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Impact des formes de proximité sur la dynamique d’innovation

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Section 1 : Les déterminants de l’innovation

3. Les déterminants géographiques de l’innovation

3.2 Impact des formes de proximité sur la dynamique d’innovation

3.2 Impact des formes de proximité sur la dynamique d’innovation

La définition classique de la proximité évoque le voisinage, la contigüité, la ressemblance et la faible distance. Plus généralement, la proximité entre des éléments d’un ensemble exprime l’existence d’un degré suffisant de similitude d’un ou plusieurs de leurs propriétés. Le concept de proximité a été développé pour la première fois par Nelson R. et Winter S. en 1982. Ce concept est un outil d’analyse tant pour souligner les trajectoires des firmes innovatrices que les combinaisons inter-firmes278.

L’auteur Boschma propose de différencier cinq type de proximité : cognitive, organisationnelle, sociale, institutionnelle et géographique qui peuvent encourager et améliorer les interactions entre institutions productrices de connaissances et la création de connaissances communes. Selon le même auteur : « the more proximity between actors (in

274 Amable B., Barré R. et Boyer R., « Les systèmes d’innovation à l’ère de la globalisation », édition Economica, 1997, P101

275 Amable B. et al., Opcit, P120 276

Huriot J.M. et Perreur J., « Proximité et distances en théorie économique spatiale », édition economica, 1998, P142

277 OCDE, Manuel de Frascati, « Méthode type proposée pour les enquêtes sur la recherche et le développement expérimental, 2002,

116 whatever form), the more they interact, the more they learn to innovate »279, signifient que la proximité entre les acteurs favorise plus leurs interactions et ainsi ils apprennent plus à innover.

Si la proximité géographique est importante dans la structuration des espaces favorables à l’innovation technologique, elle n’est pas néanmoins suffisante. Les autres formes de proximités (organisationnelle, institutionnelle, cognitive, sociale) doivent être intégrées dans la réflexion sur les schémas d’organisation et de structuration des activités d’innovation.

a. La proximité géographique :

Elle fait référence à l’ensemble des liens qui peuvent exister entre les agents économiques du fait de la distance qui les sépare sur l’espace géographique. La proximité géographique est associée à certaines nécessités dans la communication, comme le face-à-face. Elle est aussi associée à différentes formes d’externalités regroupées sous le vocable d’économies d’agglomération. De nombreux auteurs s’accordent à conclure que la proximité géographique explique la dynamique d’innovation du fait de son impact sur les externalités de connaissance. Lundvall distingue innovation radicale, incrémentale et technologie stationnaire et montre que chacune est associée à des formes d’interaction spatiales différentes280

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Selon Gerard Varet et Thisse expliquent que le besoin de contacts face à face serait une des raisons essentielles de la concentration géographique de l’innovation : « il reste que certaines activités, en particulier celles de gestion et de recherche, vont vraisemblablement rester regroupées en un petit nombre de grandes métropoles, dans la mesure où le contact direct entre les personnes semble en être un ingrédient indispensable »281.

La proximité géographique est susceptible de jouer un rôle de facilitateur de la coordination des acteurs, dans la mesure où282 :

 Elle peut faciliter la rencontre et donc la mise en relation d’agents qui disposent de ce potentiel lié à une proximité institutionnelle

 Elle peut faciliter le transfert d’une relation d’un contexte d’encastrement à un autre  Elle peut, lorsque la relation est établie, faciliter l’interaction directe par le recours au

face à face

 Mais aussi et surtout elle est susceptible de compenser un défaut ou une insuffisance de proximité de nature non essentiellement géographique (organisationnelle ou institutionnelles)

 Elle produit sous certaines conditions une configuration organisationnelle particulière : le territoire.

La proximité géographique peu favoriser chacune des autres formes de proximité, et inversement chacune de ces formes peut constituer un substitut à la proximité géographique, particulièrement en déclenchant des processus d’apprentissage par interaction et donc de création collectives de connaissances.

b. La proximité organisationnelle :

279 Boschma R., « Proximity and innovation : a critical assessment », regional studies, 39 (1), 2005, P61-74 280

Torre A. et Gilly J.P, « On the analytical dimension of proximity dynamics », regional studies, 34 (2), 2000, P169-180

281 Gerard Varet L.A et Thisse J.F., « Economie publique locale et économie géographique », annales d’économie et de statistiques, n°45, numéro spécial, 1997, P1-18,

117 Cette forme de proximité fait référence à une proximité dans les méthodes qui fondent l’activité principale de l’agent économique considéré. Cependant, la proximité organisationnelle n’est pas forcement associée à une proximité géographique, elle est un facteur qui favorise les échanges d’information (technologiques) mais aussi la mobilité des facteurs entre les agents concernés du fait de l’existence d’un capital commun ou transférable283. Lorsque la proximité organisationnelle est associée à la proximité géographique, les rapports entre les différents agents économiques peuvent s’analyser au travers de la notion de systèmes productifs locaux.

La notion de proximité organisationnelle renvoie aux relations entre les agents et se caractérise par le partage d’une culture et d’une histoire communes, elle est également un facteur qui permet de dépasser les distances naturelles qui séparent les agents de l’innovation.

c. La proximité institutionnelle :

Cette forme de proximité peut se définir comme l’adhésion des agents à des systèmes de valeurs visant à faire aboutir un objectif commun, cette adhésion se traduisant par l’identification d’une structure commune de coordination. Cette structure de coordination peut avoir un aspect formel ou informel, mais doit être reconnue par les collaborateurs pour que l’échange au travers de celle-ci soit valide. La proximité institutionnelle se construit par la reconnaissance d’une liaison réciproque entre l’agent et le collectif, médiatisée par la structure collective.

Selon l’étude de Boschma R., la proximité institutionnelle est liée à l’existence d’un cadre institutionnel commun qui se situe au niveau macro (on retrouve ici le cadre des systèmes nationaux, voire régionaux d’innovation). Ce cadre institutionnel stable sera favorable aux interactions et à la création de connaissances284.

d. La proximité cognitive :

La proximité cognitive correspond au partage d’un cadre de pensée commun, qui renforcera l’échange de connaissances tacites entre institutions. En développant une telle proximité, les acteurs peuvent améliorer leurs capacités d’absorption285. Selon l’auteur Boschma, la proximité cognitive se trouve particulièrement à l’intérieur des firmes. Plus généralement, la proximité cognitive peut relier différents spécialistes d’un même secteur d’activité et qui seront membres du même système sectoriel d’innovation286

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Pour cela, une tres forte proximité cognitive entre individus ou entre organismes, peut conduire à des blocages lors de la création de connaissances, en raison d’un trop grand nombre de routines communes entre les deux institutions, une situation qui diminue la capacité créative de chacune d’entres elles. Ainsi « les acteurs ont besoin de proximité cognitive sous la forme d’une base de connaissance commune s’ils veulent communiquer, comprendre, absorber et traiter les nouvelles informations. Cependant, une trop grande proximité cognitive peut nuire à l’apprentissage interactif, non seulement parce qu’elle

283

Colletis G. et Rychen F., « Entreprises et territoires : proximités et développement local », édition economica, Paris 2004, P49

284 Boschma R. , « Proximité et innovation », économie rurale, N°2, 2004, P24 285

Cohen et Levinthal, Opcit, 1999, P176 286 Boschma R., Opcit, P38

118 diminue le potentiel d’apprentissage, mais également parce qu’elle accroit le risque d’enfermement et de fuites intempestives et indésirables vers les concurrents »287

. e. La proximité sociale :

Ce type de proximité a lieu du fait que les relations économiques entre acteurs sont insérées dans des relations sociales. Par exemple les cadres d’entreprise qui fréquentent les mêmes salons professionnels, lisent les mêmes revues spécialisées, trouveront naturellement intérêt à échanger leurs connaissances et à faire des projets en commun288.

Cette proximité se réalise en raison de l’existence de relations fondées sur la confiance réciproque entre les organisations qui partagent des connaissances. La prise en compte de la proximité sociale dans l’analyse des relations économique est issue des travaux de Granovetter qui remarquait que les relations économiques n’avaient pas lieu uniquement dans le cadre de relation de marché, mais qu’elles étaient intégrées dans des relations sociales, basée sur certaines confiance qui encourage les agents à rester honnêtes. Plus précisément : « the embeddedness argument stresses instead the role of concrete personal relations and structures (or networks) of such relations in generating trust and discouraging malfeasance”289

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