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Les initiatives novatrices de la cuisine Les cuisines jeunesse

Expériences novatrices

L'ITINÉRAIRE D'UNE CUISINE NOVATRICE

1.6. Les initiatives novatrices de la cuisine Les cuisines jeunesse

La Cuisine jeunesse consiste en une cuisine collective adaptée à la situation des jeunes. En effet, les jeunes sont amenés très tôt à se retrouver seuls à la maison après l'école ou encore à garder de jeunes enfants même à l'heure

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Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré : Entraide et services de proximité : l’expérience des cuisines collectives, Lucie Fréchette, ISBN 2-7605-1078-6 • D1078N

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des repas. Les enfants et les adolescents sont aussi réputés ne pas très bien s'alimenter, à plus forte raison si la culture culinaire de la famille laisse à désirer.

Le projet de cuisine de jeunes a été conçu comme une série de rencontres hebdomadaires de groupes de jeunes réunis pour cuisiner. Les activités s'échelonnent sur dix semaines à raison d'une session hebdomadaire d'environ deux heures. Les jeunes, en équipe de deux, préparent deux ou trois grosses portions des mets au menu. Les quantités préparées sont suffisantes pour que les jeunes cuistots en apportent à la maison en espérant que les familles apprécient les mets et aient l'idée de les reproduire. De plus, le jeune est valorisé dans une activité qui confirme ses talents.

L'objectif des cuisines jeunesse était d'abord de sensibiliser les jeunes à des questions relatives à la qualité de leur alimentation. De façon plus spécifique, on voulait que des jeunes réalisent des apprentissages en cuisine (préparation de mets économiques et nourrissants, règles d'hygiène et de conservation des aliments, ouverture à la nouveauté en matière d'aliments, etc.) et qu'ils vivent une expérience de coopération par l'intermédiaire des cuisines collectives. On a alors ciblé de façon secondaire l'augmentation des connaissances en nutrition et des notions de base en cuisine, le développement de l'autonomie et du travail d'équipe.

La publicité s'est effectuée de bouche à oreille et, en 1995-1996, la Cuisine a formé cinq groupes de six jeunes (30 jeunes). L'activité a été si populaire qu'une liste d'attente a dû être dressée. En 1996-1997, l'organisme a repris l'activité et, cette fois, deux catégories de groupes ont été créées : les 8-10 ans et les 11-13 ans. Neuf groupes ont été formés; certains se rencontraient une fois par semaine, d'autres à deux reprises. En tout, 50 jeunes ont participé au projet.

Certains jeunes qui avaient participé l'année précédente désiraient s'impliquer de nouveau à tout prix. L'organisme leur a alors donné le mandat de parrainer les nouveaux groupes.

L'activité Cuisine jeunesse a été réalisée grâce à la contribution financière du Fonds de création d'emplois du Syndicat de l'enseignement de l'Estrie, membre de la CEQ. Le syndicat régional a remis la somme de 7 500 $ chaque année aux Tabliers en folie, pour assurer le salaire de l'intervenante, une diplômée en éducation engagée annuellement pour une durée de 20 semaines à raison de 30 heures par semaine. Les autres frais pour démarrer le projet ont été couverts avec l'aide des municipalités environnantes qui ont donné un total de 400 $ en 1995-1996 et près de 500 $ en 1996-1997.

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L'activité s'autofinance aussi en partie par les cotisations des jeunes.

Le coût de participation, en 1995-1996, était de 25 $ pour 10 rencontres, alors qu'en 1996-1997 il en coûtait 24 $ pour participer à huit rencontres.

L'organisme demande un prix le plus bas possible afin de favoriser un maximum de participation, dont celle des jeunes de familles économiquement défavorisées.

L'ensemble du projet s'est avéré un succès. Outre les effets de l'éducation à la nutrition à partir d'apprentissages expérientiels, plusieurs jeunes ont eu l'occasion de vivre une expérience de groupe valorisante. Les activités centrées sur l'acquisition de compétences par les jeunes misent sur les forces de ces jeunes, contrairement à plusieurs projets qui présentent des activités où l'on sensibilise surtout les jeunes à des difficultés qu'ils éprouvent. Sans nier la valeur et la pertinence de projets s'attaquant aux difficultés des jeunes, il apparaît toutefois important que l'on mise d'abord sur des processus d'entraide valorisant les forces des enfants et des adolescents. Le degré de satisfaction des participants a été fort élevé, ce qui a créé un pouvoir d'attraction important dans la communauté et dans les écoles pour ce genre de projet. Un autre effet secondaire est d'avoir donné de la visibilité à la cuisine collective dans les familles de la ville et des environs. La cuisine est alors perçue comme un milieu stimulant, ce qui vient briser les préjugés qui pourraient se développer quant à ce type d'organisme.

Le Troc à--tout, un système d'échange local

Le Troc-à-tout est un réseau d'échange de biens et de services mis sur pied par une coalition d'une dizaine d'organismes réunis pour l'occasion au sein du comité Action-Entraide. Les Tabliers en folie ont été un membre des plus actifs au sein de ce comité. Depuis son entrée officielle en activité, le Troc-à-tout est parrainé par Les Tabliers en folie, organisme qui gère aussi le système informatisé des points et des enregistrements des échanges.

Le Troc-à-tout est ce qu'on appelle ailleurs un système d'échange local ou SEL1. On définit les SEL comme des associations ou organisations communautaires au sein desquelles les membres échangent, sur une base locale, des services et des biens de divers types. Les échanges sont régulés par une unité de compte ou des points qui remplacent la monnaie, l'unité qui régule les échanges étant propre au groupe de membres. Les membres disposent en général d'un carnet de ces unités ou points

1. Les SEL ont leur pendant anglo-saxon dont ils ont d'ailleurs tiré leur inspiration, les LETS (Local exchange trading system). Pour plus de détails sur le fonctionnement des SEL voir Servet et Bayon (1999), Bayon et Servet (1998) November (1998).

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d'échange ou d'un relevé périodique leur indiquant leur solde de points.

L'ensemble du système d'échange est traité par un programme informatique. Un catalogue d'offre et de demande permet aux membres d'entrer en communication les uns avec les autres et de s'entendre sur l'échange souhaité.

Les SEL s'inscrivent dans le mouvement de promotion de pratiques économiques nouvelles qui prennent en considération la dimension sociale sous-jacente aux échanges économiques. Ainsi, les SEL sont bâtis sur le principe du réseau comme terrain d'échange fertilisé par la réciprocité. Les SEL sont des organisations qui veulent favoriser la mise en réseau de gens disposés à créer entre des liens sous forme d'échanges pour résoudre une partie de leurs difficultés économiques et stimuler le réseautage dans la communauté locale.

En 1999, à Richmond, 400 personnes provenant en majorité de la MRC du Val-Saint-François sont membres du Troc-à-tout. Ce service à but non lucratif basé sur le principe du troc compte autour de 150 à 200 échanges par semaine. Il peut s'agir d'échange de vêtements, de biens d'usage domestique et de plats congelés disponibles au local d'échange ou encore de transactions entre membres pour échanger des services dans divers domaines, dont l'aide domestique, le transport, des travaux d'entretien extérieur, des cours variés personnalisés, etc.

Une employée à mi-temps assure l'animation et les tâches administratives.

Certains membres y travaillent en étant rémunérés avec des points qu'ils peuvent utiliser pour leurs échanges. Le local d'échange de biens, situé sur la rue Principale en face de la cuisine collective, est ouvert une journée par semaine avec le projet d'ouvrir sous peu une deuxième journée. Le local est devenu non seulement un lieu de rencontre pour l'échange de biens, mais encore un lieu de rencontre amicale. Le Troc-à-tout veut stimuler l'entraide dans la région et se développer en tant qu'organisme d'économie sociale.

Le jardin communautaire

Le dernier né des projets des Tabliers en folie est celui de la mise sur pied d'un jardin communautaire2. Le projet est actuellement à l'étude et si tout se déroule bien il est possible que l'on passe à l'action au printemps 2000. La cuisine espère ainsi non seulement accroître les économies au budget familial par une activité d'autoproduction, mais encore favoriser les échanges et l'entraide autour d'une nouvelle activité ouverte à tous dans le milieu.

2. Pour en savoir plus au sujet des jardins communautaires, voir Boulianne (1998) et les travaux de Cérézuelle (1995) et de Cérézuelle et Roustang (1998).

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