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Section 2 : Modèles et processus d’innovation

1. Différents modèles d’innovation

D’après la littérature récente, plusieurs auteurs ont mis en relief la place de la connaissance scientifique dans le processus d’innovation, et ils ont concluent que le modèle classique ou traditionnel dis modèle linéaire de l’innovation ne prend pas réellement en considération l’interaction entre les différents éléments de l’innovation, pour cette raison plusieurs autre modèles ont été proposées en mettant en reliefs cette complicité.

Au sein des théories économiques de l’innovation, deux modèles d’innovation ont souvent été opposés : le modèle « science push » ou la science qui pousse l’innovation et le modèle « demand pull » ou la demande du marché qui induit l’innovation.

1.1 Le modèle linéaire d’innovation ‘’science push’’

En effet, le « modèle traditionnel ou linéaire » représentait l’innovation comme une chaîne de montage ou une course de relais, où les découvertes de la recherche fondamentale (universitaire surtout) faisaient l’objet d’applications expérimentales diverses. Des produits étaient ensuite développés par l’Entreprise, puis étaient sur le circuit commercial.

La première modélisation a été initié par l’économiste autrichien Joseph Shumpeter (1883-1950) et c’est au cours des années 1950/1960 que ce modèle est apparu où le développement des produits a été sur les avancées technologiques, qui orienta les politiques en matière de recherche. Ce modèle suggère que l’innovation émerge d’un flux unidimensionnel ce qui ne laisse aucune place aux feeds-back c'est-à-dire aux éventuels retours entre une étape et une autre étape, qui tire son origine dans la science et les activités de recherches et développement et son point final dans une application commerciale. Il considère l’innovation comme un processus linéaire (une succession d’étapes obligées et ordonnées), et non pas comme un résultat. Ce processus commence avec une découverte scientifique, puis suivent diverses étapes comme : l’invention, la technologie, la fabrication pour finir par l’arrivée d’un nouveau produit/service/procédés, sur le marché.

Ce mode de fonctionnement suppose une organisation cloisonnée, une spécialisation des personnes et des activités des services. Il est fondé sur l’idée que les étapes du processus d’innovation sont prévisibles et que l’on peut par avance prévoir les ressources nécessaires à mobiliser. Les étapes peuvent être variable en nombre et en spécificités mais le processus débute forcément par l’invention, ensuite vient la R&D et se termine invariablement par l’innovation. La R&D reste au cœur de ce processus134

. Ce modèle est composé des éléments suivants.

Figure N°5 : Le modèle linéaire de l’innovation (science push)

Source : Guillermo Cortes Robles, « management de l’innovation technologique et des connaissance : synergie entre la théorie TRIZ et le raisonnement à partir de cas ». Application en génie des procédés et systèmes

industriels, these de doctorat en système industriels, Toulouse, 2006, P16.

134 Perrin Jacques, « Concevoir l’innovation industrielles », édition CNRS, Paris, 2001, P111. Connaissance

de base

Conception et technologie

47 Le modèle science push s’intéresse à la qualité de la recherche comme déterminant de son utilisation par les Entreprises. Il repose sur le postulat que la recherche de qualité sera automatiquement et rapidement appropriée et utilisée par les Entreprises. Ainsi, il ne sera plus nécessaire de créer des mécanismes de liens entre les chercheurs et les Entreprises, ni que les chercheurs fassent des efforts pour disséminer leurs résultats de recherche. Le rôle des Gouvernements est donc ici limité au financement de la recherche. Ils se sont effectivement limités à jouer un rôle de bailleurs de fonds jusque vers la fin des années 1960. Le fait que le transfert de connaissances ne soit pas aussi automatique et rapide que postulé par ce modèle amena le développement d’un second modèle, le demand pull model.

1.2 Le modèle Demande pull

Lorsque la diversification de la demande sur un marché fut identifiée comme un facteur déclencheur du processus d’innovation, le modèle précédent (basé sur l’activité de R&D), ne fut pas suffisant pour expliquer les variations observées. Cela a guidé les recherches vers un modèle différent : le modèle de l’innovation tirée par la demande. Ce modèle a été conçu à la fin des années 1960 et début des années 1970, où l’accent est mis sur les opportunités du marché et les besoins du client.

Figure N°6 : Le modèle demande pull

Source : Guillermo Cortes Robles, Op Cit, P16

Dans le modèle, l’innovation est vue comme dérivée d’une demande perçue sur un marché et qui modifie le développement et la direction de la technologie. Dans ce modèle, l’innovation est induite par le département qui a un lien direct avec le client et qui basé sur cette expérience, peut indiquer les problèmes existants pendant la conception du produit ou suggérer de nouvelles directions pour la R&D135. En résumé le marché est la source des idées pour diriger la R&D.

Dans le modèle demand pull, l’initiative se déplace des chercheurs vers les Entreprises. En effet, ce sont les Entreprises qui définissent les mandats que les chercheurs accomplissent pour répondre aux besoins de ces Entreprises. Ce modèle repose sur le postulat que le fait que la recherche soit commandée par les Entreprises pour répondre à leurs besoins implique que la recherche produira des résultats pertinents qui seront automatiquement utilisés par les Entreprises. Comme dans le premier modèle, celui-ci postule qu’il n’est pas nécessaire de s’engager dans le développement de mécanismes de liens entre chercheurs et utilisateurs ou d’investir des ressources dans la dissémination de la recherche. Dans ce cas, le rôle des Gouvernements consiste à fournir des subventions et encouragements fiscaux aux Entreprises pour qu’elles commandent des recherches pertinentes pour leurs besoins auprès des Universités et divers autres Organismes publics et privés de recherche. Ce genre de politiques

135

Réjean Landry, « L’innovation de produits et de procédés de fabrication dans les Entreprises manufacturières de l’Estrie – Etat de la situation et pistes d’action. Etude réalisée pour le Groupe d’Action pour l’Avancement Technologique de l’Estrie (GATE) » – Université Laval, Québec, Canada. Septembre 1998.

Disponible sur <http://www.mic.gouv.qc.ca/regions/Estrie/etude-9809.html> (consulté le 27/02/2013). Le besoin du

marché

48 est à ce jour encouragé dans tous les pays industrialisés, mais leur succès mitigé a contribué à l’émergence d’un autre modèle d’utilisation des connaissances (quatrième modele).

1.3 Le modèle coupling :

Le troisième modèle est une combinaison entre les deux précédents modèles. Il décrit l’interaction entre le marché, la technologie et l’organisation. Le modèle coupling est envisagé comme un processus d’interaction séquentielle, linéaire, logique et discontinue. Dans ce modèle une nouvelle tendance apparait : un lien de rétroaction entre les activités de R&D et le marché.

Figure N°7 : Le modèle coupling

Source : Guillermo Cortes Robles, Op Cit, P16

1.4 Le modèle d’innovation de Kline et Rosenberg (quatrième génération) :

En 1986, Kline et Rosenberg ont présenté un modèle intégré du processus d’innovation, appelé « chain linked model » ou « chaine interconnectée ». La plus grande différence entre ce nouveau modèle et les anciens, est qu’il n’y’a pas un chemin principal d’activité dans le processus d’innovation (PI). Il peut prendre divers chemins différents136

. Ce modèle d’innovation présente plusieurs processus d’innovation 137

:

Au départ il présente le processus principal d’innovation (ou chemin d’innovation) qui est constitué d’une suite d’activités de conception (de l’invention jusqu’a l’activité de production). Ce processus est indiqué dans la figure par la lettre C, le deuxième type de processus d’innovation concerne les feed backs entre les activités connexes qui sont indiquées par la lettre F, ou des feed backs entre les activités non connexes de cette même chaine (désigné par la lettre f). Le troisième type de processus concerne la formalisation de liens entre les domaines de la science et de l’innovation et plus particulièrement des connaissances et de la recherche (relation 1et 2), (relation3), (relation D). Enfin le dernier processus est lié aux innovations technologiques qui contribuent également aux progrès de la recherche scientifique (indiqué par la lettre I et S).

136

Joelle Forest, Jean pierre Micaelli et Jacques Perrin, « Innovation et conception: pourquoi une approche en terme de processus », Journal of product innovation management, N°12 (5), 2010, P7

137 Chalus-Sauvannet M.C., « Intégration de la veille dans le système organisationnel de l’entreprise : Quels enjeux pour l’innovation », La revue des sciences de gestion : direction et gestion. Intelligence économique et stratégie de l’innovation, N°41 (218),2011, P31-43.

Le nouveau besoin Les besoins de la société et du marché

Recherche, conception et developpement

L’etat de l’art dans la technologie et la production La nouvelle

technologie

Fabrication d’un

prototype Fabrication Marché et ventes La

génération des idées

49

Figure N°8 : Le modèle de la chaine interconnectée

Source : Stephen J. Kline and Nathan Rosenberg, “An Overview of Innovation,” in The Positive SUm Strategy: Harnessing Technology for Economic Growth, ed. Ralph Landau and Nathan Rosenberg (Washington, D.C.:

National Academy Press, 1986,P 289.

En conclusion, nous retiendrons que le principal apport du modèle de liaison en chaine est de présenter l’innovation comme un processus d’interactions entre les entreprises et la recherche fondamentale, entre les différentes fonctions de la firme, entre les consommateurs et les producteurs…. Aussi ce modèle n’inclut pas explicitement l’aspect financier de l’innovation, ses auteurs considèrent que les couts croissent à fur et à mesure que le processus avance, ce qui peut nuire la capacité d’une organisation d’entreprendre l’innovation.

Le modèle de dissémination des connaissances met l’accent sur la création de mécanismes de dissémination susceptibles d’accroître le transfert d’information vers les Entreprises. Ce modèle s’est développé en réaction au fait que, bien qu’on observe des cas exemplaires de succès de transferts non planifiés de connaissances, le transfert de connaissances n’est pas automatique. Dans ce modèle, le rôle des Gouvernements est de financer à la fois la recherche et la dissémination des résultats de recherche. De telles politiques ont été implantées dans plusieurs pays où l’on a créé des bureaux de valorisation de la recherche universitaire et des Centres de transfert de technologie. La principale limite de ce modèle est que les utilisateurs potentiels ne sont impliqués ni dans la sélection de l’information qui est transférée ni, non plus, dans la production des résultats de recherche.

1.5 Le modèle de cinquième génération :

La cinquième génération de modèle d’innovation appelé « systems integrations and networking model » ou SIN, fut conçu par Rothwell, est caractérisée par une stratégie croissante d’intégration entre différents organismes à l’intérieur et en dehors de l’entreprise, mais également par l’impact de divers éléments technologiques, électroniques, informatiques et de l’information et de la communication (TIC) dans le processus d’innovation (PI).

Le modèle SIN est un modèle d’intégration et de développement en parallèle qui cherche à mieux s’adapter avec les stratégies d’affaires. Ce dernier fait appel aux systèmes experts et à la simulation. Les acteurs inclus dans le processus d’innovation, sont focalisés sur le client et il existe une forte interaction entre les fournisseurs et la concurrence. Les produits sont basés sur la relation : entreprise – fournisseur – client.

50 Ce modèle se caractérise aussi par une organisation horizontale, qui cherche à rapprocher les groupes de R&D, de marketing, de production… Il souligne l’importance de la flexibilité dans l’entreprise, dans la rapidité du développement, sur la qualité et sur d’autres facteurs non quantifiables. La propriété la plus importante de ce modèle est qu’il donne un cadre opérationnel empirique pour mesurer différents éléments du processus d’innovation138

.

Ce modèle d’interaction a été développé par les experts, en réaction aux limites du modèle de dissémination. Le postulat fondamental de ce modèle est que des interactions intenses et soutenues entre les chercheurs et les Entreprises, mais également entre les Entreprises et les autres acteurs de leur environnement, accroissent l’utilisation des connaissances issues de la recherche. Ce modèle met l’accent sur les interactions qui existent entre les détenteurs de connaissances tacites et codifiées et les utilisateurs dans la réalisation de projets d’innovation de produits et de procédés. Les politiques publiques des années 1980 et 1990 ont tenté de renforcer et de formaliser davantage les liens qui existent entre les divers intervenants impliqués dans le développement d’innovations à travers de nombreux programmes de partenariat où les chercheurs, les Entreprises et d’autres intervenants sont tous engagés de façon égale dans la réalisation de projets qui visent à développer des innovations de produits et de procédés. En faisant l’étude des comportements des acteurs et Institutions susceptibles d’influencer le développement de l’innovation de produits et de procédés, il a été développé une nouvelle approche, celle des systèmes d’innovation

Figure N°9 : Modèle de cinquième génération

Innovation Systématique

Source : Arbaoui Kheira, opcit, P56

Alors le concept d’innovation de cinquième génération considère l’innovation comme étant un processus à acteurs multiples, comme le montre le schéma précédent.

138

Conseil de la Science et de la Technologie. Pour une politique québécoise de l’innovation. Rapport de conjoncture 1998. Conseil de la Science et de la Technologie/Canada.

Finance dces Distribution Marketing Études Renseignement Développement des produits Conditionnement Production

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