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La réforme méthodologique du FLE dans les pratiques de classe

Chapitre II : Les réformes du FLE dans le système éducatif algérien

2.1 La réforme du FLE dans l’enseignement secondaire :

2.1.3 La réforme méthodologique du FLE dans les pratiques de classe

Mettons en exergue que le système éducatif algérien a opté pour une méthodologie que l’on appelle communément ‘’l’approche par compétences’’ dans tous ses paliers et dans toutes ses filières. Le système éducatif a choisi cette méthodologie pour sa réforme.

Qu’est-ce que l’approche par compétences ?

L’approche par compétences implique directement l’élève dans une situation qui lui permet de saisir le sens et l’utilité de ce qu’il doit apprendre. Proposée par le ministère de l’éducation nationale, elle est la base pédagogique de toutes les actions d’enseignement de la nouvelle réforme. Par cette approche, conçue à partir de diverses recherches et expériences éducatives, le champ d’implication et d’action de l’élève devient le souci majeur de son apprentissage. Pour réussir son feed-back, l’élève doit agir en fonction de situations qui sont déterminées par l’enseignant et qui contiennent les connaissances que l’élève doit acquérir. C’est un regard méthodologique inédit où agir signifie s’impliquer personnellement dans des situations complexes imposant la réflexion, l’analyse, l’interprétation, l’anticipation, la décision, la régulation, la négociation.

Un tel champ d’implication et d’action ne se satisfait pas d’adresse manuelle ou intellectuelle. Il exige des savoirs, mais ils ne sont pertinents que s’ils sont disponibles et mobilisables à bon escient, au bon moment. L’approche par compétences affirme que ce n’est pas suffisant, que ‘’sans tourner le dos aux savoirs’’ (Perrenoud, 1999 c) sans nier qu’il y ait d’autres raisons de savoir’’ (Perrenoud, 1999 b), il importe de relier les savoirs à des situations dans lesquelles ils permettent d’agir, au-delà de l’école car ‘’la compétence ne peut fonctionner ‘’à vide’’, en dehors de tout acte qui ne se limite pas à l’exprimer mais qui la fait exister’’ (Le Boterf, 1994 : 16). Une approche par compétences indique la place des savoirs, savants ou non, dans l’action : ils constituent des ressources, souvent déterminantes, pour identifier et résoudre des problèmes, préparer et prendre des décisions. Ils ne valent que s’ils sont disponibles au bon moment et parviennent à ‘’entrer en phase’’ avec la situation. ‘’Prenons un exemple : pour optimiser l’alimentation d’un athlète de haut niveau avant, pendant et après la compétition, il faut des connaissances de physique, de chimie, de bio physiologie, de diététique. Détachées

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les unes des autres, ces connaissances des savoirs scolaires ne sont ni théoriques ni pratiques’’ (Astolfi, 1992).

La formation de compétence exige ’’une tête bien faite et non une tête bien pleine’’ pour passer d’une logique d’enseignement à une logique d’entraînement sur la base d’un postulat assez simple : ‘’les compétences se construisent en s’exerçant face à des situations d’emblée complexes. Il s’agit d’apprendre, en le faisant, à faire ce qu’on ne sait pas faire’’ (P. Meirieu, 1996).

Pour aller dans ce sens, il importe de montrer que, loin de tourner le dos aux savoirs, l’approche par compétences leur attribue des fortifiants nouveaux, en les attachant à des pratiques sociales, à des situations problématiques, à des complications intempestives, à des projets, à un mode de penser et d’agir finalement. Dans cette optique, elle peut, sans s’attaquer à toutes les causes de l’échec scolaire prétendre, au moins, traiter de façon avérée de la question du rapport au savoir et du sens du travail scolaire. Mais cela ne va pas sans interroger le rapport au savoir des enseignants et le sens de leur propre travail dans tout le projet de société auquel tout le corps social doit se souscrire.

Pourquoi la réforme du FLE en cours opte-t-elle pour cette approche ?

La question mérite amplement d’être posée dans la mesure où l’approche en usage n’a pas réussi à réduire les obstacles pédagogiques que rencontre l’apprenant dans ses œuvres. L’approche par compétences constitue dans le courant pédagogique actuel une réponse provisoire à l’échec scolaire. Il faut reconnaître que ce qui est appris par les élèves, durant une année, est oublié quelques années plus tard. L’élève se trouve alors dans une situation où il a perdu ses acquis et prend du retard sur le rythme imposé par les programmes. Une des principales causes de cet échec est certainement l’approche pédagogique utilisée. En effet, l’enseignement par objectifs morcelait les connaissances qui étaient distribuées par ‘’petites doses homéopathiques’’. Chaque bouchée digérée faisant place à de nouvelles, l’élève n’arrêtait pas d’apprendre de nouvelles choses, sans toutefois saisir leur utilité. L’approche par objectifs des programmes d’éducation des années 80 consistait

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essentiellement à découper les connaissances en morceaux. Ainsi, savoir lire se découpait en une multitude de petites choses à réaliser. Cette façon de mettre la main à la pâte ne permettait pas à l’élève de comprendre concrètement ce qui est attendu de lui comme lecteur. Il ne voyait pas nécessairement l’intérêt de ce que lui était enseigné. Et le temps faisant son œuvre, ce qui n’est pas utile est vite oublié.

L’approche par compétences est proposée pour contrecarrer l’instabilité et l’émiettement des apprentissages. Une fois que l’élève saisit ce qui est enseigné, l’enseignant le place dans des situations similaires afin de faciliter l’utilisation de ses connaissances dans divers contextes, une sorte de réemploi et variantes, et de lui permettre de mieux les assimiler. Par exemple, pour aider à l’intégration des connaissances en morphosyntaxe, l’enseignant dispose de situations où l’élève doit utiliser les règles morphosyntaxiques pour corriger les textes de ses compagnons, vérifier sa propre rédaction, expliquer les principes de fonctionnement à certains camarades qui n’ont pas tout assimilé. Toutes ces actions favorisent l’intégration et luttent contre l’omission et l’oubli. Lorsque l’élève aura l’opportunité pour réutiliser ce qu’il a appris, il n’est plus un débutant pour le faire. Ainsi, il sera plus facile d’apprendre, puisque les nouvelles connaissances s’incorporeront à celles déjà développées.

Comment fonctionnent les manuels scolaires dans cette nouvelle approche ?

L’approche par compétences propose une nouvelle démarche méthodologique qui facilite les apprentissages et aide les élèves à réutiliser ce qu’ils savent pour l’intégrer dans celui déjà étendu, qui doit transparaître dans les nouveaux manuels issus de la réforme à partir desquels l’enseignant est appelé à enseigner d’une autre manière parce que l’approche par compétences est autre manière d’enseigner :

- Avant le cours, l’enseignant choisit ce qui devra être appris. Il envisage les situations qui vont permettre aux élèves d’apprendre. Il détermine les actes qu’ils devront concrétiser pour obtenir les résultats escomptés.

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-Durant le cours, l’enseignant accompagne les élèves, c’est-à-dire qu’il favorise leur mise en action. Il s’assure que tous assimilent ce qui est attendu en fin de processus, même s’il y a lieu de relativiser pour certains d’entre eux. Tout au long du parcours, il s’implique dans la prise de conscience de leurs actes et des résultats auxquels ils sont parvenus. Il les guide dans le réemploi et variantes de leur manière de faire ou les aide à agir différemment. De façon graduelle, par les actions et la réflexion suscitées par l’enseignant, les connaissances s’éclaircissent et prennent forme.

Avant, on mettait les apprenants dans une situation de communication définie pour développer leur compétence communicative, maintenant on attend des apprenants qu’ils soient créatifs, inventifs et qu’ils réalisent des actions durant le cours. Alors, l’élève animé de curiosité, éprouve le besoin de connaître davantage. En éducation, on a longtemps accordé aux manuels scolaires une place prépondérante dans l’apprentissage et la réussite des élèves bien que le manuel ne soit plus aujourd’hui la seule source pour apprendre. Le nouveau manuel issu de la réforme doit favoriser l’agir et la réflexion des élèves et propose les savoirs appropriés à leur développement.

Dans cette perspective, l’objectif de l’E/A est de former des individus autonomes, mais aussi des citoyens créatifs, responsables, actifs et solidaires. L’option pour une telle méthodologie est un indice certain d’ouverture du champ scolaire puisqu’il s’agit de transférer le savoir scolaire acquis vers des destinations sociales diverses.