• Aucun résultat trouvé

Au-delà de l’OMS, de l’ONUSIDA et l’UNESCO, l’Organisation des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), le Programme des Nations Unies pour le développement PNUD et la Banque Mondiale (BM) sont les structures internationales qui interviennent, chacune dans sa spécialité, dans la gestion du sida au Cameroun. Il s’agit là des structures partenaires du Comité National de Lute contre le Sida et du ministère de la Santé publique. Toutefois, le PNUD, l’UNICEF et la Banque Mondiale ne sont que des structures d’appui. Elles n’apparaissent pas comme des acteurs de premier plan dans la communication sur le sida. Il serait cependant naïf d’imaginer que ces structures apportent leur appui à la lutte contre le sida sans interférer dans la communication, tout au moins dans la censure c’est-à-dire dans la détermination de ce qui doit être dit ou de ce qui ne doit pas être dit. En effet, il faut rappeler ici que le PNUD, l’UNICEF et la Banque Mondiale appartiennent toutes au système des Nations Unies ; leur logique ne peut donc être que cohérente en principe. En effet le discours que tiennent ces institutions est validé par l’institution de tutelle qui est l’ONU. Leur spécificité tient à la spécialité de leurs missions. Par ailleurs, dans les comités de validation des messages du CNLS, tous les partenaires interviennent.

La dépendance de toutes ces institutions du système des Nations Unies explique la synergie qui se dégage de leurs actions. Les Etats dont le Cameroun qui font partie du système des Nations Unies ne peuvent que partager les positions validées par ces institutions spécialisées.

L’on comprend la position de surplomb de ces diverses institutions par rapport aux institutions nationales.

B- Les institutions non étatiques

Le sida, apparu comme problème de santé publique au Cameroun a progressivement laissé apparaître diverses autres facettes. En effet, l’absence de médicaments a fait naître une préoccupation d’ordre psychologique (le counseling), portant sur les conseils à apporter d’une part aux personnes atteintes, afin de leur permettre de supporter le diagnostic, et d’autre part, à l’environnement social, pour lui permettre d’accepter les personnes atteintes. De même, la prise en charge des orphelins et autres dépendants des victimes du sida a constitué un autre centre d’intérêt. Chacun de ces aspects a mobilisé un certain nombre d’acteurs, organisés en structures non étatiques. Par ailleurs, les entreprises nationales publiques, parapubliques ou privées, dans le souci de limiter les dépenses relatives à la santé de leurs employés, se sont retrouvées au cœur du problème du sida. Identifier et décrire ces différentes structures, pourrait constituer, en soi, un sujet de recherche. Nous voulons simplement analyser chacun de ces axes à travers une ou plusieurs organisations qui y œuvrent, parmi les plus importantes ou les plus actives. Nous reconnaissons que nous n’avons défini ni les critères de choix, encore moins les éléments de comparaison. L’important pour nous ici n’est pas tant une présentation précise de ce qui est fait, mais de dégager la logique qui sous-tend les actions engagées.

B.1- Encadrement des personnes atteintes

L’encadrement des personnes atteintes par le sida apparaît comme le premier type d’action non médicale engagée dans la gestion du sida au Cameroun. Cette action a évolué dans le temps en fonction de la conception du sida. A la fin des années 80 et au début des années 90, il est question d’aider les personnes atteintes de sida « d’accepter le diagnostic » qui, à cette époque, était synonyme de sentence de mort. Ces personnes étaient alors appelées sidéens. Il est important de relever ici qu’à cette époque, la psychose du sida était à son comble. Une personne diagnostiquée comme sidéenne était aussitôt isolée par son environnement. Parents, amis et voisins évitaient d’avoir des contacts physiques directs avec le malade. Il était servi dans un couvert spécial qu’il fallait laver, en prenant soin de mettre les gants. En effet, l’idée de la transmission du sida par voie sanguine laissait imaginer qu’en lavant la vaisselle utilisée par un sidéen, on courait le risque de contracter la terrible maladie au cas où on aurait une

lésion quelconque dans la main. Bien des malades étaient souvent abandonnés dans les hôpitaux du fait de cette psychose. D’ailleurs, même le personnel soignant éprouvait la même terreur face aux malades.

Dans ce contexte de psychose, on a enregistré beaucoup de cas de suicides. Nous en avons connu deux dans notre environnement. Il faut relever que les suicides dus au diagnostic du sida, apparaissent comme un phénomène mondial. En effet, dans un article de Cameroon

Tribune intitulé Le sida, un des problèmes majeurs en Afrique centrale on peut lire : « Par ailleurs, deux hommes dont l’un était atteint du sida (syndrome immunodéficitaires acquis) se sont jetés vendredi par désespoir du 35e étage d’un immeuble de New-York… » Quand par la

suite, la trithérapie est présentée comme pouvant prolonger la vie, le problème qui se pose des lors est de détecter tôt l’infection, afin de mieux la traiter. Les personnes atteintes, prennent alors la désignation de personnes vivant avec le virus du sida (PVV). La prise en charge psychologique vise alors à aider ces personnes à accepter leur statut, à prendre les médicaments et à éviter de se surinfecter dans d’autres contacts (sexuels).

La mise dans le marché de nouvelles molécules réputées efficaces laissera dire aux spécialistes qu’on peut désormais vivre avec le vih. Le concept de sida étant désormais devenu vih/sida, les personnes affectées seront désignées par PVVS pour dire les personnes vivant avec le vih/sida.

B.1.1- GTZ

Parmi les structures non étatiques qui vont s’illustrer dans la prise en charge des personnes atteintes, il y a la coopération allemande, la Gesellschaft für Technishe zusammenarbeit (GTZ). L’action de la GTZ est surtout portée vers les personnes vivant avec le virus du sida. Par rapport aux discours sur le sida l’action de la GTZ épouse le discours dominant qui postule l’hypothèse vih/sida et qui admet comme principal mode de contraction la voie sexuelle (90%), la voie sanguine et le canal mère-enfant (10%).

B.1.2- Les personnes vivant avec le virus du sida