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Les procédures d’énonciation

B- Le sermon ou prêche

B.2- Le cadre général

Le sermon ou le prêche est généralement tenu dans un endroit sacré (le lieu de culte) ou à certaines occasions solennelles (deuils, crises diverses, mariage, etc.). Il s’agit à la fois des espaces et des occasions psychologiquement manquantes.

Dans le cas des sermons ou des prêches en chapelle, la sacralité de la chapelle participe au conditionnement du public du sermon ou prêche. Au Cameroun, la chapelle est un espace sacré dans lequel la révérence est de mise. En béti, la chapelle est appelée /nda Zamba/ littéralement « maison Dieu » pour dire maison de Dieu. L’expression /nda Zamba/ en béti est proche de celle utilisée dans l’Ancien Testament « lieu choisi par l’Eternel ton Dieu pour y

faire résider son nom ». Il s’agit d’un espace perçu comme symbolisant la présence de Dieu.

Ce qu’on y fait est sous le regard direct de Dieu et ce qu’on y entend vient de Dieu, les humains qui prononcent les paroles entendues n’étant que des instruments ou des canaux utilisés par Dieu.

Dans ce sens, le prêche ou le sermon qui est, dans le déploiement de l’homélie, le moment le plus sacré, conditionne l’attitude des auditeurs. Souvent chez les protestants, l’assistance est avisée que le prêche va commencer, les parents sont priés de veiller sur leurs enfants pour les empêcher de jouer, les adultes sont priés de rester dans le calme et d’éviter des sorties intempestives. Parce que le prêche ou le sermon est la parole de Dieu, la malédiction de Dieu pèse sur tous ceux qui se montreraient irrévérencieux tandis ceux qui se montreront attentifs et calmes ont la promesse des bénédictions de Dieu.

B.3- Le public

Le public ou l’assistance qui écoute le sermon ou le prêche se prépare lui aussi. Plus que dans le cas de l’allocution, le thème du prêche ou du sermon n’est pas connu à l’avance. Sauf dans des contextes particuliers (fin d’année campagne d’évangélisation, deuil, maladie d’une personnalité influente de la communauté, etc.) auxquels des messages de circonstance sont nécessaires. Le contenu du prêche ou sermon est généralement dévoilé au moment où ce dernier est tenu. Ce à quoi les ouailles se préparent, ce n’est pas tant au contenu mais au moment solennel où le prêche ou le sermon est délivré. C’est le moment où Dieu va s’adresser à son peuple. Tout ce qui sera délivré à cette occasion trouve une disposition

auditive favorable. Le fait même que le thème du prêche ou du sermon ne soit pas dévoilé avant sa tenue en rajoute à l’attention que ne lui réservent les ouailles.

A la préparation personnelle des ouailles s’ajoutent les dispositions prises par l’Eglise pour qu’une attention soutenue soit accordée au prêche ou au sermon. C’est ainsi que, les Diacres et les Diaconesses sont souvent amenés à sillonner les allées les chapelles, réveillant les personnes qui s’endorment ou qui somnolent et imposant le silence à celles qui bavardent. Le principe est assez bien peint dans Ville cruelle d’EZABOTO quand, après une nuit tourmentée, BANDA doit se réfugier dans la chapelle pour passer le temps et échapper aux soupçons éventuels de la police ; il est pris de sommeil mais un de ces agents de discipline intervient aussitôt. Il apparaît ainsi un dispositif d’accompagnement du prêche ou sermon, visant à maximiser sa réception.

B.4- Le canal

Par rapport au prêche ou sermon, le canal ne renvoie pas ici à la perspective shannonienne mais simplement à un support d’énoncés. Il s’agit de tout le cadre à partir duquel la réception est organisée. Nous y inclurons la voix ; le relais technologique de cette voix (le système de sonorisation) et la salle elle-même (chapelle). En effet, dans un prêche ou sermon les ouailles entendent aussi bien la voix de celui qui parle que cette voix amplifiée par le système de sonorisation. De même, les chapelles sont généralement construites de manière à amplifier le son (toiture haute sans plafond, etc.)

Toutes ces dispositions sont prises pour que le message soit transmis avec une grande portée, de manière à atteindre tous ceux qui sont venus écouter. Toutefois à la différence de l’allocution des hommes politiques, les prêches, bien que souvent relayés aussi par la radio et la télévision, ne suscitent que très rarement des dispositions particulières au niveau du matériel technique de ces médias. Les retransmissions à la radio ou à la télévision du réseau national CRTV ne se font que dans le cadre des émissions hebdomadaires réservées ; pour le vendredi soir aux musulmans, le samedi (5h 30) aux Adventistes, le dimanche matin aux catholiques romains et aux protestants regroupés dans le cadre de la fédération des Eglises et Missions Evangéliques du Cameroun (FEMEC).

De manière générale, le sida, depuis son apparition comme problème de santé au Cameroun figure en bonne place dans les prêches et sermon de toutes les confessions religieuses ayant une existence légale au Cameroun. Chacune de ces confessions a intégré le sida dans ses péchés ou sermons.

C- L’image

Dans la communication sur le sida, l’image occupe une place de choix dans la procédure d’énonciation. Il s’agit aussi bien de l’image iconographique que de l’image cinématographique, prise plus généralement dans la perception étymologique, comme image en mouvement.