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la réduction de la pauvreté 3

3.3 Commerce et finance

3.3.1 Le lien entre commerce et finance 5

Le lien entre le commerce international et le secteur financier est très important, le commerce moderne étant tributaire du crédit et d’autres services financiers essen-tiels pour le financement des dépenses liées aux échanges et la protection contre les risques qu’ils comportent. L’importance grandissante du commerce et du sec-teur financier peut se voir dans la part qu’ils ont dans la croissance économique, part qui ne cesse d’augmenter depuis plusieurs décennies. La part du commerce international des biens et services dans le PIB mondial est passé de 8% lors de la conclusion de l’Accord général sur les tarifs et le commerce (GATT) en 1947 à près du quart du PIB mondial actuellement. En outre, les transactions commerciales se sont fortement multipliées au cours de ces dernières années. Aux États-Unis, le secteur financier, notamment les banques, les sociétés de valeurs mobilières, les assurances et l’immobilier, s’est développé et est passé de 11% de production en 1950 à 25% en 2007. Kono, Low, Luanga, Mattoo, Oshikawa, et Schuknecht (1997) soutiennent que la croissance des transactions financières internationales a été même plus rapide, nombre de ces transactions croissant de trois à dix fois au cours des seules années 90.

Le commerce international s’est développé très rapidement après la Seconde Guerre mondiale, grâce principalement à la baisse significative des barrières commerciales et des coûts de transaction. L’expansion du commerce a été favorisée par la réduction des droits de douane et des barrières non tarifaires au commerce, et par la baisse des coûts de transport et de communication. La croissance rapide du secteur financier, grâce à un environnement propice et à des avancées technologiques, à des politiques financières nationales et internationales de plus en plus libérales, à des progrès rapi-des dans les télécommunications et les technologies de l’information, et grâce à de

5 La section est largement inspirée de Fingerand et Ludger (1999). Trade, Finance and Financial Crisis, WTO Special Studies No. 3.

nouveaux instruments financiers, a aussi contribué à la forte expansion des services financiers et des flux de capitaux à l’intérieur des frontières et à travers celles-ci.

Comment le commerce et le secteur financier contribuent-ils à la prospérité et à la croissance économiques? Le commerce accroît l’efficacité, du fait de la spéciali-sation qu’impose l’avantage comparé entre pays, ce qui, à son tour, permet aux pays de tirer parti des économies d’échelle. Le commerce accroît aussi le choix des biens et services disponibles, renforce la compétitivité, les compétences internationales et le transfert des technologies. Chacun de ces facteurs peut avoir des effets positifs durables sur la prospérité et la croissance. La littérature empirique montre que les résultats des économies ouvertes, en matière de croissance, sont meilleurs que ceux des économies fermées. Sachs et Warner (1995) sont parvenus à la conclusion que la croissance annuelle dans les économies ouvertes est supérieure à celle des économies plus fermées de 2 à 2,5%.

Des gains substantiels peuvent être tirés de systèmes financiers efficaces. Les théo-riciens de l’économie estiment que le rôle du secteur financier est de remédier à l’information asymétrique entre prêteurs et emprunteurs. Sur les marchés financiers, l’information est généralement asymétrique, parce qu’une des parties ne dispose pas de suffisamment de renseignements sur l’autre pour prendre des décisions en toute connaissance de cause. Un emprunteur qui contracte un prêt dispose souvent de meilleurs renseignements que le prêteur sur les retours sur investissement et les ris-ques potentiels que comporte le projet d’investissement en ris-question. L’absence d’in-formation est source de problèmes à deux étapes: avant la transaction (étape connue comme celle de la «sélection négative») et après la transaction (étape connue comme celle de l’«aléa moral»).

La sélection négative survient sur les marchés financiers lorsque les emprunteurs potentiels sont susceptibles de réaliser des résultats négatifs – parce que présentant des risques élevés d’insolvabilité – sont ceux qui recherchent le plus activement un prêt et qui ont, de ce fait, de plus fortes chances d’être retenus. Du fait que la sélec-tion négative rend plus probable l’octroi de prêts à des emprunteurs présentant des risques élevés d’insolvabilité, les prêteurs peuvent décider de ne pas accorder de prêts, même s’ils existent sur le marché de faibles risques d’insolvabilité.

L’aléa moral sur les marchés financiers est l’aléa que l’emprunteur puisse entrepren-dre des activités qui ne sont pas souhaitables (sont «immorales»), du point de vue du prêteur, parce qu’elles accroissent la probabilité que le prêt ne sera pas remboursé.

Pour cette raison, les prêteurs peuvent refuser d’accorder des prêts. L’expression a été inventée par l’industrie de l’assurance pour décrire le phénomène de personnes devenant peu prudentes à l’égard de leurs maisons une fois qu’elles ont souscrit une assurance contre le vol ou contre l’incendie.

L’information asymétrique exige des institutions financières qu’elles acquièrent une expertise en évaluation de la solvabilité des emprunteurs et qu’elles surveillent les personnes auxquelles elles accordent des prêts. En tant qu’organes dotés de l’exper-tise nécessaire, les institutions financières peuvent exercer cette fonction à un coût plus faible que des individus. Elles peuvent répartir le risque de défaut de paie-ment sur un nombre plus élevé de transactions et imposer des clauses de garantie ou des clauses restrictives. Levine (1997) indique qu’il existe divers autres instruments financiers qui permettent de réduire les coûts de transaction et de l’information, et d’améliorer l’allocation des ressources. Ainsi, dans un système financier efficace, les intermédiaires financiers peuvent-ils accorder aux épargnants de meilleurs taux d’intérêt, ajustés en fonction des risques, et les emprunteurs ont-ils plus de facilité à obtenir à un coût moindre des crédits ajustés à leurs besoins.

L’existence de marchés financiers renforce par conséquent la prospérité et la crois-sance économique, grâce à une médiation plus efficace entre épargnants et investis-seurs. Levine (1997) constate que l’existence d’un système financier bien développé contribue au moins à 1 % de croissance du PIB. François et Schuknecht (1999) soutiennent que l’ouverture du commerce a pour effet un renforcement de la com-pétitivité, qui favorise la croissance économique par un pourcentage de même ordre.

Ainsi, le commerce devient-il florissant lorsque des services financiers essentiels d’ap-pui aux échanges sont disponibles.

Le commerce tire un grand bénéfice de l’existence d’un système financier développé et efficace, comme il contribue de son côté à l’instauration d’un système de cette nature. La finance sert de «lubrifiant» au commerce international. Le commerce impulse aussi la demande et favorise le développement de services et d’institutions financiers. Les activités commerciales internationales sont parties intégrantes du processus d’investissement. Les exportateurs et les importateurs entreprennent ces activités dans l’espoir de faire des profits.

Le secteur financier soutient le commerce international de quatre manières, essen-tiellement:

Il aide à combler la période entre le moment où apparaît un besoin de fonds a. pour la production, le transport et celui du règlement du coût des produits

par l’importateur.

Il fournit des services qui aident l’exportateur à recevoir le payement de la b.

manière la moins chère et comportant le moins de risques.

Il fournit des renseignements utiles aux investisseurs/commerçants, aux c.

clients sur les conditions du moment ou les conditions futures du marché des changes et des capitaux.

Il offre une assurance contre certains risques que comporte le processus des d. échanges. Sans ces instruments financiers, le commerce international se

heurterait à plus de difficultés.

C’est la fourniture de crédits pour le commerce par les institutions financières qui a permis l’importante croissance que le commerce mondial a connue ces dernières années. Ces crédits commerciaux ont permis aux partenaires de combler la période entre le moment où une commande est faite et celui où les produits et services sont payés. Les exportateurs doivent habituellement attendre que leurs produits aient été livrés avant d’être payés. Dans de nombreux cas, ils recourent aux institutions financières pour obtenir un financement de leur commerce, en attendant de rece-voir le payement de leurs exportations. D’autre part, il existe des cas où l’importa-teur doit rechercher des fonds, si le payement des importations doit être effectué au moment de passer commande. La décision d’un exportateur/importateur de finan-cer une transaction commerciale dépend du type de produit, des relations d’affaires et de l’avantage comparatif dans la recherche du financement. Un exportateur dis-posant de fonds propres importants, qui agit dans le cadre d’une relation d’affaires de longue date et au sujet de produits courants peut ne pas demander de payement avant la livraison, alors qu’un exportateur d’un pays où le crédit est strictement encadré, qui se trouve engagé dans une transaction unique concernant un produit hautement spécialisé, peut vouloir que l’importateur paye au moment où celui-ci passe commande.

Quatre types de risques sont mesurés par les institutions financières, lorsqu’elles déterminent la disponibilité et le coût des crédits commerciaux: risque économique ou commercial, risque de change, risque lié au transport et risque politique.

Le risque économique ou commercial: Ce risque existe au niveau du commerce tant local qu’international. Le risque que court l’exportateur dans les transactions commerciales, c’est le danger que l’importateur n’accepte pas la marchandise ou ne la règle pas après l’avoir acceptée. L’importateur court le risque que l’exportateur ne livre pas les produits ayant la qualité et dans les délais convenus. Dans l’un et l’autre scénarios, le capital investi dans l’activité, qu’il provienne de fonds propres de l’exportateur/importateur ou d’une facilité de crédit accordée par une institution financière, court un risque.

Le risque commercial provient de l’information asymétrique, qui peut être beaucoup plus importante dans un contexte international. L’information sur la situation de sociétés étrangères est destinée uniquement à l’exportateur et à sa banque. C’est la raison pour laquelle les banques fournissent des renseignements nécessaires sur les clients étrangers, sur le système juridique, de même que tous autres renseignements qui pourraient revêtir une pertinence. Une considération fondamentale permettant

transaction. Si un exportateur prend un crédit pour financer des activités commer-ciales, il peut demander une garantie ou une assurance contre le risque commercial à un organisme commercial ou public.

Le risque de change: L’exportateur comme l’importateur court le risque que, entre le moment de la commande et celui de la livraison, l’environnement économique change de telle sorte qu’elle porte atteinte à la rentabilité de l’opération commerciale.

Le risque de change peut entraîner pareille dégradation de la situation économique, puisque d’importants ajustements du taux de change peuvent augmenter ou dimi-nuer de manière substantielle les bénéfices à tirer d’une transaction commerciale.

Par exemple, un importateur qui commande des produits d’un coût de 1 million de dollars des États-Unis, peut avoir à payer 20% plus cher ces importations dans sa propre monnaie, s’il y a dépréciation de celle-ci de 20% au moment de la livraison.

L’importance du risque de change dépend du régime de taux de change national.

Dans les pays où existe des taux de change fixes, le risque est fonction de la proba-bilité que la parité ne puisse être maintenue et qu’une dépréciation ou appréciation survienne. Les taux de change flexibles peuvent être source de risques considérables, si les taux de change sont volatiles. Un certain nombre d’instruments ont été mis au point pour couvrir les risques de change à un coût relativement bas. Ainsi, un expor-tateur qui a des transactions importantes pourrait-il vendre les devises attendues de ses activités sur le marché à terme. Étant donné que les transactions sur les marchés à terme commencent généralement à des montants supérieurs à 1 million de dollars, des exportateurs de taille moindre ont généralement à se tourner vers les marchés des changes futurs, où ils peuvent acquérir des «options d’achat», qui sont des options de vente de devises à un taux spécifique, à un moment donné dans le futur6.

Le risque lié au transport: La marchandise peut être endommagée ou détruite au cours de l’acheminement entre le lieu où se trouve le vendeur et celui où se trouve l’acheteur. Ce danger est plus grand dans le commerce international, où les distan-ces et la durée du transport sont souvent plus importantes, les navires de transport pouvant subir un naufrage et les marchandises pouvant être retenues à la douane.

Les produits peuvent se détériorer du fait de variables environnementales ou ne pas arriver à destination parce qu’ayant fait l’objet d’un vol ou d’une erreur d’aiguillage lors du transit. Un commerçant peut atténuer le risque en souscrivant une assurance du fret pour couvrir les risques liés aux pertes.

6 Il convient de noter que près de la moitié du commerce mondial s’effectue en dollars, le reste s’effectuant en euros, en livres sterlings et en yens. Les monnaies non convertibles sont rarement utilisées dans des contrats commerciaux. Des pays ayant de telles monnaies ont également des systèmes financiers sous-développés, se caractérisant par peu ou pas de possibilités de couverture de change. Les commerçants de ces pays se trouvent par conséquent très désavantagés par rapport aux commerçants de pays à monnaies convertibles et où existent des marchés des changes bien développés.

Le risque politique: Les guerres, les embargos et les changements anticonstitution-nels de gouvernement peuvent empêcher qu’une marchandise parvienne à destina-tion; les guerres civiles peuvent empêcher une transaction d’aboutir. Les change-ments de politiques économiques peuvent entraîner une interdiction de transfert de devises et empêcher un importateur de régler ses achats. Le risque politique est généralement couvert par l’entremise d’un organisme de crédit à l’exportation. Ces risques sont rares, voire inexistants, dans les transactions intérieures.

Dans certains cas, les pouvoirs publics doivent intervenir pour empêcher l’effondre-ment des marchés. Des problèmes aigus d’information asymétrique dans le com-merce international et le refus ou l’incapacité des banques commerciales d’assumer certains risques économiques et politiques peuvent provoquer cet effondrement des marchés. L’intervention des pouvoirs publics dans le financement du commerce est une politique économique qui se justifie. Dans certains pays, les pouvoirs publics s’attaquent au problème en créant des agences de crédit à l’exportation (ACE) qui financent le commerce, créent et diffusent de l’information, agissent en tant que forums pour le lobbying en faveur des pouvoirs publics et de l’industrie pour obte-nir le respect des contrats par les gouvernements et les commerçants étrangers; les agences mettent aussi en commun les risques.

Les ACE procèdent au financement des activités commerciales grâce à trois instru-ments fondamentaux:

Les crédits pour les transactions commerciales qui seraient autrement

diffici-• les ou beaucoup plus chères à financer par un prêt purement commercial;

Les garanties de remboursement des crédits, ce qui, à son tour, aide les

• exportateurs à obtenir des conditions plus favorables auprès de leurs ban-ques; enfin,

Une assurance au profit des exportateurs contre le risque commercial et

poli-• tique.

La composition des portefeuilles et les structures institutionnelles des ACE diffèrent toutefois d’un pays à l’autre. Certains pays gardent les ACE en tant que départe-ments publics, mais les agences sont de plus en plus gérées comme des entreprises publiques ou commerciales administrant un compte pour le gouvernement.