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L’état de l’intégration régionale

2.2 Réalisations dans le domaine de l’intégration régionale et défis à relever

2.2.6 Intégration physique

L’existence d’infrastructures pleinement opérationnelles est cruciale pour faciliter le commerce, réduire la pauvreté et permettre le transport sans heurt des biens, ainsi que la libre circulation des personnes. L’Afrique continue de connaître des lacu-nes dans les domailacu-nes du transport, des communications et de l’approvisionnement hydro-énergétique, mais les diverses CER ont effectivement enregistré des progrès dans ces domaines, comme suit.

Plusieurs projets sont en cours d’exécution dans la CEDEAO. Avec l’appui de la Banque mondiale, la région prépare actuellement un projet visant à créer un guichet unique dans les principaux ports du corridor Abidjan-Lagos, pour faciliter le trans-port et le transit. Le projet doit couvrir cinq pays: Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin et Nigéria. Son objet principal est d’éliminer les goulets d’étranglement qui entra-vent présentement la circulation des biens le long du corridor. Des projets visant à réhabiliter les zones où avaient sévi des conflits sont également en cours d’exécution.

Ils concernent notamment un corridor qui relie le Libéria au Ghana, via la Côte d’Ivoire. La CEDEAO et l’UEMOA se préparent à mettre en œuvre cinq projets dans le cadre d’un programme d’actions communautaires des infrastructures et des transports routiers. Parmi ces projets figurent un projet de développement routier sud le long du corridor Bamako-Dakar (PR2), avec la construction de routes et de ponts le long de la frontière entre le Mali et le Sénégal, et le projet du corridor Dori-Tera entre le Burkina Faso et le Niger (PR3). La Commission de l’UEMOA est en train de supprimer les postes de contrôle illégaux en procédant à une surveillance des pratiques illicites le long des axes routiers entre États.

Dans le COMESA, des instruments de facilitation du transport sont en cours d’élaboration pour améliorer l’infrastructure routière. Ils portent notamment sur les limites de charge par essieu, les poids bruts des véhicules, l’harmonisation des redevances dues par les usagers de la route, les permis des transporteurs et le cau-tionnement régional pour le transit douanier (RCTG). Le défi le plus important que le COMESA doit relever sera de mettre pleinement en œuvre ces mesures visant à faciliter le trafic transfrontalier.

La CAE a réalisé des progrès notamment dans le domaine du développement des routes et des corridors. Le projet du réseau routier de l’Afrique de l’Est (route du nord allant de Mombassa à Katuna; route du centre allant de Dar es-Salaam à Mutukula) se trouve à présent dans la phase de mise en œuvre. La région a réalisé aussi des pro-grès significatifs dans la construction de la route Arusha-Namanga-Athi River.

La CEN-SAD a élaboré un plan communautaire visant à améliorer les infrastructu-res dans ses États membinfrastructu-res. Ce plan comprend des projets de nouvelles routes et de nouveaux corridors de transit, d’entretien et d’amélioration des services d’infrastruc-ture. Toutefois, le processus doit être accéléré. À ce jour, seuls trois pays, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie, ont renouvelé le revêtement de plus de 50% de leurs routes.

L’IGAD mène actuellement des études sur la mise en oeuvre du corridor Isiolo-Moyale, qui a pour but de relier le Kenya à l’Éthiopie.

Pour ce qui concerne les chemins de fer, dans la SADC, un projet de la compagnie des chemins de fer du Lesotho, la Lesotho Railway, est en cours d’exécution, pour

corridor reliant Durban à Kimberly, et s’étendant jusqu’au Botswana et en Nami-bie. En 2007, le COMESA a adopté un accord type pour les concessions dans le domaine des chemins de fer. Dans la CAE, un projet de formulation d’un plan directeur de développement des chemins de fer de la CAE est en cours; il détermi-nera l’orientation à suivre pour le développement du secteur du transport ferré au cours des 25 années à venir. Dans l’UMA, un protocole d’accord a été signé en avril 2008 pour la modernisation de la route transnord africaine reliant Tunis, Alger et Casablanca, et pour améliorer les services. Une étude de faisabilité est aussi en cours pour la construction d’un TGV (train à grande vitesse) nord-africain, qui relierait Tripoli à Casablanca, en passant par Tunis et Alger.

Énergie

L’Afrique dispose d’abondantes ressources énergétiques, qui sont malheureusement réparties d’une façon inégale et sont sous-exploitées. Cela est largement imputable à l’accès comparativement faible de l’Afrique à la technologie moderne. Ce handicap a abouti, dans une large mesure, à l’exportation de produits bruts, aux prix très bas, si on les compare à ceux des produits finis 4.

Dans la plupart des pays africains, la fourniture de l’énergie aux zones rurales a tou-jours constitué un problème majeur, en raison de la médiocrité des infrastructures et du coût élevé de la production de l’énergie. Des efforts sont en cours pour améliorer la situation à l’échelon tant national que régional.

Dans le cas de la CEDEAO, certains projets du programme énergétique ont été amplifiés, y compris le gazoduc africain (WAGP), le pool énergétique ouest-africain (WAPP) et la politique régionale de la CEDEAO d’accès à l’énergie. Le WAGP relie le Nigéria, le Bénin, le Togo et le Ghana, et une étude de faisabilité est en cours pour examiner la possibilité de l’étendre à la Côte d’Ivoire. On espère que la récente découverte du pétrole et du gaz au Ghana accélérera le processus. Le WAPP est entré en fonctionnement en 2006. Il a pour principal objet de fournir sur une base sûre et durable de l’électricité pour le développement économique des États membres, en intégrant leurs systèmes nationaux. En 2008, un plan d’urgence pour la sécurité de l’approvisionnement en énergie a été adopté afin de prévenir une crise énergétique. D’ici à 2020, un projet destiné à mettre en place un marché régional de l’électricité de près de 10 000 mégawatts de capacité devrait être achevé. La politique régionale de la CEDEAO d’accès à l’énergie, adoptée en 2006, vise à accroître l’accès des populations rurales et périurbaines aux services énergétiques.

4 C’est le cas pour des produits tels que le pétrole et les minéraux.

Dans la SADC, les efforts ont été concentrés sur la sécurité de l’approvisionnement énergétique. Selon les statistiques disponibles, la région continuera de connaître des déficits énergétiques jusqu’aux environs de 2012. Cette situation a contraint la SADC à lancer un important projet visant à assurer la fourniture supplémentaire de 400 mégawatts par Hidroelectrica de Cahora Bassa, et à restaurer d’autres sources de production d’énergie en Afrique du Sud, au Botswana, en République démocratique du Congo, en Zambie et au Zimbabwe. Parmi les autres mesures figurent la réalisa-tion de 10% de réducréalisa-tion de la consommaréalisa-tion grâce au raréalisa-tionnement, à des accords de compensation et de pénalités, de même que l’adoption par l’entreprise publique sud-africaine ESKOM d’un modèle brésilien de conservation de l’énergie devant permettre d’assurer un approvisionnement continu en énergie des autres États mem-bres de la SADC.

Le plan directeur énergétique de la CAE prévoit la mise en œuvre d’un programme septennal énergétique régional, dont un groupement énergique constituera l’élément principal. La découverte du pétrole dans l’Albertine Graben (Ouganda) permettra de construire une raffinerie complémentaire destinée à l’exploitation du pétrole pour l’usage local. La Tanzanie a découvert du gaz à Songo Songo et à Mnazi Bay, dont elle se sert déjà pour produire de l’électricité et du combustible. Le Rwanda produit annuellement du gaz méthane dans la région du lac Kivu; le Burundi procède à des explorations de pétrole à Rusizi et dans les bassins du lac Tanganyka et le Kenya met actuellement en valeur le potentiel géothermique de la Great Rift Valley.

À l’instar d’autres CER, le COMESA connaît des pénuries énergétiques, en particu-lier pour ce qui concerne l’électricité. Les statistiques disponibles indiquent que sa demande en énergie excède son offre de plus de 20%, et il est prévu que, en 2010, la demande connaisse un accroissement aussi élevé que 46%. L’infrastructure éner-gétique doit être améliorée. Un plan directeur éneréner-gétique est en cours d’élaboration pour la mise en oeuvre d’une stratégie énergétique commune et d’un programme d’investissement prioritaire qui mobilisera des ressources publiques et privées.

Eau

L’eau constitue une ressource essentielle. L’agriculture, l’une des formes principales de production de l’Afrique, est tributaire des ressources en eau. Selon la BAD, l’accès à l’eau en 2006 en Afrique était estimé à 64%, taux qui était inférieur à la moyenne mondiale du 87%. Plusieurs pays africains, notamment ceux faisant partie des CER, ont adopté des mesures de conservation de l’eau. De nombreuses réalisations ont été faites. Le programme de mise en valeur du lac Victoria de la CAE est centré sur la sécurité de la navigation, le plan de conservation de l’écosystème du mont Elgon en Ouganda, et au Kenya, et sur le développement des pêcheries dans le cadre de

l’Autorité du bassin du Niger ont signé une Charte de l’Eau, portant notamment sur la connaissance des ressources en eau du bassin, sur leur préservation, leur pro-tection, leur amélioration et leur utilisation. L’Autorité travaille aussi à une étude portant sur le bassin du Niger, un projet visant à lutter contre l’envasement du fleuve Niger, qui est préjudiciable à la production agricole.

Un projet a également été proposé pour effectuer un transfert d’eau de l’Oubangui-Chari et du fleuve Congo au lac Tchad, et la SADC met en oeuvre le Ground Water Drought Management Project lancé en 2007, qui est en cours de financement par le Fonds mondial pour l’environnement (FEM).

Technologies de l’information et de la communication (TIC)

Les TIC sont d’importance cruciale pour l’intégration régionale. Un investissement financier important est indispensable dans ce domaine, si l’on veut parvenir à une croissance économique et à un développement durable. Même dans les régions à prédominance agricole, où vit la majorité des africains, les TIC sont nécessaires. On a assisté ces derniers temps à une augmentation de la demande de téléphones cellu-laires au détriment des lignes fixes. En 2000, l’Afrique comptait près de 10 millions d’utilisateurs de téléphone mobile. Ce chiffre a augmenté de façon spectaculaire pour se situer à près de 180 millions en 2007. Cette explosion peut s’expliquer par la libéralisation du marché, qui a permis à de nombreuses compagnies de téléphonie mobile d’opérer dans un certain nombre de pays africains. En revanche, l’accès à l’Internet est à la traîne dans plusieurs parties du continent par rapport au reste du monde. Selon l’indice de préparation au réseau (NRI), entre 2007 et 2008, les pays de l’Afrique subsaharienne étaient classés en tant que pays utilisant le plus faible-ment les TIC. En revanche, les pays d’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud et Maurice ont enregistré des progrès dans le domaine des TIC.

À l’exemple des pays occidentaux et de l’Amérique du Sud, l’Afrique essaie d’intégrer ses politiques en matière de TIC dans ses programmes nationaux de la science, de la technologie et de l’innovation. Un certain nombre de CER essaient également de promouvoir l’utilisation des TIC dans leurs régions.

La CEEAC a, avec l’appui de la CEA, élaboré une stratégie pour le développement des TIC en Afrique centrale, qui porte sur les infrastructures, les réseaux et les inter-connexions à haut débit.

La SADC aussi est allée de l’avant dans le secteur des TIC, avec la mise en oeuvre de l’infrastructure régionale de l’information de la SADC (SRII), qui a pour objet de fournir l’infrastructure et la connectivité nécessaires en matière de télécommuni-cations. Le programme se déroule en trois phases: le court terme couvre la numéri-sation des liens de transmission; le moyen terme concerne l’expansion des activités

et le long terme porte sur la mise en œuvre d’autoroutes de transmissions régionales entièrement par fibre optique. L’association sud-africaine des télécommunications (SATA) mène actuellement une étude sur un projet à long terme de mise en œuvre d’un réseau minimum reliant ses États membres au Système de cable sous-marin de l’Afrique de l’Est (EASSY).

L’IGAD met en oeuvre un programme régional d’appui au TIC pour favoriser l’en-semble du processus d’intégration en créant un environnement propice et favorable pour les TIC. Une fois que le projet sera mené à son terme, les coûts de l’activité économique dans la CER devraient très fortement baisser. Le programme a pour but de réduire la fracture numérique en levant certaines des contraintes qui empêchent l’utilisation des TIC.

Le COMESA a mis sur pied l’Association des régulateurs de l’information et de la communication en Afrique orientale et australe (ARICEA). L’ARICEA est un forum de consultation et de collaboration qui réunit les régulateurs et acteurs associés du secteur des TIC dans la région de l’Afrique orientale et australe.

La coopération régionale entre CER dans le domaine des TIC demeure l’une des principales priorités. Le COMESA, l’IGAD, la CAE et la Commission de l’océan Indien (COI) coopèrent pour s’attaquer aux nombreux aspects du développement des TIC, y compris l’intégration des politiques et de la réglementation, le dévelop-pement de l’infrastructure, le renforcement des capacités, le partenariat et la coopé-ration régionale, de même que la promotion des investissements. Ils ont également lancé le programme régional d’appui aux TIC (RICTSP) pour contribuer aux efforts de la région de l’Afrique orientale et australe visant à promouvoir un environnement propice pour les TIC.

Plusieurs partenaires des CER apportent un appui à la mise en œuvre de ces impor-tants projets. Il en est ainsi de la CEA, qui apporte un appui aux politiques de l’in-frastructure nationale de l’information et de la communication (INIC). Le principal objet de l’INIC est de traduire dans les faits la vision de la Société de l’information en Afrique (AISI) 5 au niveau national et de créer un environnement favorable à la libéralisation et à la déréglementation du secteur des télécommunications. La Com-mission cyberAfrique du NEPAD a, en collaboration avec le COMESA, l’IGAD et la SADC, entrepris la mise en œuvre des plans d’intégration et de rationalisation pour développer un réseau de fibre optique en Afrique orientale et australe. Le groupe de la BAD est chef de file d’un projet qui a pour objet de connecter les capitales africai-nes les uafricai-nes aux autres par des dorsales à haut débit d’ici à 2012.

5 L’initiative « Société de l’information en Afrique », a été lancée par la CEA en mai 1996. Il s’agit d’un cadre pour la mise en place d’une infrastructure de l’information et de la communication en

En 2007, l’UMA a commencé à mettre en œuvre le projet Ibn Khaldun en vue de la mise en place d’un réseau nord-africain de fibre optique. Elle a par ailleurs bénéficié d’un appui financier du groupe de la BAD en 2009, dans le cadre du Fonds spécial du NEPAD pour la préparation des projets d’infrastructures (FPPI/NEPAD), pour financer une étude visant à promouvoir le développement des TIC.

Certaines CER ont accordé des licences à de nouveaux opérateurs de téléphonie mobile et amélioré l’accès aux services de l’Internet. Le marché des TIC devrait être libéralisé davantage, par une accélération de la privatisation du réseau des télécom-munications afin d’attirer des investisseurs étrangers, par la mise en œuvre de projets de télécommunications dans les zones rurales, par la création de centres de formation dans le domaine des TIC et par la réduction du coût des communications.