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Le commerce est un puissant moteur de croissance et de développement économi-ques. Ces dernières années, les pays ont de plus en plus ouvert leurs économies au commerce international, soit par le canal de système multilatéral du commerce, soit par celui d’une coopération régionale accrue, soit encore dans le cadre de program-mes nationaux de réforprogram-mes, toutes program-mesures qui ont été source d’énorprogram-mes avantages pour de nombreux pays et pour leurs citoyens (Organisation mondiale du commerce [OIT], 2007).

La relation entre l’ouverture du commerce et la croissance économique a été l’objet d’un nombre considérable d’études et d’analyses, dont la majorité fait ressortir une corrélation positive entre les deux. Le commerce peut avoir une influence sur la croissance au travers de nombreux canaux. L’un de ces canaux, c’est la transmission des innovations technologiques induite par le commerce. L’ouverture du commerce favorise une plus grande exposition de l’économie nationale, par laquelle un com-merce international accru et durable permet aux producteurs nationaux d’appren-dre, d’adopter, ou de s’inspirer de technologies étrangères, de les incorporer ensuite dans leurs processus de production. Le commerce peut ainsi aider à transmettre des innovations et le savoir technologiques entre partenaires commerciaux (Grossman et Helpman, 1991).

Une plus grande exposition aux technologies étrangères résulte de l’importation de produits de haute technologie ou de l’interaction entre partenaires commerciaux, les sources d’innovation étant une communication et une mobilité internationales deve-nues meilleures grâce aux échanges. Pareille exposition crée une plus grande capacité compétitive face aux économies avancées du marché international, ce qui entraîne une profonde transformation de la composition du produit, et permet de passer d’une production et d’exportations fondées sur l’agriculture à l’industrie lourde et, pour finir, à des produits de haute technologie. Il s’agit là du modèle qu’ont suivi les pays de l’Asie du Sud-Est et qui a permis à ces derniers de connaître une croissance économique tenant du miracle (Wacziarg, 2001).

La technologie de pointe est aussi transmise à travers l’investissement étranger direct (IED), soit grâce à l’importation de biens d’équipement, soit par le partage des connaissances et de l’expertise. Harrison et Revenge (1995) ont constaté que la libé-ralisation du commerce, telle que mesurée par les volumes totaux des échanges, était

positivement corrélée à l’IED, ce qui implique que les économies ouvertes attirent davantage l’IED que les économies fermées.

Une ouverture plus grande du commerce améliore aussi la compétitivité sur le marché intérieur, ce qui entraîne un accroissement de l’efficacité dans la production et favo-rise la croissance économique (Vickers et Yarrow, 1991). Les économies ouvertes sont plus à même de fabriquer des produits commercialisables à des prix compétitifs sur le marché mondial (ou avec des distorsions moindres du marché), parce que le libre-échange facilite la convergence des prix d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre. L’accès à des marchés plus larges peut être source d’atouts pour les pays sur le plan économique, parce que la taille des marchés devenant ainsi plus grande, les économies des pays concernés peuvent mieux tirer parti des avantages potentiels des rendements d’échelle croissants (Ades et Glaeser, 1999). En outre, la libéralisation du commerce favorise la croissance économique, en incitant les pouvoirs publics à adopter des politiques nationales qui induisent moins de distorsions et à s’imposer une plus grande discipline dans la gestion de la macroéconomie. Les données dispo-nibles font apparaître une corrélation importante entre l’ouverture du commerce et la croissance économique (Bassanin et al., 2001).

Le monde est devenu plus riche au cours des dernières décennies. La pauvreté a régulièrement reculé dans le monde et le niveau de vie de millions de personnes s’est amélioré de façon significative. Le commerce a énormément contribué au dévelop-pement des économies industrialisées et l’on peut s’attendre à ce qu’il en fasse de même pour ce qui concerne les économies de pays moins développés, notamment en ce qui concerne les économies africaines.

On estime que l’ouverture du commerce a ainsi joué un rôle particulièrement impor-tant, par exemple dans la remarquable croissance économique de nombreux pays de l’Asie du Sud-Est et dans la réduction de la pauvreté en cette région. Ces pays de l’Asie du Sud-Est, insolvables à une époque, font aujourd’hui partie des locomotives de l’économie mondiale. Le commerce peut influer sur les revenus des pauvres, même si c’est à des degrés divers selon les pays et les régions, cela grâce à ses effets sur la croissance économique, l’emploi, le revenu, les prix à la consommation et les dépenses publiques (OMC, 2007).

L’émergence de l’Inde et de la Chine en tant que puissances économiques a grande-ment contribué à la réduction de la pauvreté dans le monde. Mais, si de nombreux pays ont tiré avantage de l’accroissement des échanges commerciaux, l’Afrique, elle, est restée, de manière générale, en retrait. Les statistiques du commerce mondial indiquent que sa part de ce commerce a décliné et est passée de 6%, il y a de cela 25 ans, à près de 2% aujourd’hui, voire à moins de 1% si l’Afrique du Sud n’est pas prise en considération. Cette tendance traduit la marginalisation croissante du continent dans le domaine du commerce mondial.

La situation n’est guère différente, pour ne pas dire qu’elle s’est empirée, en ce qui concerne le commerce intra-africain, dont le volume est demeuré constamment très faible, comparativement aux échanges de l’Afrique avec les autres continents. La composition des exportations africaines continue d’être fortement tributaire des liens historiques avec le reste du monde. Plus de 80 % des exportations des pays africains continuent d’avoir pour destinations des marchés situés hors du continent, l’UE et les États-Unis représentant 50 % du volume total de ces exportations. En moyenne, au cours des décennies écoulées, seuls 10 à 12 % des échanges commer-ciaux du continent se faisaient entre nations africaines. Cette tendance est loin d’être encourageante, si on la compare en particulier à ce qui se passe dans les autres régions du monde.

Ainsi, près de 40% du commerce nord-américain s’effectue entre pays d’Amérique du Nord. De même, près de 63% du commerce de l’Europe occidentale s’effectue entre nations de cette région.

Les conséquences du faible volume des échanges intra-africains sont multiples et profondes. De nombreuses possibilités de s’appuyer sur le commerce continental, pour améliorer ainsi les perspectives de spécialisation entre différents pays africains et celles de l’accélération du développement et de l’intégration, ne sont pas mises à profit. Le commerce intra-africain peut impulser le développement et une dyna-mique d’intégration entre les sous-régions du continent; il peut, en outre, être un puissant moteur qui permet de stimuler la croissance et de parvenir à la maturité économique en Afrique. La question principale reste, dès lors, de savoir comment remédier à la situation actuelle, pour que les pays du continent puissent tirer parti de l’accroissement des échanges intra-régionaux.

Les structures de production et des exportations de la plupart des économies africai-nes sont orientées vers des produits de base tels que les minéraux, le bois, le café, le cacao et d’autres matières premières, tous produits pour lesquels la demande vient de l’extérieur. La majorité de ces économies est dépourvue de la capacité industrielle de produire des biens manufacturés diversifiés, qui favorisent les échanges sur les marchés régionaux. Yeats soutient que les exportations non pétrolières de l’Afrique se réduisent à un très petit nombre de produits, dont aucun ne revêt d’importance en tant qu’importation régionale. On découvre que les pays d’Afrique subsaharienne ne disposent que de peu de produits pouvant faire l’objet d’un commerce entre eux.

Une analyse des changements intervenus dans l’histoire des exportations des autres pays fait ressortir que le problème de la « non-complémentarité » dans le commerce africain ne saurait être résolu rapidement.

Bien qu’ils puissent varier d’un accord à l’autre, tous les accords régionaux ont pour objet de réduire les barrières commerciales entre pays qui y sont parties. C’est ainsi

continent, pour stabiliser ou lever les barrières tarifaires et non tarifaires au com-merce, harmoniser les droits de douane et les taxes intérieures, faciliter le commerce grâce à des services d’information et de promotion adéquats, abolir les restrictions à la circulation des personnes, des biens, des services et des investissements à travers les frontières. Cependant, certains pays continuent d’exiger des droits de douane élevés sur les importations, même quand celles-ci proviennent de leurs voisins. Ils persistent aussi à appliquer des barrières non tarifaires et à imposer des restrictions quantitatives. Les barrages routiers et les postes de contrôle, les agents de sécurité aux postes frontière et des procédures et réglementations non harmonisées continuent de poser de sérieux obstacles au commerce intra-africain. Si ces obstacles ne sont pas levés, des millions d’Africains continueront de souffrir de la pauvreté et du sous-développement.

L’insuffisance des infrastructures demeure l’un des plus grands obstacles au commerce intra-africain, aux investissements et au développement du secteur privé. La mise en œuvre de programmes visant à construire des réseaux de transports et de communi-cations, à mettre en valeur les ressources énergétiques et à favoriser la diffusion des technologies de l’information permettrait d’accélérer le développement des échanges et de transformer l’Afrique en un continent attrayant pour les investissements.

Les CER ont renforcé le développement du commerce grâce à des programmes ayant pour objet de constituer des zones de libre-échange, de créer une union douanière et de mettre en place un marché commun. Il se trouve cependant que de nombreu-ses initiatives relatives à l’intégration en Afrique et des décennies d’expérimentation de cette intégration n’ont abouti à aucune amélioration notable ni du commerce à l’intérieur des CER ni des échanges intra-africains. Les pays du continent sont en général dépourvus de la solide capacité industrielle qui leur permettrait de produire des biens manufacturés diversifiés pour alimenter le commerce sur les marchés régio-naux. De multiples monnaies nationales africaines restent non convertibles, alors que les efforts tendant à une intégration monétaire, financière et physique n’ont jusqu’ici produit rien de prometteur. Le coût de l’activité économique reste élevé, du fait en partie d’infrastructures insuffisantes, de la duplication des procédures aux frontières et de la paperasserie qui en découle. Le commerce sans papier reste un lointain objectif. Des progrès ont, certes, été accomplis dans certaines CER, dans le domaine de la libre circulation des personnes et du droit d’établissement, mais cet objectif reste lettre morte dans plusieurs autres sous-régions de l’Afrique.

Dans le présent rapport, un effort est fait pour traiter de ces questions pressantes. Une analyse empirique générale du commerce intra-africain est entreprise pour détermi-ner les raisons pour lesquelles le volume de ce commerce est demeuré constamment faible tout au long des dernières décennies. Le rapport contient des recommanda-tions concrètes à l’adresse des États membres, des CER, du secteur privé et des autres parties prenantes au développement de l’Afrique. Diverses questions se rapportant

aux politiques à mettre en œuvre sont également analysées, de même que d’autres facteurs qui ont eu une incidence défavorable sur le commerce intra-africain, même si lesdites questions ont pu être abordées ailleurs.