne pas compter sur Dieu), la malhonnêteté, voler Dieu ou ne pas donner la dîme, voler le gouvernement, mentir, manquer aux devoirs envers la famille et les malédictions que les personnes ont prononcé contre les autres. 3) Pour briser les malédictions, il faut réaliser que le sacrifice de Jésus a effacé l’acte par lequel les ordonnances condamnaient les pécheurs, mais il est important de renoncer au péché. Au début du rituel de délivrance, une leader prie pour briser les malédictions apparues suite à un adultère et la fornication depuis la dixième génération. Ensuite, une autre leader prie par la neuvième génération et ainsi de suite, chaque leader 12 à son tour prie pour une génération. Lorsque la prière pour la dernière génération est terminé, les leaders recommencent à prier de la même façon pour briser chaque malédiction causée par un péché spécifique, depuis la dixième génération jusqu’à la dernière. Elles demandent au Saint-Esprit de briser les malédictions et celles- ci sont éliminées sur la croix. Quelques personnes crient et émettent des sons bizarres, mais les participantes doivent rester les yeux fermés sans cesser de répéter les prières. Alors, les leaders imposent les mains en mettant de l’huile sur le front et sur la tête des participantes.

Elcie, une chanteuse africaine encourage les femmes à émettre un « cri de victoire » si elles se sentent libérées. Les participantes ont crié et chanté très fort plusieurs chansons, avec beaucoup d’enthousiasme. Quand Elcie chantait : « Celui qui dit que Jésus n’est pas le Seigneur », les femmes répondaient en chantant: « Il a menti! Il a menti! ». Lorsque Elcie disait : « Et celui qui dit que tu n’es pas libérée », les participantes répondaient « Il a menti! Il a menti! », tandis qu’elles piétinaient l’ennemi et prenaient tout ce que Satan leur avait volé, comme la certitude de la victoire en Christ. Ultérieurement, une leader enseigne que le baptême du Saint-Esprit est l’acte à travers lequel les personnes sont remplies de l’Esprit de Dieu, et par lequel elles reçoivent le pouvoir et les dons nécessaires pour obéir à la volonté de l’Éternel. La leader précise que « la conversion » est une condition nécessaire pour recevoir le baptême et celui-ci se manifeste par le don des langues. Les leaders 12 passent en avant avec les guides. Chaque participante, à son tour, est placée entre une leader et une guide. Quelques leaders demandent aux personnes de répéter une prière pour demander le baptême du Saint-Esprit. Les leaders attendent qu’elles parlent en langues et quelques-uns les encouragent à le faire. Plusieurs femmes prient en langues et quelques-uns

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tombent par terre après l’imposition des mains. D’autres expriment des mots comme : ta, ta, ta. Si la participante ne parle pas en langues, les leaders continuent à prier par d’autres personnes.

Quelques femmes considèrent qu’une personne peut avoir reçu le baptême sans nécessairement parler en langues et le fait de tomber par terre est perçu comme un « repos dans l’Esprit » qui commence généralement par l’impression de ne pouvoir se tenir debout, jusqu’à tomber sans pour autant perdre connaissance dans un état de paix et de tranquillité lié à la certitude d’être dans la présence de Dieu. Quelques interlocuteurs affirment qu’ils étaient conscients de ce qui arrivait autour d’eux, mais qu’ils ont pleuré ou éprouvé beaucoup de joie pendant cette expérience. Ultérieurement, les femmes chantent et dansent, en fêtant la guérison et la délivrance. Ensuite, une leader affirme que 35 % des femmes présentes sont mariées. Elle leur donne des conseils, comme faire ressortir les qualités de leur conjoint. On rappelle aux femmes célibataires qu’elles ne doivent pas avoir de relations sexuelles avant le mariage, ni de se marier avec les non- chrétiens. Elles font une prière d’alliance avec Dieu et reçoivent un anneau qui va leur rappeler le devoir d’attendre la personne que Dieu aura choisi pour leur mariage. Environ 40 femmes qui vivaient avec leur conjoint en union libre ont reçu une assistance personnalisée. Une de ces femmes affirme que la leader lui a conseillé de ne pas forcer son conjoint à se convertir, car c’est Dieu qui fait l’œuvre, elle doit juste prier pour lui et lui donner un bon témoignage.

Tout de suite, quelques participantes présentent leurs témoignages. La plupart ont exprimé qu’elles ont appris à pardonner et elles se sentent libérées, renouvelées et aimées par Dieu. Après avoir remercié Dieu et lui avoir présenté des offrandes, les femmes reçoivent des cadeaux des leaders de leur équipe. Finalement, les leaders invitent les participantes de leur équipe à une réunion dans une salle de l’ÉCNP où plusieurs personnes les accueillent. On prend une collation et quelques femmes présentent alors le même type de témoignage. Quelques interlocuteurs considèrent que les chrétiens devraient aller régulièrement aux rencontres, car ils tombent dans le péché et dans les mêmes erreurs, parce qu’ils oublient souvent leurs péchés et les malédictions. Certains membres de l’ÉCNP vont aux rencontres avec une certaine régularité. Dans l’école de leaders, on explique l’importance de la délivrance des chrétiens pendant les rencontres, car lorsqu’ils reçoivent Jésus, il y a des esprits et des démons qui ne veulent pas sortir de leur corps. Les leaders encouragent aussi les élèves à pratiquer l’auto-délivrance (Castellanos 2004b : 39-

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3. 3 Post-rencontre

Voici quelques enseignements, prières et exercices pratiqués lors de la post-rencontre :

1er cours : 1) Il est dangereux ne pas assister à la post-rencontre, car les blessures de l’âme peuvent rester ouvertes, c’est la raison pour laquelle on fait un suivi, afin de renforcer ce que les personnes ont reçu lors de la rencontre. 2) On enseigne comment affronter le monde qui représente tout ce qui déplait à Dieu, en fortifiant la relation avec Dieu et avec les membres de l’Église (Fajardo 2003: 14-22). 3) Les chrétiens ne doivent pas aimer la façon de penser du monde, ses philosophies, ses idées et pratiques contraires à la volonté de Dieu. 4) Ils doivent lutter contre les désirs des yeux et de la chair pour ne pas tomber dans le péché. 5) Les participants vont, au cours du processus de conversion, expérimenter des changements dans leur vie, cela leur fera peut-être perdre des amis, mais ils ne doivent pas le redouter. 6) Il faut éviter de passer beaucoup de temps avec les non-croyants, car ils vont essayer de défier les chrétiens pour qu’ils soient comme eux. 2e cours : Réponses et réactions des chrétiens face aux personnes qui vont s’opposer à eux : 1) Si ces dernières sont offensives ou se moquent d’eux, les chrétiens doivent garder leur calme et ne pas se fâcher. 2) Il faut que les chrétiens ne se laissent pas influencer ni intimider par les autres. Ils doivent avoir une influence positive sur les incrédules. 3) Il faut que les croyants aient un groupe d’amis chrétiens, et partager avec Dieu des moments d’intimité quotidiens.

3e cours : Enseignements sur la guerre spirituelle et sur la sexualité.

4e cours : On enseigne aux participants que l’Église est « un refuge nécessaire » pour persévérer et servir Dieu. Un leader leur demande de fermer les yeux et de répéter une prière par laquelle ils font l’engagement de rester fidèles à l’assemblée et à Dieu, de ne jamais l’abandonner et de toujours servir Dieu dans l’Église (Fajardo 2003 : 91-92).

5e cours : 1) Satan a corrompu la musique pour tromper les hommes et voler l’adoration à Dieu. Il essaie d’influencer le comportement des gens à travers la musique, pour gouverner et détruire leurs vies, car il les incite au péché. 2) Il faut faire attention à bien sélectionner la musique, car elle doit comporter des messages positifs et édifiants. 3) Celui qui ne peut pas renoncer à « la musique du monde », ne reconnaît pas le Seigneur comme son Dieu, son Dieu est plutôt la musique

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(Fajardo 2003 : 123). 4). La musique chrétienne est un outil pour gagner des âmes.

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