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Rôle des systèmes localisés de production et d’innovation dans l’impulsion des activités d’innovation

Réseau Commercial propre

Section 1 : Les déterminants de l’innovation

3. Les déterminants géographiques de l’innovation

3.1 Rôle des systèmes localisés de production et d’innovation dans l’impulsion des activités d’innovation

Il existe aujourd’hui une série foisonnante des études décrivant la structure géographique des activités innovantes dans tant dans le contexte américain quand dans le contexte européen. Toutes ces études observent une forte polarisation spatiale des activités liées à l’innovation. Elles s’accompagnent aussi depuis la fin des années 80 d’une production théorique assez importante cherchant à décrire les formes du développement local par l’innovation : District, technopole, parc scientifique, milieu innovateur, cluster de haute technologie…. Ces approches présentent une vision commune : elles considèrent que l’innovation peut posséder une dimension spatiale forte et que les firmes retirent un avantage à se localiser dans un même espace mais elles insistent encore sur les valeurs de la proximité géographique, qui constituerait la cause principale de regroupement des firmes au niveau régional ou local265. Au centre de ces analyses se situe souvent la notion d’externalités géographiques de connaissance. L’effet positif de la proximité géographique résulterait en effet pour l’essentiel de l’existence d’une limitation à la diffusion des externalités de connaissance dans l’espace. Afin de rendre explicite l’objet de ce que nous souhaitons développer ( les déterminants géographiques de l’innovation), dans le présent travail, nous tenons à mettre en évidence le rôle des systèmes localisés de production et d’innovation dans l’essor des activités d’innovation. Nous mettons aussi en évidence le rôle déterminant de la proximité su l’innovation, en montrant encore que des externalités favorables à la diffusion des savoir, faire se développent sous l’effet de la proximité et d’un regroupement spatial de firmes.

3.1 Rôle des systèmes localisés de production et d’innovation dans l’impulsion des activités d’innovation

L’innovation est souvent considérée comme le processus par lequel se transforment les systèmes de production. Or, il se trouve que depuis quelques années, on ne considère plus que les grandes entreprises soient les agents uniques de l’innovation. Les PME, et plus particulièrement les systèmes localisés de PME (districts industriels, technopole, systèmes industriels localisés, districts technologiques….) sont à même d’engendrer des processus d’innovation avec ou sans la collaboration de grandes entreprises. La région et les relations de proximité qui la constituent peuvent être le support actif de l’innovation et du développement économique.

Les travaux en termes de Systèmes Localisés de Production et d’Innovation tentent généralement de définir les conditions institutionnelles et organisationnelles locales favorables au développement des processus collectifs d’innovation. Cette approche permet de comprendre et d’expliquer l’émergence de régions particulièrement dynamiques et qui deviennent des lieux qui génèrent de nouvelles techniques, de nouveaux produits et qui concentrent de nouveaux revenus et de nouveaux emplois. Ces régions sont au cœur des processus de développement économique, « la micro électronique aurait elle existé sans Silicon Valley ? L’extraordinaire développement de la mode et du design dans l’habillement, la chaussure, la lunetterie…. Aurait-il été possible sans les districts industriels du nord de

264 Massard N., Riou S., « Spécialisation et diversité : les enjeux du débat sur la nature des agglomérations innovantes », 3eme journée de la proximité, Paris, Juin 2001

265

Massard N. et Torre A., « Proximité géographique et innovation », revue région et développement, décembre 2004

112 l’Italie ? »266. L’approche par les systèmes localisés d’innovation permet de comprendre comment les relations de proximité peuvent devenir le support des activités d’innovation et du développement économique.

a. Le milieu innovateur :

Le milieu peut se définir comme « un ensemble territorialisé relativement cohérent constitué par un collectif d’acteurs avec leurs savoir faire respectifs et des règles de concurrence/coopération partagées. Il ne constitue en aucun cas un univers clos, mais entre au contraire en interaction permanente avec son environnement, en particulier avec les transformations des marchés et des techniques au niveau international »267

Dans le cadre des travaux du GREMI (Groupe de recherche européen sur les milieux innovateurs), les auteurs Aydalot et Maillat ont mis l’accent sur le territoire comme source d’innovation, ainsi ils ont inventé le terme des milieux innovateurs, en effet, « dans la logique territoriale, l’innovation résulte notamment de la mise en valeur d’un savoir faire et d’une culture technique historiquement constitués grâce à une dynamique interne spécifique à la région »268. Le milieu innovateur a deux fonctions essentielles : en premier lieu, il réduit l’incertitude liée au phénomène de l’innovation, tout en minimisant les obstacles au changement. En second lieu, le milieu innovateur fournit un support durable aux processus d’apprentissage et garantit le transfert tacite de savoir faire et d’actifs immatériels non codifiés entre les entreprises.

Les composantes du milieu innovateurs sont présentées pomme suit :

 Un espace géographique qui n’a pas de frontières et qui présente une certaine unité et une certaine homogénéité qui se traduisent par des comportements identifiables et spécifiques et une culture technique.

 Un collectif d’acteurs : entreprises, centres de R&D, pouvoirs publics locaux…. Doivent avoir une autonomie décisionnelle

 Des éléments matériels (entreprises et infrastructure), immatériels (savoir faire et connaissances), et institutionnels (divers formes de pouvoirs publics locaux et d’organisation ayant des compétences organisationnelles)

 Une logique d’interaction : les acteurs doivent être en relation d’interdépendance basée sur un équilibre entre coopération et concurrence

 Une logique d’apprentissage : capacité des acteurs à modifier leur comportement en fonction des mutations de l’environnement.

La logique d’interaction et d’apprentissage portent sur :

 La formation du savoir faire, qui permet la maitrise du processus de production et la création de nouveaux produits et de nouvelles techniques

 Le développement de normes de comportement qui organise la relation entre les acteurs afin de trouver l’équilibre entre coopération et concurrence

 La connaissance et la capacité d’identifier en tant qu’opportunité d’interaction les ressources spécifiques des différents acteurs ainsi que celle du milieu

 La relation que les acteurs du milieu disposent avec le monde extérieur.

266 Crevoisier O., « Milieux innovateurs, proximité et développement économique », In B. Pecqueur et J.B Zimmermann, « Economie de proximités », édition Lavoisier, Paris, 2004, P149

267

Pecqueur B. et Zimmermann J.B, Opcit, P145

113 b. Le district industriel :

Depuis longtemps, les districts industriels font partie du tissu économique, mais Alfred Marshall fut le premier à s’intéresser à ces structures. En fait, dans son livre intitulé « principes de l’économie politique » en 1907 et dans « industry and trade » en 1919, il parle des avantages secondaires de certaines localisations industrielles spécialisées. Ainsi Marshall définit le district comme étant « un groupe de firme s localisé sur un même endroit spécialisé dans la production d’un ou plusieurs produits et qui bénéficie des économies externes (cout de transaction, échange d’information, confiance, cumul de savoir et innovation »269.

De son coté Beccattini et selon ses observations sur l’industrialisation de la troisième Italie, définit le district industriel comme : « une entité socio territoriale caractérisée par l’association active, dans une aire territoriale circonscrite et historiquement déterminée, d’une communauté de personnes et d’une population d’entreprises industrielles. Dans le strict, à la différence de ce qui se produit dans d’autres milieux, par exemple la ville manufacturière, la communauté et les entreprises tendent, pour ainsi dire à l’interpénétrer »270

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De nombreux auteurs, ayant traité la notion de district industriel, affirment que cette forme favorise les activités d’innovation, « si on synthétise les résultats des travaux sur les districts, on obtient une description standard qui associe les traits suivants : un territoire organisé autour d’une petite ville, la spécialisation dans la fabrication d’un produit spécifique exigeant la mise en œuvre de savoir faire accumulés localement, l’agglomération de nombreuses PME spécialisées liées entre elles par des rapports de concurrence et de coopération, l’importance des économies externes permises par la proximité géographique et l’homogénéité socioculturelle du territoire, une atmosphère favorable à l’apprentissage et à l’innovation….. »271

. c. Les clusters :

Si les clusters constituent une nouvelle manière de qualifier les formes locales d’organisation des activités d’innovation, il n’est pads aisé de définir leur contenu exact, ni de les distinguer de manière radicale de concepts déjà vus auparavant : milieux innovateurs, districts industriels…..ainsi, selon Porter les clusters industriels peuvent se définir comme : « Geographic concentration of interconnected companies and institutions in a particular field. Clusters encompass an array of linked industries and other entities important to competition. They include, for example, suppliers of specialized inputs such as components machinery, and services, and providers of specialized infrastructure. Clusters also often extend downstream to channels and customers and laterally to manufacturers of complementary products and to companies in industries related by skills, technologies, or common inputs. Finally, many clusters include governmental and other institutions – sush as universities, standard-setting

269 Dumas J.C., « Districts industriels : le concept et l’histoire », XIV International Economic History Congress, Helsinki 2006, Session 28

270 Gallaud D. et Torre A., « Les reseaux d’innovation sont ils localisés ? Proximité et diffusion des connaissances, le cas des PME de l’agbiotech », the third Congress on proximity, New Growth and Territories, Paris, 13 and 14 december 2001

114 agencies, think tanks, vocational training providers, and trade associations – that provide specialized training, education, information, research and technical support »272.

L’approche en termes de clusters fait, avant tout, référence au regroupement de différentes firmes au sein d’un même espace géographique. La proximité géographique est souvent considérée, dans ce cas, comme souveraine et porteuse de bénéfices en termes de circulation de connaissances, de diffusion d’une culture commune ou de construction d’un capital humain ou social au sein de l’aire considérée. Porter soutient l’idée que les clusters ne sont pas toujours articulés autour de l’innovation. Quand c’est le cas, il s’agit parfois de complexes de hautes technologie extrêmement performants, comme la Route 128et la Silicon Valley, au sein des quels se trouvent Co-localisées de nombreuses entreprises higt–tech et pour lesquels les auteurs suggèrent que la concentration de la R&D industrielle et la combinaison de connaissances tacites et codifiées jouent un rôle majeur.

d. La learning region :

Ce n’est que récemment que des auteurs ont introduit le concept de learning region pour décrire l’aboutissement d’une transformation du district industriel ou du milieu innovateur (Asheim 1996, Maillat et Kebir 1999), ils considèrent cette notion comme le prolongement du milieu innovateur : alors que le milieu innovateur décrit l’organisation la plus favorable à l’innovation, c'est-à-dire une organisation centrée sur les interactions entre acteurs et systèmes, la learning region explique comment actionner, et stimuler les interactions et ainsi créer un milieu innovateur et le maintenir dynamiquement. Une fois de plus, ce concept se base sur l’idée soulignée par Florida que, suite au passage à une économie basée sur les connaissances, les régions ont un rôle à jouer en offrant des éléments (infrastructures et autres ressources) sur lesquels les entreprises peuvent s’appuyer pour échanger et capitaliser des connaissances.

Pratt a donné une autre définition plus précise , learning region est : « a particular structured combination of institutions strategically focused on technological support, learning and economic development that may be able to embed branch plants in the regional economy, and hence cause firms to upgrade in situ rather than relocate away from the region »273. Nous constatons donc, que non seulement cette learning region fournit les conditions favorable à l’innovation, mais de ce fait permet aussi d’attirer et de retenir des firmes, spatialement agglomérées, capable de se développer de façon endogène.

e. Réseaux ou grappes d’innovation :

Les réseaux remplissent une fonction très importante dans le système économique par les coordinations qu’ils génèrent entre les acteurs. Ceux liés à l’innovation, nommés aussi réseaux technico-économiques, qui sont définit comme « l’organisation des relations hétérogènes qui se développent entre les acteurs engagés dans la production de connaissances certifiées et ceux qui s’efforcent d’établir des avantages compétitifs sur les marchés économiques » le réseau représente en fait le mode d’organisation des agents économiques,

272 Levy R., « La place de la recherche universitaire dans les systèmes d’innovation : une approche territorialisée », thèse de doctorat en sciences économiques, université Louis Pasteur, novembre 2005, P150 273

Hussler C., « Espace, externalités de connaissances et innovation : éclairage théoriques et empiriques », thèse de doctorat en sciences économiques, université Louis Pasteur, décembre 2004, P146.

115 gérant les interdépendances qui possèdent une importance particulière dans le processus de changement technique274.

Selon Callon explique que le réseau est comme « un ensemble coordonné d’acteurs hétérogène : laboratoires publics, centres de recherches techniques, entreprises organismes financiers, usagers et pouvoirs publics qui participent collectivement à l’élaboration, à la production – diffusion de procédés de production, de biens et de services dont certains donneront lieu à une transaction marchande »275. Cela peut nous amener a dire que la création des réseaux dépend étroitement de l’environnement institutionnel.

Les réseaux d’innovation peuvent être de deux types, d’abord il y’a des réseaux d’innovation largement étudiés en économie industrielle, qui renvoient aux accords stratégiques et qui sont souvent le fait de grandes entreprises multinationales. Ces collaborations ont pour caractéristique principale qu’elles visent à résoudre un problème bien particulier et clairement identifié au début de la collaboration. Il s’agit donc de réseaux monofonctionnels. Le deuxième réseau dont la finalité n’est pas aussi bien défini pour la simple raison qu’il existe une trop forte incertitude qui pourrait etre relative à la faisabilité technique, au produit qui sera finalement commercialisé, aux méthodes de fabrication…..276. En général il s’agit de partenaires qui s’engagent dans un processus multifonctionnel et pour lequel il est impossible de dire à l’avance quels seront les couts et les bénéfices pour chacun des partenaires.

La grappe d’entreprise est définit comme « des réseaux d’entreprises indépendantes d’institutions de production du savoir (université, instituts de recherche, entreprises fournissant de la technologie), d’institutions passerelles (par exemple prestataires de services techniques, ou de conseils) et de clients, liés en une chaine de production créant de la valeur ajoutée. La grappe d’entreprises suppose l’échange et le partage des grandes quantités de connaissances et d’information. Selon l’OCDE, la notion de grappe est plus vaste que la notion de réseau d’entreprises. Aucune entreprise ne peut innover dans l’espace clos de ses laboratoires. La grappe, fondée sur les réseaux, se déploie alors comme forme principale d’organisation privée de l’appropriation des connaissances et de l’innovation. Elle permet aux entreprises d’acquérir le maximum de connaissances et d’informations indispensables à leurs projets d’innovations277

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