• Aucun résultat trouvé

Le christianisme n’est pas la seule religion révélée présente au Cameroun ; l’Islam et la Foi bahaïe comptent eux aussi de nombreux adeptes.

- L’islam

Après le christianisme en tant que religion révélée, l’Islam apparaît comme la deuxième grande religion du Cameroun. Elle est particulièrement implantée dans les trois provinces

septentrionales du pays et dans le Département du Noun dans l’Ouest du pays. Toutefois, dans le reste du territoire national, les communautés musulmanes sont présentes dans toutes les unités administratives.

Deux principales sectes les chiites et les sunnites coexistent au Cameroun. Contrairement au christianisme, il n’existe pas de lieu de culte spécifique à chacune des deux sectes ; seules les pratiques religieuses des membres permettent de distinguer les uns des autres. Toutefois, au plan social, la grande distinction se fait par rapport à deux grandes communautés ethniques : les Bamoun de l’Ouest et les Peulh du Nord. Cette distinction qui repose beaucoup sur des considérations sociales et culturelles n’a rien à voir avec la religion proprement dite.

L’Islam autant que les Eglises chrétiennes a une grande influence sur ses adeptes. Ces derniers expliquent la vie physique, sociale et spirituelle par ses préceptes. Par rapport aux problèmes de santé ; il est fréquent au Cameroun de voir un musulman rédiger avec du charbon sur une feuille de papier, un verset du coran, le tremper dans de l’eau et boire cette composition pour guérir un mal qu’il ressent. Toutefois, les musulmans en général ne condamnent pas les soins médicaux. Ils fréquentent aussi bien les hôpitaux que les guérisseurs traditionnels comme tous les autres Camerounais. Cependant, une erreur attribue aux voyants et autres tradipraticiens le titre de marabout qui en réalité désigne plutôt un moine ermite, un Saint de l’Islam ou, par extension, un enseignant, équivalent de catéchiste chez les chrétiens. Pour Monsieur TAGANG Souleymanou (17 ans de pratique musulmane), la confusion viendrait de ce qu’il existe dans l’islam une médecine prophétique la Ruqyah, exercée par des érudits et pieux musulmans. Il apparaît, à travers ces explications, que l’islam admet que la maladie, en tant que dysfonctionnement organique peut se guérir en associant la foi à des thérapies proposées aussi bien par la médecine moderne que par la médecine traditionnelle. Pour Souleymane, il est admis par l’Islam qu’un verset de Coran rédigé sur un morceau de papier soit associé par exemple à certaines plantes médicinales et administrés à un malade.

En somme, il apparaît que l’Islam est un important acteur de la communication sociale au Cameroun. Il jouit d’une autorité morale et d’une compétence spirituelle comparables à celles mises en relief chez les chrétiens.

- La foi Bahaï

La doctrine fondamentale de la Foi bahaïe est l’avènement de la Paix Mondiale telle que prophétisée dans les religions du passé. Baha’ullah proclame que la Paix du monde n’est pas une vue de l’esprit, mais une réalité immuable. L’avènement de cette Paix nécessite que tous

les hommes se réconcilient, que les guerres cessent entre les nations et pour se faire, ils doivent croire en un seul Dieu. Le monde est un seul pays et tous les hommes en sont des citoyens, clame-t-il. Plus loin, il renchérit : l’objet fondamental de Dieu et de sa religion est de sauvegarder les intérêts de la race humaine, de promouvoir et développer un sentiment d’amour, de solidarité et de fraternité parmi les hommes.

Selon Jackson MVESSIBE, membre de l’Assemblée Locale de Yaoundé 4 et Bahaï depuis 30 ans, la Foi bahaïe est une religion monothéiste qui inaugure un cycle d’accomplissement, en même temps qu’elle clos le cycle prophétique qui a commencé avec Adam. La singularité de la Foi bahaïe tient en ceci qu’elle affirme n’avoir ni clergé ni rites. Elle soutient que la religion est progressive ; en conséquence, la vérité religieuse n’est pas absolue, mais relative. Elle prône la recherche indépendante de la vérité et proclame l’égalité des droits entre l’homme et la femme. Les messagers de Dieu ont apporté chacun, à son époque, un message salvateur à l’humanité, un message adapté aux besoins des hommes de cette époque. Mais comme ces besoins évoluent ou changent on peut tout aussi bien affirmer que leurs messages sont porteurs de différences. L’humanité va vers son apogée, il lui faut par conséquent user des méthodes idoines d’où le renouvellement de la doctrine religieuse. Baha’allah affirme que la race humaine a atteint l’âge de la maturité et tout être humain est capable de percevoir les réalités spirituelles. En cela, l’époque de l’adoration passive est révolue, seuls désormais les actes comptent.

Selon la Foi bahaïe, la maladie est due en majeure partie à un dysfonctionnement de l’organisme. Les microbes sont une cause de pathologie En cas de maladie, Baha’allah le Fondateur recommande vivement de consulter un spécialiste praticien. Toute prise de médicament doit être accompagnée par des prières. Ceci est valable aussi pour le médecin traitant qui doit avoir à cœur de soulager son patient. La prise de médicaments devrait être immédiatement abandonnée dès les premiers signes de rétablissement, parce qu’une prise de médicament dans le long terme affaiblit l’organisme et renforce la résistance des agents pathogènes.

Cependant, la Foi bahaïe reconnaît l’existence des maladies psychiques ou spirituelles. Dans ce cas, les prières peuvent être d’un très grand apport dans l’avenir, prédit Abdul BAHA, l’homme se soignera par les plantes et les fruits. Généralement, les maladies qui ne présentent pas de signes cliniques palpables ou visibles sont classées dans la catégorie des maladies psychiques. Ces dernières peuvent résulter de l’état d’esprit du patient ou de son environnement psychologique.

Il existe une administration bahaïe et, selon les prescriptions de Baha’ullah, dans chaque localité où le nombre de croyants est égal ou supérieur à neuf, il doit y avoir une Maison

Universelle de Justice. Cette institution élue est dénommée Assemblée Spirituelle locale.

L’Assemblée Spirituelle nationale (pour une nation) est composée de 9 membres, tous élus le 21 Avril de chaque année, pendant la célébration de la fête du Ridvan. Les élections Bahaïes sont particulières, dans la mesure où il n’y a pas de candidat pas de campagne. Chaque bahaï majeur a, en même temps, le statut d’électeur et d’éligible, suivant un certain nombre de critères. C’est ce collège de 9 membres qui administre au quotidien la Cause Sacrée. Il en est ainsi, dans le monde entier. Cependant, ces membres élus, pris individuellement, n’ont aucune autorité ou ascendance sur les autres Bahaïs de la communauté. Seules, les décisions prises lors de leur délibération ou consultations en assemblée avec quorum, s’appliquent à tous. Sur le plan local, ce sont les membres de la communauté qui élisent l’Assemblée Locale.

Au le plan national, ce sont les délégués élus dans les différentes communautés que compte le pays qui élisent les membres de l’Assemblée Nationale. Au plan mondial, tous les cinq ans, les membres élus des Assemblée Nationales se regroupent à Haïfa (Terre Sainte) en Israël pour élire les membres de la Maison Universelle de Justice, institution suprême réputée infaillible et investie d’un pouvoir spirituel.

A côté de ces institutions élues, gravitent d’autres institutions d’appui nommées et contrôlées par la Maison Universelle de Justice. Ces institutions techniques œuvrent pour l’avancement de la cause à travers le monde. Il faut noter que la Foi bahaïe est organisée de la même manière partout où elle est implantée. Depuis son introduction en 1953, la Foi Bahaïe est suffisamment représentée au Cameroun. Elle compte entre 8 et 10 000 âmes. Les Bahaïs sont principalement localisés dans le Centre, Sud, Est, South-West, North-West, Littoral, Ouest, le Nord et l’Extrême-Nord.

C- Les individus

Au-delà des acteurs institutionnels de la communication sociale au Cameroun, les acteurs individuels occupent une part importante dans la diffusion des idées sur le sida. Nous n’entendons pas identifier personnellement ces différents acteurs ; nous allons les regrouper dans des types spécifiques. Nous distinguerons ainsi : les guérisseurs traditionnels, les artistes et les autres acteurs dont la typification pourrait paraître moins rigide. Il est question pour

nous, à l’image de ce qui a été fait avec les acteurs institutionnels, de repérer le statut et la compétence accordés aux acteurs individuels pour que leurs discours soient crédibles.

C.1- Les guérisseurs traditionnels

Sous l’expression guérisseurs traditionnels, nous voulons regrouper un ensemble hétéroclite fait de naturopathes, des guérisseurs-voyants et tous ceux qui sont admis comme pouvant apporter la guérison à certaines maladies grâce à leur maîtrise des facultés thérapeutiques des éléments de la nature ou grâce à la convocation des forces spirituelles.