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n Afrique, toute l’attention se focalise de plus en plus sur l’intégration régionale en tant que stratégie de réalisation d’une croissance économique durable, vu qu’il existe un consensus sur le fait qu’en mutualisant ses capacités et ses ressources et en mobilisant les énergies, le continent sera à même de surmonter les formidables défis du développement auxquels il est confronté. En effet, une intégration plus poussée permettra à l’Afrique non seulement de réaliser une croissance économique forte et durable, de réduire la pauvreté, d’assurer une meilleure circulation des biens, des ser-vices, des capitaux et de la main-d’œuvre mais également d’améliorer la coordination et l’harmonisation des politiques économiques, le développement des infrastructures et de promouvoir la paix et la sécurité à l’intérieur des régions et entre celles-ci.

Afin d’atteindre ces objectifs, les pays africains, en collaboration avec leurs institu-tions panafricaines telles que la Commission de l’Union africaine (CUA), la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et les communautés économiques régionales (CER), se sont engagés dans un processus d’intégration consistant à créer systématiquement une zone de libre-échange suivie d’une union douanière et enfin d’un marché commun. Comme envi-sagé dans le Traité d’Abuja, ces efforts devraient déboucher sur l’établissement d’une Communauté économique africaine, au sein de laquelle les politiques économiques, monétaires, budgétaires, sociales et sectorielles appliquées séparément par les divers pays du continent, seraient pleinement harmonisées et intégrées en des politiques uniformes communes à tous. L’espace économique élargi ainsi créé, permettra à l’Afrique de se faire entendre avec plus de force et de renforcer son pouvoir de négo-ciation dans ses relations avec le reste du monde.

En dépit des contraintes inhérentes à l’intégration, le continent fait de remarquables progrès en ce domaine. La série de rapports sur l’état de l’intégration régionale en Afrique a pour objet de suivre le processus. Un certain nombre de CER ont entrepris des actions pour créer des zones de libre-échange et des unions douanières; elles ont également institué des passeports communautaires pour faciliter la circulation des biens et des personnes et établi des objectifs de convergence macroéconomique. En plus de cela, certaines CER s’attèlent à harmoniser le droit des affaires et l’appliquent vigoureusement afin de promouvoir les activités économiques et les investissements transfrontaliers en Afrique. Des avancées significatives ont aussi été enregistrées en Afrique dans le renforcement des infrastructures et dans le développement des

tech-nologies de l’information et de la communication (TIC), grâce à la mise en œuvre de divers programmes et initiatives aux niveaux national, régional et continental.

Malgré ces efforts et réalisations, il reste encore beaucoup à faire. Le faible niveau des échanges à l’intérieur de l’Afrique reste un défi considérable et c’est pour cette raison que la présente édition, quatrième de la série sur l’État de l’intégration régionale en Afrique, est consacrée au commerce intra-africain.

Le présent rapport établi conjointement par la CEA, l’UA et la BAD, révèle qu’en moyenne au cours des dernières décennies, seulement 10 à 12% des échanges intra-africains se sont effectués entre pays du continent, ce qui est l’un des niveaux de commerce intrarégional les plus faibles au monde. Le faible volume des échanges intra-africains implique que de nombreuses possibilités de tirer parti des avantages du commerce continental, de promouvoir la croissance et de réaliser un développement accéléré, sont perdues. De fait, l’analyse de la recherche empirique faite dans cette quatrième édition donne à penser qu’il y a une corrélation positive entre l’ouverture commerciale et la croissance économique, en particulier grâce à la transmission de l’innovation technologique et à la création de capacités accrues de concurrencer des économies plus avancées sur le marché international. Une plus grande ouverture commerciale intensifie également la concurrence sur le marché local, ce qui à son tour, améliore l’efficacité de la production, la croissance économique ainsi qu’une convergence des prix à travers les pays et les régions. Enfin, la libéralisation commer-ciale contribue à la croissance économique en ce qu’elle inscite les gouvernements à adopter des politiques intérieures ayant moins d’effets de distorsion ainsi qu’une ges-tion plus disciplinée de la macroéconomie. Une telle situages-tion amène à s’interroger sérieusement sur les raisons à l’origine du faible niveau du commerce intra-africain ainsi que sur les possibilités qui s’offrent de renverser la situation.

Le rapport tente, au travers d’une analyse rigoureuse, de répondre à ces questions et formule des propositions concrètes que les États membres, les communautés éco-nomiques régionales, les opérateurs du secteur privé et les autres principales parties prenantes peuvent mettre en œuvre afin d’intensifier les échanges intra-africains.

Les analyses et conclusions contenues dans le rapport présentent également des avis quant aux politiques à mener pour atteindre les objectifs du Traité d’Abuja et de l’Union africaine.

Nous espérons donc que la lecture de cette quatrième édition du rapport sur l’inté-gration régionale en Afrique s’avèrera utile pour tous ceux qui œuvrent à relever les défis posés par l’intégration, notamment celui consistant à accroître le niveau des échanges intra-africains.

Jean Ping Président Commission de l’Union africaine

Donald Kaberuka Banque africaine de

développement

Abdoulie Janneh Commisssion économique

pour l’Afrique

L

’intégration régionale demeure la stratégie clef qui permettra aux gouvernements africains d’accélérer la transformation de leurs petites économies fragmentées, d’élargir leurs marchés, d’étendre l’espace économique continental et de cueillir les fruits des économies d’échelle, au profit de la production et du commerce, en accroissant ainsi au maximum la prospérité de leurs nations. L’intégration régio-nale améliore la compétitivité dans le commerce mondial et l’accès aux technolo-gies, aux investissements et aux idées venant de l’étranger. Les dirigeants africains considèrent dès lors l’intégration régionale comme un pas important vers un déve-loppement à base élargie et vers la mise en place d’une communauté économique régionale, conformément au Traité instituant la Communauté économique africaine (1991) et l’Acte constitutif de l’Union africaine (2000).

La 4ème édition du rapport sur l’État de l’intégration régionale en Afrique est une publi-cation majeure de la CEA, qui est établie en collaboration avec l’UA et d’autres partenaires de développement. Il est consacré à une analyse minutieuse et une éva-luation détaillée des progrès accomplis par l’Afrique dans l’intégration de la région.

Le rapport recense les réalisations et les défis, des solutions y étant proposées pour hâter la réalisation des objectifs fixés. Les rapports de cette série peuvent être de nature générale ou thématique.

Le premier rapport, publié en mai 2004, contenait une évaluation, alors, de l’état de l’intégration en Afrique. Le deuxième (ARIA II), publié en 2006 en collabora-tion avec la CUA, traitait de la racollabora-tionalisacollabora-tion des nombreux groupes d’intégracollabora-tion régionale et de l’appartenance multiple de leurs membres à des CER. Les recom-mandations formulées dans le rapport ont influé sur les consultations que la CUA a menées avec les CER et les États membres, consultations qui ont abouti à la décision politique de l’Union tendant à imposer un embargo sur la constitution de nouvelles CER autres que les huit qui sont présentement reconnues en tant que principales pierres angulaires de l’UA. Le troisième rapport (ARIA III), publié en 2008, portait sur une évaluation des progrès accomplis par les États membres dans le domaine de l’intégration monétaire et financière, à la lumière des programmes de leurs CER respectives. Il avait pour but d’aider à accélérer la réalisation de ces objectifs et, par là, de promouvoir également le commerce et les investissements, de stimuler la croissance économique.

Introduction

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Le présent rapport est consacré à une autre question cruciale, le commerce intra-afri-cain, un élément essentiel du processus d’intégration de l’Afrique.