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LA TYPOLOGIE DES ENVELOPPES DE LA GEOSPHERE

V. 1.3 Quelques mots sur la chaîne des traitements.

Les données recueillies sur le terrain, organisées et parfaitement localisées, représentent une masse considérable de renseignements. Ces données pourraient être, bien entendu, utilisées directement pour expliquer les organisations paysagères et les flux qui leurs sont rattachés. Toutefois de multiples similitudes existent, traduisant d'arrangements qui se répètent à l'identique d'un lieu à l'autre. De ce fait, il apparaît comme nécessaire de réduire cette information brute, pouvant être représentée sous la forme d'un très grand tableau de données

comprenant plusieurs milliers de cellules, à quelques types d'organisations particulières et représentatives de ce que l'on rencontre sur le terrain.

Figure 5.8 : la chaîne des traitements suivie pour l'établissement des types de géons… et des segments de paysages.

Légende : en vert, les données brutes (et leur mise en forme dans la base de données) ; en jaune, les mises en formes nécessaires aux traitements ; en rouge, les traitements numériques ou cartographiques réalisés ; en bleu, les résultats intermédiaires ; en rose, le résultat final. Source : d'après Ndiaye (1995), modèle modifié par Morschel (2006).

Le passage des géons observés et mesurés sur le terrain à des géons statistiques nécessite de suivre trois étapes. Chacune des phases de l'analyse est partagée entre traitements statistiques, description des résultats et remise en forme de l'information avant de pouvoir passer à l'étape suivante. La démarche générale (figure 5.8), proposée pas Ndiaye (1995), s'appuie sur deux séries d'analyses factorielles des correspondances (AFC) et de classifications numériques dont le but est de définir les types d'hoplexols puis les types de relevés qui représentent autant de types de géons. Les traitements réalisés ici sont purement statistiques, mais ils renvoient nécessairement à la connaissance intrinsèque que l'on a des paysages. A ce titre, les opérations réalisées correspondent plus à un support facilitant la lecture des tableaux de données et les interprétations qu'à la création d'un modèle basé sur les relations statistiques entre différentes variables quantitatives pour un milieu donné. La nature qualitative des données collectées sur le terrain ne permet d'ailleurs pas ce type de traitements. Nous ne sommes toutefois pas les seuls à utiliser ce genre de méthodes et ces dernières ont déjà maintes fois fait leurs preuves en ce qui concerne les analyses du milieu naturel, qu'il s'agisse d'études sur le domaine du vivant ou du monde minéral. Ces techniques sont par exemple fréquemment employées par les botanistes, les entomologistes, les ethnologues ou encore les pédologues pour regrouper les multiples informations dont ils disposent en quelques types représentatifs. De nombreuses références, disponibles sur Internet, confirment d'ailleurs ce propos (ces dernières ne sont toutefois pas citées ici car trop éloignées de nos préoccupations). Chaque étape des traitements est reprise dans le détail (mise en forme des données…) dans la suite de ce chapitre.

Les deux premières séries de traitements permettent donc de définir statistiquement les types de géons, et par là même de déterminer les différentes organisations moyennes auxquelles ils renvoient dans le milieu naturel. Ce sont d'ailleurs ces types qui seront affectés à la description des segments de paysages. Toutefois, les résultats proposés par ces analyses sont pour l'instant aspatiaux dans le sens où ils ne renvoient pas encore à une cartographie établissant précisément leur localisation et favorisant l'interprétation de leurs successions dans le milieu. C'est donc dans la suite des traitements que le transfert d'échelle, du niveau ponctuel et indépendant au niveau global et intégré, est réalisé. Cette partie de l'étude est plus expérimentale. En effet, elle ne réfère pas à des opérations statistiques mais consiste cette fois en une approche comparative des formes topographiques et des organisations verticales déduites de l'analyse du milieu naturel. Le but étant de comprendre comment les agencements verticaux de la géosphère se succèdent et se répartissent spatialement en fonction des contraintes topographiques imposées par les toposéquences. Ces contraintes peuvent d'ailleurs être assimilées à des successions de facettes topographiques le long des transects définis. Les comparaisons sont réalisées graphiquement à partir de l'étude très fine de plusieurs documents graphiques et cartographiques, toujours centrés sur les toposéquences : suivi des hoplexols, chemins de l'eau à la surface du sol, interprétations sur la perméabilité apparente, perceptions vernaculaires, inscription des géons dans les facettes topographiques. La figure 5.9 montre à ce sujet un exemple détaillé des documents utiles à la définition des segments de paysages le long d'un transect.

C'est à la fin de cette étape que les segments de paysages sont réellement définis en tant que tels puisqu'elle permet de déterminer, de comprendre et d'analyser à la fois les cadres topographiques et mésologiques qui entrent en jeu dans leur définition théorique. C'est d'ailleurs à ce niveau que les rapprochements avec les caractéristiques hydrodynamiques du milieu naturel sont définis. Sans trop entrer dans le détail (ce point étant traité dans la troisième partie de la thèse), chacun des géons définis statistiquement, et de fait chacun des segments de paysage fonctionnent comme autant de systèmes complexes et ouverts (Riou,

1989 ; Rougerie & Beroutchachvili, 1991) dans lequel transitent des flux hydriques et érosifs. La caractérisation individuelle de ces systèmes, du point de vue organisationnel et dynamique puis celle de leur succession spatiale, ainsi que le rapprochement avec les informations fournies par des spécialistes permet alors d'expliquer les cheminements des flux dans le paysage, de quantifier leur importance et de juger de leurs impacts (Richard, Filleron & Beroutchachvili, 1997).

Figure 5.9 : Exemple de segmentation du paysage le long d’une toposéquence

Les segments qui figurent ici sont déduits à partir des observations directes des successions et des organisations qui surviennent dans le milieu naturel. (Source : Morschel & al., 2005).

Légendes : (GEONS) 1 – Nanophytion squamescent, 2 – Nanophytion aromescent, 3 – Gramen, 4 – Epilite, 5 – Dermilite, 6 – Brunichron, 7 – Entaféro-brunichron, 8 – Tafékérite, 9 – Tassikérite, 10 Alté-tassikérite, 11 – Alté-tanolite, 12 – Alté-régolite marneux. (Termes définis par : Richard, Khan & Chatelin, 1977 ; Richard, 1989 ; Da Lage et Métailié, 2000 ; Rambaud & Waechter, 2001). (SEGMENTS DE PAYSAGE) I – Acroèdre, II – Métaèdre acroédrique, III – Ecta-métaèdre, IV – Métaèdre supérieur, V – Métaèdre moyen, VI – Métaèdre inférieur, VII – Cataèdre, VIII – Ectaèdre. (Termes définis par Filleron, 1978 ; Filleron, 1995 ; Rambaud et Waechter, 2001 ; Richard, 2002).

Une fois les segments établis le long des toposéquences, l'étape ultime du traitement consiste à spatialiser les résultats. Cette spatialisation résulte de la confrontation entre les unités déduites le long des transects et les types de facettes topographiques établis au préalable et dont on connaît la répartition au sein des différents paysages. Là encore les liaisons sont directes : il s'agit d'un simple transfert d'un format dans un autre en fonction des localisations de chacun des ensembles décrit. Toutefois, même si aucun traitement numérique ne vient conforter le résultat final, cette opération est rendue possible pour deux raisons : les emplacements des relevés de milieu sur lesquels s'appuie toute l'analyse sont connus et

localisés précisément dans le paysage et il ne peut donc y avoir de contresens à ce niveau lors du transfert d'échelle. Aussi, au moment de leur différenciation les segments de paysage prennent en compte les unités topographiques dans lesquels ils s'inscrivent sur les toposéquences. C'est cette caractéristique qui les rapproche des facettes topographiques décrites et localisées spatialement et qui permet de les y inscrire pour établir le modèle final. Procédant de cette manière, il est donc possible, à partir de simples observations du milieu naturel d'obtenir un modèle spatial explicatif des organisations verticales et latérales de la géosphère. Chaque étape de la chaîne des traitements élaborée en vue de cartographier les segments de paysage est reprise et expliquée plus en détail dans les paragraphes et les chapitres suivants : les traitements numériques et les analyses qu'ils permettent sont présentés dans le paragraphe V.2. Les segments de paysages sont quant à eux définis et analysés dans la troisième partie de la thèse.

V.2 - LA DEFINITION DES TYPES D'HOPLEXOLS (LES

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