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Engagement sociétal global en PME : une approche par les logiques d'action des dirigeants en Tunisie

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

HAL Id: tel-01591564

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Submitted on 21 Sep 2017

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Engagement sociétal global en PME : une approche par les logiques d’action des dirigeants en Tunisie

Ines Mhissen Mhedhebi

To cite this version:

Ines Mhissen Mhedhebi. Engagement sociétal global en PME : une approche par les logiques d’action des dirigeants en Tunisie. Gestion et management. Université de Valenciennes et du Hainaut- Cambresis; École Supérieure de Commerce de Tunis, 2017. Français. �NNT : 2017VALE0019�. �tel- 01591564�

(2)

Pour obtenir le grade de Docteur de l’Université de VALENCIENNES ET DU HAINAUT-CAMBRESIS et l’ECOLE SUPERIEURE DE COMMERCE DE TUNIS

Sciences de gestion

Présentée et soutenue par Ines MHISSEN MHEDHEBI Le 18/03/2017, à l’ESCT

Ecoles doctorales :

Sciences Juridiques Politiques et de Gestion (SJPG)

Economie, Comptabilité, Finances et Gestion (ECCOFIGES) Laboratoires :

Institut du Développement et de la Prospective (IDP)

Laboratoire Interdisciplinaire de Gestion Université-Entreprise (LIGUE)

Engagement sociétal global en PME:

Une approche par les logiques d'action des dirigeants en Tunisie

JURY

Président du jury

- Zouaoui, Mahmoud. Professeur. ESCT, Université de la Manouba.

Rapporteurs

- Courrent, Jean-Marie. Professeur. Université de Montpellier.

- Chtourou, Wafi. Maitre de conférences. IHEC, Université de Carthage.

Co-directeur de thèse

-Gherib, Jouhaina. Professeur. ISCAE, Université de la Manouba.

Co-directeur de thèse

-Berger-Douce, Sandrine. Professeur. Ecole des Mines de Sainte-Etienne.

(3)
(4)

I

R EMERCIEMENTS

La présente thèse a été dirigée par Pr. Jouhaina Gherib et Pr. Sandrine Berger-Douce.

Tout au long de sa préparation, leurs encouragements, suggestions et critiques constructives m’ont évité bien des errements et m’ont aidé à affiner mes analyses. Je voudrais leur exprimer ma profonde reconnaissance et ma grande estime.

J’adresse mes sincères remerciements au professeur Mahmoud ZOUAOUI qui m’a fait l’honneur de présider le jury de cette thèse, ainsi qu’au professeur Jean-Marie Courrent et monsieur Wafi Chtourou qui ont accepté d’être les rapporteurs de ce travail.

Je voudrais également exprimer ma gratitude à l’ensemble du personnel enseignant et administratif de l’ESCT et l’UVHC pour son accueil, sa gentillesse et sa disponibilité.

Mes remerciements vont à toute personne qui m’a apporté son appui pour l’accomplissement du présent travail, et particulièrement à tous les dirigeants qui ont bien voulu me recevoir dans leurs entreprises et pour la confiance qu’ils m’ont témoignée ainsi que les membres du personnel qui m’ont aidé lors de ma recherche sur le terrain et qui ont accepté de se prêter à cet exercice.

Un grand merci à ma mère qui par sa présence et son aide inconditionnelle m’a permis de me consacrer à ce travail de recherche, ainsi qu’à Amira pour son soutien permanent durant toutes ces années.

A l’issue de ce travail très prenant, je tiens à exprimer ma gratitude à mon époux Hakam d’avoir accepté et encouragé ma poursuite de ce chemin sinueux, marqué par des moments de doutes et d’espoirs et qui a fait preuve de beaucoup de patience face à mes humeurs changeantes durant ces derniers mois.

(5)

II A la mémoire de mon père,

A ma famille

(6)

III Ce travail de recherche se situe dans le champ des facteurs explicatifs de l’engagement RSE des PME. Plus particulièrement, l’objectif principal de la recherche est de comprendre les conditions d’émergence d’un engagement sociétal global, entendu comme multi-parties prenantes, dans les PME tunisiennes. Dans le but de dépasser les limites des recherches antérieures et atteindre cet objectif, la recherche mobilise le concept de logique d’action initialement utilisé dans le domaine de la sociologie et réfutant la séparation entre l’acteur et la situation d’action.

Pour répondre à la question de recherche principale posée par la thèse « Quelles logiques d’action des dirigeants peuvent mener à un engagement RSE global en PME? », une enquête quantitative a été menée pour dresser une cartographie des types d’engagements RSE des PME tunisiennes avant de procéder à une étude qualitative pour caractériser et décrire l’évolution des logiques d’actions de huit dirigeants de PME, identifiés à des degrés d’engagement RSE différents. Les conclusions de la recherche tendent à révéler que la logique d’action hédoniste peut être propice à un engagement RSE. D’autres logiques d’action peuvent, quant à elles, correspondre à une appropriation globale de la RSE dans le cas où l’acteur présente des prédispositions à l’engagement envers les PP (logique d’action entrepreneuriale). La PME, dirigée selon une logique d’action managériale, nécessite quant à elle, des efforts à fournir en termes de cadres institutionnel et réglementaire pour la mener vers un engagement significatif.

Mots-clés : RSE, PME, Parties prenantes, Logique d’action, Dirigeant.

Abstract:

Trying to explore the factors related to CSR commitment in SME, the purpose of this research is to understand the conditions underlying the emergence of a global social commitment in Tunisian SMEs, defined as multi-stakeholder commitment. In order to overcome the limitations of previous studies and reach this purpose, the present research uses the concept of logic of action originally used in sociology and refuting the separation between the actor and the action situation.

To answer the thesis main research question "Which manager’s logics of action can lead to a global CSR commitment within SMEs?”, a quantitative survey was first conducted to establish a map related to the types of CSR commitments of Tunisian SMEs. Second, a qualitative study was realized to characterize and describe the evolution of the logic of action of eight SME managers presenting different levels of CSR engagement. The research findings tend to show that the hedonistic logic of action can be conducive to a global CSR commitment. Other logic of action can correspond to a global appropriation of CSR if the manager has specific predisposition (entrepreneurial logic of action). The SME, headed by a managerial logic of action, requires meanwhile, efforts in terms of institutional and regulatory frameworks in order to reach a significant CSR engagement.

Keywords: CSR, SME, Stakeholders, Logic of Action, Manager.

(7)

IV

S OMMAIRE

Remerciements ... I Résumé ... III Sommaire ... IV Liste des tableaux ... V Liste des figures ... IX

Introduction générale ... 1

Chapitre 1 :De la RSE dans l’univers des PME ... 12

1. De la notion de RSE ... 14

2. La RSE des PME dans la littérature ... 41

Chapitre 2:Des logiques d’action des dirigeants de PME ... 63

1. Les dirigeants de PME ... 65

2. De la notion de logique d’action ... 86

Chapitre 3 :Positionnement de la recherche ... 125

1. Choix empiriques de la recherche ... 127

2. Choix conceptuels de la recherche ... 134

3. Choix méthodologiques de la recherche ... 150

Chapitre 4 : Constitution et analyse des cas d’étude ... 185

1. Les résultats de la phase quantitative ... 187

2. Les résultats de la phase qualitative ... 192

Chapitre 5 : Comparaison et discussion des résultats de la recherche ... 252

1. Analyse inter-cas ... 254

2. Discussion des résultats ... 275

Conclusion générale ... 306

Références bibliographiques ... 319

Annexes ... 340

Table des matières ... 407

(8)

V

L ISTE DES TABLEAUX

Tableau 1.1 : L’évolution des définitions de la responsabilité sociétale ... 22

Tableau 1.2 : Les catégories de mesures de la RSE ... 31

Tableau 1.3 : Revue de la littérature sur les échelles de mesure de la RSE ... 34

Tableau 1.4: La place des PME dans l’économie de la zone Maghreb ... 45

Tableau 1.5: Approches théoriques mobilisées dans les recherches sur la RSE des PME ... 47

Tableau 1.6: Principaux déterminants de l’engagement sociétal des PME ... 59

Tableau 2.1: Les traits personnels du dirigeant-propriétaire ... 66

Tableau 2.2.: Définitions de l’entrepreneur ... 67

Tableau 2.3. La distinction entre entrepreneur et dirigeant- propriétaire ... 69

Tableau 2.4: Fondateurs- propriétaires versus managers professionnels ... 72

Tableau 2.5 : Approche par les traits et caractéristiques ... 74

Tableau 2.6: Typologie des compétences du dirigeant de PME ... 77

Tableau 2.7 : Proprio-dirigeant de PME et stratégie ... 82

Tableau 2.8 : Une revue de la littérature des typologies de dirigeants ... 84

Tableau 2.9 : Synthèse et rapprochement des principaux types de dirigeants de PME ... 86

Tableau 2.10: Les quatre types de logiques d’action ... 94

Tableau 2.11: Le concept de logique d’action dans l’approche cognitive ... 96

Tableau 2.12: Stades de développement selon différentes théories ... 100

Tableau 2.13: Le concept de logique d’action dans les recherches de la théorie développementale constructiviste ... 102

Tableau 2.14: Comportements stratégiques du dirigeant ... 108

Tableau 2.15: Les configurations de PME d’après Bentabet et al. (1999) ... 108

Tableau 2.16: Typologie du petit entrepreneur en DD d’après Marchesnay (2009) ... 110

Tableau 2.17: Le concept de logique d’action dans l’approche sociologique... 112

Tableau 2.18 : Synthèse et rapprochement des différents types de logiques d’action ... 121

(9)

VI

Tableau 3.1: Conventions ratifiées sur des thèmes liés à la RSE ... 129

Tableau 3.2: Cadre juridique tunisien lié à la RSE ... 130

Tableau 3.3: Une revue de la littérature sur les dimensions des logiques d’action ... 149

Tableau 3.4: Positions épistémologiques des paradigmes, positiviste, interprétativiste et constructiviste ... 151

Tableau 3.5: Hypothèses sous-jacentes à la nature de la connaissance produite ... 152

Tableau 3.6: Données générales sur les entreprises de l’échantillon ... 164

Tableau 3.7: Synthèse de l’analyse factorielle ... 166

Tableau 3.8: Le choix des cas pour la constitution d’un échantillon théorique ... 168

Tableau 3.9: Profil des cas étudiés et modalités de recueil des données... 171

Tableau 3.10: La codification des entretiens ... 179

Tableau 4.1 : Synthèse des tests et résultats de l’analyse factorielle ... 188

Tableau 4.2: Composition des solutions générées par la méthode de Ward ... 189

Tableau 4.3: Groupes pratiques RSE générés par la procédure K-means ... 190

Tableau 4.4: Validation de la solution typologique ... 190

Tableau 4.5: Groupes de PME selon leur engagement RSE ... 191

Tableau 4.6: Description de l’engagement envers les PP des PME à engagement global ... 192

Tableau 4.7: Evolution chronologique de l’engagement RSE du cas INTER ... 193

Tableau 4.8: Les constituants de la logique d’action du dirigeant du cas INTER ... 201

Tableau 4.9: Evolution chronologique de l’engagement RSE du cas RAF ... 204

Tableau 4.10: Dimensions favorisant l’engagement RSE du cas RAF ... 212

Tableau 4.11: Evolution chronologique de l’engagement RSE du cas BVD ... 215

Tableau 4.12: Dimensions favorisant l’engagement RSE du cas BVD ... 220

Tableau 4.13: Description de l’engagement envers les PP des PME à engagement sélectif . 222 Tableau 4.14: Evolution chronologique de l’engagement RSE du cas SOT... 222

Tableau 4.15: Les constituants de la logique d’action du cas SOT ... 229

Tableau 4.16: Evolution chronologique de l’engagement RSE du cas HLN ... 231

(10)

VII

Tableau 4.18: Description de l’engagement envers les PP des PME à engagement faible .... 237

Tableau 4.19: Engagement RSE du cas MDT ... 238

Tableau 4.20: Les constituants de la logique d‘action du dirigeant de MDT ... 240

Tableau 4.21: Engagement RSE du cas BWY ... 242

Tableau 4.22: Les constituants de la logique d‘action du dirigeant de BWY ... 245

Tableau 4.23: Engagement RSE du cas LFY ... 247

Tableau 4.24: Les constituants de la logique d‘action du dirigeant de LFY ... 249

Tableau 5.1 : Les trajectoires menant vers un engagement RSE global ... 255

Tableau 5.2: Comparaison des constituants de la logique d’action des cas à engagement global ... 259

Tableau 5.3 : Comparaison entre logiques d’action pour les PME à engagement RSE global ... 260

Tableau 5.4: Les trajectoires menant vers un engagement RSE sélectif ... 260

Tableau 5.5 : Comparaison des constituants de la logique d’action des cas à engagement sélectif ... 262

Tableau 5.6 : Comparaison entre les logiques d’action pour les PME à engagement RSE sélectif ... 263

Tableau 5.7: les trajectoires menant vers un engagement RSE faible... 264

Tableau 5.8 : Comparaison des constituants de la logique d’action des cas à engagement faible ... 264

Tableau 5.9 : Comparaison entre les logiques d’action pour les PME à engagement RSE faible ... 266

Tableau 5.10 : Comparaison des constituants de la logique d’action des cas à engagement global et à engagement sélectif ... 270

Tableau 5.11 : Comparaison des constituants de la logique d’action des cas à engagement global et faible ... 271

Tableau 5.12: Comparaison des constituants de la logique d’action des cas à engagement faible et sélectif ... 273

(11)

VIII Tableau 5.13: Fidélité de la recherche ... 284 Tableau 5.14: Validité de la recherche, adapté de Hlady Rispal (2002, p.100) ... 285 Tableau 5.15 : Discussion de la nature de l’engagement RSE ... 290 Tableau 5.16: Discussion des constituants des logiques d’action avec les travaux antérieurs ... 297 Tableau 5.17 : Conditions requises pour un engagement RSE global selon la logique d’action du dirigeant ... 302

(12)

IX

L ISTE DES FIGURES

Figure 0.1 : Le déroulement général de la thèse... 11

Figure 1.1 : Positionnement du chapitre 1 dans la thèse ... 13

Figure 1.2 : Les trois piliers du développement durable ... 26

Figure 1.3 : Développement progressif de la RSE et l’émergence des concepts dérivés ... 30

Figure 2.1 : Positionnement du chapitre 2 dans la thèse ... 64

Figure 2.2 : Les stades de développement de la conscience ... 90

Figure 3.1 : Positionnement du chapitre 3 dans la thèse ... 126

Figure 3.2 : Schéma conceptuel de la recherche ... 138

Figure 4.1 : Positionnement du chapitre 4 dans la thèse ... 186

Figure 4.2 : Synthèse des résultats de l’étude du cas INTER... 203

Figure 4.3 : Synthèse des résultats de l’étude du cas RAF... 214

Figure 4.4 : Synthèse des résultats de l’étude du cas BVD ... 221

Figure 4.5 : Synthèse des résultats de l’étude du cas SOT ... 230

Figure 4.6 : Synthèse des résultats de l’étude du cas HLN ... 236

Figure 4.7 : Synthèse des résultats de l’étude des cas MDT, BWY et LFY ... 250

Figure 5.1 : Positionnement du chapitre 5 dans la thèse ... 253

(13)

Introduction générale

1

I NTRODUCTION GENERALE

(14)

2

« Le mouvement actuel de la RSE, qui s’est constitué à partir de couches apportées par de multiples acteurs, est composé de discours, de pratiques, de politiques et de normes sans véritable cohésion. Il montre aujourd’hui ses limites dans la mesure où la responsabilité apparait collective et nécessite d’être appréhendée de façon globale, c’est-à-dire dans ses aspects multidimensionnels et dans un cadre spatial planétaire. »

Capron et Quairel-Lanoizelée (2015, p.8)

Suite à « une période troublante de désencastrement de l’économie par rapport au social, où l’on a vu l’entreprise poursuivre ses propres buts sans se préoccuper des impacts sociaux et environnementaux de ses activités » (Lapointe et Gendron, 2004, p.2), le besoin d’une nouvelle vision et d’un nouveau mode de management des entreprises s’est fait sentir durant les dernières décennies parmi les pouvoirs publics et les praticiens. C’est également dans ce contexte que l’intérêt du milieu académique pour la thématique du développement durable s’est accru et qu’un nombre croissant de chercheurs et de praticiens se sont intéressés à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et à ses impacts sur les objectifs et les pratiques des entreprises (Mousiolis et al., 2014 ; Mayr, 2015).

Toutefois, ayant été « porté par un mouvement aux multiples composantes », le concept de RSE s’est « propagé sans acception commune » (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2015, p.7) et il n’existe, aujourd’hui, pas de consensus autour de sa définition. Un état qui découlerait selon Carroll (1999) du caractère englobant, multi-facettes et dynamique de la RSE. Outre cette absence de consensus autour de la définition, l’acronyme de « RSE » est lui-même objet de débat. Entre responsabilité sociale des entreprises et responsabilité sociétale des entreprises, le « S » est traduit dans les travaux de différentes manières avec une domination du terme

« social » dans les recherches anglo-saxonnes et de celui de « sociétal » dans la littérature francophone.

Dans le cadre de la présente thèse nous opterons pour le terme sociétal qui nous semble renvoyer à une plus large signification et faire référence, comme le souligne Amadieu (1999), à une « notion qui recouvre l’ensemble des conséquences humaines et sociales de son (l’entreprise) fonctionnement et de son activité ». Nous choisissons également de recourir aux termes engagement RSE et engagement sociétal de façon indifférenciée pour désigner une entreprise qui assume sa responsabilité envers ses parties prenantes (PP). Le concept de PP se présentant, aussi bien dans la littérature académique que managériale, comme fortement lié à la RSE, nous le mobiliserons en nous référant à la théorie des parties prenantes introduite par Freeman (1984) comme « un projet fédérateur et l’un des fondements des relations

(15)

Introduction générale

3 entreprise-société » (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2015, p.44) et présentant l’entreprise comme une entité incorporée dans un environnement composé de réseaux et de relations (Gendre-Aegerter, 2008). Cette perspective d’analyse de l’entreprise met en exergue la nature des objectifs à intégrer au niveau des stratégies sociales.

La revue de la littérature portant sur l’engagement sociétal des entreprises permet de relever un nombre important de travaux ainsi qu’un cumul des connaissances produites assez conséquent. Certains constats aussi bien théoriques qu’empiriques ainsi que certaines limites peuvent toutefois être relevés. Ils constitueront le point de départ de notre recherche.

Une marginalisation des PME dans le champ de la recherche sur la RSE

Le premier constat tiré de l’analyse des travaux existants permet de relever un premier paradoxe : la focalisation d’un nombre important des recherches sur la grande entreprise au détriment de la petite et moyenne entreprise (PME), en dépit de l’importance de ce dernier type d’entreprises dans les tissus économiques et donc de son rôle dans la dégradation constatée des conditions environnementales et sociales (Lund-thomson et al., 2014).

En effet, force est de constater que les travaux scientifiques menés sur le thème de la RSE ont longuement porté de manière quasi-exclusive sur le monde des grandes entreprises au détriment des PME (Jamali et al. 2009; Jenkins, 2004). Paradoxalement, il est couramment admis (Ammenberg et Hjelm, 2003, Afic, 2007, Bendiabdellah, 2009 ; Stekelorum et al., 2016) qu'elles représentent près de 90% de la totalité des entreprises, occupent environs 60%

de la main d’œuvre et contribuent à hauteur de 70% à la pollution industrielle totale.

Représentant la majorité des acteurs économiques, les PME contribuent ainsi aussi bien à l’essor économique des nations qu’à la dégradation de l’environnement par leurs pratiques depuis des siècles. En effet, bien que l'impact individuel des PME tant sur le niveau économique que social et environnemental puisse sembler relativement limité, les conséquences cumulées de ce segment d’entreprises peuvent s’avérer substantielles (Williamson et al. 2006 ; Benabou et Bendiabdellah, 2009).

L’idée courante que les PME sont des versions réduites des grandes entreprises a également contribué pendant une longue période à la marginalisation des PME dans les travaux portant sur les problématiques sociétales (Russo et Perrini, 2010).

Avec la mise en cause de cette hypothèse, on relève, aujourd’hui, un intérêt plus accru pour l’étude de la responsabilité sociétale des PME en tant qu’entités distinctes des grandes entreprises (Johnson et Schaltegger 2015 ; Mayr et al., 2015). Sans observer un renversement

(16)

4 des tendances, nous assistons depuis le début des années 2000, à l’apparition d’une nouvelle génération de travaux portant exclusivement sur les entreprises de tailles réduites (Friedman et Miles, 2002 ; Spence et al., 2007 ; Berger-Douce, 2008 ; Bonneveux, 2009 ; Russo et Perrini, 2010, Jamali et al., 2015). Les résultats de ces travaux semblent démontrer que les différences de taille entre les entreprises impactent le caractère responsable de leur gestion, l’adoption de pratiques RSE, ainsi que les déterminants d’un engagement sociétal (Mayr et al., 2015). Ces recherches soutiennent et confirment que la tendance vers la RSE ne peut devenir pérenne qu’avec l’implication d’une masse critique de PME (Spence et al., 2007) et appuient la nécessité de multiplier les travaux portent sur ce type d’entreprises. C’est à ce type d’appel que nous répondrons tout au long de cette thèse.

Un manque de recherches multi-dimensionnelles de la RSE

L’examen de la littérature portant sur la responsabilité sociétale des entreprises en général et celle des PME en particulier permet de constater la focalisation des recherches sur un ensemble limité (et souvent différent d’une recherche à une autre) de dimensions de la RSE.

Ainsi, Capron et Quairel-Lanoizelée (2004) soulignent que les recherches portant sur l’intersection entre les différents volets sont rares et Wolff (2004) relève la prépondérance de l’étude de la dimension environnementale dans les travaux portant sur le DD, de l’ordre de 40% à 60%, face à un intérêt mineur aux PP (entre 6% et 22%) et en particulier l’éthique (entre 3% et 15%).

Or, en dépit du manque de consensus autour de sa définition, une tendance lourde reconnaît la RSE comme un concept conjuguant les dimensions économique, sociale et environnementale (Bansal, 2005; Lozano, 2008) et impliquant une multitude de PP envers lesquelles l’entreprise peut s’engager (Turker, 2009a ; CE, 2011). Ce constat est renforcé par l’intérêt croissant des chercheurs académiques et des experts à l’approche multi-parties prenantes de la norme ISO 26000 (Sitnikov et Bocean, 2012)

Ce second paradoxe de la reconnaissance du caractère multidimensionnel de la RSE d’un côté et de la focalisation d’une grande majorité des travaux sur la RSE sur un nombre limité de volets, de l’autre côté, a entrainé un flou quant à la nature et à l’intensité de l’engagement RSE et une difficulté de généralisation des résultats obtenus.

Partant de ces constats, des études récentes mettent en exergue l’importance de la question relative à l’articulation et les relations complexes qui pourraient exister entre les volets de la RSE, ainsi que la nécessité de considérer simultanément ses différentes dimensions

(17)

Introduction générale

5 (Stekelorum et al., 2016). Par conséquent, un effort supplémentaire en termes d’analyses dans une logique globale et dynamique est nécessaire pour apporter des précisions sur la nature des pratiques responsables et l’articulation entre ses différentes dimensions. C’est dans ce type de recherche que nous nous inscrivons.

Une focalisation sur le dirigeant au détriment du contexte

En dépit du nombre croissant des recherches consacrées à la RSE dans les PME, les conclusions quant à la spécificité et à l’ampleur de l’appropriation du concept par ce type d’entreprises sont encore limitées, démontrant que les connaissances théoriques pour expliquer l’engagement de ces acteurs et proposer les moyens de le renforcer demeurent insuffisantes. L’étude des travaux antérieurs permet plus précisément d’établir un troisième constat portant sur la dissociation faite entre l’acteur et son contexte et la focalisation ainsi qu’une surreprésentation du premier au détriment du second dans la mise en relief des déterminants de l’engagement RSE dans les PME (Bonneveux et Soparnot, 2016).

En effet, présentés comme jouant un rôle clé dans la prise de décision et dans l’élaboration de la stratégie de l’entreprise (Mayr et al., 2015), les dirigeants de PME sont considérés comme les pivots de l’engagement sociétal de leurs organisations (Marchesnay, 2009 ; Russo et Perrini, 2010). Les chercheurs se sont alors intéressés à leurs profils à travers leurs valeurs, leurs représentations, leurs expériences personnelles et professionnelles et leurs identités (Paradas, 2013 ; Spence et al., 2013). Toutefois, à l’opposé de ce qu’on observe dans les recherches portant sur les grandes entreprises, face à la reconnaissance de l’importance du rôle du dirigeant, une moindre importance a été accordée aux contextes des actions dans lesquels évolue ce dirigeant de PME.

Or, l’adoption de pratiques et de comportements responsables de la part du dirigeant ne peut se concevoir ni comme une simple réponse aux contraintes et aux opportunités issues de son environnement ni comme indépendante de processus contextuels et structurels. La complexité des questions sociétales, leur interdisciplinarité et les transformations internes qu’elles nécessitent, exigent des compétences et des approches spécifiques auxquelles le décideur pourrait être préparé mais à des degrés différents (Sweet et al., 2003 ; Fernandez et al., 2006 ; Boiral et al., 2009). Le contexte pourrait sous-tendre ces décisions et conditionner l’engagement sociétal de la PME au même titre ou en combinaison avec les caractéristiques du dirigeant.

(18)

6 Partant de ce constat, un courant de recherche récent et mineur mobilise le concept de

« logiques d’action » pour explorer et mieux comprendre l’adoption de pratiques responsables par les entrepreneurs (Boiral, 2009 ; Leunens et al., 2009 ; Marchesnay, 2009). Ils postulent que les qualités d’un entrepreneuriat responsable et durable seraient influencées par les logiques d’actions des dirigeants (Marchesnay, 1998, 2009 ; Boiral et al., 2009 ; Leunens et al., 2009 ; Capron et Quairel-Lanoizelée, 2015). Ces travaux demeurent toutefois principalement théoriques et nécessitent des investigations empiriques pour l’exploration du lien entre l’intention et l’action, afin d’aborder la compréhension des comportements des acteurs en situation, en s’intéressant aux différentes facettes qui permettent de s’en saisir (Brechet et Schieb-Bienfait, 2009).

C’est dans la lignée de ces travaux que nous nous inscrivons et cherchons à mettre au jour

«les raisons d’agir» des individus, en prenant en compte la diversité des mobiles et des rationalités, à partir des discours que tiennent les acteurs sur leur propre conduite (Amblard et al., 2005 ; Guyot et Vandewattyne, 2004, 2008). La mobilisation de ce concept pour expliquer les degrés d’engagement RSE des PME nous semble importante à plus d’un titre. En effet, l’un des intérêts majeurs du concept tel que défini par Amblard et al. (1996, 2005) réside dans

« l’épaisseur » conférée tant à l’acteur qu’à la situation d’action. Ceci permet de comprendre le phénomène analysé et, éventuellement, d’agir sur celui-ci. Le deuxième intérêt de ce cadre tient à ce que le comportement de l’acteur n’est conçu ni comme une simple réponse aux contraintes ou aux opportunités de l’environnement ni comme totalement indépendant d’effets contextuels et structurels. Troisièmement, la mobilisation du concept de logiques d’action permet de réfuter l’existence d’une quelconque « one best way » en matière de gestion d’entreprise et d’entrepreneuriat. La confrontation des études disponibles sur l’entrepreneuriat montre qu’il existe en effet une grande diversité des cheminements qui repose sur les spécificités tant des acteurs et de leurs projets que des situations d’action dans lesquelles ils sont impliqués et des interactions nouées entre eux.

Un biais géographique envers les pays du nord

La problématique de l’engagement des milieux des affaires dans la RSE est planétaire (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2015). L’ampleur de ce mouvement dépend de l’efficacité de sa diffusion dans des pays différents dont il est nécessaire de connaître les spécificités. Or, les connaissances produites conservent un biais géographique très important de par la focalisation des recherches empiriques menées auprès de PME des pays du nord (Fayyaz et al., 2015). La

(19)

Introduction générale

7 validité des conclusions de ces recherches et leur transposition pour comprendre les motivations et les impacts des comportements des entreprises du sud en matière de RSE peut être contestée en raison de la non prise en compte des spécificités contextuelles et culturelles de ces pays (Lindgreen et al., 2009b). Or, même si les recherches menées dans les pays du sud sont encore peu développées (Jamali et al., 2015), elles confirment que la problématique de la RSE et l’engagement des entreprises dans le DD est universelle. Elles soulignent aussi que certaines pratiques peuvent conserver des spécificités culturelles indispensables à saisir pour assurer la diffusion des pratiques responsables à travers les chaînes de valeur globales auxquelles participent activement les PME de nombreux pays du sud.

Ceci est également le constat des chercheurs en Tunisie (Gherib et Berger-Douce, 2012 ; Ben Hassine et Ghozzi-Nekhili, 2013), contexte géographique et culturel de notre recherche.

En effet, dans le contexte tunisien, plusieurs initiatives sont menées et des ambitions sont clairement affichées au niveau des cadres institutionnels, réglementaires et incitatifs pour promouvoir le management responsable. Les grandes entreprises étant marginales dans le tissu économique de ce pays (99,02% des entreprises du pays ont moins de 200 salariés (Institut National des Statistiques, 2005), les politiques environnementales incitatives publiques ont été explicitement orientées vers les PME en raison de leurs poids et importance pour l’ouverture internationale du pays mais également leur fragilité dans un monde globalisé (Turki, 2015). Cependant, l’engagement des entreprises en matière de RSE a démarré timidement (Social consult, 2005) et les PME tunisiennes accusent un retard par rapport à ce courant qui prend de l’ampleur dans les économies développées (ANDD, 2014). Les engagements écologiques, sociétaux et économiques des entreprises dans un pays qui subit des changements politiques et sociaux majeurs depuis 2011 sont de nature à revêtir un intérêt majeur. Ces constats appuient notre intérêt à focaliser la recherche sur la nature et la portée de la RSE dans les PME dans le contexte tunisien.

Questions et objectifs de la recherche

A partir des constats précédemment relevés, notre problématique de recherche porte sur la nature des logiques d’action des dirigeants qui favorisent un engagement RSE global des PME. Nous posons l’hypothèse que dans un contexte particulier et face aux questions sociétales, les dirigeants de PME sont animés par différentes logiques d’action qui influenceraient leur adoption de pratiques responsables envers leurs PP. Plus précisément, nous posons que certaines logiques d’action sont plus propices à une démarche d’intégration globale de la RSE dans les PME en Tunisie.

(20)

8 La question de recherche principale de notre thèse se présente alors comme suit : « Quelles logiques d’action des dirigeants peuvent mener à un engagement RSE global en PME? » Cette question se subdivise en deux sous questions de recherche :

1. Quels constituants des logiques d’action des dirigeants caractérisent un engagement RSE global en PME?

2. Quelles trajectoires peuvent mener vers un engagement RSE global en PME ?

Nous avons donc pour objectif de recherche principal de comprendre les conditions d’émergence d’un engagement RSE global dans les PME. Pour atteindre cet objectif, nous chercherons à expliciter les logiques d’actions des dirigeants de PME et à les relier à des degrés d’engagement de leurs entreprises dans la RSE afin de tenter d’identifier les logiques d’action les plus propices à un engagement global et de reconstituer et analyser les trajectoires qui y mènent afin de contribuer à accroitre les connaissances théoriques dans le domaine.

Ceci nous semble, en effet, important afin de mieux appréhender les ressorts qui se cachent derrière le processus de prise de décisions relatif à la RSE dans ce type d’organisations et saisir la part de l’universel et du contingent dans les pratiques des PME face à la RSE. Ceci permettrait ensuite de prolonger la recherche par des recommandations pratiques afin de mieux cibler les entrepreneurs en tant qu’acteurs clé de l’engagement des PME et les accompagner efficacement dans leurs milieux pour consolider ce mouvement de durabilité soutenu par des politiques publiques nationales offensives en Tunisie.

Cadre méthodologique de la recherche

Sur le plan méthodologique, la démarche adoptée dans ce travail est fondée sur une approche multi-méthodes composée d’une première phase quantitative suivie d’une seconde phase qualitative.

En effet, pour procéder à une analyse des logiques d’action relatives à des types d’engagement variables, nous avons mené une enquête auprès de 106 PME tunisiennes et nous nous sommes appuyées sur la théorie des parties prenantes pour dresser une cartographie de l’engagement sociétal de ces PME envers les différentes PP étudiées. Cette démarche quantitative a permis d’identifier trois types d’engagement différenciés : global, sélectif, et faible.

(21)

Introduction générale

9 Ensuite, nous avons cherché à saisir conjointement l’influence de la nature de la situation et celle des caractéristiques personnelles du dirigeant sur l’ampleur des actions responsables de PME à des degrés d’engagements différents dans la RSE. Cette seconde étape qualitative, exploratoire et à visée compréhensive, s’est basée sur une étude de cas multiples présentant des types d’engagement différenciés. Pour procéder à l’analyse des cas, nous avons cherché à reconstituer les trajectoires de l’engagement RSE sur la base de phases. Nous avons, ensuite, dégagé les constituants des logiques d’action relatifs à chaque phase puis avons formulé la logique d’action du dirigeant correspondante. Dans une troisième étape, nous avons étudié l’influence de ces logiques d’action sur l’évolution de l’engagement RSE dans les PME.

Architecture de la thèse

Le présent document sera constitué de cinq chapitres. Un premier chapitre aura pour ambition d’exposer une synthèse de la littérature portant sur la responsabilité sociétale dans l’univers des PME. Une première section traitera de l’émergence de la notion de RSE et de ses principales perspectives théoriques. Ensuite, nous tenterons d’apporter des précisions conceptuelles, avant de conclure avec un exposé des modes d’opérationnalisation de ce concept dans la littérature spécialisée. Une seconde section se focalisera sur la responsabilité sociétale des PME dans la littérature. En premier, nous passerons en revue les définitions de la PME et tenterons d’expliciter les spécificités et le poids de ce type d’organisations dans l’économie. Ensuite, nous exposerons les spécificités de la responsabilité sociétale des PME.

Le second chapitre de ce travail portera sur les logiques d’action des dirigeants de PME. Une première section sera consacrée aux différentes typologies de dirigeants, alors qu’une seconde section aura pour but de passer en revue les différents travaux ayant mobilisé le concept de logique d’action ainsi que les différentes typologies proposées selon les différentes approches identifiées dans la littérature.

Un troisième chapitre aura pour finalité de définir le positionnement de la recherche. Une première section sera consacrée à la présentation du contexte tunisien par l’exposé du tissu économique tunisien, le contexte de la RSE et du DD en Tunisie et dans les pays en voie de développement de façon générale. Une deuxième section se focalisera sur la pertinence du choix de l’approche sociologique des logiques d’action d’une part et la théorie des parties prenantes d’autre part dans l’étude de la RSE dans les PME. Nous conclurons cette section par le cadre conceptuel de la recherche. Une dernière section aura pour visée de présenter la

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10 démarche méthodologique de la recherche se caractérisant par un design multi-méthodes.

Pour cela, nous définirons d’abord notre posture épistémologique avant d’expliciter les méthodes de collecte et d’analyse de données à adopter aussi bien pour l’enquête quantitative que pour l’étude qualitative.

L’objectif du quatrième chapitre sera de présenter les premiers résultats obtenus suite à la recherche sur le terrain. La première section sera consacrée aux résultats de la phase quantitative et l’identification des groupes de PME selon leur appropriation de pratiques responsables envers leurs PP. La deuxième section aura pour but d’exposer les résultats de l’analyse intra-cas en présentant les trajectoires d’engagement RSE, les logiques d’action des dirigeants et leurs constituants, pour chacune des PME objets de l’étude.

Enfin, le cinquième et dernier chapitre sera consacré à l’analyse inter-cas et à la discussion des résultats de la recherche. Une première section permettra d’analyser l’influence de la logique d’action du dirigeant sur l’engagement sociétal des PME tunisiennes. Une seconde section permettra d’évaluer la pertinence du cadre théorique utilisé et une discussion des résultats obtenus par rapport aux résultats des travaux antérieurs portant sur l’orientation de l’engagement RSE des PME ainsi que les constituants des logiques d’action des dirigeants et leurs natures.

La conclusion générale de la recherche débutera par une synthèse du travail avant d’expliciter les contributions de cette recherche et d’en préciser les limites. Enfin, nous proposerons des recommandations ainsi que des pistes de recherches futures comme prolongements possibles de cette recherche.

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Introduction générale

11 Figure 0.1 : Le déroulement général de la thèse

Chapitre 1 :

De la RSE dans l’univers des PME:

- De la notion de RSE

- La responsabilité sociétale des PME dans la littérature

Chapitre 2:

Des logiques d’action des dirigeants de PME:

- Les dirigeants de PME

- De la notion de logique d’action

Chapitre 4 :

Constitution et analyse des cas d'étude:

- Les résultats de la phase quantitative - Les résultats de l'analyse intra-cas

Chapitre 5 :

Comparaison et discussion des résultats de la recherche:

- Analyse inter-cas

- Discussion des résultats de la recherche

Chapitre 3:

Positionnement de la recherche:

- Choix empiriques de la recherche - Choix conceptuels de la recherche - Choix méthodologiques de la recherche

Introduction générale:

- Constats

- Questions et objectifs de la recherche - Le cadre méthodologique global - L'architecture de la thèse

Conclusion générale:

- Synthèse du travail

- Contributions conceptuelles, méthodologiques et pratiques - Limites théoriques et méthodologiques

- Voies de recherches futures

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12

C HAPITRE 1 :

D E LA RSE DANS

L UNIVERS DES PME

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CHAPITRE 1 : De la RSE dans l’univers des PME

13 Figure 1.1 : Positionnement du chapitre 1 dans la thèse

Chapitre 1 :

De la RSE dans l’univers des PME:

- De la notion de RSE

- La responsabilité sociétale des PME dans la littérature

Chapitre 2:

Des logiques d’action des dirigeants de PME:

- Les dirigeants de PME

- De la notion de logique d’action

Chapitre 4 :

Constitution et analyse des cas d'étude:

- Les résultats de la phase quantitative - Les résultats de la phase qualitative

Chapitre 5 :

Comparaison et discussion des résultats de la recherche:

- Analyse inter-cas

- Discussion des résultats de la recherche

Chapitre 3:

Positionnement de la recherche:

- Choix empiriques de la recherche - Choix conceptuels de la recherche - Choix méthodologiques de la recherche

Introduction générale:

- Constats

- Questions et objectifs de la recherche - Cadre méthodologique global

- Architecture de la thèse

Conclusion générale:

- Synthèse du travail

- Contributions conceptuelles, méthodologiques et pratiques - Limites théoriques et méthodologiques

- Recommandations et voies de recherches futures

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14 La problématique de l’engagement sociétal des PME a suscité un intérêt croissant aussi bien auprès des académiciens que des praticiens. En dépit des résultats atteints, les connaissances produites autour de cette problématique demeurent insuffisantes pour comprendre les enjeux associés à un engagement RSE dans les PME. Ceci est d’autant plus vrai si on s’intéresse à l’engagement global. Ce premier chapitre a pour objet de présenter une synthèse des travaux antérieurs portant sur l’engagement sociétal de ce type d’organisations.

La première section de ce chapitre est consacrée au concept de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et est structurée en quatre paragraphes. Le premier traite de l’émergence et de l’historique du concept. Le deuxième oppose les référentiels des deux logiques de l’éthique des affaires et de la RSE et expose les principales approches théoriques mobilisées dans les recherches sur la RSE. Les différentes définitions proposées du concept de la RSE ainsi qu’un ensemble de notions périphériques sont examinés dans le troisième paragraphe. Enfin, le dernier paragraphe est consacré à une revue de la littérature des procédés d’opérationnalisation proposés pour mesurer ce concept.

La deuxième section de ce chapitre s’intéresse spécifiquement à la RSE dans le champ des PME et s’articule en deux paragraphes. Le premier a pour mission de définir la PME, de présenter ses caractéristiques et de montrer son importance dans le tissu socio-économique aussi bien général que tunisien. Le second paragraphe aborde les spécificités de l’engagement sociétal des PME en précisant ses fondements théoriques, sa nature et ses caractéristiques d’une part ; et en présentant une synthèse des travaux antérieurs portant sur les déterminants de la RSE dans les PME d’autre part.

1. D

E LA NOTION DE

RSE

Depuis l’apparition des concepts de RSE et de développement durable (DD), les controverses sur le sens à donner à ces concepts et de leurs portées et comparabilité se sont accrues (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2015) et « la difficulté majeure d’en cerner les fondements (théoriques, pratiques, académiques et extra-académique) » (Combes, 2005, p.131) n’a pas diminué (Gond et Mullenbach-Servayre, 2004).

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CHAPITRE 1 : De la RSE dans l’univers des PME

15

1.1. Emergence de la notion de RSE

Les origines de la notion de RSE semblent remonter à la fin du dix-neuvième siècle aux Etats- Unis, suite à la prise en compte de la dimension sociale par les hommes d’affaires.

L’intégration de cette dimension serait favorisée par la culture religieuse prépondérante aux Etats-Unis, en particulier la culture protestante qui véhicule des valeurs d’éthique et philanthropiques fortes (Pesqueux, 2010).

Dans la littérature académique, on attribue à Howard Bowen (1953) la paternité du concept

« moderne » de RSE en management dans son ouvrage intitulé ‘Social Responsibilities of the Businessman’ (Carroll, 1979, 1999). Durant les années 1960 et 1970, de multiples travaux s’intéressent au concept et diverses définitions sont proposées pour le cerner (Davis, 1973 ; Caroll, 1979). Toutefois, durant les années 1980, et suite aux critiques et débats suscités par des académiciens libéraux autour de la justification de la RSE, les recherches sur ce thème (Levitt, 1958 ; Friedman, 1970) se réduisent et se muent en des thèmes et théories alternatifs tels que la performance sociale de l’entreprise (PSE), la théorie des parties prenantes et la théorie de l’éthique des affaires (Carroll, 1999).

Ce n’est que vers la fin de la décennie 90 que la RSE est devenue un thème de recherche à part entière (Pesqueux, 2010). Il est à l’origine de l’émergence d’un nouvel espace académique, le courant « Business and Society » (Ben Yedder et Zaddem, 2009) ; un courant qui s’intéresse aux relations entre l’entreprise et son environnement sociétal (Acquier et Gond, 2005).

La RSE est aujourd’hui davantage intégrée au cœur des stratégies des entreprises. Selon Ben Yedder et Zaddem (2009), ceci serait expliqué par, d’une part, une orientation vers une consommation responsable et citoyenne et d’autre part, par l’urgence indiscutable en matière écologique, concrétisée par les récentes catastrophes naturelles et impacts environnementaux de certaines entreprises (Shell, Total), ainsi qu’en matière économique par les faillites touchant de grands groupes américains (Enron, Arthur Andersen).

1.2. Principales approches de la RSE

1.2.1. Principales perspectives de la RSE

La revue de la littérature sur la RSE met souvent en exergue l’existence de deux logiques concurrentes, une logique européenne d’une part, et une états-unienne de l’autre (Combes,

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16 2005). En effet, en Europe, il existe une longue tradition de capitalisme social selon laquelle l’entreprise dispose d’obligations envers la société au-delà de la profitabilité des actionnaires (Doh et Guay, 2006) et le développement durable se présente comme le cadre de référence idéologique de la RSE (Ivanaj et Mc Intyre, 2006). Aux États-Unis, par contre, la notion est plus ancienne. Elle s’enracine dans des préceptes religieux et dans le courant moraliste éthique (Combes, 2005). La limitation de l’influence du concept de DD à la seule perspective européenne a toutefois été réfutée par Capron (2003) qui stipule que l’acception américaine de cette notion n’y est pas totalement hermétique (Ben Yedder et Zaddem, 2009). Il précise, cependant, qu’il existe des différences entre les deux approches. L’approche anglo-saxonne viserait plutôt à corriger les effets des activités économiques et à éviter les impacts dommageables à la valeur actionnariale et à la réputation. L’approche européenne présente, quant à elle, plus de sensibilité à l’égard de l’anticipation et la prévention des risques et se caractérise par une culture organisationnelle et un management basés sur la référence à des valeurs.

La comparaison des perspectives européenne et américaine montre également une divergence concernant la cible visée dans chaque perspective. L’approche anglo-saxonne du concept de RSE porte sur les comportements individuels, en l’occurrence ceux des dirigeants de l’entreprise ; ce qui concorde avec l’ouvrage fondateur écrit par H. Bowen (1953) intitulé « La responsabilité sociale des hommes d’affaires ».

Dans son ouvrage, Bowen (1953) traite de la morale au niveau individuel en se concentrant sur les hommes d’affaires sans évoquer leurs organisations (Carroll, 1999). L’explication de cet intérêt pour les comportements individuels pourrait être justifiée par la dimension culturelle. Dans le contexte états-unien, la logique individuelle est plus prépondérante par rapport au contexte européen et l’éthique des managers ainsi que la volonté des acteurs dominent dans les rapports entre l’entreprise et son environnement. Dès lors, la régulation serait établie sans l’intervention des pouvoirs publics, considérés comme restreignant les libertés individuelles (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2007). Cette logique suppose ainsi une perspective « micro » politique de la RSE, de l’ordre de stratégies édictées par les directions générales (Pesqueux, 2009).

En Europe, par contre, la RSE porte sur les entreprises en tant que collectivités (Combes, 2005) et est beaucoup plus permissive à l’influence de l’État et des autorités publiques (Ben Yedder et Zaddem, 2009). Elle s’inscrit plutôt dans une perspective « macro » politique du développement durable (Pesqueux, 2009) l’imprégnant ainsi d’un aspect plus institutionnalisé.

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CHAPITRE 1 : De la RSE dans l’univers des PME

17 Cet aspect est corroboré par la forte mobilisation de la définition de ce concept donnée par le livre vert de l’Union Européenne dans les travaux européens portant sur la RSE.

1.2.2. Principaux fondements théoriques de la recherche sur la RSE

La majorité des approches théoriques visant à définir la RSE et à en cerner les facteurs explicatifs s’enracine dans les théories de la firme et des organisations. Elles prennent appui sur deux paradigmes opposés (Capron et Quairel-Lanoizelée, 2010). Le premier recouvre les théories sociologiques néo-institutionnelles, suggérant que les motivations des organisations s’inscrivent dans une quête de légitimité (Gond et Mullenbach, 2004). Quant au second, il est fondé sur une approche économique de l’organisation et des théories contractuelles de la firme renvoyant aux principes de l’individualisme méthodologique (Capron et Quairel- Lanoizelée, 2010).

1.2.2.1.La théorie néo-institutionnelle

La théorie néo-institutionnelle a été développée par Meyer et Rowan (1977) et DiMaggio et Powell (1983). Il s’agit d’une vision institutionnelle suggérant que les motivations du comportement des organisations vont au-delà de l’optimisation économique vers des justifications et obligations sociales (Zukin et Dimaggio, 1990, cité par Gond et Mullenbach, 2004). En effet, Meyer et Rowan (1977) stipulent que, mises à part les sources habituelles de succès et de survie organisationnelle, les organisations intègrant des éléments rationalisés et sociétalement acceptés dans leurs structures formelles maximisent leur légitimité et augmentent leurs ressources et capacités de survie.

Dans cette optique, intégrer les principes de la RSE, revient pour les entreprises à une réponse aux pressions institutionnelles. La similarité entre les pratiques mises en œuvre dans les entreprises s’explique bien plus souvent par une quête de légitimité que par des contraintes économiques ou d’efficacité (Allouche, 2002). Oliver (1991) précise, dans ce sens, que les organisations peuvent mettre en œuvre des actions responsables sans que cela ait un lien direct avec un revenu positif ; mais plutôt parce qu’il serait impensable de faire autrement. Le souci de légitimité des organisations conduit souvent ces dernières à adopter des pratiques qui sont peu efficientes (King et Lenox, 2000 ; Boiral, 2007). En effet, dans cette perspective néo- institutionnelle, la rationalisation des pratiques responsables résulte moins de besoins internes ou d’un objectif d’efficience que d’un souci de conformité et de légitimité qui rend les organisations plus « isomorphiques » par l’adoption de structures identiques (Oliver, 1991).

(30)

18 C’est dans ce cadre que DiMaggio et Powell (1983) proposent trois types de déterminants : l’isomorphisme coercitif, l’isomorphisme mimétique et l’isomorphisme normatif.

L’isomorphisme coercitif provient des influences politiques et du problème de légitimité. Il résulte des pressions formelles et informelles exercées par d’autres organisations, desquelles elles sont dépendantes et des pressions culturelles de la société. De telles pressions peuvent être ressenties comme une force, comme une conviction ou encore comme une invitation pour se joindre à une collusion. Quant à l’isomorphisme mimétique, il stipule que l’incertitude représente une puissante force qui encourage l’imitation. Les organisations tendraient alors à prendre modèle sur les organisations similaires du même champ qu’elles perçoivent comme étant plus légitimes ou ayant plus de succès. L’omniprésence de certains types d’arrangements structurels pourrait être attribuée à l’universalité des processus mimétiques plutôt qu’à l’efficacité des modèles adoptés. Enfin, la troisième source du changement isomorphique organisationnel est normative. Elle provient principalement de la professionnalisation.

DiMaggio et Powell (1983) interprètent la professionnalisation comme l’effort collectif des membres d’une profession pour définir les conditions et les méthodes de leur travail pour contrôler « la production des producteurs » et pour établir une base cognitive et une légitimation pour leur autonomie.

1.2.2.2.La théorie de l’agence

Selon la théorie de l’agence (Jensing et Meckling, 1979), l’entreprise est assimilée à un ensemble de contrats se basant sur une relation d’agence. Une telle relation stipule que le principal dispose d’une capacité à contrôler l’agent pour l’amener à servir ses propres intérêts (Lauriol, 2004). Cette perspective présente alors la gestion de l’entreprise comme fondée uniquement sur un objectif de maximisation de la valeur actionnariale ou de marché (Jensen, 1986), occultant ainsi la prise en compte de variables culturelles et individuelles dans le processus de prise de décision (Mathieu et Soparnot, 2007).

Dès lors, la théorie de l’agence constituerait une perspective « simpliste » qui ne permettrait pas d’appréhender l’intégration des principes du DD dans la stratégie et la gestion de l’entreprise (Mathieu et Soparnot, 2007). Ces propos sont toutefois nuancés par Quairel et Auberger (2005) qui expliquent que dans le cas des grandes entreprises, la relation entre actionnaires et dirigeant et le contrôle que peuvent exercer les premiers sur le second, pourraient constituer une pression favorisant l’engagement sociétal, notamment dans le cadre

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CHAPITRE 1 : De la RSE dans l’univers des PME

19 de fonds d’investissements socialement responsables1. Cependant, les auteurs précisent que dans le cas des entreprises de petites tailles, où le dirigeant est généralement propriétaire, ce type de pressions n’existe pas.

En dépit des critiques formulées à l’encontre de cette théorie pour étudier la RSE (Carroll, 1979 ; Capron et Quairel, 2001 ; Mc Williams et Siegel, 2001 ; Greenwood, 2002), elle proposerait des pistes de compréhension de l’entreprise selon une logique relationelle, puisqu’elle évoque la notion de jeux de pouvoirs entre acteurs (Charreaux, 1998). D’autant plus que la relation principal-agent constituerait une version réduite de la notion de partie prenante. « Considérée de la sorte, l’analyse offre une représentation élargie du modèle de Carroll (1979) sur les parties prenantes contractuelles et renoue, ainsi, avec les développements sur la RSE ». (Mathieu et Sopranot, 2007, p.10).

1.2.2.3.La théorie de la dépendance envers les ressources

Cette théorie souligne la dépendance de l’entreprise envers des acteurs de son environnement et affirme que la pérennité de l'entreprise dépend de son aptitude à gérer des demandes de groupes différents, en particulier ceux dont l'apport de ressources et le soutien sont déterminants pour sa survie (Pfeffer et Salancik, 1978, cité par Oliver, 1991). Les théoriciens de la dépendance envers les ressources (Pfeffer, 1982 ; Pfeffer et Salancik, 1978) suggèrent que les organisations tentent d’atteindre la stabilité et la légitimité et que cette stabilité organisationnelle n’est achevée qu’à travers l’exercice du pouvoir, le contrôle ou la négociation dans le but de garantir un niveau stable des ressources vitales et de réduire l’incertitude de l’environnement (Oliver, 1991).

Cette situation implique un management qui reconnaisse et identifie les groupes sociaux dont l’organisation dépend, ajuste ses actions à leurs demandes, gère les contre-pouvoirs et tente de les influencer afin de réduire les incertitudes. La théorie de la dépendance à l’égard des ressources inscrit, alors, l’appropriation de pratiques responsables dans le cadre des finalités économiques traditionnelles de l’entreprise (Quairel et Auberger, 2005) et met en évidence la grande variété de comportements actifs que les organisations peuvent adopter pour manipuler les différentes pressions auxquelles elles sont assujetties ainsi que les attentes des apporteurs de ressources (Oliver, 1991 ; Capron et Quairel-Lanoizelée, 2010).

1 L’ISR concerne des opérations d’investissement prenant en considération les différentes « parties prenantes » concernées par le dit investissement (Perez, 2002).

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20 1.2.2.4.La théorie des parties prenantes (PP)

Si, comme le précise Persais (2004), le concept de partie prenante (PP) apparaît dans la littérature managériale pour la première fois comme un jeu de mots (stakeholder/stockholder) dans une note du Stanford Research Institute (SRI), c’est depuis la publication de l’ouvrage de Freeman (1984) que ce concept s’est répandu imposant la définition d’une PP comme « tout groupe ou tout individu qui peut affecter ou être affecté par la poursuite des buts organisationnels »

Durant les années 80 et 90, plusieurs autres définitions et un nombre important de typologies ont été avancés pour catégoriser les PP en internes et externes pour Caroll et Nasi (1997) ou primaires et secondaires pour Clarkson (1995). Mitchell et al. (1997) présentent un modèle plus développé pour différencier entre les PP en fonction de leur possession de l'un ou plusieurs de ces trois attributs : le pouvoir, la légitimité et l'urgence. A la même période, une littérature émergente en management a pris appui sur le concept de PP pour contester le cadre existant de la RSE (Maignan et al., 1999). Ainsi, Clarckson (1995) et Donaldson et Preston (1995) ont avancé que les entreprises n’ont pas de responsabilités envers la société d’une manière générale mais uniquement envers leurs PP et que l’entreprise est une « Stakeholder corporation », entendue comme un groupement d’intérêts coopératifs et concurrents (Donaldson et Preston, 1995). Depuis, parmi une minorité de cadres théoriques permettant de structurer avec recul une réflexion de fond sur la RSE, la théorie des parties prenantes semble correspondre, aujourd’hui, à l’approche dominante en la matière (Déjean et Gond, 2002).

Aujourd’hui, dire que les entreprises ont des parties prenantes est devenu un lieu commun de la littérature du management, académique, comme professionnelle (Donaldson et Preston, 1995). Le schéma de l’entreprise au cœur d’une roue dont les parties prenantes constituent les rayons (selon la métaphore de Freeman, 1984) fait désormais partie intégrante des modèles organisationnels (Dontenwill, 2005).

Selon la perspective des PP de l'entreprise, une entreprise peut durer dans le temps si elle est en mesure de construire et de maintenir des relations durables avec tous les membres de son réseau de relations (Perrini et Tencati, 2006). Ces relations constituent les principaux actifs que doivent gérer les gestionnaires, et elles sont les sources ultimes de la richesse organisationnelle (Post et al., 2002).

Mercier (2001) estime que cette approche constitue une grille d’analyse tout à fait intéressante pour : 1/« proposer une vision alternative de la gouvernance des entreprises » ; 2/« analyser

(33)

CHAPITRE 1 : De la RSE dans l’univers des PME

21 les mécanismes de management des parties prenantes introduites de façon croissante dans les organisations : adoption de codes de conduite, création de comités éthiques, publication de bilans éthiques et sociaux » ; 3/« aborder les problèmes de respect de la personne, d’équité (interne et externe) et de justice organisationnelle en GRH » et 4/« concrétiser la notion de développement durable et de respect de l’environnement ».

Dès lors, la théorie des PP semble expliquer que « l’entreprise évolue dans un environnement où coexistent différents acteurs (…) à l’égard desquels elle est tenue d’honorer des engagements sociétaux » (Boussoura et Zeribi-Ben Slimane, 2008, p.3). Et c’est dans ce sens qu’elle sert de base, depuis les travaux fondateurs de Freeman (1984), à tous les auteurs travaillant sur la RSE quelle que soit la taille de l’organisation (Quairel et Auberger, 2005).

En effet, la RSE a généralement été présentée comme la résultante d’un jeu de pressions multiformes crées par des groupes d’acteurs aux motivations diverses (Lauriol, 2004) ; « la responsabilité envers la société devient alors la responsabilité envers les parties prenantes » (Quairel et Auberger, 2005, p.113).

De même, Dontenwill (2005) stipule que cette théorie offre un cadre théorique pertinent et opératoire pour les problématiques sociétales. Premièrement, car elle permet de percevoir l’entreprise comme un lieu de médiation d’intérêts parfois contradictoires. Et deuxièmement, vu qu’elle offre une nouvelle vision de l’entreprise comme un « moyen au service des projets des hommes ».

1.3. Précisions conceptuelles

1.3.1. Principales définitions de la RSE

Si la RSE a été parmi les sujets de recherche les plus explorés durant les cinquante dernières années et a suscité l’intérêt des chercheurs et des professionnels (Mathews, 1997), de nombreux chercheurs ont tenté de « fournir des définitions du concept sans pour autant qu’un consensus ne se dégage » (Zeribi et Boussoura, 2007, p.3). Nous chercherons dans ce qui suit à exposer une revue de la littérature des principales définitions du concept de la RSE proposées dans les travaux portant sur ce thème.

Bowen (1953) a soutenu, d’une manière normative et idéaliste (Bowen, 1978), que le concept se réfère aux obligations de l’homme d’affaires de poursuivre des politiques, prendre des décisions, ou de suivre des lignes d’actions concordant avec les objectifs et les valeurs de la société (Falck et Heblich, 2007). Une décennie après, d’autres travaux ont participé au développement de ce concept tel que Davis (1960), Fredrick (1960) et McGuire (1963). Ces

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22 auteurs, comme Bowen, ont fait référence uniquement à l’homme d’affaires. Il a fallu attendre le travail de Davis (1967) pour finalement élargir la définition de la RSE aux institutions et entreprises (Falck et Heblich, 2007).

Plusieurs définitions de la RSE ont ainsi été proposées dans la littérature et souvent il n’y a pas eu de définitions claires et consensuelles, ce qui a accentué l’ambigüité du concept (Carroll, 1979) et rendu difficile son développement théorique et sa mesure (Mc Williams et al., 2006). Des arguments d’ordre sémantique pourraient être avancés à ce niveau pour expliquer cette situation. Comme l’expliquent Gond et Mullenbach (2004), les trois termes

« Responsability », « Accountability » et « Reliability » sont traduits par « Responsabilité ».

Cette confusion persiste pour le terme anglo-saxon « social » qui peut recouvrir aussi bien le terme « social » que « sociétal ». En effet, selon Soors (1981, cité par Toublan, 1995), le terme « social » est relatif aux travailleurs de l’entreprise. Alors que « sociétal », selon Amadieu (1999, cité par Gond et Mullenbach-Servayre, 2005, p.94), c’est une notion intégrant l’ensemble des impacts et répercussions humaines et sociales de l’activité de l’entreprise. Ces difficultés au niveau de la traduction de notions venues d’outre-Atlantique semblent ainsi entraver l’adoption d’une définition consensuelle de la part des chercheurs.

Nous présentons dans le tableau 1.1 suivant les principales définitions proposées.

Tableau 1. 1 : L’évolution des définitions de la responsabilité sociétale2

Source Définition

1. La RSE va au-delà de l’intérêt économique direct de la firme.

Bowen (1953)

La RSE renvoie à l'obligation, pour les hommes d'affaires, de mettre en œuvre les politiques, de prendre les décisions et de suivre les lignes de conduite qui répondent aux objectifs et aux valeurs considérées comme désirables par notre société.

Davis (1960) La RSE est la considération de la firme et sa réponse à des problèmes qui vont au-delà de ses engagements économiques, techniques et légaux pour atteindre le « social benefit ».

McGuire (1963) L'idée de responsabilité sociétale suppose que l'entreprise n'a pas seulement des obligations légales ou économiques, mais qu'el le possède également des responsabilités envers la société, lesquelles vont au-delà de ces obligations.

Backman (1975) La RSE renvoie aux objectifs ou aux raisons qui donnent une âme aux affaires plutôt qu'à la recherche de la performance économique.

Hay, Gray et Gates

(1976) la responsabilité sociétale pousse les entreprises à « prendre des décisions et à s’engager »

Jones (1980) La responsabilité sociétale est [l'idée] selon laquelle les entreprises, au-delà des prescriptions légales ou contractuelles ont une obligation envers les acteurs sociétaux.

2. La RSE consiste à maximiser le profit pour les actionnaires

2 Source : Gond, J.P., Mullenbach-Servayre, A. (2004), « Les fondements théoriques de la responsabilité sociétale de l'entreprise » La Revue des Sciences de Gestion : Direction et Gestion; Jan/Feb 2004, 205, p. 93

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