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Les programmes nationaux de développement des communautés 123

5. LA FONCTION DE LIAISON, LES ACTEURS DES SLA ET L’ACCÈS AUX RESSOURCES EXTERNES 109

5.2.   Les ressources externes aux SLA 122

5.2.1.   Les programmes nationaux de développement des communautés 123

Deux programmes nationaux favorisent des stratégies de développement des communautés, le Programme

national de santé publique et la Politique nationale de la ruralité. La recherche a mis en évidence un résultat

inattendu du Pacte rural, l’association des OC et des ADR dans des démarches d’animation des communautés : « La politique de la ruralité nous a aidés à élargir la conscience des gens sur la vie rurale.

C’est quoi la vie rurale ? Ce n’est pas rien que l’agriculture et l’usine. C’est bien d’autres choses » (O011). Sur la majorité des territoires, les ADR ont suscité la formation de comités de développement local dans les municipalités rurales. Formés de citoyens et assez souvent d’un ou deux élus municipaux, ces comités ont été créés à la suite d’une consultation citoyenne réalisée dans le cadre du Pacte rural. Ces consultations ne sont pas obligatoires en vertu de la Politique nationale de la ruralité, mais elles sont voulues par les élus

locaux et souvent suggérées par les ADR : « La Politique nationale de la ruralité, il faut que ça parte aussi des

citoyens » (A721). C’est, en fait, un facteur de réussite : « Pour assurer que ça fonctionne bien […] il faut vraiment que ça vienne d’eux. […] C’est vraiment la municipalité, le maire, le conseil municipal qui vient nous voir » (A515).

Ces démarches permettent la prise en compte des besoins des communautés indépendamment des instances sectorielles mandatées pour y répondre. « Nous autres, les organisateurs communautaires et les agents ruraux on vient en soutien [avec] l’animation et l’organisation de ces rencontres de consultation publique » (A721). C’est ainsi que, même si le « social, ça relève plus du CLSC » (A721), des ADR sont appelés à intervenir en développement social (sécurité alimentaire, transport, etc.) et que des OC sont actifs en développement local (revitalisation, services de proximité, etc.). Pour l’OC du SLA Du Fleuve, cette collaboration est intentionnelle dans une perspective de développement des communautés : « Je me suis insérée dans l’objectif du CLD. En fait, je me suis accolée à leur démarche » (O719).

Les consultations publiques sont un outil efficace de mobilisation citoyenne : « Généralement dans les municipalités, on a un très bon taux de participation : mettons une municipalité de 300 habitants, on a déjà eu jusqu’à 100, 70, 60 personnes, ce qui est quand même représentatif » (A721). Le nombre de comités de développement local créés pour donner suite aux consultations varie d’une municipalité à l’autre, mais ce sont les disponibilités des accompagnateurs qui en limitent parfois le nombre : « Dans certaines municipalités, il se forme trois, quatre comités. Parce que former juste un comité de développement, ce n’est pas toujours une bonne idée. Pour retenir les gens, il faut qu’ils s’impliquent dans quelque chose qui leur tient à cœur » (A721).

Un  premier  défi  :  les  services  de  proximité  

Le premier défi de l’intervention en milieu rural et la problématique la plus déterminante pour leur avenir c’est certainement la pérennité des services de proximité : « Quand on parle de services de proximité en milieux ruraux, c’est un enjeu. Moi j’ai l’impression que c’est notre enjeu principal des dix prochaines années » (A618). Si la Politique nationale de la ruralité a eu pour effet de réhabiliter certains équipements collectifs et

de soutenir des projets novateurs, un certain nombre de services essentiels sont compromis par la réorganisation des services publics et commerciaux : « On était vraiment comme oubliés. La commission scolaire était presque à l’étape de fermer nos écoles. Il y avait vraiment un abandon total. Les institutions ne nous aidaient pas, au contraire : “On ferme” » (A929). Les agents de développement rural interviennent pour parer à la spirale de décroissance qu’entraîne la perte de services essentiels : « Au niveau du pacte rural, on a travaillé beaucoup au maintien de certains services de proximité » (A721).

Ce sont toutefois des interventions relativement complexes parce que « quand il s’agit de reprendre un dépanneur, d’acheter une épicerie […] les études le démontrent : il n’y a pas grand argent à faire avec ça » (A721). Les CLD ont l’habitude de travailler au financement des entreprises, mais lorsqu’une épicerie de village ferme parce que « les gens prennent leur retraite ou veulent vendre », les sources de financement ne sont pas intéressées à y investir « parce que les dépanneurs, les épiceries ce n’est plus rentable dans les petites communautés rurales » (A721). L’alternative c’est une entreprise d’économie sociale, mais cela ne devient possible que « parce qu’il y a eu une mobilisation citoyenne » (A721) permettant de faire reposer le projet sur un engagement de la population.

Les services publics sont touchés aussi. L’accès aux services médicaux est fragile et il suffit que quelques événements coïncident pour compromettre les services d’une clinique bien établie : « Il y a un médecin qui est parti en congé de maladie, une qui est partie en congé de maternité. Donc des effectifs plus réduits. Ça a amené un goulot d’étranglement » (A618). L’organisation des services de garde et le maintien de l’école du village sont des conditions essentielles pour attirer ou conserver une population de jeunes familles pour lesquelles la proximité de ces services « c’est assez primordial » (A721). Lorsque les administrations

publiques comme le Centre local d’emploi et le CSSS ou des institutions comme les Caisses populaires décident de fermer complètement ou en partie un point de service, elles ont un impact de dévitalisation dans les communautés. Elles invoquent souvent les nouveaux modes d’accessibilité que permettent les technologies de l’information, mais la distance physique demeure un obstacle important en particulier pour les personnes vulnérables.

En corolaire, l’enjeu du transport sur des territoires faiblement peuplés devient une préoccupation majeure que les MRC doivent prendre en compte : « Les personnes démunies, on a beaucoup de difficulté à les rejoindre parce qu’elles ont des difficultés financières : ou bien ils n’ont peut-être pas de voiture ou ils n’ont peut-être pas d’essence pour mettre dedans pour venir aux activités » (O411). Il n’est pas évident de mobiliser des ressources à un niveau qui conviendrait pour répondre efficacement aux besoins : « Il y a un transport collectif qui est offert par la MRC, mais c’est très difficile parce que ça ne répond pas aux besoins et en même temps, ça ne couvre pas l’ensemble du territoire » (O411).

Un  second  défi  :  l’intégration  territoriale  

Un second défi c’est l’intégration territoriale des interventions : « Chaque organisation, commission scolaire, CSSS, etc. a son plan d’action […] Ils voient les problèmes qu’il y a dans la MRC, dans le milieu ou quoi que ce soit, mais ne sont pas en concertation avec réellement, vraiment avec le citoyen et le milieu municipal » (A721). Les efforts pour territorialiser les services se heurtent aux contraintes institutionnelles. Par exemple, dans le sud du territoire Du Fleuve, plusieurs entreprises avaient des emplois disponibles qui exigeaient que les gens soient formés pour les occuper. Elles ont demandé aux services de formation professionnelle de la commission scolaire de venir dans les villages de façon que leurs ressources soient accessibles à la population locale : « Il faut faire de la formation académique. Venez, on vous trouve des locaux, on fait venir les gens des municipalités avoisinantes en lien avec les employeurs et on garde notre monde. On travaille ensemble » (O719). Ces demandes ont essuyé un refus de la commission scolaire dont les ressources « ne sont jamais sorties de leurs murs » (O719).

La Santé publique a fait du développement des communautés (DC) une stratégie d’intervention et les CSSS s’en font le relais. Ce faisant on a fait la promotion de pratiques pourtant déjà bien établies sur les territoires de CLSC suscitant même un certain étonnement dans les milieux : « On l’a dit en blague : le développement des communautés c’est quoi ? C’est la nouvelle affaire à la mode ! […] C’est quoi la différence avec ce que l’on fait déjà ? […] On a senti quand même un mandat beaucoup de développement des communautés. Ça descend assez fort ! » (C102). Ce travail de promotion du développement des communautés est devenu une occasion stratégique pour les OC : « Dans nos boites, on pouvait sentir que c’était une nouvelle bibitte, mais dans le milieu on continuait à faire du développement et à être capables d’élargir nos alliances » (O011). Au

plan de la région, ils en ont même fait une façon de préserver des mandats qui ne sont pas seulement la mise en œuvre de programmes établis : « Nous autres on a décidé, la très grande majorité des organisateurs communautaires, d’embarquer là-dedans et de se servir de ça pour continuer à faire du pouce en matière de développement local » (O011). Les OC du CSSS qui dessert les territoires De la Vallée et De l’Industrie ont inscrit dans leur planification triennale que « l’orientation fondamentale du service d’organisation communautaire est le développement des communautés » qu’ils considèrent comme le fil conducteur de leurs interventions, et auquel le CSSS s’intéresse « comme une façon d’actualiser la responsabilité populationnelle » (O616).

La promotion du développement des communautés a aussi été l’occasion de mettre à la disposition des OC et autres agents de développement des outils dont ils ne disposaient pas aussi facilement avant. Dans le cadre de la caractérisation des communautés, les directions de la Santé publique ont produit des profils statistiques et des cartes visualisant les problématiques sociales : « On a ajouté des ressources et, dans certains cas, des ressources ultra compétentes pour nous accompagner dans la recherche. […] Ça mettait à jour l’information sur ton territoire » (O013). Les opérations de caractérisation des communautés ont donné lieu à la production de matériel permettant de visualiser les indicateurs de défavorisation plus facile à utiliser que les tableaux statistiques : « c’est un outil que je trouvais presque de l’éducation populaire » (A929).

Les ressources institutionnelles régionales et nationales qui transitent par les établissements locaux ne sont pas toujours ajustées aux situations locales, mais elles constituent des moyens indispensables à l’efficacité des SLA. L’exercice de la fonction de liaison doit aider le milieu à accéder à ces ressources et, surtout, à faire en sorte qu’elles s’ajustent aux situations locales. Les rapports des OC et des ADR avec les CSSS, les MRC et les commissions scolaires constituent en ce sens une clé pour la réalisation des projets des communautés. Mais les institutions publiques ne sont plus les seules à occuper cette position d’interface. L’arrivée de la Fondation Lucie-et-André-Chagnon en fait un joueur majeur dans les collectivités québécoises.

5.2.2. Les programmes des sociétés de gestion de la Fondation Lucie-et-André-

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