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Les règles d’analyse : dimensions, catégorisation et outils d’analyse 40

2. MÉTHODOLOGIE 33

2.5.   Les règles d’analyse : dimensions, catégorisation et outils d’analyse 40

Selon Deslauriers, « l’analyse représente les efforts du chercheur pour découvrir les liens à travers les faits accumulés » (1991 : 79). Afin de réaliser cette analyse, les 23 entrevues ont fait l’objet d’un enregistrement sonore numérique et d’une transcription verbatim afin de permettre une analyse de contenu. Les 22 entrevues individuelles et l’entrevue de groupe ont fourni 23 heures et 50 minutes d’enregistrement et 811 pages de transcriptions. Ce matériel a fait l’objet d’un codage c’est-à-dire d’une démarche de conceptualisation et de découpage des données, et par la suite de définition de catégories d’analyse menant à l’énonciation de propositions qui rendent compte des résultats de l’analyse (Strauss et Corbin, 1998 : 12). Dans l’approche de la théorisation enracinée, cette procédure « aide les chercheurs à atteindre une rupture épistémologique des données à partir d’une routine d’analyse non pas linéaire mais en spirale, facilitant ainsi la création de liens entre l’interprétation, la conceptualisation et les données » (Navarro-Flores, 2006 : 110).

L’opération de codage procède d’abord par découpage des entrevues en unités de sens qui constituent autant de « faits accumulés ». Par définition, un « code n’est pas donné comme tel mais construit » (Deslauriers, 1991 : 71). Le codage permet d’associer un concept à une unité de sens, soit à partir des propres mots des interlocuteurs (codes in vivo) soit en les associant à un thème ou à l’un ou l’autre élément du cadre conceptuel. Une même unité de sens peut, dans un premier temps, se voir attribuer plus d’un code. Le critère qui s’impose c’est la concordance des codes et catégories avec les données recueillies, ce qui constitue une condition de validité de l’analyse (Comeau, 1994 : 10) : ne faire dire aux données que ce qu’elles expriment effectivement. Le codage a été réalisé à l’aide du logiciel N’Vivo 9 qui rend disponible en permanence un suivi

des opérations de codage et assure l’accessibilité aux documents d’où proviennent les unités codées. Il facilite donc les opérations de codage et de modification des codes en fonction de catégories émergeant en cours d’opération.

Les unités codées sont regroupées « dans le système catégoriel formé des codes paradigmatiques et des codes conceptuels émergents » (Luckerhoff et Guillemette, 2012 : 24). Les diverses unités codées ont donc été organisées en quatre grandes catégories : les territoires et les actions ; les logiques institutionnelles et communautaires ; les acteurs ; et les descriptifs de la fonction de liaison. Ce genre d’analyse transversale permet de dégager des constantes, donc de mesurer le niveau de généralité des données recueillies (Comeau, 1994 : 25) : la diversité d’interlocuteurs et d’unités de sens contribue à l’identification des éléments communs et des divergences. Les catégories ont permis de mettre en évidence la fonction de liaison dans les pratiques actuelles non seulement des OC tel que prévu dans le projet de recherche, mais aussi des ADR qui, en dépit du fait qu’ils ne s’identifient pas à cette dénomination professionnelle, ont des pratiques d’organisation communautaire.

Les unités regroupées en ensembles apparentés ont d’abord été regroupées en fonction des territoires locaux où s’est réalisée la cueillette de données et mises en regard de leurs profils socioéconomiques. Il est rapidement apparu, d’une part, que la variable du niveau de favorisation-défavorisation du territoire ne constituait pas une variable significative et, d’autre part, que cette approche entrainerait un déplacement de la question de recherche vers une caractérisation de territoires plutôt que d’éclairer l’exercice de la fonction de liaison. Cette première analyse a par ailleurs permis l’identification des SLA qui constituent le lieu effectif de l’exercice de la fonction de liaison. Un SLA renvoie bien sûr à un territoire local, mais aussi au réseau dans lesquels évoluent les divers acteurs : « Des acteurs sont en présence les uns avec les autres, des logiques d'action collectives sont mises en œuvre, des relations d'interdépendance se développent, des interactions se structurent. [...] Ce sont donc, au bout du compte, ces innombrables interactions qui constituent le site. Ce sont elles qu'il s'agit de décrypter, de décoder, de comprendre » (Albarello, 2011 : 21).

Suite à cette opération d’identification des SLA, s’est imposée une approche transversale en fonction des groupes d’acteurs qui y sont en interaction : les OC et les ADR sont apparus comme des praticiens de la fonction de liaison, dans des marges définies par les cadres des CSSS pour les OC et par les structures de MRC (CLD et élus) pour les ADR. Enfin les partenaires communautaires ont leur lecture, assez spécifique, des occasions et des contraintes reliées à ces rapports entre acteurs locaux.

La lecture à partir des SLA a par ailleurs permis d’intégrer des dimensions régionales qui comptent dans l’organisation des pratiques locales : l’agence de la santé et des services sociaux et la santé publique par l’entremise des CSSS, puis la conférence régionale des élus (CRÉ) dans la filière MRC et CLD. Ces

instances régionales relèvent de l’État québécois et agissent comme relais des programmes aux plans administratif et politique.

Un enjeu majeur de l’analyse c’est l’atteinte de la saturation : « Ce seuil est atteint quand [le chercheur] se rend compte que, malgré ses tentatives de diversification des sources, les dernières informations collectées n'apportent aucune modification significative aux résultats » (Labelle, Navarro-Florès et Pasquero, 2012 : 78). Au fur et à mesure que les unités de sens ont été regroupées et que les éléments de réponse à la question de la recherche ont émergé, tout en ayant le sentiment qu’il serait intéressant d’élargir le cercle des informateurs, il est devenu évident que le matériel offrait ce qu’il faut pour répondre convenablement aux questions de recherche.

2.6. La territorialité des interventions : les systèmes locaux

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