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Chapitre 4. Le traitement des disparités horizontales sur l’ensemble du

III.3 Résultats et analyse

III.3.1 Résultats de la méthode de stimuli constant

La présentation des cinq valeurs de gradient de disparité par signe de la disparité (croisée ou homonyme), avec 100 répétitions pour chaque valeur, permet d’obtenir soit un pourcentage de réponses dans un sens de déformation (concave / convexe) pour chacune de ces valeurs selon les réponses de l’observateur à chaque présentation, soit un pourcentage de bonnes réponses. Dans le premier cas, le pourcentage de réponses dans un sens permet d’obtenir une courbe psychométrique du pourcentage de réponse concave, ou convexe, en fonction de la valeur de disparité allant des disparités homonymes aux disparités croisées sur la même courbe. Cette courbe permet d’obtenir un seuil de discrimination entre une déformation concave ou convexe, ou un seuil de planéité. Dans le second cas, le pourcentage de bonnes réponses implique l’existence de deux courbes, une pour les disparités croisées et une seconde pour les disparités homonymes. Ces courbes devraient en principe permettre d’obtenir des seuils de détection d’une déformation concave pour la première et convexe pour la seconde. Mais dans notre cas, contrairement à une méthode permettant de tracer la courbe de sensibilité au contraste, l’élément de la tâche de discrimination (concave / convexe) et le paramètre variable mesuré (signe de la disparité horizontale : croisé / homonyme) ne sont pas

dissociables. Par opposition, lors de la mesure de sensibilité au contraste spatial par une méthode de stimuli constants, l’élément de la tâche de discrimination est l’orientation d’un réseau et le paramètre variable mesuré est le contraste du réseau. Aussi, nous ne pouvons donc pas mesurer précisément des seuils de discrimination concave et de discrimination convexe séparément, ceux-ci sont obligatoirement liés. C’est pourquoi la méthode utilisée nous a permis d’obtenir une unique courbe de discrimination concave / convexe ou de planéité.

Le sens de déformation choisi pour le pourcentage de réponses en ordonnées des représentations graphiques est « concave », correspondant aux disparités croisées. Le choix forcé oblige l’observateur à qualifier le sens de la déformation perçue : l’observateur devrait avoir approximativement 0 % de réponse « concave » pour des disparités homonymes de valeurs élevées (en valeur absolue) donnant lieu à la perception correcte de la déformation convexe. L’observateur devrait avoir approximativement 100 % de réponses « concave » pour des disparités croisées de valeurs élevées donnant lieu à la bonne perception de la déformation. A partir des pourcentages de réponses « concave » affectés à chaque valeur de gradient de disparité, on peut représenter sous forme graphique le pourcentage de réponses « concave » en fonction de la valeur du gradient de disparité horizontale. Les disparités homonymes seront notées en valeurs négatives et les disparités croisées en valeurs positives. Les dix points de chaque graphique peuvent être reliés, par approximation, par une courbe sigmoïde, ou courbe psychométrique. On aura ainsi une sigmoïde comprise entre 0 % et 100 % pour les ordonnées, correspondant aux valeurs maximales de disparités, respectivement homonymes et croisées.

Pour chaque observateur, un graphique peut ainsi être tracé pour l’ensemble des dix valeurs de disparités (croisées et homonymes). Les dix points de chaque graphique vont être interpolés par la courbe psychométrique de meilleure approximation.

La courbe psychométrique est une sigmoïde d’équation :

⎟ ⎠ ⎞ ⎜ ⎝ ⎛ − − + = b x x e a y 0 1

En Annexe 13 se trouve le détail des différents paramètres (a, x0 et b) définissant les

courbes psychométriques de meilleure approximation pour chaque observateur. De même, l’algorithme ayant permis l’ajustement des résultats par une courbe sigmoïde est précisé. Les courbes psychométriques correspondant à chaque observateur sont représentées dans la Figure 52. Ces courbes indiquent la sensibilité aux disparités croisées et homonymes, mais ne donnent pas une valeur de seuil de détection des disparités croisées ou homonymes. Il s’agit d’une capacité à discriminer le concave et le convexe. Cette dernière information est donnée par la pente de la courbe au voisinage de 50 % de réponses « concave ».

Figure 52 - Courbes psychométriques du pourcentage de réponses « concave » en fonction du gradient de disparité, pour chaque observateur.

Pour chacune des courbes de meilleure approximation, les paramètres importants sont : le biais, correspondant à x0 ou la valeur du gradient de disparité pour laquelle on obtient

50 % de réponses « concave » ; et la pente de la courbe au voisinage des 50 % de réponses « concave ». Le Tableau 3 résume ces paramètres pertinents pour chaque observateur.

Disparités croisées (arcsec/°) Disparités homonymes (arcsec/°) Biais (arcsec/°) Pente % Seuil ajustement croisées % Seuil ajustement homonymes BD 41,12 -26,56 3,72 9,56 100,00 0,00 GG 47,2 -38,42 -2,31 3,41 99,88 0,72 MB 44,16 -32,83 0,63 5,35 99,99 0,08 Stimuli constants Observateur

Seuils méthode d'ajustement

Tableau 3 - Paramètres (biais, pente) définissant la courbe psychométrique et position des seuils obtenus par la méthode d’ajustement ascendant sur la courbe psychométrique obtenue avec la méthode de stimuli

constants pure, pour chaque observateur : les disparités croisées sont notées en valeurs positives et les

disparités homonymes en valeurs négatives.

D’une part, le biais, correspondant à 50 % de réponses « concave » ou 50 % de réponses « convexe », représente une réponse au hasard, entre concave et convexe. On peut donc supposer qu’au voisinage de ces 50 % de réponses concave ou convexe la valeur du gradient de disparité correspond à une perception de plan fronto-parallèle. Le gradient pour 50 %, ou le biais, serait donc le seuil de planéité. Cette valeur de biais est assez différente d’un observateur à l’autre : pour MB, elle est proche de zéro, qui correspond effectivement au

plan fronto-parallèle. Ainsi MB aurait une perception de planéité proche du vrai plan. Par contre, les observateurs BD et GG présentent des biais différents de zéro, mais de valeurs opposées. Pour BD ce biais est de 3,72 arcsec/°, donc de disparité croisée, indiquant une perception plutôt convexe du plan de l’écran (correspondant à zéro disparité). Pour GG, ce biais est au contraire de -2,31 arcsec/° (disparité homonyme), déplaçant la valeur nulle de disparité vers des pourcentages supérieurs à 50 % de réponses « concave », donc une perception plutôt concave du plan fronto-parallèle. Ces résultats se rapprochent d’une détermination de plan fronto-parallèle apparent qui montrerait que la distance abathique se trouve en avant de la distance de l’écran pour l’observateur BD et en arrière pour l’observateur GG (cf. Chapitre 1).

D’autre part, les pentes des courbes, au voisinage de 50 % de réponses « concave », sont variables selon les observateurs : d’une pente importante pour BD (9,56), à une pente plus faible pour GG (3,41), en passant par une pente moyenne pour MB (5,35). Ces résultats, en termes de pente, indiquent que BD a une capacité à discriminer le concave du convexe assez fine, cette capacité de discrimination concave / convexe est moins fine pour MB et encore moins pour GG. En d’autres termes, la zone de perception de planéité est très peu étendue chez l’observateur BD, elle l’est plus pour MB et elle est étendue pour GG.

Enfin, à partir des équations des courbes psychométriques, on peut situer les seuils obtenus précédemment avec la méthode d’ajustement ascendant sur les différentes courbes et obtenir le pourcentage de réponses « concave » correspondant. Le Tableau 3 rappelle les différents seuils obtenus par la méthode d’ajustement, pour les disparités croisées et pour les disparités homonymes, et en précise le pourcentage précédemment décrit, relatif à chaque courbe. Pour les disparités croisées, pour les trois observateurs, les pourcentages de réponses « concave » sont très proches de 100 %. Pour les disparités homonymes, les pourcentages sont très proches de 0 % pour BD et MB, mais il est très légèrement supérieur pour GG (0,72 %). Les seuils obtenus avec la méthode d’ajustement ascendant correspondent à plus de 99 % de bonnes réponses (concave ou convexe). Ces seuils se situent donc dans une zone de certitude de perception dans le bon sens.

En conclusion de cette expérience de stimuli constants : les seuils de perception de planéité ne correspondent pas toujours exactement à une disparité nulle. Par exemple, l’observateur BD aurait une perception plutôt convexe du plan fronto-parallèle, ce qui est confirmé par son impression personnelle de perception déjà convexe de stimulus sans disparité. L’observateur GG aurait, lui, une perception légèrement concave du plan fronto- parallèle. On peut également ajouter que, pour l’observateur BD, la pente de sa courbe psychométrique étant élevée, le point de disparité nulle a un pourcentage de réponses « convexe » (1 - pourcentage de réponses « concave ») élevé (environ 81 %). Alors que pour GG, la pente étant plus faible, un gradient de disparité nul ne va pas présenter un pourcentage

suffisamment élevé pour dire que le plan fronto-parallèle est perçu comme concave, ce n’est qu’une tendance concave. Les pentes permettent donc d’indiquer la largeur de la zone de perception de planéité ou la capacité à discriminer le concave du convexe. Pour BD, la zone de perception de planéité est très courte et la discrimination est très serrée, contrairement à GG et MB. Les seuils obtenus par la méthode d’ajustement ascendant se trouvent être à des pourcentages dits de sécurité (zone de 100 % de bonnes réponses).

III.3.2 Comparaison avec une méthode de stimuli constants

ascendants

Une seconde expérience contrôle a été réalisée en parallèle avec une méthode intermédiaire entre la méthode d’ajustement ascendant et les stimuli constants. La description de la méthode et les résultats de cette expérience se trouvent en Annexe 12. A la place des stimuli de valeur de disparité fixée avec une durée de présentation brève (stimuli constants classiques), cette méthode a été aménagée en modifiant les stimuli de sorte qu’ils atteignent progressivement une valeur de gradient de disparité définie (appelée méthode de stimuli constants ascendants). Pour cette comparaison de deux méthodes de stimuli constants, on appellera la première « stimuli constants purs ». Les différents paramètres permettant de définir la capacité à discriminer la déformation concave de la déformation convexe pour les deux expériences sont regroupés dans le Tableau 4.

Disparités croisées (arcsec/°) Disparités homonymes (arcsec/°) Biais (arcsec/°) Pente % Seuil ajustement croisées % Seuil ajustement homonymes Biais (arcsec/°) Pente % Seuil ajustement croisées % Seuil ajustement homonymes BD 41,12 -26,56 3,72 9,56 100,00 0,00 3,16 5,30 99,97 0,18 GG 47,2 -38,42 -2,31 3,41 99,88 0,72 -1,49 3,01 99,72 1,16 MB 44,16 -32,83 0,63 5,35 99,99 0,08 -4,36 4,96 99,99 0,35 Observateur

Seuils méthode d'ajustement Stimuli constants purs Stimuli constants ascendants

Tableau 4 - Comparaison des paramètres définissant les courbes psychométriques obtenues par les deux méthodes de stimuli constants et positions des seuils obtenus par la méthode d’ajustement ascendant sur

ces courbes.

Les résultats des deux expériences contrôles de stimuli constants semblent relativement proches. Les seuils obtenus par la méthode d’ajustement ascendant se situent à des pourcentages de bonnes réponses supérieurs ou égaux à 99 % pour les deux expériences. Entre les deux méthodes de stimuli constants, ces pourcentages de bonnes réponses correspondant aux seuils de la méthode d’ajustement ne sont pas significativement différents (Test de Wilcoxon : p = 0,29 pour les disparités croisées ; p = 0,11 pour les disparités homonymes). Ces pourcentages sont simplement plus étalés dans le cas de la méthode des stimuli constants ascendants, mais semblables entre les observateurs. De même, si l’on compare les paramètres des courbes psychométriques, on n’observe pas de différences significatives des biais et pentes entre les deux méthodes de stimuli constants (Test de Wilcoxon : p = 0,59 pour le biais ; p = 0,11 pour la pente). Pour le biais, on notera que seul MB montre une différence entre les valeurs de chaque méthode. Par contre, la préférence

convexe observée chez BD pour les stimuli constants purs est confirmée même en tenant compte de la pente qui est forte, et devient plutôt une tendance pour les stimuli constants ascendants, juste indiquée par le biais. Enfin, GG aurait une tendance vers une préférence concave indiquée par les biais pour les deux méthodes, non confirmée par les pentes, également dans les deux cas.

Ainsi, les deux expériences d’une même méthode (stimuli constants et choix forcé), mais avec des stimuli différents (non de textures différentes mais de « temps de présentation » différents) mettent en évidence des éléments relativement semblables pour les trois observateurs.