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3.3. Phase d’identification des PME responsables

3.4.2. La méthode de collecte des données

3.4.2.5. La recherche documentaire

Ayant une valeur historique et étant utiles pour établir des comparaisons et évaluer des données primaires, les documents sont utilisés dans notre recherche comme source de données secondaires.

Dans la littérature, nous retrouvons deux types de documents écrits : internes (archives, notes, rapports, documents, règles et procédures écrites, modes d’emploi, revues de presse, etc) et externes (ouvrages dans les bibliothèques et les centres de documentation comme des thèses, des recherches en cours, des publications officielles d’organismes publics et/ou internationaux, etc). Au cours de notre phase de recueil des données, nous nous sommes focalisée principalement sur la collecte de documents internes, comme les dossiers constitués pour la mise en œuvre de pratiques RSE et la convention collective relative à l’activité de l’entreprise. Dans le cas où les documents ne sont pas numérisés, nous avons établi une fiche de synthèse du document durant sa consultation. Notre objectif étant de comprendre l’évolution des PME vers un engagement RSE global, l’analyse de ce type de données nous a permis de « reconstituer des actions passées transcrites dans les écrits qui ont influencé les

CHAPITRE 3 : Positionnement de la recherche

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internes génère des informations dont les acteurs ne parlent pas spontanément lors des

entretiens en face à face» (Thiétart et al., 1999, p. 251). Dans ce cadre, et comme le précise

Hlady Rispal (2002, p.132), dans notre recherche « le recueil de données écrites poursuit (ainsi) une double finalité de compréhension par la reconstitution des évènements passés leur comparaison aux évènements présents d’une part, de validation, en venant compléter, éclairer, voire contredire les données colligées à l’aide des autres modes de recueil d’autre

part ». Nous avons inséré en annexes (Annexe 3.5), des exemples de documents collectés

durant cette phase d’investigation empirique.

3.4.3. La méthode d’analyse des données

Dans le cadre de notre recherche, nous avons débuté l’analyse des matériaux recueillis au cours de la phase de la collecte des données, se conformant ainsi aux recommandations de Miles et Huberman (2005). Nous avons alors commencé par réaliser une fiche de synthèse après chaque entretien et rédiger des « mémos » à la fin de chaque journée passée au sein de l’entreprise. L’élaboration de ces différentes fiches a été d’une grande utilité pour nous puisque cela nous permettait de mieux nous situer dans la masse des données recueillies. En effet, à partir de ces résumés, nous avons pu opérer à une première identification des thèmes, questions, et problèmes émergeant du terrain ; ce qui a permis une meilleure planification des prochains contacts et de nos orienter dans notre recherche. Une telle approche permet une meilleure validité interne de la recherche.

Les entretiens ayant été retranscrits, nous avons procédé à leur codification, permettant ainsi un meilleur accès aux matériaux recueillis et sauvegardant l’anonymat des personnes observées. Cette codification s’est faite selon la structure proposée dans le tableau 3.10. Nous avons inséré en annexes, la liste détaillée des entretiens effectués par cas (Annexe 3.2) ainsi qu’un exemple de retranscription d’entretien (Annexe 3.3).

Tableau 3. 10: La codification des entretiens

Structure de la codification Explications

RAF_DIR1

La première partie de la codification correspond à l’organisation dont

dépend le répondant RAF, SOT, BVD, HLN, LFY, INTER, BWY, MDT.

RAF_DIR1 La deuxième partie spécifie les répondants : - DIR pour dirigeant, - EMP pour les membres du personnel.

180 Nous avons ensuite procédé à une analyse du contenu de type thématique des différents matériaux recueillis (les corpus des entretiens, les notes des fiches d’observation et les documents consultés). Cette méthode représente la méthode d’analyse la plus utilisée en sciences de gestion. Elle « fonctionne par opérations de découpage du texte en unités, puis en

classification de cas unités en catégories selon des regroupements analogiques » (Bardin,

1991, p.136). Il s’agit en effet d’organiser l’abondance des informations retranscrites selon différents thématiques.

Pour les besoins de cette analyse, nous avons procédé à un codage des différents matériaux collectés. Comme le préconisent Miles et Huberman (2005, p.127), nous avons entamé le codage des données dès le début de notre travail de terrain. En effet, « coder ne consiste pas seulement à « préparer les données » pour l’analyse, mais oriente le recueil de données en cours. C’est en un mot une forme d’analyse en continu. Le travail de terrain qualitatif doit

être itératif ».

Pour procéder au codage, il faut découper le contenu d’un discours ou d’un texte en unités de codage, appelées également unités d’analyse et à les intégrer au sein des catégories sélectionnées en fonction de l’objet de la recherche (Allard-Poesi, 2003).

Une première étape consiste alors à déterminer l’unité de codage ou unité d’analyse. C’est

« l’élément en fonction duquel le chercheur va procéder au découpage du discours ou du

texte » (Thiétart et al., 1999, p.455) ; elle peut être constituée d’un mot, un groupe de mots,

une phrase, un paragraphe (Allard-Poesi, 2003 ; Bardin, 2007). La perspective de l’analyse thématique, adopte « comme unité d’analyse une portion de phrase, une phrase entière, ou un groupe de phrases. Ce dernier type d’analyse étant le plus fréquent dans les études sur les

organisations » (Thiétart et al., 1999 ; p.460), nous choisissons comme unité d’analyse, le

groupe de phrases.

L’unité d’analyse étant déterminée, il s’agit ensuite de les catégoriser. « Une fois les unités d’analyse repérées dans le discours ou le texte, il s’agit de les placer dans des catégories. Une catégorie est un regroupement d’unités d’analyse. Toutes les unités d’analyse

appartenant à une même catégorie sont supposées (soit) avoir des significations proches »

(Thiétart et al., 1999, p.455).

Recourant à NVIVO 7, le logiciel d'analyse qualitative de données, le processus de codage s’est opéré suivant deux niveaux successifs :

CHAPITRE 3 : Positionnement de la recherche

181 Le premier niveau de codage est descriptif et s’est fait sur la base d’une lecture flottante des données recueillies. Pour cela, nous avons établi un plan général de codage avant d’entamer le travail sur le terrain (Miles et Huberman, 2005, p.116) à partir du cadre conceptuel de la recherche. « Certaines catégories apparaissent ainsi évidentes et sont directement codées

dans ce document. Chaque catégorie « incarne l’attribution même de la signification » (Paillé

et Muchielli, 2007, p. 148). Au fur et à mesure de l’avancement du codage, ce plan va être enrichi par des thèmes46 récurrents mis en avant durant la retranscription pour aboutir à un document récapitulatif de l’ensemble des codes utilisés : le dictionnaire des thèmes.

Ce premier dictionnaire des thèmes regroupe des thèmes issus de la littérature et des éléments descriptifs relatifs à la description de l’engagement de la PME envers ses PP, de l’appréhension du dirigeant et de sa situation d’action selon les différentes dimensions d’une part, et des thèmes empiriques émergents à partir de leur évocation récurrente dans les propos des répondants, d’autre part.

Nous passons ensuite à un deuxième niveau de codage, appelé codage thématique. Si « le codage de premier niveau est un moyen de résumer des segments de données. Le codage thématique est une façon de regrouper ces résumés en un nombre plus réduit de thèmes ou

d’éléments conceptuels plus synthétiques » (Miles et Huberman, 2005, p.133). Suivant ce

raisonnement, nous allons reformuler certains thèmes et en regrouper d’autres pour former des familles de thèmes.

Le dictionnaire des thèmes final a été construit suivant ce processus itératif, récapitulant ainsi les familles de thèmes, les thèmes et les catégories relatives à chacun de ces thèmes. Nous avons inséré en annexes, le dictionnaire des thèmes complet (Annexe 4.1) ainsi que le dictionnaire des thèmes illustré avec des extraits du verbatim (Annexe 4.2). Les analyses intra-cas et inter-cas ont été menées sur la base de ce document.

Pour l’analyse intra-cas, nous avons procédé au codage par cas, en découpant le corpus des différents matériaux collectés pour le cas en question. Il est en effet important à ce stade de trianguler les données en comparant les différentes sources : une convergence entre les différentes sources permet une validation d’un « fait ». L’analyse des données intra-cas se compose de deux volets principaux :

46 Le thème est l’unité de signification qui se dégage naturellement d’un texte analysé selon certains critères relatifs à la théorie qui guide la lecture (idées, propositions porteuses de significations …) (Bardin, 2005).

182 En premier lieu, nous procédons à la description de la nature et de l’évolution de l’engagement RSE de la PME étudiée envers ses différentes PP définies. Pour l’évaluation de l’engagement RSE de la PME à partir des différentes sources de données dont nous disposons, nous nous sommes en premier lieu basée sur les résultats d’une enquête portant sur les pratiques responsables des PME tunisiennes. Ensuite, nous nous sommes basée sur le discours du dirigeant ainsi que sur sa confrontation avec les discours de différents membres de l’entreprise occupant des postes à niveaux hiérarchiques différents. Enfin, notre observation ainsi que l’étude des différents documents ont représenté une source supplémentaire pour l’évaluation de cet engagement.

Pour décrire l’évolution de l’engagement RSE du cas, nous commençons d’abord par identifier les différentes phases d’engagement RSE de la PME à travers une analyse des processus selon deux étapes. D’abord, nous tenterons de réduire les données en regroupant les pratiques selon les PP et en les classant ensuite par ordre chronologique. A partir de ce classement chronologique, nous chercherons à identifier des phases c’est-à-dire des périodes unifiées et cohérentes séparées par des points de rupture qui marquent la transition d’une phase à l’autre (Van de Ven et Poole, 1989 ; Strauss et Corbin, 1990).

Pour les besoins de cette étape, nous nous sommes d’abord basée sur les résumés intermédiaires par cas. Ensuite, nous avons dressé des matrices liste contrôle pour chaque cas étudié. Enfin, nous avons élaboré des matrices chronologiques dans le but de représenter ces phases (Miles et Huberman 2005). Nous avons inséré en annexes les matrices chronologiques pour les cas se caractérisant par une évolution dans leur engagement sociétal (Annexe 4.6). Pour chaque phase, le type d’engagement RSE a été apprécié en global, sélectif ou faible selon la nature et l’intensité de l’engagement envers les PP. Dans ce sens :

L’engagement RSE global désigne un engagement fort envers toutes les parties prenantes. Par engagement RSE sélectif, nous entendons un engagement mitigé, d’intensité moyenne envers la majorité des PP ou forte envers certaines PP au détriment des autres. Un engagement RSE faible désigne l’absence de mise en œuvre de pratiques responsables envers la majorité des PP.

Chacune des dimensions « responsabilité envers une PP » est appréciée par trois valeurs : 1 faible, 2 moyen et 3 élevé. Un score total a ensuite été calculé pour chaque entreprise pour pouvoir apprécier son degré d’engagement dans une démarche RSE et la classer dans l’un des trois groupes formés.

CHAPITRE 3 : Positionnement de la recherche

183 En second lieu, nous nous focaliserons sur la logique d’action du dirigeant, à l’aide des matrices liste contrôle élaborées pour chaque cas, en cherchant à en identifier les constituants à partir des discours de répondants selon le cadre d’analyse présenté (Tableau3.3). Concrètement, sur la base des pratiques RSE inhérentes à chaque phase, nous tenterons de reconstituer, à partir du discours de répondants pour chacune de ces pratiques, les dimensions relatives à la logique d’action à partir du dictionnaire des thèmes. En troisième lieu, nous formulerons la logique d’action en nous basant sur le concept de « principe moteur » de Guyot et Vandewattyne (2008).

Pour procéder à l’analyse inter-cas, nous avons d’abord dressé une méta-matrice partiellement ordonnée, pour ensuite passer aux tableaux synoptiques ordonnés de dimensions relatives à la logique d’action : l’acteur et la situation d’action (Miles et Huberman, 2005). Ces tableaux, consistant à déterminer combien de cas partagent les mêmes caractéristiques, ont d’abord été dressés pour chaque type d’engagement sociétal séparément. Puis, pour analyser les dimensions sous-jacentes à l’articulation entre les stades, ces tableaux ont été construits sur la base des cas à engagement sociétal sélectif et global, ensuite faible et global et enfin faible et sélectif.

184 Conclusion :

Ce troisième chapitre a porté sur le positionnement de notre recherche relatif aux volets : empirique, théorique et méthodologique.

Sur le plan empirique, il apparait qu’en dépit des différentes initiatives menées dans le domaine de la RSE et du DD, la Tunisie fait face à de nombreux défis sociétaux et les pratiques responsables adoptées par les entreprises restent fragmentaires et non inclusives. Dans ce cadre, le contexte tunisien semble représenter un cadre empirique pertinent pour l’étude de la RSE. D’autant plus que le thème de la RSE dans les pays en voie de développement d’une manière générale et le rôle joué par les PME dans ces pays est présenté comme parmi les problématiques les moins traitées dans la littérature sur le DD et la RSE. Sur le plan théorique, pour comprendre ce qui favorise un engagement RSE global dans les PME, notre cadre conceptuel s’articule autour de deux perspectives principales : En premier, l’apport de la théorie des parties prenantes (Freeman, 1984), et en second, l’apport de l’approche sociologique des logiques d’action (Amblard et al., 2005).

Sur le plan méthodologique, nous avons opté pour une recherche exploratoire, basée sur un plan multi-méthodes. Suite à une première enquête quantitative visant une identification de la structure de l’engagement sociétal des PME tunisiennes, nous avons choisi de mener une recherche qualitative par la méthode des cas, afin d’analyser l’évolution des pratiques RSE et les logiques d’action de leur dirigeant s’articulant autour de l’acteur et de sa situation d’action.

Sur la base de ces différents choix, nous exposerons dans le chapitre suivant les résultats de l’enquête quantitative et nous exposerons les résultats de l’analyse intra-cas.

CHAPITRE 4 : Constitution et analyse des cas d’étude

185

C

HAPITRE

4 :

C

ONSTITUTION ET

186 Figure 4.1 : Positionnement du chapitre 4 dans la thèse

Chapitre 1 :

De la RSE dans l’univers des PME: - De la notion de RSE

- La responsabilité sociétale des PME dans la littérature

Chapitre 2:

Des logiques d’action des dirigeants de PME:

- Les dirigeants de PME

- De la notion de logique d’action

Chapitre 4 :

Constitution et analyse des cas d'étude: - Les résultats de la phase quantitative - Les résultats de l'analyse intra-cas

Chapitre 5 :

Comparaison et discussion des résultats de la recherche:

- Analyse inter-cas

- Discussion des résultats de la recherche

Chapitre 3:

Positionnement de la recherche: - Choix empiriques de la recherche

- Choix conceptuels de la recherche - Choix méthodologiques de la recherche

Introduction générale: - Constats

- Questions et objectifs de la recherche - Cadre méthodologique global

- Architecture de la thèse

Conclusion générale: - Synthèse du travail

- Contributions conceptuelles, méthodologiques et pratiques - Limites théoriques et méthodologiques

CHAPITRE 4 : Constitution et analyse des cas d’étude

187 Nos différents positionnements empirique, théorique et méthodologique, ayant été précisés et justifiés au niveau du chapitre précédent, il s’agit au niveau de ce quatrième chapitre de présenter les résultats émanant des différentes méthodes d’analyse de données, aussi bien quantitatives que qualitatives. En premier, nous exposons les résultats de l’enquête par questionnaire destinée à proposer une cartographie des PME tunisiennes selon leurs pratiques RSE. En second, nous nous attardons sur l’analyse intra-cas des données qualitatives provenant de l’étude de cas multiples. Nous visons ainsi à répondre à l’impératif d’enracinement des cas, nécessaire dans une démarche de recherche interprétativiste.

1. L

ES RESULTATS DE LA PHASE QUANTITATIVE

Nous procédons, dans cette première section, à une présentation des résultats de la recherche quantitative menée en trois étapes : l’analyse factorielle, l’analyse de classification et les analyses de variance à un facteur et du test post hoc de Duncan. Celles-ci débouchent sur l’identification de quatre groupes se positionnant différemment par rapport aux pratiques RSE.