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LES FORMES DE REGROUPEMENT ET DE MISE EN RÉSEAU Les premières cuisines collectives de Montréal ont rapidement débattu, dès 1989,

DES CUISINES COLLECTIVES

2. LES FORMES DE REGROUPEMENT ET DE MISE EN RÉSEAU Les premières cuisines collectives de Montréal ont rapidement débattu, dès 1989,

de la possibilité de constituer un regroupement de cuisines pour gagner en efficacité, en rayonnement et en pouvoir. Le projet a pris un peu plus tard une ampleur dépassant la région montréalaise pour en arriver à la constitution d'un regroupement à l'échelle du Québec. Fournier, Provost et Goudreault (1998) retracent les faits saillants contenant les germes de ce regroupement : les balbutiements des premières années (1989-1991), l'essor induit par la première assemblée générale en juin 1991, le grand rassemblement d'octobre 1991. Elles soulignent que c'est en 1992 que le Regroupement des cuisines collectives du Québec a pris la forme qu'on lui connaît actuellement. Leur recherche rapporte que le regroupement compte 113 membres réguliers et 48 membres affiliés. Un membre régulier est un groupe de cuisine ou unité de base avec droit de vote et possibilité de présenter une candidature comme membre du conseil d'administration du regroupement, tandis que les membres affiliés sont des personnes ou des groupes de cuisines intéressés aux buts et aux activités du regroupement avec droit de participation aux assemblées sans droit de vote. Le Regroupement des cuisines collectives du Québec fait de son assemblée générale annuelle un événement où les déléguées des cuisines de partout au Québec se rencontrent et échangent sur les orientations à prendre pour l'ensemble du mouvement.

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Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré : Entraide et services de proximité : l’expérience des cuisines collectives, Lucie Fréchette, ISBN 2-7605-1078-6 • D1078N

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28 Entraide et services de proximité

Le Regroupement des cuisines collectives veut soutenir le démarrage de cuisines dans l'ensemble du Québec. Il offre de la formation et du soutien aux groupes de personnes en voie de se constituer en cuisines collectives. Il élabore des instruments de travail et d'information qu'il met à la disposition des membres : trousse de formation, bulletin de liaison, projet de cadre de référence, etc. Un instrument du genre casse-tête intitulé «Ensemble construisons notre action : chaque morceau a sa place » est la pièce maîtresse autour de laquelle est organisée une formation. Le Regroupement anime cette formation partout au Québec à la demande des cuisines collectives.

Le regroupement veut aussi ouvrir les cuisines à l'ensemble des groupes de femmes et se railler une place au sein du mouvement communautaire. Il participe à des activités et événements internationaux et nationaux, tels que les échanges avec des cuisines collectives du Pérou et des mobilisations comme la marche des femmes « Du pain et des roses » de 1994.

Les cuisines collectives de certaines régions ont elles aussi senti le besoin de se doter d'un regroupement à l'échelle régionale. Le regroupement régional est perçu comme un moyen d'étendre le champ d'influence et de donner plus de visibilité aux cuisines, de stimuler la solidarité entre cuisines et de soutenir la créativité et la réflexion sur la contribution des cuisines à la lutte contre l'appauvrissement et l'exclusion. Le cas du Regroupement des cuisines collectives de l'Estrie est un exemple intéressant de mise en réseau des cuisines sur un territoire à l'échelle régionale. Le regroupement est issu de la rencontre des coordonnatrices des cuisines de la région qui ont cru avantageux de se réunir à l'occasion pour mieux coordonner leurs actions. Région du sud du Québec, l'Estrie compte sept municipalités régionales de comté (MRC). On y trouve quatre cuisines collectives autonomes incorporées et six cuisines rattachées à des centres d'action bénévoe (CAB) ou à des organismes d'entraide alimentaire. Sept sont membres du RCCE. Ces cuisines comptent au total 84 groupes ou cuisines locales. Chaque groupe réunit en moyenne six membres. Réparties dans les sept MRC de la région, les cuisines collectives sont inscrites dans des dynamiques sociogéographiques variées. On y trouve des cuisines de configuration urbaine, dont le Carrefour des cuisines collectives de Sherbrooke, des cuisines de petites villes, comme celles d'Asbestos, et des cuisines de milieu rural comme celles du Haut-Saint-François.

Sans que l'on puisse parler de fédérations organisées, on observe que des liens se créent aussi entre des cuisines par l'intermédiaire de rassem-blements conviviaux où l'on allie souvent l'utile à l'agréable. Les formes de

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Le portrait des cuisines collectives 29

regroupement varient selon les milieux. Par exemple, dans l'Outaouais, des intervenantes du CLSC Des Draveurs ont pris l'initiative d'organiser les premiers rassemblements des participantes des diverses cuisines collectives sous forme d'une rencontre annuelle de festivités: la fête du rassemblement des cuisines collectives. Un thème de discussion est alors suggéré et des ateliers divers sont offerts (estime de soi, massage, etc.). La dominante est toutefois la fête. L'idée a eu du succès et a été reprise ensuite chaque année sous divers leaderships dont en 1998 celui de la Table de concertation sur la faim. On ne peut pas parler d'un regroupement des cuisines collectives de l'Outaouais en tant qu'organisme fédératif. Toutefois, sur le territoire de la ville de Gatineau, les cuisines collectives ont élaboré un mode de rassemblement qui a évolué vers une forme semi-formelle de regroupement où les cuisines se réunissent sur une base volontaire pour échanger entre elles ou pour organiser des événements spéciaux destinés aux membres des cuisines et à leurs familles ou ouverts à un public plus large.

Les cuisines collectives sont aussi engagées dans des partenariats et des concertations au sein du mouvement communautaire et avec des institutions du secteur public. La mise en réseau des cuisines collectives n'implique donc pas uniquement des liens entre cuisines. Plusieurs cuisines sont membres des tables de concertation ou y sont représentées. Par exemple, on les retrouve parmi les membres de la Table de concertation sur la pauvreté dans l'Outaouais au sein du Regroupement des organismes communautaires de l'Estrie, dans des regroupements de centres de bénévolat, à la Table de concertation sur la faim et le développement social du Montréal métropolitain, etc.

La Table de concertation du Montréal métropolitain se définit comme un lieu collectif de réflexion, d'information et de concertation autour d'enjeux reliés à la faim et la pauvreté sur le territoire du grand Montréal. Comme le mentionne le bulletin À table! de la Table de concertation du Montréal métropolitain (1998), ce collectif comprend des organismes de première ligne, des coalitions de quartier, des banques alimentaires, des organismes à vocation régionale, ainsi que des personnes intéressées à mettre leur expertise au service de ces groupes. Son action est orientée dans le sens du développement solidaire et de l'innovation dans les solutions à l'appauvrissement. L'engagement des cuisines collectives dans la lutte contre l'exclusion et la pauvreté en fait des partenaires appréciés, d'autant plus que dans plusieurs régions du Québec, comme d'autres organisations communautaires aguerries, elles commencent à démontrer une solidarité sociale et politique qui dépasse l'échelle locale.

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3. LES CUISINES COLLECTIVES AILLEURS DANS LE MONDE

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