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Lautofinancement de services de proximité de type cuisines collectives

DÉFIS ET ENJEUX ÉCONOMIQUES

2. LE DÉFI DU FINANCEMENT

2.4. Lautofinancement de services de proximité de type cuisines collectives

Les cuisines collectives comptent une part d'autofinancement qui varie d'un milieu à l'autre. L'autofinancement des cuisines renvoie à trois grandes sources : 1) une cotisation de la part des membres ; 2) des activités de vente de produits ou de services qui génèrent des revenus ; 3) la constitution de la cuisine en entreprise d'économie sociale. Dans certains cas, s'ajoutent aussi des dons de personnes de la communauté qui croient en leur cause. Bien sûr s'ajoute à ces entrées d'argent le temps fourni par des bénévoles, rarement comptabilisé mais n'en constituant pas moins une ressource indispensable au fonctionnement des cuisines.

La cotisation des membres est le plus petit dénominateur commun en ce qui concerne l'autofinancement. La majorité des cuisines calculent cette cotisation en fonction du nombre de portions ramenées dans la famille ou, pour employer une expression courante, selon le nombre de bouches à nourrir dans la famille. La question de la cotisation, plus que sa valeur de revenu pour la cuisine, comporte une valeur symbolique. Payer sa cotisation renvoie à l'idée que les membres ne sont pas les bénéficiaires d'une œuvre de charité. Le principe d'autoproduction s'applique ici en ce sens que les membres fournissent la main-d'œuvre et paient à la mesure de leurs moyens les repas produits pour leur famille.

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Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré : Entraide et services de proximité : l’expérience des cuisines collectives, Lucie Fréchette, ISBN 2-7605-1078-6 • D1078N

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Avec le temps, des cuisines accroissent leur part d'autofinancement par la vente de produits et de services. On entre alors dans une logique marchande au profit de l'organisation. Il peut s'agir de vendre des portions supplémentaires des mets préparés à la cuisine ou encore des produits apprêtés par des membres de la cuisine. Par exemple, chaque automne, des cuisines de l'Estrie, de Montréal et de la Montérégie organisent des cueillettes de pommes qui rapportent à leurs membres et à la cuisine collective. Outre les provisions que peuvent constituer les membres pour leur famille, il y a confection de compote de pommes, de tartes et d'autres produits qui sont vendus pour générer des profits destinés à la cuisine.

Des opérations saisonnières de vente de produits s'organisent ainsi dans plusieurs cuisines.

Le Festival des conserves de Bouffe-Action de Rosemont

À l'été 1995, 12 personnes ont cuisiné pour produire plus de 600 pots de conserves vendus à l'automne lors du Festival des conserves. L'activité comptait trois objectifs : acquérir des connaissances et des habiletés en matière de mise en conserve, augmenter les revenus d'autofinancement, promouvoir Bouffe-Action dans le milieu.

Les cuisines collectives qui réussissent accordent de l'importance à l'augmentation de l'autofinancement de leur organisation. Le Carrefour des cuisines collectives de Sherbrooke rapporte se préoccuper de diversifier ses sources de financement et d'accroître sa part d'autofinancement. Ce regroupement génère près de 40 % d'autofinancement dans le total des revenus de ses cuisines. Centraide, la Régie régionale, les caisses populaires, les programmes fédéraux et provinciaux en matière d'emploi lui ont apporté un soutien appréciable pour le reste du budget. Leurs cuisines se sont mises à la vente de produits alimentaires. On écoule, ainsi 2 000 tourtières préparées par des bénévoles avant Noël au prix de 5,00 $ chacune. Les cuisines Saint-Roch, Centre-Sud et celles de Richmond vendent des tabliers et des mets préparés pour des occasions spéciales (sucettes, desserts, etc.). Des cuisines ont produit des livres de recettes qu'elles vendent dans leur milieu. Les cuisines collectives Hochelaga-Maisonneuve vendent des services de formation d'aides-cuisiniers.

Une troisième étape dans l'autofinancement est d'envisager que les cuisines génèrent des profits à la manière de petites entreprises. Il y a là tout un éventail de possibilités depuis l'établissement de petits contrats

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jusqu'à la création d'une entreprise d'économie sociale (OBNL ou coopérative).

Le Carrefour des cuisines collectives de Sherbrooke a créé un service de traiteur qui fournit des buffets et des goûters aux organismes communautaires de la région, de même qu'à plusieurs institutions du réseau de la santé et des services sociaux et à des clubs sociaux. En 19951996, la cuisine Saint-Roch mettait sur pied un système de gestion et de la publicité pour son projet de service de traiteur, service dont le développement s'inscrit comme priorité à son plan d'action 1996-1997. D'autres cuisines emboîtent aussi le pas dans cette voie. La Cuisine Hochelaga-Maisonneuve discute depuis quelques années de la possibilité de produire et de vendre en grande quantité des repas congelés. La Maison de quartier Villeray, avec ses ateliers de cuisine, a mis en place un système de production et de vente de mets congelés qui génère une bonne entrée de fonds pour l'organisme tout en s'inscrivant dans une dynamique de motivation et de développement des habiletés des membres (Beeman et al. 1996).

Le financement et le soutien aux organismes communautaires s'accompagnent souvent d'un encadrement réglementaire alourdi, de comptes à rendre en nombre croissant et d'une redéfinition en goulot d'étranglement des rapports entre les employés du secteur public et les permanents des organismes communautaires.

Les déficiences dans la gestion financière existent dans le secteur communautaire. Il n'est cependant pas nécessaire de déclencher des mesures de contrôles apparentées à celles qui s'appliqueraient à l'analyse des opérations de multinationales. Les accrocs dans les finances des organismes communautaires sont d'ailleurs bien moindres que les dysfonctionnements et les éléments de gaspillage de fonds publics relevés chaque année par le Bureau du Vérificateur général du Québec ou du Canada. Bref, tout en maintenant une vigilance acceptable, ne pas confondre la petite caisse d'une cuisine collective et le blanchiment d'argent à l'échelle internationale !

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CHAPITRE 7

CONDITIONS SOCIOPOLITIQUES

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