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L’affectation des élèves dans des dispositifs variés et les choix pédagogiques associés

1. L’ ENTREE DANS DIFFERENTES MODALITES DE SCOLARISATION Il convient de différencier les différentes modalités de scolarisation :

1.1. Pour les EANA en dispositif UPE2A : organisation et modalités pédagogiques pédagogiques

1.1.2. Organisation spatiale

Dans cette section, nous contextualisons les conditions d’apprentissage. Pour ce faire, nous évoquerons la classe, dans sa dimension spatiale, mais aussi à travers des caractéristiques pédagogiques, dont quelques-unes – non exhaustives ici en raison de la diversité des pratiques – seront restituées, de sorte à pouvoir projeter le cadre de l’UPE2A à travers sa dimension pédagogique. Nous ne traiterons que deux exemples de pratiques pédagogiques qui caractérisent l’enseignement en UPE2A : la différenciation pédagogique et l’appui sur le plurilinguisme.

L’emplacement de la salle du dispositif dans l’établissement et son organisation Évoquons tout d’abord où se situe la salle du cours de français réservée à l’unité pédagogique. Les dispositifs enquêtés ont une salle de classe fixe, notamment en collège.

Dans le premier degré, il a pu arriver qu’elle soit celle précédemment attribuée au réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficultés. Dans le second degré, l’emplacement n’est pas régi par la même organisation que pour les autres disciplines : généralement, les cours d’une même discipline sont regroupés (toutes les salles de sciences au même étage, toutes les salles de langues dans un même couloir, etc.). Or, l’UPE2A fonctionnant de façon isolée, elle a une salle située indifféremment et sans être particulièrement mise en relation avec les salles de français, ni de langues, bien que dans ces cours, l’enseignement soit principalement d’ordre linguistique.

En ce qui concerne les cours spécifiques, tels que les mathématiques ou l’anglais, dont bénéficient les élèves en UPE2A sans qu’il y ait inclusion, l’enseignant reste dans sa salle disciplinaire habituelle et ce sont les élèves qui quittent la salle UPE2A et se déplacent, comme tout collégien, pour se rendre dans les cours d’autres disciplines. Cette circulation est essentielle pour qu’ils s’approprient l’espace de l’établissement et partagent des rituels similaires à ceux de leurs camarades.

L’emplacement choisi pour la salle de l’UPE2A n’est pas forcément isolé et les élèves non allophones sont amenés à passer devant, voire stationner devant quand ils attendent d’entrer dans une salle en vis-à-vis. La salle UPE2A se démarque par l’affichage qui se fait sur la porte, parfois : il arrive que ce soit une des rares portes qui, extérieurement, présente des posters illustrant la « classe-monde », par exemple, pour reprendre une expression retenue dans un collège. Cet affichage marque à la fois une ouverture (qui vise à l’ouverture interculturelle, la communication sur l’existence de cette classe) mais aussi une distinction, une démarcation par la marque personnelle d’un espace privatisé qui contraste avec la nudité des autres portes impersonnelles.

Remarquons que très fréquemment, les affichages produits par les élèves en UPE2A, sortent des quatre murs de la classe et certains de se retrouver dans le couloir de l’établissement, dans le bureau de la vie scolaire ou dans le centre de documentation et d’information. Cet envahissement de l’espace commun implique un soutien du chef d’établissement dont il faut l’accord et, incidemment, il marque une (re)connaissance. Ainsi, dans les différentes UPE2A second degré à Bordeaux, il a été fréquent de voir des posters, expositions et maquettes produits par les élèves d’UPE2A dans les espaces d’accueil, de circulation et réservés à l’administration.

Dans le couloir de l’administration d’un collège bordelais

Cette présence se prolonge dans les espaces extrascolaires puisque les élèves des différentes UPE2A de Bordeaux ont présenté des expositions dans des espaces municipaux (centre culturel, bibliothèque…), privés (théâtre, salle de concert) ou de l’espace public (square). Cette particularité doit être mise en relation avec la pédagogie du projet qui se développe en lien avec quatre motifs principaux : l’absence de programme, la gestion de l’hétérogénéité du groupe, un volume horaire supérieur à toute autre discipline et l’obtention de subvention pour l’intervention des artistes et professionnels. Ces projets exposés en milieu scolaire ou extrascolaire relèvent de deux principales démarches : autobiographiques (carnets de voyage, biographie plurilingue…) et citoyenne (lutte contre les discriminations, écologie, etc.).

Ainsi, les UPE2A ont une salle qui, même fermée, peut se développer à travers l’établissement voire au-delà, ce que nous pouvons percevoir comme un besoin de reconnaissance et la légitimisation de l’altérité, une appropriation d’un côté et une cession d’espace de l’autre, qui permet de construire des représentations positives, parfois stéréotypées, des élèves sous contrôle et coordination d’un enseignant.

L’organisation spatiale des classes observées suit souvent le modèle utilisé dans les classes de langues étrangères : disposition en U. Cette disposition est présentée comme propice aux échanges entre les élèves. Le choix de la disposition est également dépendant de la configuration même de la salle. Ainsi, la disposition des tables retenue par une enseignante a évolué lors d’un changement de salle. La nouvelle salle étant plus vaste, la disposition frontale des tables a pu être abandonnée au profit de la disposition en U.

La place des élèves semble répondre à différentes logiques pédagogiques et pouvoir évoluer selon les circonstances. D’après nos observations, les élèves se placent par affinité personnelle (âge, intérêt commun, classe d’inclusion identique, langues, origines…), comme dans les classes ordinaires, dans lesquelles l’enseignant ne définit pas de plan de classe. Le placement répond également aux objectifs pédagogiques : les élèves seront placés ou non selon telle ou telle configuration pour faciliter le travail de tutorat, parfois en autorisant l’usage des langues communes autres que le français, pour effectuer un travail de groupe, ou pour éviter les bavardages, comme ailleurs dans les classes ordinaires.

Un élément à prendre en compte dans cette réflexion sur l’emplacement des élèves est le flux régulier d’élèves. Tous les élèves n’arrivant pas au même moment, en début d’année, mais davantage régulièrement au cours de l’année, l’emplacement ne peut être figé dès les premières semaines car l’effectif est appelé à évoluer. De même, dans certains établissements, tous les élèves ne se retrouvent pas en même temps en UPE2A : les effectifs sont susceptibles de changer d’une heure à l’autre selon les horaires des classes d’inclusion de chacun. Dès lors, les emplacements sont appelés à être modifiés pour s’adapter également à la réalité numérique.

Dans l’académie de Créteil, la configuration des classes est très différente entre le premier et le second degré. Dans le premier degré, les tables composent des îlots d’activités (lecture, arts plastiques, jeux, activités sur ordinateur). À l’avant de la pièce, une configuration amphithéâtrale miniature est consacrée aux informations collectives. Dans l’une des écoles observées, le bureau de l’enseignant est systématiquement déserté sauf pendant les pauses où l’enseignante n’est pas de surveillance. Les élèves sont mobiles et se déplacent beaucoup en étant calmes. Dans l’UPE2A collège, la configuration est totalement différente : une forme amphithéâtrale stricte avec enfilade d’un bout à l’autre de la pièce des chaises et tables.

L’enseignante reste à son bureau ou devant le tableau, tableau d’où elle fait la totalité de ses cours. Elle se déplace peu, comme les élèves. L’organisation de la classe de l’UPE2A-NSA évolue quant à elle. Lors de notre première visite, il y a des îlots. À la rentrée des vacances de Noël, les tables sont mises en rangées frontales. C’est a priori parce qu’avant les vacances, il y a eu des problèmes dans la classe et que l’enseignante a réorganisé spatialement la salle pour tenter de faire cesser les problèmes entre élèves. À partir de ce moment, tant que possible les élèves se mettent un par table. Un élève est installé, sa table collée au tableau pour lui éviter tout contact avec les autres. Au cours des mois suivants, l’installation des tables évoluera : grands rectangles autour duquel tous les élèves s’installent ; grands rectangles plus une ou

deux tables à côté ; îlots en fonction de l’ambiance de la classe et de la manière de travailler (groupe, tous ensemble, individuel, etc.). À part les dernières semaines, où il y a des groupes de niveaux définis, les élèves se placent comme ils le souhaitent. Les élèves peuvent circuler dans la classe dans la mesure du raisonnable. Ils vont chercher colle, règle etc. dans l’armoire du fond. Ils vont demander ou emprunter quelque chose à un autre élève, etc. Les déplacements semblent moins importants quand on passe d’une disposition frontale à une disposition en grand rectangle et en îlots.

On retrouve ces mêmes phénomènes dans des UPE2A observées dans d’autres académies.

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