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2. Choix méthodologiques

2.3. Monographies de trajectoires

2.3.1. Réorientation de l’enquête vers une réduction du nombre de cas

Le protocole de départ prévoyait un processus complexe de recrutement des cas : un tirage de dossiers d’une part dans les bases de données hospitalières et d’autre part dans les dossiers du service social, selon quelques critères garantissant une certaine homogénéité des profils médicaux et une certaine hétérogénéité des types de prise en charge ; et l’envoi d’un courrier par le personnel du CMP. Ce protocole nous est finalement apparu inutilement lourd, ce premier échantillon n’étant pas destiné à un traitement statistique. Aussi, avec l’accord des chefs de service des deux CMP, le protocole de recrutement a été simplifié. Les patients ont été sollicités directement par les professionnels à l’occasion de leur consultation, et sélectionnés selon le critère principal d’avoir fait une demande de reconnaissance de handicap, et d’autres critères plus secondaires44 mais permettant d’observer des configurations de prise en charge les

plus hétérogènes possibles. Notamment certains ont été approchés par le biais des assistantes sociales, d’autres par le biais des médecins, infirmiers ou secrétaires, car nous souhaitions voir également des patients non suivis par le service social du CMP. Nous avons également pu identifier, pendant la phase d’observation du travail des professionnels, quelques patients que nous voulions rencontrer.

Le tableau suivant précise la façon dont nous avons rencontré chaque enquêté : par un intermédiaire (psychiatre, infirmier, aide-soignant, secrétaire) ou de notre propre

pouvait également remplir le rôle d’hébergement que l’intra-hospitalier n’a plus les moyens de remplir. Les patients considérés « stabilisés » et sans solutions de logement à la sortie de l’hospitalisation peuvent parfois y séjourner le temps de voir le projet d’hébergement mis en place avec les assistantes sociales aboutir.

44 Avant tout l’ethnographe demandait à rencontrer des personnes « ayant déposé un dossier à la MDPH »

à la connaissance du professionnel sollicité. Puis, au fur et à mesure des rencontres, l’ethnographe modulait sa demande selon quelques critères, afin d’obtenir une population relativement hétérogène : ancienneté du suivi, âge et sexe, mode d’hébergement, situation professionnelle et familiale, suivi ou non par le service social du CMP.

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initiative. On peut voir que nous avons cherché à faire varier les psychiatres rattachés aux cas. On note également que sur les 23 enquêtés, 14 font l’objet d’un suivi social actuel au CMP. On se reportera à l’annexe 1 « Caractéristiques principales des 23 enquêtés » à la fin de ce rapport, pour une présentation plus complète de chaque cas.

Tableau 1 ‒ Sélection des cas

Par ailleurs, alors que nous visions le recrutement d’une quarantaine de patients, 23 cas nous ont paru suffisants. En effet, dès les premiers retours du comité de pilotage en septembre 2014, le projet de départ nous a paru souffrir d’une confusion entre approche qualitative et quantitative, dont témoignaient le protocole de recrutement initial des patients et le nombre élevé de cas visé. Nous avons alors compris que 60 cas ne permettraient pas de traitement statistique significatif, et au contraire, tendraient à parasiter par une abondance de données, une analyse qualitative sérieuse. La variété des situations observées ne nous paraissait pertinente qu’analysée finement, ce que nous ne

45 Les âges seront dans l’ensemble du rapport tous indiqués en 2015 dans un souci pratique, bien que les

enquêtés aient été rencontrés entre 2013 et 2015.

ordre de

rencontre Pseudo Age en 2015

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Recruté par Psychiatre Suivi social psy actuel

1 Youssef 57 Samsah Dr S. oui

2 Bastien 37 Samsah Dr E. non

3 Charlotte 64 Samsah Dr D. non

4 Lionel 46 Samsah Dr E. Non

5 Rodolphe 46 Samsah Dr S. oui

6 Viviane 55 Samsah Dr U. oui

10 Nicolas 27 assistante sociale Dr N. oui

14 Patrick 46 assistante sociale Dr T. oui

17 Aminata 33 assistante sociale Dr D. oui

18 Laurent 30 assistante sociale Dr S. oui

22 Lucie 45 assistante sociale Dr E. oui

7 Cyril 22 enquêteur NR non

8 Jean-Baptiste 52 Dr W. Dr W. oui 9 Rachel 41 Dr W. Dr W. oui 11 Arthur 25 Dr R. Dr R. oui 12 Daphnée 48 Dr N. Dr N. non 13 Thierry 48 Dr N. Dr N. non 15 Ziad 49 Dr M. Dr M. non 16 Karim 39 Dr M. Dr M. oui 19 Violette 52 Dr H. Dr H. oui

20 Valérie 49 infirmier Dr I. non

21 Elisabeth 75 infirmier Dr D. non

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pouvions raisonnablement pas faire à partir de 60 cas. Dès lors, nous avons décidé de clarifier les étapes : la recherche TRAPSY est bien une recherche ethnographique, qui vise à formuler des hypothèses sur les déterminants des trajectoires, à partir de cas suffisamment variés, tant au niveau des caractéristiques des patients que des logiques professionnelles. C’est dans une seconde étape, clairement statistique, dont la pertinence est dépendante de ce premier travail qualitatif, qu’un travail représentatif pourra être envisagé à partir assez grand nombre de cas dont nous pourrons maîtriser les critères de sélection. Nous avons ainsi réduit le nombre de cas de l’étude TRAPSY. Par cas, nous entendons les patients pour lesquels un traitement complet et long des données disponibles (entretiens, dossiers sociaux et médicaux, dossiers des services médico-sociaux pour les six cas que nous avions déjà suivis en SAMSAH) a été réalisé. Par ailleurs, grâce à un long suivi du travail des assistantes sociales de l’un des CMP, nous avons recueilli de nombreuses observations qui alimentent notre réflexion sur les trajectoires, sans que ces observations ne soient reliées à l’exploration complète d’un cas, tel que nous les comptabilisons ici.

Il nous a paru important de faire varier les configurations de prise en charge, et d’inclure dans la recherche certains cas correspondant à une à une configuration particulière : leur point d’aboutissement est un suivi en « milieu ouvert » par un service médico-social créé dans le cadre de la diffusion de la notion de handicap psychique, Nous avions repéré ces cas au cours de notre recherche précédente, financée en 2013 par l’ARS Ile-de-France, sur le terrain dit « Samsah Banlieue ». Ces trajectoires sont donc bien spécifiques, et il faut les comparer avec les autres configurations rencontrées. Elles présentent l’avantage de donner à voir au plus près la coordination des services psychiatriques avec des services médico-sociaux, c'est-à-dire la continuité du soin psychiatrique dans le contexte d’un suivi « handicap » conjoint. Cette précédente recherche portant spécifiquement sur l'évolution des pratiques d'accompagnement autour de l’émergence de la catégorie de « handicap psychique », les trajectoires des personnes accompagnées n’avaient été recueillies, pendant cette enquête, que pour expliquer le moment de l’entrée en Samsah. Pour autant, des entretiens biographiques avaient été menés auprès des bénéficiaires de ces services, qui nous permettent de traiter plus profondément ces trajectoires dans le cadre de la recherche TRAPSY. Cette analyse a nécessité de retourner sur le terrain pendant le financement TRAPSY, afin

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d’obtenir des données complémentaires aux entretiens, dans les dossiers et discours professionnels.

Le schéma ci-dessous récapitule le nombre de cas et leurs ancrages institutionnels.