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Introduction de la troisième partie

Section 1. Méthodologie du questionnement des acteurs acteurs

1.2.2 Le questionnaire utilisé

L’enquête a été menée auprès de gérants de portefeuille de différentes institutions, banques et sociétés de gestion. Le questionnaire1 a été critiqué et amélioré grâce à l’aide de conseils d’universitaires et d’un professionnel, lui-même ancien gérant de portefeuille. Les gérants ont été interrogés selon trois axes principaux :

1. La première partie du questionnaire s’articule autour du profil du gérant, afin de récolter des informations démographiques et professionnelles comme l’âge, le parcours, l’expérience, le montant géré ou les zones géographiques couvertes par son portefeuille.

2. La deuxième partie est relative aux pratiques du gérant. Celui-ci est interrogé à la fois sur son positionnement en terme de style, mais aussi sur son processus d’acquisition d’information afin de prendre une décision. Lors de ce dernier thème la réaction du gérant face à des informations contradictoires était abordée, ainsi que l’importance du comportement des autres agents dans les choix effectués.

3. La troisième partie fait appel à la perception que le gérant a de l’imitation et de ses causes. Il est demandé si le gérant perçoit de l’imitation, de quelle manière cette imitation se réalise, ainsi que sa perception de l’importance du phénomène. Le gérant est enfin questionné sur les raisons d’un tel comportement.

Le questionnement se voulait exploratoire et assez ouvert, touchant à la fois les pratiques des gérants, leurs motivations et leur perception du marché. Il était précisé au début de l’entretien que le gérant pouvait s’exprimer librement et aborder des points qui lui paraissaient importants. Au-delà de simples perceptions, l’accent a été plus particulièrement porté sur les comportements effectifs des gérants eux-mêmes.

§ 1.3 Caractéristiques de l’échantillon interrogé

Nous avons cherché à interroger des gérants d’une grande diversité afin d’apporter la richesse de différents points de vue à la problématique, dans la mesure où ceux-ci étaient ouverts à cette recherche. Obtenir des entretiens s’est révélé assez complexe pour des professionnels

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sollicités de toutes parts1. Il a fallu presque une année de contacts et de relances systématiques et réaliser trois séries d’entretiens en juin, août et novembre 2005 afin de parvenir à rassembler l’échantillon dont le tableau suivant résume les principales caractéristiques.

Catégorie de gérant Gérant sous

mandat Gérant en compte propre Gérant d'OPCVM 6 2 7 40% 13% 47%

Sexe Femme Homme

3 12

20% 80%

Age 25 à 30 ans 30 à 35 ans 35 à 45 ans 45 à 60 ans

3 6 3 3

20% 40% 20% 20%

Nombre d'années d'expérience en

tant que gérant 0 à 5 ans 5 à 10 ans 10 à 15 ans 15 ans et plus

4 7 - 4

27% 47% - 27%

Montant géré en actions (Mio €) 0 à 50 50 à 100 100 à 1 000 1 000 et plus

5 4 2 4

33% 27% 13% 27%

Formation initiale DESS Finance Ecole de

Commerce

Autres formations

8 3 4

53% 20% 27%

Zone géographique France Europe International

5 7 7

Tableau 9. Caractéristiques de l’échantillon interrogé2

Les gérants interrogés appartiennent à trois catégories différentes3.

1. Les gérants sous mandat sont des gérants qui agissent pour le compte d’une clientèle privée. Le mandat de gestion leur délègue théoriquement une totale liberté dans cette

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Dans la majorité des banques, la structure d’ « Asset Management » est très protégée de la banque de détail. De plus, la plupart des professionnels contactés par e-mails n’ont, faute de temps ou d’intérêt, pas répondu à ma demande d’entretien.

2

Il n’existe malheureusement que peu de données sur les caractéristiques des gérants afin de comparer ces données. Les études de l’AMF analysent les sociétés de gestion et les fonds plus que les gérants eux-mêmes. 3

En 2004, le montant de la gestion sous mandat s’élevait à 914.6 milliards d’Euros et la gestion OPCVM à 1129.4 milliards. Source : Revue mensuelle des marchés financiers, n°18, octobre 2005, p.4

gestion. Nous n’avons pas interrogé des gérants de gestion conseillée car ces derniers ne sont pas décisionnaires de l’investissement à réaliser.

2. Les gérants d’OPCVM ont une optique de gestion collective, d’un ensemble de fonds appartenant à des personnes privées ou des institutions. Certaines gestions collectives s’adressent uniquement à des professionnels, et non à des particuliers.

3. La troisième catégorie correspond à la gestion dite « en compte propre ». Il s’agit d’une gestion de surplus monétaires d’un organisme sur les marchés financiers. Le gérant, employé de cette institution, gère ainsi pour le compte de celle-ci.

L’âge moyen de l’échantillon s’établit à plus de 37 ans, pour des gérants ayant entre 27 et 59 ans. Le nombre d’années d’expérience correspond à celui en tant que gérant et sous-estime leur connaissance du marché, certains ayant auparavant exercé dans l’analyse financière. Le nombre d’années d’expérience moyen est d’environ 9 ans. Si l’on considère que les caractéristiques des gérants français et allemands sont proches, l’âge et le nombre d’années d’expérience sont légèrement supérieurs à la moyenne, en se basant sur l’enquête exploratoire d’Arnwald (2001)1. Sur les 15 gérants, 9 disposent en outre d’un titre de responsable ou de directeur de la gestion.

Le montant géré concerne uniquement la part actions2 lorsque le gérant intervient sur différents marchés. Cette distinction concerne en particulier les gérants en compte propre qui interviennent sur les marchés monétaires, obligataires et de dérivés. Lorsqu’un gérant est responsable de la gestion, le montant indiqué est celui sous sa responsabilité. Au total, les 15 gérants interrogés disposent d’un encours en actions d’environ 21.5 milliards d’Euros3, soit une moyenne de portefeuille de plus de 1400 millions d’Euros. Si ce chiffre est largement supérieur à la moyenne de l’étude sur le marché allemand (848.5 millions d’Euros), il convient de noter qu’un très gros portefeuille s’élève à 10 milliards d’Euros, alors que certains gérants sous mandat sont en général responsables de moins de 50 millions d’Euros.

1

Arnwald (2001) trouve en effet une moyenne de 35.4 ans pour une expérience moyenne de 5.2 années. 2

Sont compris les OPCVM à dominante actions ou les trackers actions lorsque le gérant les utilise. 3

A titre de comparaison, cela représente à peu près de 2% du montant total des encours de la gestion collective en France. Selon l’AFG, l’actif net total de la gestion collective en juin 2005 toutes catégories confondues était d’environ 1100 milliards d’Euros.

La quasi-totalité des gérants interrogés, 14 sur 15, dispose d’une formation initiale en économie ou en gestion. Au-delà de cette formation, 4 gérants ont déclaré avoir complété leur bagage par le diplôme de la Société Française d’Analyse Financière (SFAF).

Les zones géographiques1 sont diverses mais se concentrent principalement sur la France et l’Europe. La majorité des gérants investissent en France2 ou en Europe, essentiellement pour des raisons de risque de change et de méconnaissance de certains marchés. A l’international, deux gérants investissent particulièrement aux Etats-Unis et trois dans la zone Asie, Japon inclus.

A part un gérant déléguant, depuis peu, la majeure partie de la gestion de son portefeuille, tous les gérants assument eux-mêmes les décisions d’investissement. Certains prennent aussi parfois part à des décisions collégiales sur certains portefeuilles, ou une partie de leur portefeuille est gérée de cette manière. D’une façon générale, il s’agit de gérants actifs dans leur processus de décision, et les gérants de gestion conseillée, qui n’ont pas la latitude de prendre de décision sur le marché, n’ont pas été interrogés. De même, aucun gérant purement quantitatif3 n’a été l’objet de cet entretien car son processus d’investissement lui est plus ou moins directement dicté par une modélisation mathématique.

§ 1.4 Méthode de l’analyse de contenu

1.4.1 Définition de l’analyse de contenu

Exploiter le résultat d’entretiens qualitatifs est un exercice particulièrement délicat. Il convient d’interpréter les propos retranscrits de manière à leur être totalement fidèle, mais aussi de les traiter et catégoriser avec rigueur, afin de pouvoir les interpréter et les généraliser. Tel est l’objectif de l’analyse de contenu définie par Robert et Bouillaguet4 (2002) :

1

Il convient de noter que quatre gérants opèrent sur deux zones géographiques distinctes et que le total ne correspond donc pas au nombre de gérants.

2

Lorsque l’investissement Europe hors France est marginal, les gérants concernés ont été classifiés comme gérants « France » même s’ils détiennent quelques actions européennes.

3

Les règles de gestion des approches quantitatives laissent par conséquent une latitude beaucoup plus étroite à la gestion discrétionnaire. Dans ce cas, il ne s’agit pas de la part du gérant d’une réelle décision d’investissement mais plutôt de l’application de modèles mathématiques souvent complexes (e.g. l’utilisation d’algorithmes neuronaux). Il ne prend par conséquent pas réellement la décision d’investir mais se repose sur le modèle en question.

4

ROBERT, A., BOUILLAGUET, A., 2002, L'analyse de contenu, Presses Universitaires de France, Paris, 128p., p.4

« L'analyse de contenu stricto sensu se définit comme une technique permettant l'examen méthodique, systématique, objectif et, à l'occasion, quantitatif du contenu de certains textes en vue d'en classer et d'en interpréter les éléments constitutifs, qui ne sont pas accessibles à la lecture naïve. Texte désigne ici tout type de production, verbale, écrite ou orale, et renvoie aux problèmes posés par le langage et les situations d'énonciation. »

Il ne s’agit donc pas de traiter ces entretiens à travers une optique purement linguistique, grâce à une analyse textuelle faisant apparaître le nombre de mots employés, ou les structures grammaticales. L’analyse de contenu ne s’assimile pas à cette dernière mais se présente comme une méthodologie rigoureuse afin d’analyser et d’interpréter l’essence même d’un texte -ou corpus-, dans notre cas la production verbale des gérants de portefeuille.