• Aucun résultat trouvé

Les relations des CASNAV avec le secteur associatif et les collectivités territoriales

L’hétérogénéité des pilotages institutionnels via les CASNAV

3. L A MISE EN ŒUVRE DU PROJET INSTITUTIONNEL ET SON APPROPRIATION PAR LES ACTEURSPAR LES ACTEURS

3.2. Des configurations intra-institutionnelles qui composent l’action à l’échelle territoriale

3.2.4. Les relations des CASNAV avec le secteur associatif et les collectivités territoriales

Pour ce qui est des associations partenaires, selon les acteurs interrogés à Montpellier, le lien avec ces structures est présenté comme une réalité nécessaire : « On travaille aussi avec des associations. On n’est pas coupés du monde, loin de là. On travaille toujours ensemble, je veux dire… Chacun dans sa partie, mais on est en contact avec euh [pause]

beaucoup des… des préfectures, ou avec des associations, notamment le [pause] le CASNAV, euh… suit cela de plus près… De très près » (cadre de l’Éducation nationale). Pourtant, la difficulté à nommer les associations ou à donner quelques exemples peut interpeller sur la connaissance et les liens réels entretenus. Si le CASNAV est présenté comme plus à même de répondre à cette question des liens avec les associations  ce qui s’est vérifié lors des entretiens puisqu’ont été nommés la Croix Rouge, ATD quart-monde, la CIMADE, etc. , les réponses de référents institutionnels CASNAV soulignent également toute la complexité de cette coopération. Il existe une forme d’opacité sur certains aspects de la collaboration qui

bénéficie à la scolarisation des élèves allophones : « Le monde associatif ne met pas en avant le prix de sa prestation [concernant l’interprétariat] ». Et lorsqu’il est question de préciser davantage l’origine des financements, le flou s’installe et seules, des hypothèses sont émises :

« la politique de la ville peut-être » ou « dans le milieu associatif, il y a des personnes-ressources qui ont toujours accepté de jouer le jeu parce que sans doute que les associations dans lesquelles elles sont au titre de la politique de la ville ont un financement qui s’appelle médiation » (référent institutionnel CASNAV). Cette opacité apparaît également dans la difficulté à nommer les interlocuteurs mêmes : a-t-on affaire à un individu, à un collectif ou à une association ? C’est ce flou que l’on retrouve dans ce témoignage : « Des individus de ces assos [pause] qui étaient plus, euh, dans un collectif [pause] et donc ils étaient rattachés ou non, ces individus, à une asso, ou même certains, à plusieurs assos. Donc voilà. On ne peut pas dire que c’est l’asso [silence] tellement, qui était euh… l’interlocuteur » (référent institutionnel CASNAV).

Les liens entre les instances de l’Éducation nationale et les associations sont également assez distendus et plutôt ponctuels sur l’agglomération bordelaise. Les différents acteurs se connaissent et se rencontrent au gré de réunions organisées tantôt par la DSDEN, tantôt par des municipalités. La municipalité de Bordeaux, en particulier, a ainsi initié une série de réunions en 2016-2017 afin d’approfondir la réflexion sur l’intégration scolaire des élèves allophones. Un cabinet d’études privé a été sollicité pour faire échanger, sur la base du volontariat, à la fois des acteurs de terrain de l’Éducation nationale (enseignants, directeurs d’école), des acteurs associatifs en lien avec les migrants, des éducateurs. Il en est ressorti une série de constats et de recommandations, dont une part a été mal perçue par les cadres de l’Éducation nationale présents seulement au moment de la restitution. Par ailleurs, au niveau du CASNAV, une récente dynamique a vu le jour avec l’augmentation du nombre de mineurs non accompagnés (MNA) dans le département de la Gironde depuis 2016 et la saturation des services du département liés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Des bénévoles associatifs, impliqués notamment dans le Réseau éducation sans frontière (RESF) mais aussi dans la toute jeune association Tremplin née en 2016 et consacrée à l’éducation des MNA, sont intervenus à plusieurs reprises auprès du CASNAV pour demander l’évaluation de MNA de facto non suivis par l’ASE. Ces collaborations ponctuelles ont été facilitées par le fait que l’association Tremplin est composée de bénévoles anciennement fonctionnaires de l’Éducation nationale, dont certains ont occupé des postes à haute responsabilité et en connaissent par conséquent les rouages et les codes. Néanmoins, si le CASNAV a fait passer les tests de positionnement à ces jeunes, aucune scolarisation n’a pu être rendue effective dans ce cadre-là puisque les MNA n’étaient pas accompagnés de responsables légaux. En dépit de plusieurs tentatives, généralement ponctuelles, il n’existe donc pas de collaboration véritablement effective et systématique entre les instances de l’Éducation nationale et les associations qui, pourtant, disposent de ressources et de savoir-faire. Les collaborations s’opèrent en revanche davantage au niveau des enseignants, particulièrement ceux intervenant dans les dispositifs, qui, au gré de relations interpersonnelles de terrain, dans le quartier, mettent en place des collaborations officieuses, non institutionnalisées, notamment autour de l’interprétariat.

Ainsi, cette enseignante en UPE2A faisant intervenir bénévolement une salariée associative turcophone lors de rencontres organisées plusieurs fois dans l’année avec des parents, en dehors du temps scolaire. Ou encore les enseignants auprès de publics EFIV qui travaillent régulièrement avec les associations d’aide et de soutien aux gens du voyage.

Lorsque collaboration il y a, notamment avec des associations intervenant autour du public rom, le terme est présenté comme inapproprié par un acteur de l’académie de Montpellier : « Il y a des assos qui… mais on travaille pas en collaboration proche […] j’ai été à plein de réunions à la… l’Agence régionale de santé euh… qui faisait des réunions sur la problématique rom et qui invitait l’Éducation nationale. Bon, moi, après quelques fois je me suis demandé un peu ce que ça… à quoi ça servait » (référent institutionnel CASNAV). Cet acteur distingue le fait de se retrouver en réunion ensemble et de collaborer, l’un n’induisant pas automatiquement l’autre. D’ailleurs, la surcharge de travail existante est posée comme une raison de cette absence de collaboration : « Honnêtement, on ne peut pas tout faire, hein.

[silence] Voilà. Peut-être que ça serait bien mais on n’a vraiment pas du tout le temps. On n’a vraiment pas du tout le temps de faire ça. [silence] Vraiment pas du tout. On ne peut pas » (référent institutionnel CASNAV).

Pour les EFIV, la question de la relation avec les partenaires n’est évoquée qu’avec les référents institutionnels CASNAV des Pyrénées-Orientales et de l’Hérault. Dans le département de l’Hérault, la relation avec une association en particulier fait l’objet de développement intéressant en termes de répartition des rôles. Le lien aux associations ou plutôt « gestionnaires des terrains » semble très présent pour la rencontre des publics. Le référent institutionnel CASNAV mentionne recourir aux associations mandatées dans la gestion des « aires d’accueils », « grands passages » ou encore « terrains familiaux ». Ce recours vise principalement la rencontre des familles lorsque le référent institutionnel CASNAV « ne se sent pas d’y aller seul », mais aussi la mise en place de partenariats afin que la scolarisation participe d’un accompagnement plus global, que les associations gestionnaires tendent à mettre de côté face à la présence du CASNAV. La communication semble se faire dans un sens : le référent institutionnel CASNAV contacte l’association pour rencontrer les familles et / ou l’informer de nouvelles familles arrivées.

Le CASNAV recourt aussi aux associations locales pour des questions liées à des problèmes administratifs tels la domiciliation, lorsque certaines mairies refusent de scolariser des élèves sous prétexte de domiciliation non prise en compte.

La relation aux partenaires locaux tels mairie et département est notifiée comme centrale dans les missions du référent institutionnel CASNAV et dans la scolarisation. La mairie est notamment centrale au premier degré pour les inscriptions mais aussi pour l’accès à la cantine scolaire. Le référent institutionnel CASNAV évoque avoir un « rôle de balisage », davantage appréhendé comme « objectifs personnels » :

« J’ai balisé au niveau des inscriptions mairie, parce que s’il n’y a pas de cantine, il n’y a pas d’école. Donc il faut négocier à chaque fois. Les cantines, par exemple, j’ai encore eu des problèmes à Y. l’an dernier. Il a fallu que je revienne trois, quatre fois pour alors… leur faire comprendre que j’étais tombée sur des personnes qui étaient un peu… un peu psychorigides, et qui voulaient… Bon.

Des trucs des fois à la noix, administratifs. Il a fallu y revenir, revenir, revenir, jusqu’à temps que je tombe sur un élu, et… qui a bien voulu entendre ce que je… qui a bien voulu comprendre, qui a débloqué la situation. Ça y est maintenant, à partir de maintenant, il n’y a plus aucun problème d’inscription à l’école, parce qu’il y a la cantine. Parce qu’ils ont obtenu la cantine au plus bas tarif.

Voilà ».

Concernant les EFIV dans l’académie de Bordeaux, dans le département de la Gironde, existe une association de travailleurs sociaux qui intervient auprès de gens du voyage, notamment pour leur proposer une domiciliation administrative et un accompagnement social. Cette association, membre du réseau national FNASAT193, est également un acteur incontournable du territoire au niveau politique (participant aux réunions du schéma départemental et consultée par différents acteurs politiques pour des domaines ou projets variés concernant les gens du voyage).

Le rôle du CASNAV ainsi que celui de l’IEN en charge des EFIV / EANA étant faible voire

« défaillant » selon certains acteurs, cette association s’y substitue de fait en partie, notamment en proposant des éclairages sur le public lors de formations organisées par le CASNAV, des réunions sur la scolarisation rassemblant Éducation nationale (Bureau de la scolarité et de l’orientation [BSO], enseignants camions-écoles et UPS – et auparavant, le CASNAV également) et travailleurs sociaux pour activer un travail de partenariat. Cette association est donc un partenaire privilégié du CASNAV pour ce qui concerne la scolarité des EFIV.

La situation est assez similaire dans l’académie de Créteil en particulier sur le département investigué (77) en partenariat avec le pôle médiation « gens du voyage » d’une association affiliée à la FNASAT également. Le partenariat est stabilisé entre le référent CASNAV-EFIV, les acteurs scolaires et les pouvoirs publics locaux, sur tous les dossiers ici abordés et particulièrement sur l’accès à la scolarisation des EFIV et l’accompagnement en primaire, puis aux cours du CNED.

Outline

Documents relatifs