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Potentiel d’échanges entre pays africains

des échanges de l’Afrique 4

4.3 Évaluation des performances des pays en matière d’échanges intra-africains

4.3.3 Potentiel d’échanges entre pays africains

La présente section donne des indications sur le potentiel de l’Afrique de satisfaire, au moyen des ses propres sources, ses besoins d’importations dans les différentes catégories de produits. Les données utilisées se fondent sur les flux commerciaux moyens entre 1995 et 2006 en ce qui concerne les exportations de l’Afrique vers le monde, y compris vers l’Afrique et ses importations en provenance du reste du monde.

Le tableau 4.12 montre qu’entre 1995 et 2006, l’Afrique a exporté en moyenne pour environ 15 milliards de dollars de marchandises appartenant à la catégorie des pro-duits alimentaires de base contre environ 21 milliards de dollars des États Unis d’im-portations. On peut en déduire que l’Afrique a enregistré des termes de l’échange défavorables dans cette catégorie de produits. Lorsque on compare les exportations de l’Afrique vers le reste du monde à ses importations venant du monde dans cette catégorie de produits, on constate un certain déficit dans les produits alimentaires de base ou un manque d’autosuffisance dans cette catégorie de produits (voir encadré 4.2 pour les efforts visant à améliorer la situation). On observe des tendances similai-res en ce qui concerne les biens manufacturés, les machines, le matériel de transport et les produits chimiques.

Le continent semble cependant être bien doté pour ce qui est des catégories des boissons, du tabac, des minéraux, des métaux et des pierres précieuses. Le continent semble détenir des réserves considérables de combustibles, catégorie dans laquelle les exportations de l’Afrique vers le reste du monde ont dépassé de beaucoup ses impor-tations en provenance du monde. Cela donne à penser que l’Afrique est plus que capable de satisfaire ses besoins d’importations dans le domaine des combustibles.

Tableau 4.12

Exportations de l’Afrique vers le reste du monde et importations en

provenance du monde: Moyennes des échanges commerciaux entre 1995 et 2006 (en dollars des É.-U)

Catégories de produits Exportations vers le monde

Importations du monde

Différence Produits alimentaires de base 14 875 274 21 052 701 -6 177 427

Boissons et tabacs 1 934 175 1 653 717 280 458

Minéraux, métaux et pierres précieuses

19 304 114 3,931 312 15 372 801

Combustibles 81278 815 17 188 542 64 090 273

Produits manufacturés 19 442 801 34 861 887 -15 419 085

Produits chimiques 6 829 963 16 684 141 -9 854 178

Machines et matériel de transport 9 685 665 53 868 421 -44 182 756

Total tous produits 153 350 808 149 240 722 4 110 086

Source: Sur la base des données du Manuel des statistiques de la CNUCED 2008 UNCTAD Handbook 2008.

Encadré 4.2

Développer la production agricole et les échanges intra-africains dans le domaine des produits agricoles stratégiques par la promotion de chaînes de valeur régionales

L’Afrique a été un exportateur net jusqu’au milieu des années 60. Depuis, l’agriculture africaine n’a pas été en mesure de satisfaire la demande accrue de produits alimentaires d’une popu-lation en croissance rapide et de créer, grâce à des liens de croissance intersectoriels, des possibilités d’emploi et de revenus pour réduire la pauvreté de façon significative.

Le paysage rural en Afrique se caractérise toujours par de petites exploitations de sub-sistance, une faible technologie et de faibles systèmes de production agricole fondés sur les savoirs, en raison de l’absence de développement et d’une utilisation accrue de technologies appropriées et du petit nombre d’infrastructures d’appui de base. Les marchés de facteurs et de produits sont incomplets, dotés d’infrastructures et de services d’appui insuffisants tels que l’information et la communication et l’intégration est faible aux niveaux national, sous-régional et régional. L’investissement privé dans les systèmes agricoles ainsi que dans les chaînes de distribution est entravé par l’absence de structure financières viables en mesure de répondre aux besoins et demandes des agents économiques ruraux.

La croissance de la productivité agricole est essentielle pour la réalisation de la sécurité alimentaire du fait que l’agriculture représente 70% des emplois à temps complet, 33% du produit intérieur brut (PIB) et 40% des recettes d’exportation. La croissance de la productivité agricole est donc un moteur essentiel de croissance économique. Cependant l’agriculture en Afrique a, pendant plus de deux décennies, souffert du manque de cohérence et du fait qu’on a accordé un faible degré de priorité au développement du secteur. L’agriculture en Afrique est de nos jours l’une des plus sous-capitalisées du monde.

S’agissant de la production, on estime qu’environ 20 à 25% de la production agricole de l’Afrique sont commercialisés et que seulement 10 à 15% de la production agricole totale sont commercialisés. Ceci contraste avec la demande effective importante et en augmentation de la région pour des produits alimentaires et agricoles transformés importés provenant de l’ex-térieur du continent. La croissance démographique et l’urbanisation rapide (on prévoit que 50 à 60% de la population totale vivront dans des villes en 2025) contribuent à gonfler la facture d’importations, à mesure que l’écart entre la production et la demande intérieures (régiona-les) globales se traduit essentiellement par une demande de produits alimentaires et agricoles transformés adaptés aux modes de consommation urbains en évolution.

Ces défis sont aggravés par la nature même du marché agricole africain. Le marché afri-cain des produits alimentaires et agricoles est caractérisé par une fragmentation externe selon les frontière sous-régionales, nationales et même infranationales, ce qui aboutit à des marchés segmentés de taille sous-optimale pour assurer la rentabilité de l’investissement privé à une échelle optimale dans les différentes étapes des chaînes de produits de base, tel que décrit plus haut. Paradoxalement, bien qu’ils soient largement fermés les uns aux autres, ces mar-chés nationaux et sous-régionaux fragmentés sont de plus en plus ouverts au commerce avec le reste du monde.

Ainsi, l’écart entre la production intérieure nationale/sous-régionale et la demande régio-nale de plus en plus forte, est généralement comblé par des importations de sources non africaines. Inversement, les systèmes de production alimentaire et agricole nationaux fragmen-tés s’efforcent de produire à des fins d’exportations destinées essentiellement aux marchés internationaux. Pour compliquer la situation, les subventions et les mesures de soutien à l’agri-culture des partenaires commerciaux de l’Afrique encouragent généralement les importations du continent et entravent ses exportations. Charité bien ordonnée commence par soi-même:

Avec une facture d’importation de produits alimentaires et agricoles qui s’élève à 33 milliards de dollars des États Unis par an, le plus grand défi qui se pose à l’Afrique dans le domaine de l’accès au marché est comment assurer le plein accès de ses propres systèmes de production alimentaire et agricole (nationaux) au marché intra-africain.

La résolution du Sommet* d’Abuja sur la sécurité alimentaire identifie neuf produits straté-giques continentaux (riz, légumes, maïs, coton, huile de palme, viande de boeuf, lait, volaille et produits halieutiques) et certains produits stratégiques régionaux (manioc, sorgho et mil). Pour certains produits stratégiques, la création d’un marché commun africain qui transcende les frontières nationales et sous-régionales, offrirait un espace économique approprié permettant l’investissement privé dans des économies d’échelle régionales qui assureraient la rentabilité.

Par conséquent, pour ces chaînes de produits alimentaires/agricoles, l’intégration du marché doit aller au-delà des niveaux national et sous-régional pour englober le marché régional global – un marché commun africain unique.

L’émergence et le développement de secteurs agro-industriels régionaux privés dynami-ques, qui soient capables d’ajouter une valeur maximale et de renforcer la compétitivité des produits agricoles tardent à survenir à cause des retards mis à mettre en place la politique et l’environnement institutionnel favorables. De ce fait, les zones à excédent vivrier peinent à approvisionner les zones à déficit vivrier sur le plan régional et la demande urbaine croissante de produits alimentaires et agricoles est en général couverte essentiellement par des importa-tions en provenance de l’extérieur du continent.

La Commission économique pour l’Afrique (CEA) a, dans le cadre du Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique (CAADP), lancé une initiative pour le déve-loppement et la promotion de chaînes de valeur régionales de produits stratégiques en Afri-que. Cette initiative vise à permettre à des partenariats public-privé efficaces de jouer un rôle significatif dans le développement d’un secteur agroalimentaire dynamique, capable de tirer profit des possibilités non encore exploitées d’économies d’échelle, de complémentarités et d’échanges intrarégionaux et des économies sur les transactions en matière d’investissement transfrontalier.

Des chaînes de valeur performantes dans certains sous-secteurs alimentaires et agricoles contribueront grandement à améliorer l’accès aux marchés. Pour rester compétitives dans le commerce mondial, les petites et moyennes entreprises (PME) doivent s’intégrer dans la chaîne de valeur mondiale en tant que fournisseurs ou acteurs importants. L’approche dite des chaînes de valeur de produits stratégiques adopte une démarche systématique pour améliorer la performance d’un sous-secteur sur le marché, en analysant les divers fonctions et processus ainsi que les différents acteurs impliqués dans le processus. Dans un environnement d’affaires très compétitif, il est impératif d’organiser les acteurs afin qu’ils puissent planifier et mettre en œuvre des activités permettant de surmonter les contraintes dans un sous-secteur donné. Les chaînes de valeur sont des instruments pour améliorer la qualité et la productivité ainsi que le coût-efficacité des sous-secteurs. Le fait de promouvoir des chaînes de valeur est un moyen de stimuler le développement économique dans la mesure où cela permet de créer des liens et une interaction entre et parmi différents acteurs, combinant ainsi le développement de l’en-treprise au niveau microéconomique avec le changement institutionnel aux niveaux macro et microéconomiques.

* Résolution du Sommet d’Abuja sur la sécurité alimentaire en Afrique, 4-7 septembre 2006, Abuja, Nigéria http://www.africaunion.org/root/au/Conferences/Past/2006/December/REA/summit/doc/Abuja_Res_Final_

Eng_tracked.doc

Dans la section suivante, on examine l’ampleur du commerce potentiel de chaque pays en Afrique dans le contexte du Tableau 4.12. Les données concernant les divers pays figurent à l’Annexe 4.5. Des explications sont données ci-après pour permettre de comprendre la matrice figurant à l’Annexe 5.

La colonne 1 représente les exportations du pays vers l’Afrique.

La colonne 2 représente les exportations du pays vers le reste du monde.

La colonne 3 représente la part de l’Afrique dans les exportations totales du

• pays.

La colonne 4 représente les importations de l’Afrique en provenance du

monde.

La colonne 5 contient des calculs montrant le potentiel du pays d’exporter

vers la région Afrique, compte tenu de la capacité d’exportation globale du pays, mesurée en termes de ses exportations totales vers le monde.

La colonne 6 est la même que la colonne 5, mais en termes de

pourcen-• tage.

La colonne 7 contient des calculs pour comparer les exportations du pays

• vers le monde avec les importations de l’Afrique en provenance du monde

pour montrer la capacité du pays de satisfaire les besoins d’importation de l’Afrique dans cette catégorie particulière de produits.

Comme on le voit à l’Annexe 4.5, il existe un potentiel considérable des pays afri-cains d’exporter leurs produits vers la région de l’Afrique, s’ils choisissaient de le faire. Le fait que la région de l’Afrique ne semble pas être une destination d’expor-tations favorite pourrait s’expliquer par un certain nombre de facteurs dont l’insuf-fisance des infrastructures et de la communication et les goulets d’étranglement au commerce.

Seulement quelques pays africains avaient une part dans leurs exportations totales, égale ou supérieure à 40% en moyenne durant la période 1995-2006. Il s’agit des pays suivants: Bénin (41%), Burkina Faso (49,6%), Djibouti (43%), Kenya (49%), Mali (57%), Niger (65%), Sénégal (40%), Sierra Leone (85%), Togo (44%). En valeur, elles ne représentaient cependant que 10% de la valeur totale des exportations vers l’Afrique. Si l’on fait abstraction des exportations du Kenya, elles ne représen-tent plus qu’environ 5%.

De fait en termes de valeur, les premiers exportateurs vers l’Afrique ont été : l’Afri-que du Sud (27%), le Nigéria (11%), la Côte d’Ivoire (8%), le Swaziland (6%) et le Kenya (6%). Les cinq pays représentaient ensemble environ 58% de la valeur des exportations totales des pays africains vers l’Afrique.