Profil des SLA 79

Les SLA constituent les milieux d’exercice de la fonction de liaison. C’est là que l’on peut identifier des résultats que les OC ont contribué à concrétiser en développant des liens entre les acteurs locaux et parfois régionaux. Développés sur l’ensemble ou sur une partie de MRC ou de quartier correspondant aux territoires de CLSC, les SLA se forment autour de projets collectifs portés par des acteurs qui agissent sur des enjeux locaux dans le cadre d’actions concertées dont la structure organisationnelle, plus ou moins élaborée, réunit divers partenaires. Ces SLA entretiennent des rapports avec les programmes institutionnels d’où proviennent les ressources de soutien au développement des communautés, au développement rural et à la lutte contre la pauvreté. Ils traitent aussi avec les sociétés de gestion issues des accords de la FLAC et de l’État québécois.

Le tableau 5 présente une vue d’ensemble des huit SLA étudiés dans cette section. Chacun est décrit par les trois lignes centrales du tableau qui indiquent :

a) la dénomination qui a été attribuée à chacun pour préserver la confidentialité des informateurs ; b) _{les agents de liaison rencontrés ;}

c) et la réalisation principale identifiée par l’OC comme illustration de sa pratique de liaison.

Tableau 5 – Profil synthèse des SLA

MSSS INSPQ

ASSS

CSSS CSSS CSSS CSSS CSSS

SLA Des Lacs Des Monts Des Terres Des _Fermes De la Vallée De l’Industrie Du Fleuve Des Bois Agents de

liaison OC et ADR OC et ADR OC CDC OC et ADR OC et ADR OC et ADR OC Réalisation Secteur

Sud Secteur Sud médicale Clinique Mise en œuvre du PAGSIS Comités locaux Projet local

MRC MRC MRC MRC MRC MRC 2 MRC MRC

CRÉ

MESS : PAGSIS MAMROT : PNR

Au-dessus et au-dessous de ces trois lignes centrales sont identifiées les ressources institutionnelles locales, régionales et nationales avec lesquelles composent les SLA. La division des colonnes au-dessus des lignes centrales permet de situer les SLA par rapport aux CSSS qui les desservent et par lesquels s’établissent les relations avec l’agence régionale de la santé et des services sociaux (ASSS), les instances nationales du MSSS et l’institut national de santé publique (INSPQ). Les lignes au-dessous des trois lignes centrales indiquent les MRC de référence des SLA, lesquelles sont un passage obligé pour accéder à la conférence régionale des élus par laquelle transitent le Plan d’action gouvernemental pour la solidarité et l’inclusion sociale (PAGSIS) et la Politique nationale de la ruralité (PNR). Ainsi un SLA devient l’espace dans lequel se réalisent les processus d’hybridation entre la logique descendante des institutions et programmes et la logique ascendante des projets et initiatives des acteurs locaux. Chaque SLA doit composer avec les caractéristiques socioéconomiques, sociopolitiques et culturelles de son territoire. Voici comment se présentent les huit territoires.

Le SLA Des Lacs s’est mis en place dans le secteur sud d’une MRC considérée comme défavorisée par rapport à la région. La population de cette MRC de 45 000 habitants est en décroissance, le revenu moyen des ménages est inférieur à celui de la région et 14 % de la population vit sous le seuil de faible revenu. Le Secteur sud de la MRC Des Lacs regroupe sept municipalités rurales autour d’une petite municipalité urbaine de 3 500 habitants. Sa population représente un peu plus de 16 % de celle de la MRC, mais compte 19,5 % des prestataires de l’aide sociale. Les transferts gouvernementaux représentent 23 % des revenus de la

population du secteur comparativement à 14 % à l’échelle du Québec. Le secteur se démarque aussi en termes de faible scolarisation : 29 % de la population de 20 à 34 ans n’a pas de diplôme d’études secondaires comparativement à 16 % au niveau de la région administrative. En plus de ces indices d’une importante dévitalisation, le secteur constitue une partie de la MRC que l’histoire rattache davantage à la région voisine « parce qu’antérieurement le diocèse était découpé là » (A929).

Le SLA Des Monts est lui aussi dans le secteur sud d’une MRC de 34 000 habitants. C’est une des MRC peu favorisées de la région. Le secteur sud regroupe quatre municipalités qui constituent 8,5 % de la population de la MRC et qui ont connu une décroissance démographique de 40 % au cours des 50 dernières années. Elles affichent un indice de vieillesse (nombre personnes de 65 ans et plus par tranche de 100 de jeunes de 14 ans et moins) de 144 alors que la MRC se situe à 95 et la région à 73. L’activité agricole qui constituait la base économique du secteur, est en déclin. Le revenu moyen des ménages est inférieur à celui de la MRC de 15 000 $ et 11 % de la population vit sous le seuil de faible revenu. Les services de proximité sont menacés : une des municipalités a perdu son école primaire et l’épicerie a fermé dans une autre.

Le SLA Des Terres est une MRC du secteur périphérique à l’agglomération métropolitaine de la région, secteur favorisé principalement parce que son activité agricole le place aux premiers rangs à l’échelle des MRC rurales du Québec. Elle compte une population de 34 000 habitants répartis dans neuf municipalités rurales et une ville de 11 000 habitants où sont concentrés les services. Elle affiche un taux de croissance de presque 12 % et un taux de faible scolarisation équivalant à la moyenne québécoise même si « l’école pour les parents, ce n’est pas si important parce que les deux travaillent et ici on a des revenus quand même intéressants » (O307). Le taux d’emploi de 83 % y est effectivement supérieur à celui de toutes les MRC de la région et à la moyenne du Québec (74 %). La culture locale est bien caractérisée par cette remarque de l’OC : « Notre territoire, on fait comme tout le monde, mais on le fait à notre manière ! » (O307). Le projet mobilisateur du SLA c’est la démarche de planification stratégique pilotée et mise en œuvre par la MRC et dont la construction d’une clinique médicale communautaire est une réalisation concrète.

Le SLA Des Fermes est aussi une MRC du secteur favorisé de la région. L’activité agricole y est prospère. Elle compte 18 municipalités et une population de 30 000 habitants en croissance de 8 % entre les recensements de 2006 et 2011. Lors de la création du CSSS, la MRC a perdu son CLSC et le poste d’OC était dépourvu de titulaire au moment des entrevues de recherche : « Dans notre MRC, on a la particularité qu’on change souvent d’organisateur communautaire pour différentes raisons, j’imagine » (C102). La directrice de la CDC participe avec un OC du SLA De la Vallée à la Commission régionale de développement social (CRDS) mandatée par la CRÉ pour mettre en œuvre le PAGSIS. Puisqu’il n’y avait pas d’OC en poste au moment de la recherche, il n’y a pas de projet spécifique identifié au niveau du SLA Des Fermes.

Les SLA De la Vallée et De l’Industrie sont deux MRC peu favorisées d’une sous-région qui partage un fort sentiment identitaire, et sont desservies par le même CSSS.

La MRC De la Vallée avec une population de 19 000 habitants compte huit municipalités rurales et deux municipalités urbaines de 6 200 et 4 500 habitants. Le chômage y est faible (3,5 %), mais la sous scolarisation avoisine 28 % : « petits salaires, beaucoup d’enfants par famille, des emplois saisonniers, peu de scolarité » (O513). Le revenu médian d’emploi (32 489 $) est inférieur à celui de l’ensemble du Québec (37 173 $) et l’indice de dépendance économique s’établissait à 132,9 en 2009 selon l’Institut de la statistique du Québec. L’action concertée qui a été au cœur des entrevues portait sur la lutte à la pauvreté, notamment dans le cadre du Groupe régional d’action contre la pauvreté. Les OC ont contribué à la mise en œuvre du PAGSIS au niveau de la MRC, mais aussi de l’ensemble de la région administrative.

La MRC De l’Industrie a une population totale de 51 000 habitants répartie dans seize municipalités dont une ville de 31 000 habitants où se concentre la majorité de l’activité industrielle. Selon l’ISQ, le taux d’emploi en 2010 était de 74,9 %, au-dessus de celui de l’ensemble du Québec (73,5 %), mais le revenu médian d’emploi (32 949 $) était inférieur à celui de l’ensemble du Québec (37 173 $). Cela n’empêche pas l’opinion de considérer que dans la région « il n’y a pas de pauvres, il y a juste du monde qui ne se botte pas le derrière ! » (O616). Le SLA auquel est associé l’OC est la mise en œuvre du PAGSIS, un ensemble de démarches réalisées par l’équipe d’organisation communautaire du CSSS qui dessert les deux territoires De la Vallée et De l’Industrie. Pour cette équipe, c’est une façon de contribuer au développement des communautés dans le cadre de démarches auxquelles sont associés les ADR de chacun de ces territoires.

Le SLA Du Fleuve correspond au territoire du CSSS et comprend deux MRC défavorisées de 23 000 et 19 000 habitants, toutes deux en décroissance démographique. La première compte une ville centre de 11 000 habitants et quatorze municipalités rurales ; la seconde regroupe aussi quatorze municipalités dont les trois plus importantes comptent moins de 4 000 habitants. Dans ces deux MRC le taux d’emploi est inférieur à celui du Québec, le chômage et la sous scolarisation plus élevés : « On est dans une des régions les plus pauvres du Québec, les moins instruites du Québec » (C720). Le CSSS a regroupé dans la ville centre toutes les ressources d’organisation communautaire malgré le fait que « les priorités de la première MRC et les priorités de l’autre sont différentes » (A721). Le projet caractéristique du SLA aux fins de la recherche est un difficile partenariat en développement des communautés entre le CSSS et les autres acteurs de son territoire. Le SLA Des Bois est une MRC de 17 000 habitants répartis dans treize municipalités dont les plus importantes comptent moins de 4 000 habitants. La région est fortement touchée par les difficultés de l’Industrie forestière et la population est en décroissance de sorte qu’elle affiche un indice de vieillesse de 148. Le découpage de la carte électorale du Québec a pour effet d’orienter le tiers des municipalités vers la région voisine en termes

d’appartenance. Les organismes communautaires sont souvent une simple extension de ceux dont le siège social se trouve dans ce territoire avoisinant. Le SLA éprouve des problèmes pour s’approprier les programmes par lesquels transitent actuellement les ressources et la seule demande d’entrevue qui a reçu une réponse positive est celle adressée à l’OC. Son projet d’action concertée est une action locale qui pourrait devenir un levier de développement local.